AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,52

sur 71 notes
5
4 avis
4
8 avis
3
7 avis
2
1 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est sans doute un réflexe pavlovien que de se retourner vers des valeurs sures en période anxiogène. Mo Yan et sa littérature entrent clairement pour moi dans ce domaine et c'est avec délectation que je me suis plongé dans ces deux nouvelles .
Mo Yan n'est jamais aussi bon que pour décrire le monde paysan sous Mao. Monde paysan d'où il vient.
Si le théâtre des opérations des deux nouvelles est le même, les sujets en sont bien différents.
Dans la première nouvelle, le Veau,un village s'apprête à castrer trois veaux et attend le vétérinaire officiel. Nouvelle très drôle, enfin avec les critères locaux , qui montre très bien le fonctionnement du pouvoir et des hiérarchies sous Mao. L'activité principale en cas de problème est de trouver un bouc émissaire pour sauver ses fesses ! On retrouve les caractéristiques des récits de Mo Yan , insultes entre personnages, situations cocasses, peinture acerbe de la société chinoise sous le communisme, mais aussi grande place à la description de la nature. L'auteur nous confronte aux absurdités du système : Impossible de tuer les veaux parce que le parti ne l'autorise pas , mais impossibilité de les garder en vie parce qu'on ne peut pas les nourrir!
Enfin , on y apprend que dans les campagnes , les paysans mettaient la gnôle dans des bouteilles (vides !!!) d'insecticide . Il parait que ça donne du goût !!!

La deuxième histoire est centré sur un instituteur remplaçant du village en 1968. Laid comme pou, raillé de tous , il s'avère être un grand sportif , avec son air con et sa vue basse !!
La aussi , plongée dans la révolution culturelle avec ce village rempli de "droitiers", ou plus vulgairement d'instruits envoyés se rééduquer à a campagne.
Beaucoup de truculence, d'humour , de situations absurdes et toujours ce regard sans complaisance sur la Chine maoïste.

Merci Mo Yan pour ton aide en ces moments ô combien singuliers.
Commenter  J’apprécie          332
J'ai beaucoup aimé les deux nouvelles. Mo Yan est un conteur hors-pair qui s'attache à réinventer avec truculence le petit monde rural de son enfance à l'époque de la révolution culturelle (années 60). Il recrée dans les dialogues une langue du peuple brute et savoureuse, pleine de mots crus et de métaphores hilarantes. La narration est tantôt tendre tantôt ironique quand il s'agit de mettre en scène l'absurdité des discours idéologiques et le zèle de certains pour les appliquer.
1) le veau
Le narrateur Luo Han est un double de Mo Yan. Un adolescent avec un bagou terrible qui cherche sans arrêt à se rendre intéressant. il est obsédé par les fesses de la fille du père du et il est toujours affamé. Maître Du, soixante-huit ans est responsable de l'élevage dans la brigade de production. Il arrive en tenant trois veaux par une corde. Luo Han les aime bien surtout Double Echine. Un sacré chenapan qui essaye à tout bout de champ de monter les vaches. le père du les amène sur ordre de l'oncle grêlé, chef de brigade de la production, au camarade Dong, le vétérinaire de la commune populaire. Celui-ci doit castrer les veaux. Soyez rassuré, le camarade Dong a coupé plus de roustons que vous n'avez bouffé de pains de maïs, j'en suis certaine. Mais je vous connais les amis, vous vous demandez certainement pourquoi ils tiennent tellement à torturer ces pauvre bêtes . L'année précédente d'après son chef l'oncle grêlé (qui est une vraie peau de vache), le père du a laissé le troupeau de vaches entier se faire engrosser et à présent ils n'ont plus de quoi nourrir toutes les bêtes. Et l' on ne peut pas les chasser dans la nature non plus car cela revient à saboter les moyens de production et là on vous accuse d'être un contre révolutionnaire et vous vous retrouvez en camp de rééducation à la pépinière, autrement dit en enfer...Donc il faut castrer les trois veaux et ensuite veiller à la cicatrisation. Cette mission périlleuse est confiée au vieux Maître du et au jeune Luo Han...
2) le coureur de fond.
C'est un texte autobiographique dédié à la mémoire de Zhu Zongen, l'instituteur remplaçant de son école primaire. On est en 1968, à quelques kilomètres du village se trouve un camp de droitiers de la province, tous titulaires d'une expertise reconnue. Lorsque qu'une vache ne broute pas, qu'une poule ne pond pas, qu'une femme est stérile, on appelle un droitier.. Il y a là un journaliste, un chef de service de médecine, une vedette de l'opéra de Pékin, un ingénieur, un professeur de mathématiques, des sportifs de haut niveau,... et les étudiants de toutes les facs étiquetés droitiers. S'ils n'avaient pas été classés droitiers jamais au grand jamais les gamins du village n'auraient pu les rencontrer. Et cela aurait été bien dommage. La galerie de portraits qui suit est haute en couleur. Mo yan raconte tout ce qu'ils apportent au village avec des anecdotes savoureuses puis il se focalise sur le personnage de Zhu Zongen, C'est un bossu extraordinaire et le héros de son enfance. En ces temps là, chaque année, le premier mai, son école organise une rencontre sportive qui inclut élèves, enseignants et droitiers...
Commenter  J’apprécie          285
Un grand talent d'écrivain ce Mo Yan, d'ailleurs consacré par le prix Nobel de littérature en 2012, il arrive à nous faire revivre le monde rural chinois en racontant, de façon simple et apparemment naïve, la vie d'un village. Mo Yan part d'un acte fréquent à la campagne : la castration d'un petit veau, mais hélas celui-ci se passe mal, pour nous montrer toutes les forces qui sont en jeu dans le village où la survie alimentaire est à peine assurée. Lorsque la faim tenaille les gens, un plat de « couilles de veau » sautées à la ciboulette devient un plat de roi, pour lequel bien des passions vont se déchaîner. C'est drôle et tragique à la fois.

La deuxième nouvelle: le coureur de fond a ma préférence, le village apparaît dans toute sa variété. Comme le village est un lieu de rééducation des « droitiers » cela permet aux paysans d'être confrontés et parfois d'utiliser des compétences dont ils n'avaient aucune idée. C'est un monde absurde, où personne n'est à l'abri de l'arbitraire, un monde violent où la force physique a souvent le dernier mot. Souvent seulement, car au-dessus de tous les liens bons ou mauvais que les habitants peuvent tisser entre eux et parfois avec les « droitiers », il y a la police qui peut enfermer qui bon lui semble sur une simple dénonciation. Quel pays! et en même temps quelle énergie pour vivre quand même de toutes les façons possibles. Ces récits m'ont fait penser aux images naïves dont la révolution culturelle relayée par les amitiés franco-chinoises ont inondées la France à une certaine époque.
Lien : http://luocine.fr/?p=2889
Commenter  J’apprécie          50
Auteur chinois, Prix Nobel de Littéraire en 2012 (Prix contesté par les dissidents chinois qui accusent l'écrivain de faire partie du système erratique), Mo Yan écrit ici deux nouvelles très drôles sur le thème de l'enfance paysanne sous le régime de Mao.
Il y critique le régime communiste et son lot de lois absurdes.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (155) Voir plus



Quiz Voir plus

Mo Yan

Mo Yan est , à ce jour, le seul prix Nobel de littérature chinois. Mais en quelle année a -t-il obtenu ce prix ?

1955
2010
2019
2012

10 questions
14 lecteurs ont répondu
Thème : Mo YanCréer un quiz sur ce livre

{* *}