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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Deux nouvelles de Mo Yan, qui m'ont je dois dire un peu déçu. Au positif, beaucoup de truculence dans le verbe, et des situations plutôt cocasses qui font sourire et même parfois rire. Bref, du Mo Yan, qui pour être un provincial, s'y entend pour rendre hommage à ce monde paysan chinois qui ne s'embarrasse pas de fioritures et utilise à l'envi un langage fleuri.

Donc, on s'amuse un peu dans "Le Veau", où Luo Han est un gamin déluré qui va, devant une lâcheté certaine des adultes, prendre en main le traitement d'un veau qu'on vient de castrer après bien des palabres entre son oncle et un véto à la compétence incertaine...C'est que si les attributs ont été dégustés illico, la santé du veau est négligée par ces gens qui considèrent les animaux comme des objets, des outils de production collectivistes. Leur seule crainte en cas de décès est de provoquer la colère des chefs locaux du Parti parce qu'une unité a été détruite.
Le petit Luo Han, inquiet de l'aggravation de la santé du veau va devoir tenter de le sauver...
Une nouvelle assez bien menée, sans grande prétention mais qui se lit avec plaisir.

Je n'ai en revanche pas du tout accroché à la seconde. Le "Coureur de fond" est un récit à la première personne, où Mo Yan nous raconte sans doute un souvenir d'enfance autour d'un personnage central qui l'a marqué, un certain M. Zhu, qui penche un peu à droite politiquement, et qui, bossu, va réussir quelques beaux exploits sportifs (inventeur avant la lettre d'une nouvelle technique de saut en hauteur, et surtout vainqueur d'un 10 000 m, dans un challenge local annuel auquel participent quelques figures originales que l'auteur nous a présentées au préalable). Les présentations successives sont un peu longues eu égard à la place réelle de ces personnages finalement faible dans le récit, à part Zhu, avec des phénomènes d'aller-retour et digressions qui sèment la confusion. Au final, on comprendra que les exploits de Zhu ne sont peut-être pas dû entièrement à sa nature, mais à un petit coup de main opiacé...

Bref, ça se lit, mais c'est loin d'être le meilleur Mo Yan.
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Mo Yan est né en 1955 en Chine et a douze ans lorsque la révolution culturelle est à son apogée. Les souvenirs de jeunesse qu'il narre dans ces deux récits, mêlés aux produits d'une imagination féconde, s'appuient dès lors sur une observation sociale de l'époque maoïste. le veau, raconté avec malice par Luo Han, un enfant turbulent et farceur, se déroule dans un milieu rural où chacun essaie de tirer la couverture à lui, avec courage et ruse, dans l'esprit d'une communauté paysanne soumise aux lois absurdes du régime communiste. On sourit en apprenant que Mo Yan signifie en chinois celui qui ne parle pas, alors que, outre qu'il est un des écrivains les plus productifs et les plus traduits dans le monde, cette histoire est essentiellement charpentée sur des dialogues très animés.

Le fourrage manque et la multiplication des animaux devient problème, de sorte que le vétérinaire Dong est amené auprès de trois veaux afin de les castrer. Parmi eux Double Échine, deux bosses sur le dos, un animal vigoureux qui essaie de monter toutes les vaches, sa mère y compris. Lorsque vient pour celui-ci le tour de passer au scalpel, le vétérinaire hésite car ses vaisseaux dilatés font courir le danger d'un saignement fatal. Il finit par se lancer dans l'opération après maints palabres pittoresques mais Double Échine se montre rétif, et l'opération mémorable qui suit est décrite d'une plume alerte au burlesque évocateur. En fin de compte la plaie du boeuf s'infecte et Luo Han doit le conduire à la commune populaire voisine, à vingt lis[1] de marche, car son état s'aggrave. Une histoire vivante et éloquente agrémentée d'humour, mais aussi une critique acerbe des communes populaires.

Mo Yan a suscité la polémique lors de son prix Nobel de littérature en 2012, pour une oeuvre qui mêle réalité et imagination, perspectives historique et sociale: certains déplorent qu'on ait choisi un membre du parti communiste, d'autres reprochent à l'écrivain son attitude modérée face au PC chinois et son absence de soutien aux dissidents. Un article intéressant de Rue89 rappelle qu'il a reçu un prix littéraire et non le prix Nobel de la Paix. En lisant Mo Yan, il ne donne pas du tout l'impression de manquer d'esprit critique. Néanmoins il est clair que, face à la presse, il préfère parler de ses livres plutôt que d'attitudes politiques où il reconnaîtrait les pressions qu'il subit.

Les noms de familles des personnages chinois finissent par tous se ressembler pour un oeil accoutumé aux patronymes occidentaux. Si ce n'est pas préoccupant dans le récit du veau, ce le devient dans la seconde histoire proposée, le coureur de fond, où les protagonistes sont nombreux. Les dialogues y sont rares car presque tout est narration. On y découvre, via les performances sportives d'un instituteur, l'organisation dans une communauté villageoise d'épreuves sportives sous le régime communiste. L'ensemble apparaît décousu, truffé d'anecdotes, comme s'il s'agissait d'un journal ou d'un projet qui aurait dû aboutir dans un écrit plus vaste.

