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Citations sur Chinoises (146)

Depuis les lointaines sociétés matriarcales, les Chinoises ont toujours eu
un statut inférieur. Elles étaient considérées comme des marchandises, elles
faisaient partie des biens qu’on se partageait comme la nourriture, les
ustensiles et les armes. Par la suite, on leur a permis de pénétrer dans le
monde des hommes, mais elles ne pouvaient exister qu’à leurs pieds –
entièrement dépendantes de la bonne ou mauvaise humeur des hommes. Si
vous étudiez l’architecture chinoise, vous vous apercevez qu’une longue
période s’est écoulée avant qu’une petite minorité de femmes parvienne à
quitter les appartements adossés à la cour familiale (où l’on gardait les
outils et où dormaient les serviteurs) pour s’installer près des pièces
principales (où résidaient le maître de maison et ses fils).
La Chine a une très longue histoire derrière elle, mais cela fait très peu de
temps que les femmes ont pu devenir elles-mêmes et que les hommes ont
commencé à les connaître vraiment.
Dans les années 1930, tandis que les femmes en Europe réclamaient déjà
l’égalité entre les sexes, les Chinoises commençaient à peine à défier une
société dominée par les hommes, refusaient qu’on leur bande les pieds ou
que leurs aînés arrangent des mariages pour elles. Mais elles ne savaient pas
encore en quoi consistaient les responsabilités et les droits des femmes ;
elles ne savaient pas comment s’y prendre pour se forger un monde à elles.
Elles cherchaient à tâtons des réponses dans l’espace confiné qui leur était
réservé, et dans un pays où toute éducation était proscrite par le Parti.
L’effet que cela a produit sur la jeune génération est inquiétant. Pour
survivre dans un monde hostile, de nombreuses jeunes femmes ont dû
adopter la carapace endurcie de Jin Shuai et réprimer leurs émotions.
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— Mes amies disent que la Chine a fini par s’aligner sur le reste du monde
en ce qui concerne les sujets de conversation. Depuis que nous n’avons plus
à nous inquiéter pour la nourriture ou les vêtements, nous discutons des
relations entre les hommes et les femmes à la place. Mais je pense que la
question des hommes et des femmes est plus complexe que ça en Chine. Il
faut se débrouiller avec plus de cinquante groupes ethniques différents, les
changements politiques innombrables et toutes sortes de prescriptions sur la
façon de se comporter et de s’habiller des femmes. Nous avons même plus
de dix mots différents pour « épouse ».
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— Xinran, savez-vous que ce sont les femmes vraiment mauvaises qui
sont les plus chanceuses ? Je suis d’accord avec le dicton : « L’argent rend
les hommes méchants ; la méchanceté rend les femmes riches. » N’allez pas
vous imaginer que toutes les étudiantes ici sont pauvres. Bon nombre de
jeunes femmes vivent dans un certain confort sans recevoir le moindre sou
de leurs parents. Certaines filles ne pouvaient même pas se permettre de
manger de la viande à la cantine quand elles ont débarqué à l’université, et
maintenant elles portent du cachemire et des bijoux. Elles se déplacent en
taxi et résident à l’hôtel. Mais ne vous méprenez pas, elles ne vendent pas
toujours leurs corps.
Jin Shuai a vu que j’étais scandalisée, mais elle a continué avec un
sourire :
— Aujourd’hui, les hommes riches deviennent plus exigeants dans leurs
demandes de compagnie féminine. Ils veulent pouvoir se montrer avec une
« secrétaire privée » ou une « accompagnatrice » qui soit cultivée. Etant
donné la pénurie générale de talents en Chine, où trouver ailleurs qu’à
l’université autant de « secrétaires privées » ? Une femme sans diplômes ne
réussira à attirer qu’un petit entrepreneur ; plus vous êtes instruite, plus
vous avez de chances d’en harponner un gros. Une « secrétaire privée » ne
travaille que pour un seul homme, une « accompagnatrice » travaille pour
plusieurs. Il y a trois degrés dans l’« accompagnement ». Le premier
consiste à suivre les hommes au restaurant, dans les boîtes de nuit et les
bars de karaoké. Le second inclut de les accompagner en d’autres occasions
telles qu’une soirée au théâtre, au cinéma et ce genre de choses ; nous
appelons cela « vendre de l’art mais pas son corps ». Bien sûr, les laisser
vous tripoter tout habillée fait partie du marché. Le troisième degré
implique d’obéir au doigt et à l’œil jour et nuit, sexe compris. Ce genre de
« secrétaire privée » ne dort pas à l’université, sauf les rares fois où le
patron rentre chez lui. Mais en général, il vous laisse la chambre d’hôtel
qu’il loue, pour vous trouver plus facilement dès son retour. En tant que
« secrétaire privée », tous vos repas, vêtements, logement et frais de
transport sont pris en charge. Personne n’ose contrarier quelqu’un de si
intime avec le patron. Vous n’êtes pas sous la coupe d’un homme, alors,
mais au-dessus d’un millier ! Si vous êtes intelligente, vous réussissez vite à
obtenir un véritable pouvoir, et si vous êtes vraiment futée, vous n’aurez
plus jamais de soucis d’argent.
