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Noël Dutrait (Traducteur)
EAN : 9782020787703
108 pages
Seuil (04/03/2005)
3.48/5   201 notes
Résumé :
Lorsque Lao Ding, à l'âge de soixante ans, est licencié de l'usine Étoile rouge pour cause de faillite, c'est un monde qui s'effondre. Mais une nouvelle Chine est en train de naître, fondée sur l'initiative privée, où se déploient tout ensemble l'ingéniosité du petit peuple, la corruption des cadres, la solidarité des générations et le chacun-pour-soi... Maître Ding retrouve l'enthousiasme et la vigueur grâce à une idée géniale, bien audacieuse, et à l'infaillible s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
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Lorsque Lao Ding, à un mois de la retraite , à l'âge de soixante ans , est licencié ainsi que tout le personnel de son usine : une usine de machines agricoles qui a changé de nom avec les différents dirigeants politiques.
À ce jour, elle est en faillite et chacun doit retrouver du travail suivant des initiatives privées et personnelles.
Les cadres sont corrompus par l'argent et vivent dans l'égoïsme.
Maître Ding se sort du pétrin, après avoir épuisé ses économies à soigner une blessure grâce à une idée audacieuse et grâce à l'aide son ancien apprenti. Il est honteux de sa nouvelle activité qu'il cache à sa femme mais il se renfloue.
Il va cependant vivre une grande peur dans les dernières pages du livre.
Mo Yan, en se moquant de la société capitaliste où chacun travaille pour soi et s'enrichit ou non m'a fait découvrir son humour. Je n'ai pas pu dire si son personnage faisait preuve de naïveté ou au contraire d'un humour simple qui aide le personnage à prendre de la distance quoi qu'il arrive. C'est un jeu auquel l'auteur se livre.
J'ai beaucoup apprécié ce petit conte sous forme de satire sociale et les réflexions imagées, très comiques, très particulières de l'auteur.
Je peux comprendre qu'il a été appelé pour recevoir le Prix Nobel en 2012 car il semble unique en son genre.
"Il semble" car je n'ai lu que ce petit conte de Mo Yan.
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Pour être franche , s 'il n y avait pas eu le multi défis 2019 et son item livre d un auteur chinois ou qui se passe en Chine, je n aurais jamais lu ce livre.

4 étoiles et demie. Autant vous dire que changer ses habitudes ça permet parfois de belles découvertes.

J ai beaucoup aimé cette lecture. En particulier parce que je me suis beaucoup attachée au héros. d'origine ouvrière, maître Dinh qui se retrouve licencié à un mois de la retraite après une vie de labeur, ça a touché mon âme. l'usine de machine agricole pour laquelle maître Dinh travaillait s apprête à fermer. Les larmes, les belles médailles reçues tout au long de sa carrière, être l exemple pour les autres, tout cela ne change rien.

Maître Dinh est poussé vers la sortie. Comment se reconvertir alors? Comment rebondir? Surtout que l argent fond comme neige au soleil.

Maître Dinh est dépassé. Lui qui a passé sa vie à trimer à l usine découvre avec stupeur que même aller au toilette n est pas gratuit. Où va le monde?

Mais maître Dinh n est pas un homme à se laisser abattre. Alors qu' il repère un vieux car déglingué vers le cimetière qui surplombe son ancienne usine, il a une idée pour survivre. Avec son fidèle apprenti, il entreprend de transformer le car pour le consacrer à un usage bien particulier. Bientôt la clientèle se fait florissante.

On ne sombre jamais dans le pathos. J ai apprécié l humour de l auteur qui avec un personnage plutôt naïf mais pas bête nous livre une petite critique bien sentie du capitalisme. Culture tradition se heurtent à la modernité et au capitalisme.

C est frais, drôle, un brin loufoque. Bien écrit.
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♫ Compagnon de colère, compagnon de combat
Toi que l'on faisait taire, toi qui ne comptais pas
Tu vas pouvoir enfin le porter
Le chiffon rouge de la liberté
Car le monde sera ce que tu le feras
Plein d'amour de justice et de joie

Accroche à ton coeur un morceau de chiffon rouge
Une fleur couleur de sang
Si tu veux vraiment que ça change et que ça bouge
Lève-toi car il est temps

Tu crevais de faim dans ta misère
Tu vendais tes bras pour un morceau de pain
Mais ne crains plus rien, le jour se lève
Il fera bon vivre demain ♫

(Michel Fugain – le chiffon rouge -1977)

Précieux petit roman que voici …

Il dresse, à travers les mésaventures de maître Ding, un portrait grinçant de la Chine moderne, tiraillée entre ses idéaux communistes de justice sociale pour tous, de glorification du travail honnête et d'abnégation pour l'Etat bienfaiteur et son ultra-libéralisme où seul le profit compte. On découvre une Chine empêtrée dans ses contradictions et sclérosée par une administration kafkaïenne, par la corruption et par le népotisme.