La traduction de François Sastourné mérite cependant les éloges car elle restitue magnifiquement la nature d'une société que nous connaissons peu. Belles adaptations favorisées sans doute en partie par la féconde spontanéité de l'écrivain chinois, surtout dans le premier récit.

Mo Yan donne avec empathie, à travers ces deux histoires, une version orientale de la comédie humaine où commandent le pouvoir, l'argent et la reconnaissance. La critique politique s'y dissimule tantôt subrepticement, tantôt ouvertement comme dans l'épilogue narquois de l'histoire de Double Échine, le veau à qui il arrive de chuchoter à l'oreille d'un adolescent.


[1] le li est une mesure chinoise aujourd'hui standardisée à 500m.
Lien : http://www.christianwery.be/..
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Le veau.

Luo Han, un jeune adolescent nous raconte l'histoire de trois veaux castrés, au sein de son village .
C'est le point de départ de cette nouvelle qui est aussi le prétexte à une réflexion sur la société chinoise.
Mo Yan décrit un monde rural difficile où chacun doit déployer énergie et ruse pour survivre.
Une description pénible de la castration (pauvres veaux, on a mal pour eux !), mais des dialogues truculents, de l'humour "vache", de la tendresse, de la verve, une belle écriture, légèrement crue.
Bref, un sympathique récit dans la lignée du "maître a de plus en plus d'humour"
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Deux nouvelles pour les férus de chine, qui nous retracent la vie de l'auteur semble t-il, dans son village dans les années 60... On sent le régime en place toujours aussi omniprésent qui pèse sur les vies des gens... rien ne change jamais...
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Ce livre est composé de deux récits imprégnés des souvenirs d'enfance de Mo Yan, prix Nobel de littérature 2012, qui a douze ans à l'apogée de la Révolution Culturelle en Chine.
Péripéties d'une commune rurale où la débrouille, la ruse, les magouilles sont de rigueur face à un système qui hiérarchise les individus devant obéissance aux lois absurdes du communisme.

"Le Veau" c'est "Double-Echine" celui qu'on veut castrer afin qu'il se tienne tranquille, risquant de grimper chaque femelle (y compris sa mère) et de reproduire alors que, dans la commune, le fourrage manque.

Faut-il y voir une critique cachée du système ?
Mo Yan s'exprime peu en interview sur le sujet, lui-même membre du PC. Très tôt, ses parents lui ont recommandé de ne pas parler à l'extérieur. Mo Yan, pseudonyme, signifie d'ailleurs "celui qui ne parle pas".
Confère cette scène mémorable où le jeune garçon, assoupi, rêve que les trois veaux venant d'être castrés, se révoltent et lui parlent : "On nous a coupé les roustons, à quoi bon vivre ? Vivre en obéissant sans liberté ?"
Allégorie ?
Dans cette scène, les dialogues sont truculents et Mo Yan use de ce ton léger qui, en d'autres endroits, lui permette de railler ouvertement le "nouveau système" à travers l'expression de ses personnages.

"Le coureur de fond" est découpé en trois parties inégales qui font plutôt penser à un journal intime, rempli d'anecdotes où l'on retrouve le personnage principal Mr Zhu. Bossu, éduqué, éclairé et sage, instituteur du village, il mène plusieurs épreuves sportives dont une course de fond.
Ce dernier récit nous permet de découvrir l'organisation des rencontres sportives forcément supervisées sur cette période de l'histoire chinoise.

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Immersion dans la ruralité chinoise , époque Révolution culturelle avec le florilège attendu d'absurdité bureaucratique, de cocasserie et de cruauté exotisante qui ravira le lecteur libéral occidental, le confortant dans sa projection bucolisante celle de vivre, lui dans un pays ou la campagne rime avec les chromos " Belle de Champs - Epi d'Or" .
Pour ce qui est de la Littérature , malgré là aussi un écart certain et déstabilisant avec la production occidentale, l'envie néanmoins d'y revenir avec un autre livre.
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Un petit livre truculent qui nous plonge dans la campagne chinoise après-révolution. Les différences de classes sont bien expliquées et tout ce petit monde interagit et doit surtout éviter de se mettre en tort devant un représentant officiel du parti. Or, un des veaux castrés ne va pas bien du tout, que va-t-il se passer si la pauvre bête décède ? qui sera responsable (et donc coupable ?), le propriétaire ? le vétérinaire ? ou notre jeune narrateur, le gardien des bêtes ? Je déconseille cependant cette lectures aux âmes sensibles car les traitements infligés au veau, soi-disant pour le guérir, sont vraiment cruels. La deuxième histoire est plus légère, elle s'intéresse à un coureur de fond amateur et sa technique pour gagner la course.
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