Specchio délia vera penitenza (Miroir de la vraie pénitence), tel est le singulier titre de l'oeuvre de Jacopo Passavanti, qui va devenir un des monuments de la langue italienne, au point de vue de la philologie. Ce n’est point un ouvrage qui brille par l'invention, puisque le fond n’est qu’une compilation des Pères de l’Église; mais, dès les premières années du XIVe siècle, c’était un grand effort que d’exprimer, dans la langue vulgaire, à peine formée, toutes les nuances de la pensée en un style élégant, pur déjà et rempli de grâce. Ce sont les qualités indéniables qui ont sauvé le Specckio de Passavant!.
L'Italie, dès le XIIIe siècle, a repris et porté à son comble l’oeuvre de civilisation que la France du XIIe avait commencée par les croisades, par l’affranchissement des communes et par la fondation de l’Université de Paris. Jamais cette symbolique image du travail successif des générations, créée par le génie de Lucrèce, où les coureurs se passent de main en main les flambeaux, n’avait été réalisée d’une manière plus grandiose; les torches sacrées étaient tombées de nos mains, l’Italie les avait ramassées; et, dans les siennes, elles jetèrent de telles lueurs, que le monde tout entier en fut ébloui.
L’art, à Florence, devait prendre une place considérable, puisque la ville est à la fois un musée et un temple. Nous avons donc pris les arts à leur origine, depuis l’art étrusque jusqu'à la décadence, en en suivant le développement chronologique; et nous avons caractérisé le génie de chaque artiste et dit la place qu’il tient dans l’art, plutôt que d’entreprendre d’écrire la biographie de chacun. C’est le système que nous avons suivi pour la peinture et la sculpture ; et, en multipliant l’image et en la juxtaposant, nous avons rendu ce développement palpable.
Cette supériorité de l’art florentin, tous l’ont ressentie ; ce joug pacifique, tous l’ont subi alors en Italie comme nous le subissons encore aujourd'hui. Depuis la Rome des papes, où les grands pontifes du XVe et du XVIe siècle s’entourent des artistes de Florence et des humanistes de la Toscane, jusqu'aux condottieri qui ont ceint la couronne à Milan, à Urbin, à Ferrare, à Mantoue, à Rimini et à Bologne ; chacun se fait une cour de Florentins illustres pensionnés ou enchaînés par des bienfaits.
Au moment du siège de Florence (1530), l’épanouissement est complet; mais, à part Galilée qui trouvera plus tard des vérités nouvelles, tous les grands novateurs sont déjà couchés dans la tombe. Michel-Ange sur son bastion, fortifiant Florence et défendant San Miniato, symbolise le génie florentin luttant pour son indépendance et sa liberté contre Charles-Quint. Lorsque la ville ouvre ses portes, c’en est fait de la République, et les grands jours sont passés.