Heureusement le maître déborde d'humour (même s'il rit jaune) et de ressources: après son licenciement, qui a lieu à un mois de sa retraite (les patrons voyous de nos multinationales ont fait des émules en Chine), il sait rebondir car « si les vers ne meurent pas de faim sous terre, jamais nous autres de la classe ouvrière ne mourrons de faim ». Quelle violence dans cette phrase, quand même!

A épingler aussi la manipulation honteuse des dirigeants qui, devant la foule des ouvriers en colère, vont jusqu'à détourner l'exemple de cet ouvrier modèle à leurs fins. Mais maître Ding peut aussi compter sur la fraternité et la solidarité entre les ouvriers, qu'on retrouve d'ailleurs dans tous les pays.

A noter aussi les petites notes de bas de page qui éclairent sur la culture chinoise et aident à la compréhension de ce géant d'Asie qui ne cesse de me fasciner et de m'intriguer.

Je remercie mh17 d'avoir guidé mes pas vers ce petit roman de Mo Yan, auteur que j'apprécie de plus en plus !

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Après 43 ans de bons et loyaux services dans l'Usine de fabrication de matériel agricole de sa ville, Maître Ding est licencié à un mois de la retraite. Les larmes ou la colère n'y changent rien, l'usine a fait faillite et il lui faut désormais trouvé une nouvelle source de revenus. Mais Maître Ding est un vieil homme, usé par son dur labeur et les opportunités s'en trouvent réduites. après des jours d'errance désespérée dans les rues de la ville, le salut arrive lors d'une promenade entre le cimetière et le lac artificiel. Maître Ding trouve l'idée qui, sans efforts physiques, pourra lui assurer un revenu suffisamment confortable pour assurer ses vieux jours. Mais saura-t-il faire taire ses scrupules et dépasser le sentiment de honte qu'il ressent?