Elle s’est versé une autre tasse de thé.
— Ne dit-on pas :« L’époque fait l’homme » ? La « secrétaire privée » en
Chine est une création de la politique de réforme et d’ouverture de Deng
Xiaoping. Dès que la Chine a commencé à s’ouvrir, tout le monde s’est
lancé dans la course à l’argent ; tout le monde ambitionnait de devenir
patron. Nombreux sont ceux qui rêvent de richesse, mais bien peu
réussissent. Vous avez remarqué que tout le monde porte le titre de
« directeur général » sur sa carte de visite ? Peu importe la taille de
l’entreprise, les sociétés prennent immanquablement des noms pompeux.
« Et comment tous ces hommes pourraient-ils démarrer une société sans
secrétaire ? Ils perdraient la face. Une secrétaire huit heures par jour ne
suffit pas, il faut quelqu’un de disponible à tout moment pour tout organiser.
Ajoutez à cela la loi de l’attraction sexuelle, et les occasions abondent pour
les jolies filles. Ce qui explique que des jeunes femmes habillées à la mode
courent d’un de ces respectables ministères à l’autre en accélérant le
développement économique de la Chine.
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— Comment allez-vous vous y prendre pour diriger et contrôler la
discussion ?
— Nous sommes à l’époque de la réforme et de l’ouverture, non ?
Pourquoi ne pas essayer ?
Je tentais de trouver des justifications dans le vocabulaire d’ouverture et
d’innovation à la mode depuis peu.
— La réforme n’est pas la révolution, ouverture n’est pas synonyme de
liberté. Nous sommes le porte-parole du Parti, nous ne pouvons pas diffuser
tout ce que nous voulons.
En disant cela, il a fait mine de se trancher la gorge. Voyant que je ne
céderais pas, il a fini par suggérer que je fasse une émission préenregistrée
sur le sujet. Cela voulait dire que le script et tous les entretiens sur bandes
seraient soigneusement revus en studio, et qu’après cela l’émission finale
serait soumise à approbation avant d’être diffusée. Tous les programmes
préenregistrés devaient passer par un si grand nombre d’étapes et
d’examens que l’on considérait qu’ils ne présentaient plus de danger. Mais
pour les émissions en direct, il y avait beaucoup moins de garde-fous en
place. Tout reposait sur la technique et l’habileté du présentateur à mener
une discussion en évitant de s’approcher des zones sensibles. Les directeurs
écoutaient souvent ces programmes le cœur battant, car certaines erreurs
pouvaient leur coûter leur poste, si ce n’est leur liberté.
Ne pas pouvoir prendre d’appels en direct était une déception. Il me
faudrait deux ou trois fois plus de temps pour préparer une émission
préenregistrée, mais au moins je pourrais en faire une qui soit relativement
libre de la « couleur du Parti ». Je me suis mise au travail et j’ai enregistré
une série d’entretiens téléphoniques.
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Une des raisons qui font que j’aime Yulong, c’est qu’elle est très jolie. Il y
a longtemps, j’ai entendu dire que les amis commencent à se ressembler
après un certain temps. Si je pouvais avoir la moitié de la beauté de Yulong,
cela me suffirait bien. Il n’y a pas que moi qui aime Yulong, tout le monde
l’aime. Si elle a besoin de faire quelque chose, tout le monde est prêt à
l’aider. Elle a aussi des traitements de faveur que n’ont pas les autres. Par
exemple, on lui change ses draps deux fois par semaine au lieu d’une, elle a
le droit de recevoir des visites dans sa chambre, et elle ne doit jamais
attendre longtemps avant qu’on s’occupe d’elle. Les infirmiers trouvent
toujours une bonne raison pour tourner autour de sa chambre. Je suis sûre
que Yulong a une meilleure nourriture aussi.
Je l’envie vraiment : comme dit la Vieille Mère Wang, une jolie fille porte
sa dot sur son front. La Vieille Mère Wang n’aime pas Yulong, pourtant.
Elle dit qu’elle lui fait penser au renard des contes, qui séduit les hommes
pour causer leur perte.
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Je suis de nature impatiente, aussi à cinq heures, le lendemain matin,
j’étais devant la porte d’une fabrique de gâteaux de taille modeste mais de
bonne réputation. Je n’avais pas annoncé ma visite, mais je ne m’attendais
pas à rencontrer de difficulté. En Chine, on surnomme les journalistes « les
rois sans couronne ». Ils ont le droit d’entrer librement dans presque toutes
les entreprises du pays.
