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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Dans ces deux cent mille caractères, j'ai exprimé tout mon amour de la vie et mon amour irraisonné de l'art du roman tel que je le conçois." C'est par ces mots simples et sincères que Yan Lianke achève la postface de son roman "Le rêve du village des Ding". Bien que "cauchemar" soit un terme plus adapté en l'occurrence, le titre renvoie aux rêves qui hantent les songes de Ding Shuiyang, le personnage principal, le grand-père de Ding Qiang, le jeune narrateur, mort à douze ans sans doute empoisonné par un voisin et sans doute par vengeance.

Dans la province du Henan, tout est rouge et décrit comme tel par l'auteur : la plaine aride, les levers et couchers de soleil qui se succèdent, les pommettes enfiévrées des habitants du village des Ding, la plupart atteints du virus du sida après avoir abondamment vendu leur sang lors d'une grande campagne de collecte qui, vous vous en doutez, s'est déroulée dans des conditions sanitaires plus que douteuses. Dans le récit, les paysans sont décimés par le virus et comme tout malheur fait le bonheur de quelques profiteurs, Ding Hui, le fils de Shuiyang et le père de Qiang, ne perd pas un miette de profit dans cette situation dramatique : collecte de sang effectuée en dehors de toute règle de sécurité médicale, vente sur le marché noir des cercueils fournis par le gouvernement, organisation de mariages dans l'au-delà, vente de concessions de cimetière... rien ne semble devoir l'arrêter et empêcher que la honte retombe sur toute la famille Ding.

Roman très sombre et à la fois très lumineux, "Le rêve du village des Ding" est une météorite qui a traversé mon ciel littéraire grâce à Foxfire que je remercie de la découverte. Je citerai quelques mots de la charmante lettre manuscrite qui accompagnait son colis : "Tout Yan Lianke est dedans : un sujet dur traité avec beaucoup d'humanité et sans misérabilisme, une plume en colère mais pleine de poésie".

La belle dimension tragique du roman poigne d'autant plus le lecteur que le sujet délicat de la contamination des populations sous couvert des autorités est le triste reflet d'une réalité dissimulée sous le tapis. Est-il besoin de préciser que ce livre est interdit en Chine et que son auteur est privé de parole ?


Challenge ABC 2016 - 2017
Challenge Petit Bac 2016 - 2017
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Cet ouvrage bouleversant, accablant de réalisme est un torrent qui nous emporte et ne
nous laisse pas indifférent .
Il traite habilement du scandale du sang contaminé en Chine.
Le narrateur, un jeune garçon, Qyang, décédé à l'âge de douze ans nous conte l'histoire de son village...celui des Ding du fond de son tombeau, dans la province du Henan, rouge, rouge comme le sang!
Ce sang que vendaient les habitants du village de Ding qui ont cru aux promesses d'enrichissement de leurs dirigeants afin de connaître une vie meilleure.
Ils ont vendu leur seule richesse : leur sang!
Hélas! Quelques années plus tard, les villageois souffrent de la "fièvre ", ils se flétrissent et meurent les uns après les autres.
C'est le Pére de Qyang, Ding Hui qui avait pris la désastreuse initiative de cette collecte de sang à l'instar de ce qui pratiquait dans bien d'autres villages.
Il s'est enrichi tandis que le sida entraînait de grandes souffrances puis la mort !
Ding, le grand- père de Qyang , un professeur cultivé , droit et honnête, tentait , lui, d'aider les malades en les logeant à l"école qui ne fonctionnait plus.
Puis Ding Hui continua à s'enrichir de façon honteuse en organisant la vente de cercueils et en arrangeant dans " l'au delà " des mariages pour ceux que la mort avait séparés .....
Yan Lianke nous dresse un tableau terrible, poignant et émouvant traversé de rêves et de prémonitions sur la dualité d'un pays tout à fait déchiré entre le poids de traditions ancestrales et l'aspiration matérialiste......
On oscille entre désespoir , dérision, fascination, stupéfaction, douleur à la lecture de ce livre dont la très belle écriture atténue un peu la noirceur !
Ce bel ouvrage magnifiquement écrit n'incite guère à l'optimisme !
L'auteur," engagé" , est privé de parole et son récit est interdit en Chine !
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Quelle histoire bouleversante .
Par le biais de ce livre - interdit en Chine, il faut le rappeler- , Yan Lianke nous relate le drame de centaines de milliers de paysans chinois contaminés par le virus du Sida dans les années quatre-vingt dix dans la province ( pauvre évidemment )du Hénan .
Parce que vendre son sang pouvait permettre aux familles pauvres de cette province d'améliorer leurs conditions de vie, des milliers de personnes se sont précipitées en masse aux centres de collecte . A l'époque, personne ne parlait du Sida, ni de ses modes de contamination....Et puis tout à coup, de mystérieuses épidémies de " fievre" surviennent, très souvent mortelles.
C'est le drame de ces laissés pour compte que nous raconte l'auteur dans cette histoire à peine romancée.
Dans le village des Ding, la majorité des habitants sont condamnés et sont des morts en sursis. A travers le portrait de certains personnages, on mesure toute la détresse des personnes touchées par cette maladie qui n'arrive pas à leur enlever une formidable envie de vivre. Ce sont ces gens jeunes, qui aimeraient encore avoir un avenir qui vont tour à tour tomber , terrassés par cette maladie qui ne se guérit pas encore ( et surtout pas en Chine )
C'est un jeune garçon mort qui raconte cette histoire. Ironie du sort, il n' a pas été touché par la maladie, mais a été assassiné pour punir son père qui porte la responsabilité dans cette affaire de contamination. C'est lui qui dirigeait les collectes dans le village , et qui s'est enrichit grâce à ce commerce fort lucratif, peu importe les conséquences...
j'ai été touchée par cette histoire, par le style de l'auteur, qui arrive avec des phrases toutes simples à nous faire mesurer toute cette tragédie .
Émouvant .


