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Citations sur Le Convoi de l'eau (96)

Les gens du hameau, penchés au-dessus de la série d'ossements entassés, manipulaient les crânes avec autant de précautions que s'il s'agissait de précieuses porcelaines. Les femmes et les enfants y étaient mêlés. Loin de la notion d'ossements, il n'y avait pas une once de frayeur dans leurs gestes, bien au contraire, on ressentait même quelque chose qui ressemblait à de l'intimité.
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Le souvenir du visage de la fille empreint de honte me faisait ressentir la douloureuse solitude des femmes. Même si elle avait été violée, à partir de l'instant où elle avait cédé, le poids de l'homme s'était-il installé à demeure tout au fond de son corps ?
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Au fur et à mesure de notre avancée, de chaque côté de nous se dressaient d'énormes charpentes de bois supportant des toitures si imposantes qu'elles en étaient menaçantes. Les ouvriers, maintenant impressionnés, continuaient à marcher sans rien dire en jetant de temps à autre un regard gêné aux bâtiments des deux côtés. Ce qui me frappa le plus, c'est l'épaisseur inhabituelle de la couche de mousse qui recouvrait les toits de chaume extraordinairement pentus. Toutes sortes de mousses devaient y vivre en symbiose, le vert gorgé d'eau brillait, lourdement détrempé. On aurait dit d'énormes créatures recouvertes d'une épaisse fourrure luisante blotties les unes contre les autres.
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Un environnement naturel au degré d'humidité élevé était certainement très favorable au développement des mousses, mais l'épaisseur de celles-ci n'était absolument pas ordinaire. Il était clair que pour une raison inconnue, le hameau les avait consciemment laissées s'épaissir durant de longues années.
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Les gens du hameau étaient toujours prostrés. Bientôt le crépuscule s'intensifia, et la brume commença à s'écouler au-dessus d'eux.
Les silhouettes des habitants du hameau genoux fléchis se diluèrent comme de l'encre de chine dans la brume.
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Je suis entré sous une tente située un peu à l'écart et me suis aussitôt enroulé dans ma couverture. J'étais épuisé par une marche de cinq jours en montagne, et la fatigue remontait des profondeurs de mon corps.
J'ai fermé légèrement les yeux. De rudes ronflements résonnaient déjà autour de moi.
Alors, soudain, une voix très claire a jailli au creux de mon oreille :
"Puissiez-vous vivre des jours paisibles..."
J'ai brusquement rouvert les yeux. Aussitôt la pièce environnée de murs blancs, lumineuse dans les rayons du soleil, réapparut avec fraîcheur en mon coeur.
Se découpant sur l'éblouissante fenêtre vitrée, derrière un grand bureau, un homme maigre et pâle était calé sur son siège. Sa voix de directeur qui s'échappait de ses lèvres gercées se voulait cérémonieuse. Et je ne pouvais qu'en ressentir le vide administratif, dans la mesure où il adressait habituellement ces mots à tous ceux qui sortaient de prison.
Puissiez-vous vivre des jours paisibles...
J'avais l'impression de regarder autour de moi. Et je me rappelais aussi la peau mince et fendillée des lèvres du directeur dans le halo blanc du soleil qui entrait par la fenêtre. Le murmure du torrent qui me parvenait au milieu du profond silence avait-il réveillé en moi ces paroles complètement oubliées ?
Sous la tente, une lampe-tempête était allumée, de sous laquelle provenait le claquement des cartes hanafuda. La fatigue n'avait-elle donc aucune prise sur eux ? Les yeux injectés de sang des ouvriers assis en rond fixaient un point sous la lampe.
J'eus un sourire amer. Les paroles du directeur de la prison me paraissaient creuses et même comiques. Des jours paisibles, ça n'avait vraiment rien à voir avec moi.
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Ignorant tout de la vie en société, ils ne savaient pas comment utiliser cet argent pour planifier leur vie future. Dès qu'ils touchaient leurs indemnités, ils se retrouvaient entourés d'un grand nombre de prédateurs qui se rassemblaient autour d'eux. Certains étaient escroqués par des financiers véreux leur promettant de forts dividendes et qui leur en prendraient une bonne moitié au passage. Les compagnies d'assurances leur faisaient signer des contrats injustifiés, les agents immobiliers leur proposaient d'acquérir des biens sans valeur, des entreprises au bord de la faillite venaient solliciter leurs fonds en contre-partie de sièges au conseil d'administration. Ainsi, les populations se faisaient embobiner par leurs discours habiles et gaspillaient leur argent pour des bêtises. En plus de ça, ces gens qui avaient supporté la misère, comme par réaction envers les privations, avaient tendance à dépenser sans compter pour des choses inutiles. Ils se faisaient construire des maisons en bois de cyprès. Achetaient des voitures. Du mobilier coûteux. Ils pouvaient maintenir ce train de vie pendant deux ou trois ans, mais le montant de leur indemnité s'épuisait bientôt, et ils finissaient tous sans exception par se débarrasser de leur maison et de leur mobilier pour une somme modique et s'en aller vagabonder ailleurs.
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Les étoiles blanchissaient. En un point du ciel, une nuance de bleu naissait petit à petit, et bientôt la vallée devint plus lumineuse. Il n'y avait aucune silhouette humaine dans le hameau. Mes yeux ne discernaient que le chemin trempé dans la rosée qui faisait étrangement ressortir la couleur froide de la terre.
p 160
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Les maisons avaient brûlé l'une après l'autre, et le soir approchait lorsque toutes les constructions du hameau furent réduites en cendres. Tout avait brûlé, même les réserves et les petits sanctuaires shinto.
Les décombres des habitations illuminaient de leurs braises les ténèbres de la vallée.
La scène évoquait celle d'une grande armée ayant établi son camp pour la nuit sur une steppe éclairée de torchères.
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Un abîme s'ouvrit au fond de moi. Tandis que dans cet espace vacant, quelque chose d'énigmatique et lourd s'engouffrait brusquement avec la violence d'un torrent en crue.
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