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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un été à Cold Spring.

de Richard YATES, Aline AZOULAY-PACVON (Traduction)

255 pages
Editeur : ROBERT LAFFONT

Une lecture fluide et agréable ne veut pas dire de la littérature facile. C'est au contraire le fruit d'une construction maîtrisée, au service du lecteur. Sous la plume de Richard Yates on suit au quotidien la vie de deux familles pour une vue plus générale de la société américaine.

D'abord, un jeune homme cherche un «  sens à sa vie », lui qui ne s'intéresse pas à grand-chose, sauf à la mécanique des voitures. Des ambitions ? Oh ! bien modestes, et encore faudrait-il avoir plus d'étoffe. Ses aventures sentimentales nous donnent accès à l'intérieur de sa famille et à celle de sa nouvelle épouse. le tableau n'est pas réjouissant.

Le milieu est régi par le code des apparences, et chaque personnage joue le rôle assigné dans les séries américaines : un monde immature, « une middle class » livrée à ses diverses frustrations . « Elle voudrait bien avoir l'air, mais n'a pas l'air du tout » selon le couplet de Jacques Brel.

Les rapports entre les personnes correspondent aux stéréotypes du langage et du comportement : tout est « formidable » « merveilleux », selon un vocabulaire de commerçant vantant un bonheur de camelote . C'est le règne de l'engouement passager, bientôt suivi de l'inévitable désillusion … et la quête recommence, pour ressembler à une incessante dérive. Nomadisme en tous genres.

L'auteur manie une plume acide, un détail suffit pour dégonfler le rêve, telle cette humidité constante dans la maison idéale, aux cloisons en carton, ou les crises et malaises divers qui rongent une harmonie familiale - de façade. Au paradis des immatures et des frustrés, c'est le lot des garçons, les femmes sont au rayon des hystériques et des névrosées.

Le « colonel Shepard » - dont il n'a du grade que le maintien, cherche sans cesse des lunettes. Nul doute que Yates en fasse un symbole pour apprendre au lecteur à jeter sur ce monde artificiel un regard lucide - et caustique.

une très bonne lecture.
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En 3 mots…Regard, voiture, maison

Impressions de lecture… C'est le premier livre de Richard Yates que j'ai lu. J'avais pourtant déjà acheté Easter Parade, qui attendait sagement dans ma bibliothèque (et qui a même vécu un déménagement, soit deux appartements, deux bibliothèques et une mise en carton) dont j'avais commencé à parcourir les première pages, mais que j'avais abandonné. Il faudrait que j'attende d'avoir lu Un été à Cold Spring, qui m'a fait littéralement tomber amoureuse de Yates, de son talent, de son style, de son acuité et de son intelligence, pour que je reprenne Easter Parade et que je me mette à dévorer les oeuvres de cet immense écrivain américain du XXème siècle. Mais n'allons pas trop vite et reprenons les choses depuis le début : ma première lecture de Richard Yates, Un Été à cold spring.

Je suis entrée immédiatement dans le roman, j'ai été happée, dès les premières pages. le style de Yates est brillant. Il a l'économie et l'efficacité des auteurs américains, le sens des détails qui en disent long et des images frappantes. Et la psychologie complexe de ses personnages, subtilement esquissée à coup d'anecdotes, de petits instants introspectifs, de dialogues, ou de gestes et d'attitudes croqués sur le vif, les rendent irrésistibles.

Richard Yates est l'écrivain d'un milieu social et d'une époque, la middle class américaine du milieu du XXème siècle, dont il prend le pouls avec art. C'est aussi l'écrivain des loosers, ces gens simples, paumés, seuls, qui se laissent prendre dans les pièges de l'existence (des déboires conjugaux, des enfants non désirés, des ambitions ou des rêves étouffés, un travail inintéressant et rébarbatif…) et voient leurs vie leur échapper. « Ceux qui réussissent ne m'intéressent pas » a dit Yates (comme nous le rapporte la quatrième de couverture d'un recueil de ses nouvelles intitulé Onze histoires de solitudes et publié par Robert Laffont en Pavillon poche).

Il y a du Fitzgerald chez Yates, auteur qu'il affectionnait, qu'il admirait, ça se sent, ça transpire. Même acuité, même délicatesse, même sensibilité et même talent aiguisé pour les dialogues et les scènes de groupes.

Un Été à Cold Spring, puisque c'est de ce roman dont il s'agit ici, met en scène une ronde de personnages attachants mais qui nous échappent un peu, tout comme il semble s'échapper à eux même. On a envie de tomber amoureuse d'Evan même s'il nous ferait souffrir, c'est sûr… car son inconstance, perceptible dès le début, semble vouer à l'échec toutes ses relations sentimentales. On est attendri par son père, Charles, avec sa vue défaillante et sa femme malade dont il prend soin tendrement. Même l'agaçante Gloria a du charme. Et que dire de Phil qui se débat dans les plis de l'adolescence ? Tous les personnages, y compris les personnages secondaires, nous touchent. Flash, Harriet Talmage, Mary, Grace dont le profil se dessine plutôt en creux, laissent aussi entrevoir leur solitude, leur sensibilité et leurs failles. Ils nous échappent un peu, comme je le disais, car ils sont vivants et comme les êtres vivants ils demeurent imprévisibles et complexes.

On les quitte tout à coup, au détour de l'histoire. Dans Easter parade le récit renferme toute la vie de deux soeurs, de l'enfance jusqu'à la fin ou presque fin. Là le roman commence à l'adolescence d'Evan et nous abandonne en cours de route, quand son deuxième mariage bat de l'aile. Après nous avoir conté ses rapports avec ses parents, son premier mariage raté, sa paternité, sa rencontre avec sa deuxième femme et une belle-famille encombrante, son deuxième enfant … Ce qui nous donne l'impression d'avoir eu la chance de partager un bout du trajet avec lui, avec eux, sur la pointe des pieds, en observateur furtif et prudent. L'on se sent comme Phil, sur le point de quitter Cold Spring et cette maison miteuse où résonnent les voix de tous les personnages et avant de s'enfuir vers un horizon qu'on veut croire plein de possibilités, repoussant d'un doigt fébrile le rideau à pois pour observer par la porte vitrée un moment d'intimité. Après cela, rien ne sera comme avant… Car la lecture de Richard Yates est bien de celles qui vous changent, qui vous marquent profondément et ne s'oublient pas.

Lien : http://quelscaracteres.eklab..
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Les fidèles de Racines savent déjà à quel point j'aime Richard Yates, et ce n'est certainement pas Un été à Cold Spring qui me fera réviser mon jugement. Richard Yates est un très grand écrivain, qui derrière un classicisme de façade dissimule une des plumes les plus chirurgicales et bouleversantes que je connaisse.



En quelques pages l'auteur dresse le portrait d'une famille américaine somme toute très moyenne. Charles Shepard est un militaire pas franchement brillant, obligé de démissionner à cause de sa vue basse, sa femme une dépressive chronique adepte de la bouteille. Ils ont un fils, Evan, pas vraiment brillant non plus, mais un beau gars, fou de mécanique et de filles. Evan se marie trop tôt, avec une fille trop jeune qu'il a engrossé, se trouve un boulot d'ouvrier dans une usine. le mariage périclite très vite, et Evan retourne vivre chez papa-maman. Quelques années plus tard, sur le point de reprendre ses études il rencontre Rachel, jolie et docile, mais bien décidée à lui mettre le grappin dessus.

Lire la suite sur mon site : http://chroniques.annev-blog.fr/2011/11/chronique-livre-un-ete-a-cold-spring/
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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