Challenge ABC 2016/2017

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Qyang est mort à l'âge de douze ans. du fond de son tombeau il nous raconte l'histoire de son village et de ses habitants qui ont vendu leur sang pour quelques sous leur permettant d'améliorer le quotidien.
C'est son père Ding Hui, qui en a pris l'initiative, comme cela se faisait dans d'autres villages.
Il s'est enrichi tandis que le sida entraînait la souffrance et la mort des habitants. Tandis que le grand-père de Qyang, professeur cultivé, essayait d'aider les malades en les hébergeant dans l'école qui ne fonctionnait plus, Ding Hui continuait éhontément à s'enrichir en organisant la vente de cercueils (en détruisant la forêt) et des "mariages dans l'au-delà" pour unir ceux que la mort avait séparés.

Yan Lianke a été le premier auteur de fiction à traiter de l'épidémie du sida qui a ravagé la province du Hénan en 1990.
L'écriture de ce livre a été très douloureuse pour lui, il s'en explique dans la postface du roman :

« Au moment de remettre mon manuscrit entre les mains de l'éditeur, j'ai l'impression de ne pas lui donner seulement un roman mais aussi un ballot de souffrance et de désespoir.
… Je ne sais pas si j'ai écrit un bon ou un mauvais roman, mais je peux en toute sincérité affirmer que ce n'est pas ma force physique que l'écriture de ces quelques deux cent mille caractères a usée : elle a usé ma vie, elle a diminué mon espérance de vie. »

Un livre bouleversant et interdit en Chine.

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Une petite bourgade agricole dans la campagne chinoise, pauvre, très pauvre. Pour gagner facilement l'argent qui manque tant, une seule solution: donner son sang. Facile. Mais les conditions sanitaires ne sont pas respectées, les seringues pas stériles. Et l'intermédiaire particulièrement véreux … En ces temps d'épidémie de sida, vous pouvez imaginer les conséquences de ce trafic, dans ce coin perdu abandonné par les autorités bien trop préoccupées à développer l'industrie, le commerce et à s'enrichir personnellement ….

Au travers de ce roman, c'est la Chine en pleine mutation qu'on devine, la Chine prête à vendre son âme pour rattraper son retard et accéder coûte que coûte à la modernité occidentale, au confort matériel et à la vie facile et métropolitaine. Les bourgades deviennent des villes du jour au lendemain. Et les gens malhonnêtes s'enrichissent sur le dos des plus naïfs ou des plus (trop ?) honnêtes. Restent les laissés-pour-compte dans les campagnes.

Un vrai plaisir de lecture, grâce notamment au recours aux images poétiques et oniriques, qui masquent tant bien que mal le dégoût et la colère de l'auteur (par ailleurs privé de parole en Chine). Un auteur à suivre, ce Lianke Yan, pour découvrir cette autre Chine, bien différente de l'image de l'élève « méritant » du capitalisme socialiste (non, non, il parait que ce n'est pas incompatible), que les médias et les chiens de garde nous proposent.
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En lisant la quatrième de couverture, on trouve cette phrase : « Bouleversant par la tragédie qu'il raconte, bouleversant parce qu'il n'est que la fiction d'une réalité plus terrible encore.». Bon, on ne pourra pas dire qu'on n'aura pas été prévenu.