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Nombre des questions qu’elles posaient avaient trait à la sexualité. L’une
d’elles voulait savoir pourquoi les battements de son cœur s’accéléraient
quand il lui arrivait d’entrer accidentellement en contact avec le corps d’un
homme dans le bus. Une autre demandait pourquoi elle se mettait à
transpirer quand un homme lui touchait la main. Pendant trop longtemps,
toute discussion ayant trait à la sexualité avait été interdite et tout contact
physique entre un homme et une femme qui n’étaient pas mariés avait
encouru la condamnation publique – avait été combattu, et même puni
d’emprisonnement. Jusqu’aux « conversations sur l’oreiller » entre mari et
femme qui pouvaient servir de preuves d’un comportement délinquant ;
dans les querelles de famille, les gens menaçaient souvent de dénoncer leurs
conjoints à la police pour s’y être adonnés. En conséquence de quoi, deux
générations de Chinois avaient grandi en se défiant de leurs instincts
naturels. Moi-même, j’étais si ignorante qu’à l’âge de vingt-deux ans
j’avais refusé de donner la main à un professeur pendant que nous assistions
à un feu d’artifice, de peur d’être enceinte. Ce que je connaissais de la
conception, je le tenais d’un vers glané dans un livre : « Ils se tinrent la
main au clair de lune… Au printemps, ils eurent un fils vigoureux. » Cela
m’a donné envie d’en savoir plus sur les vies intimes des Chinoises et j’ai
décidé de débuter mon enquête par l’étude de leur environnement culturel.
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Personne ne m’a félicitée d’avoir sauvé cette jeune fille, par contre, j’ai eu
droit à des critiques pour « avoir mis les troupes en branle et troublé l’ordre
public » et avoir gaspillé le temps et l’argent de la station de radio. Ces
reproches m’ont ébranlée. Une jeune fille s’était trouvée en danger et quand
on allait à son secours, on vous accusait de « dilapider les deniers publics ».
Que valait donc la vie d’une femme en Chine ?
Cette question a commencé à me hanter. La majeure partie des lettres que
je recevais à la station de radio étaient écrites par des femmes. Leurs lettres
étaient souvent anonymes, ou écrites sous un nom d’emprunt. Ce qu’elles
me racontaient me surprenait et me choquait profondément. Je croyais
connaître les Chinoises. A les lire, je me suis rendu compte à quel point je
me trompais. Mes compatriotes menaient des vies et se débattaient avec des
problèmes dont je n’avais pas la moindre idée.
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— A la campagne, a-t-il déclaré, le ciel est haut et l’empereur est loin.
Selon lui, la loi était impuissante là-bas. Les paysans ne craignaient que les
autorités locales qui contrôlaient leur approvisionnement en pesticides,
engrais, semences et matériel agricole.
Le policier avait vu juste. Pour finir, ce fut le chef du dépôt de réserves
agricoles du village qui réussit à sauver la jeune fille. Il a menacé de
supprimer l’approvisionnement en engrais, s’ils ne la libéraient pas. Trois
policiers m’ont conduite au village dans une voiture de police. Quand nous
sommes arrivés, le chef du village a dû nous frayer un passage dans la foule
des villageois qui nous menaçaient du poing et nous injuriaient. La fillette
n’avait que douze ans. Nous l’avons arrachée au vieillard, qui pleurait
amèrement et ne cessait de nous injurier. Je n’ai pas osé m’enquérir de
l’écolier qui m’avait prévenue. Je voulais le remercier, mais l’officier de
police m’a dit que si les villageois apprenaient ce qu’il avait fait, ils
pourraient le tuer, lui et sa famille.
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« Mengsheng, ai-je fait. Je suis sûre au moins d’une chose. C’est qu’à
propos de la mort tu n’es alors pas encore passé de l’autre côté, pas encore
retourné vers cette réalité qui est celle de la mort. Cela prouve que dans ton
corps il y a quelque chose qui te fait y résister. Aussi celui que tu étais,
quand tu as dit cette phrase, n’était pas fait à l’idée de la mort, c’est tout, et
voulait l’empêcher de prendre ses quartiers dans ton existence. C’est la
nature humaine, pour tout le monde. Il n’y a pas de faute particulière !
– Résister à la mort. C’est exactement ça, comme une source d’énergie
dont nous serions déjà équipés à la naissance. Aussi, peu importe combien
le cerveau peut haïr cette chose qu’est le fait de vivre, le corps, lui,
s’accroche au refus de mourir. Même si cela concerne quelqu’un d’autre, et
il faut quand même le faire rentrer de force à la maison, ah, quelle bonne
blague !
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