Sous ses airs faussement naïfs, ce petit conte sans prétention cache une critique acerbe du néo-capitalisme chinois. Il décrit cette nouvelle société où l'Etat n'est plus providence, où c'est le profit qui commande, où les patrons s'enrichissent sur le dos des ouvriers. Rude constat pour Maître Ding, vieux communiste, ouvrier exemplaire plusieurs fois médaillé qui s'est voué corps et âme à son usine et qui n'a aucune valeur au regard du profit et de la productivité. Pour les ouvriers comme lui, c'est désormais le règne de la débrouillardise. Les salaires et les pensions sont versés de façon aléatoire et pour vivre décemment on trouve un petit boulot plus ou moins légal. Maître Ding qui avait placé toute sa confiance en son patron découvre les nouvelles lois de la société où l'individualisme a pris le pouvoir. Pour lui, c'est un choc mais il ne se révolte pas, il a honte d'être un poids et finalement il s'adapte.
Ce court récit plein de tendresse, d'humour et d'optimisme est une ode à ce peuple chinois si souvent opprimé mais qui ne baisse jamais les bras et, de petites combines en bouts de ficelle, se construit un avenir qui se veut radieux.
Ecrit par le Nobel de littérature 2012, c'est un petit livre abordable et plaisant que je conseille pour qui veut appréhender l'oeuvre de Mo YAN en douceur.
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C'est mon premier roman du prix Nobel 2012. Il date de 1999 et fait 108 pages.
Ding ("Robuste gaillard") Shikou s'effondre quand il est licencié de l'usine de l'Etoile rouge pour cause de faillite. A un mois de la retraite, lourdé sans indemnités. Lui, l'ouvrier modèle qui éprouvait une extrême gratitude envers cette usine d'état car elle l'avait tiré de la condition de paysan. Et, pour couronner le tout, il se fracture une jambe en rentrant chez lui sur sa vieille bicyclette "Défense nationale". Toutes ses économies passent dans les frais médicaux. Comment une vieille baderne comme lui peut-il s'en sortir ? Faire le siège de la mairie en continuant de pleurer comme le suggère son jeune ex apprenti ? Non ! le maître ne perdra pas la face, il a de la ressource, du bon sens et va trouver une idée...qui respire la joie de vivre.
J'ai beaucoup aimé ce court roman, très bien construit, qui évoque avec la pudeur de l'humour une vie et des valeurs qui s'effondrent. Il rend également hommage à la débrouillardise des humbles qui doivent se réadapter au nouveau monde capitaliste. La traduction est très bien avec des notes utiles et pas envahissantes.
Je poursuivrai avec plaisir mon exploration de l'univers de Mo Yan ( il a écrit plus de 100 nouvelles paraît-il) .
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Citations et extraits (43) Voir plus Ajouter une citation
C’était déjà le coucher de soleil quand insensiblement ses pas le menèrent sur la petite colline derrière l’Usine de fabrication de machines agricoles. Le soleil rouge sang irisait de milles couleurs la surface de l’eau du lac artificiel en bas de la colline. Sur le chemin qui faisait le tour du lac, des hommes et des femmes se promenaient tranquillement en couple. Il avait travaillé tout près des dizaines d’années, mais il n’était jamais monté une seule fois sur cette hauteur et s’était encore moins promené autour du lac. Durant tout ce temps, sa vraie famille avait été l’usine, et, derrière ses dizaines de diplômes d’honneur, il y avait des seaux et des seaux de sueur. Il tourna son regard vers son usine, les ateliers d’ordinaire en pleine effervescence étaient à l’abandon, les bruits de coups de marteau sur le métal n’étaient plus qu’un rêve du passé, la cheminée qui avait craché sa fumée noire pendant des années ne fumait plus, sur les terrains vides aux alentours s’entassaient des canettes défectueuses et des moissonneuses rouillées. Derrière la petite cantine s’empilaient des bouteilles d’alcool...
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Dans le fracas de l'eau, il demanda doucement : "Pourquoi faut-il payer pour aller aux toilettes ?
- Maître, on dirait que vous débarquez de la planète Mars, vous croyez que de nos jours il y a encore des choses gratuites ? dit l'apprenti en haussant les épaules. Mais payer a aussi son avantage. Si c'était gratuit, même en rêve, des petites gens comme nous n'iraient pas dans des W.-C. luxueux comme ceux-ci !".
L'apprenti le guida pour se laver les mains et les passer sous le sèche-mains, puis ils sortirent des toilettes.
Assis dans le triporteur, frottant ses mains rugueuses adoucies par le séchage, il dit en soupirant : "Xiaohu, on s'est fait une pisse de luxe tous les deux.
- Vous ne manquez pas d'humour maître !
- Je te dois un yuan, je te le rendrai demain !
- Vous avez de plus en plus d'humour, maître !"
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Lü Xiaohu lui suggéra : "Maître, vous devriez aller manifester devant la porte de la mairie en vous asseyant par terre, ou même en vous immolant par le feu !
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Bien sûr, je ne veux pas que vous vous mettiez vraiment le feu, dit Lü Xiaohu en riant, vous devriez leur faire peur, ils tiennent par-dessus tout à sauver la face.
- Tu parles d'une idée, tu veux que ton maître aille jouer les voyous !
- A ce stade-là, c'est tout ce qu'il vous reste à faire. Maître, vous êtes vieux, ce n'est pas comme nous qui sommes encore jeunes et avons de l'énergie, en faisant n'importe quel boulot, on pourra nourrir une famille, mais vous, vous ne pouvez compter que sur la mairie."
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Ils téléphonèrent au cousin depuis une cabine battue par le vent du nord qui hurlait ; on leur dit que celui-ci était de garde au commissariat.
"C'est parfait, maître, s'exclama joyeusement l'apprenti. Savez-vous pourquoi je ne voulais pas vous emmener chez lui ? Vous ne pouvez pas imaginer à quel point sa femme peut être snob !
Quand un parent pauvre comme moi va chez elle, elle change de tête et me traite comme une crotte de chien, c'est insupportable ; nous, nous sommes pauvres, mais on a la volonté, n'est-ce pas ?
- Xiaohu, je n'arrête pas de te causer des ennuis, dit le maître très ému.
- Mais mon cousin est un type bien, même s'il a un peu peur de sa femme." Puis il ajouta comme s'il chantait un air : "Si tu crains ta femme, monte sur ta mule !"
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Lao Ding sentit la honte lui inonder le cœur, non de ne pas avoir un sou sur lui, mais de ne pas savoir qu’il fallait payer pour aller aux toilettes. Il suivit son apprenti dans les WC aux néons éblouissants, et une bouffée d’odeurs nauséabondes lui monta à la tête. Les carreaux posés au sol luisaient tant que les deux hommes se reflétaient dedans. Il marchait en se tortillant et faillit même trébucher. Le maître et l’apprenti se placèrent côte à côte devant les urinoirs, sans se regarder, les yeux fixés sur les boulettes désodorisantes qui roulaient sans fin. Dans le fracas de l’eau, il demanda doucement : « Pourquoi faut-il payer pour aller aux toilettes ?
- Maître, on dirait que vous débarquez de la planète Mars, vous croyez que de nos jours il y a encore des choses gratuites ? dit l’apprenti en haussant les épaules. Mais payer a aussi son avantage. Si c’était gratuit, même en rêve, des petites gens comme nous n’iraient pas dans des W-C luxueux comme ceux-ci ! »
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Vidéo de Mo Yan
Présentation de l'album "La Bourrasque" de MO Yan, prix Nobel de littérature, illustré par ZHU Chengliang. Publié aux éditions HongFei, septembre 2022. Après une belle journée au champ, un enfant et son grand-père résistent ensemble à l'adversité.
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