Le rêve du village des Ding nous raconte l'histoire d'un village situé dans la province du Henan en Chine, dont est d'ailleurs originaire l'auteur. Après une campagne (et beaucoup d'exhortation) autour de la vente du sang de la part des représentants locaux du gouvernement, mais sans aucun encadrement bien sûr, la majeure partie des villageois se lancent dans l'expérience. Mais c'est sans compter, les quelques villageois qui vont profiter de l'occasion pour se faire le plus d'argent possible, en faisant notamment l'économie sur le matériel ou en faisant ça un peu n'importe comment. D'où une impressionnante épidémie de sida dans ce petit village où les malades et les morts deviendront vite le quotidien.
L'histoire est racontée du point de vue de Qiang, jeune enfant mort suite à un empoisonnement causé par les membres du village par souci de vengeance envers le père de l'enfant, qui est LE villageois qui a effectué le plus de prélèvement de sang. On suit principalement le grand-père de Qiang, qui, se sentant coupable des actes de son fils, recueillera les malades dans l'école où il était une sorte d'intendant. On y découvrira différents personnages qui, malgré la mort proche, profiteront du mieux qu'ils peuvent de leurs derniers moments de vie. Les escroqueries ne seront cependant jamais bien loin et de l'argent reste encore à se faire, notamment sur la vente de cercueils ou sur des mariages dans l'au-delà.

On sent que l'écriture de ce roman a été particulièrement dure pour l'auteur. C'est un sujet qui le concerne, qui fait partie de son histoire personnelle et l'auteur nous explique dans sa postface, la situation difficile à laquelle il a dû faire face une fois le livre écrit. L'histoire nous prend aux tripes et nous révolte à de nombreux moments et cette postface nous touche d'autant plus. le rêve du village des Ding est, je pense, un livre à lire. En plus de dénoncer quelque chose, l'auteur, grâce à une plume très travaillée et touchante, nous propose des récits de vies très beaux et émouvants. On passe par différentes émotions en lisant ce livre : de l'incompréhension face au comportement de certains personnages, de l'indignation mais surtout de la tristesse face aux destins de ces petits villageois qui n'avaient rien demandé.
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Dans le village des Ding, beaucoup d'habitants ont vendu leur sang. Et dix ans plus tard, la plupart se meure de cette mystérieuse maladie d'abord appelée fièvre et ensuite reconnu comme étant le Sida.
Trois personnages se détachent de ce récit : le grand-père, le père et le fils. le grand-père qui essaye d'aider les villageois à mieux vivre leurs derniers instants, le père coupable de l'arrivée de la maladie au village des Ding et le fils, victime de la vengeance des malades.
Ce récit m'a rappelé La ferme des animaux par sa forme : organisation d'une société qui révèle la véritable nature des hommes. Une immense corruption prend forme autour de la mort des malades, c'est amoral et ça le devient de plus en plus.
Il est dur d'y croire tellement l'histoire parait scandaleuse et même si l'histoire est teintée d'onirisme, la cupidité des hommes est vraiment présente. Heureusement que l'amour est là pour garder un peu d'espoir…
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Un étrange roman, qui se veut aux confins du rêve (à en croire le titre et le narrateur, qui parle d'entre les morts) mais constitue bel et bien au travers de la fable une remise en cause du modèle politique et économique sur lequel repose la Chine d'aujourd'hui. Le village en question est victime de ce qu'on appelle la "fièvre" et qui, dix années plus tard, sous le nom de sida, s'avérera un des plus terribles fléaux de l'humanité moderne. Sous couvert de patriotisme, en fait appâtés par l'aisance matérielle qu'on leur fait miroiter, les habitants de ce village dépourvu de tout confort ont décidé de donner leur sang, sans savoir que celui-ci a été contaminé par un virus encore inconnu, ou plutôt dont on leur cache soigneusement les méfaits. Dix ans plus tard, le village n'est plus que ruines, malgré la construction de maisons en brique, de routes et de tout ce qui est censé faire le bonheur. Les rares habitants ayant échappé à la terrible maladie se sont empressés de partir vers la capitale régionale ou des contrées encore plus reculées. Dans cet intervalle de dix années, la corruption a fait rage, quelques-uns, dont le père même du narrateur, ayant profité de la crédulité des habitants pour s'enrichir et accaparer les biens communs. Prévarication, cupidité, jalousie, rancune se donnent la main dans ce portrait au vitriol d'une société en pleine déliquescence, où les valeurs traditionnelles de respect mutuel s'effondrent. Un rêve éveillé qui fait froid dans le dos…
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Le sujet de ce roman est extrêmement fort : l'épouvantable épidémie de SIDA qui décime des villages entiers du Henan, en Chine, au tournant des années 2000, épidémie liée au trafic de vente de sang encouragé par les autorités. le traitement du sujet me laisse un peu dubitatif, car malgré les péripéties alternant macabre, désespoir et aussi désir de vivre, une certaine poésie, une attention portée à la nature, je suis resté extérieur... le roman entier est raconté du point de vue du fils de Huan Ding, magnat de la vente de sang, puis de la vente de cercueils et enfin (pratique que j'ignorais) de la vente de mariage arrangés "dans l'au-delà". Ce fils est mort, empoisonné par malveillance, mais depuis sa tombe surveille son grand-père, ses oncles et sa parentèle. Petit à petit les gens meurent, de plus en plus dans l'indifférence, les villages se vident presque entièrement.
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Le rêve du village des Ding est basé sur une histoire vraie. Dans les années 1990, le virus du sida s'est propagé dans certaines régions de Chine, et en particulier dans le Henan, suite à des collectes de sang non réglementées. Après avoir lu plusieurs rapports sur ces faits que le gouvernement chinois voulait garder secrets, YAN Lianke qui est originaire de cette province a décidé de mener ses propres recherches. Puisqu'il était impossible d'en livrer les résultats de manière directe, il a choisi d'opter pour la fiction et de montrer la vérité au grand jour sous la forme d'un roman.
L'histoire nous est contée par un enfant mort. Il a mangé une tomate empoisonnée par des villageois qui voulaient se venger de son père. En effet ils accusent celui-ci d'être à l'origine de l'épidémie de sida qui décime leur village. Huit ans auparavant, d'abord réticents à donner leur sang, ils ont refusé. Mais Ding Hui a su les convaincre : ils vont gagner beaucoup d'argent, ils pourront se faire construire de belles maisons, et puis leur sang se régénérera : "Une source ne peut pas se tarir". Et les villageois ont commencé à donner leur sang ; d'abord une fois par mois, puis une fois tous les quinze jours, puis plus souvent encore pour gagner encore plus d'argent. Ding Hui lui, ne donnait pas son sang. Il le collectait et le revendait. Contrairement aux autres, il n'est pas tombé malade et à continué à faire de l'argent sur le dos de ses congénères. L'enfant nous raconte donc la tragédie de cette petite bourgade : le village des Ding. L'origine de l'épidémie, les villageois qui meurent les uns après les autres et leur désir de vengeance. Au milieu de tout cela, il y a le grand père, le professeur Ding. C'est un vieux sage qui n'a pas donné son sang. Il est confronté à la haine des villageois qui se vengent sur lui et à la honte qu'il éprouve d'être le père de celui qui a provoqué tant de morts. Il voit s'effondrer toutes les valeurs en quoi il croyait.
YAN Lianke nous livre ici un regard désespéré sur l'homme en général, mais aussi sur la politique de son pays. Les villageois meurent victimes de leur propre cupidité, encouragés à donner leur sang par des responsables administratifs encore plus cupides qu'eux. Et même lorsqu'ils savent qu'ils vont bientôt mourir, certains villageois trouvent encore le moyen d'assouvir leur soif de puissance en contestant l'autorité du grand père qui cherchait à les aider, et profitent des plus faibles en leur volant de l'argent et de la nourriture. Quant au pays, il n'offre aucune solution aux malades : pas de conseils, pas de soins, pas d'hôpital, pas de remèdes.....
Il y a peu de lumière dans ce récit sombre et quelque peu déprimant. Même le style de l'auteur : fluide, poétique, souvent onirique, ne réussit pas à l'éclairer. C'est peut être pour cela que je n'ai pas pu complètement apprécier cette lecture. Il faut dire que j'ai toujours eu un peu de mal avec la littérature chinoise, je ne sais pas pourquoi......

Même l'auteur dans sa postface nous confie qu'il a été profondément désespéré une fois l'écriture de son roman terminée et qu'il a traversé une période de dépression. le livre est interdit en Chin
Lien : http://lecturesdebrigt.canal..
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