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"Je ne suis pas guide ou bréviaire
Ni baratin ni théorie
Qu'on range entre deux dictionnaires" Jean Ferrat.
Un SBF, un livre sans bibliothèque, ni domicile fixe et sans auteur...Un drôle de livre qui se livre à vous, un roman dont le livre est le héros!


"Oui, je ne suis et ne serai jamais le pauvre produit d'une imagination, me suis-je bien fait comprendre, nom d'un verbe précocement éjaculé, je ne suis pas une vulgaire création,…"


Ce livre, ivre de mots, parle à son lecteur: un dialogue insolent avec celle ou celui qui le lit. Un hommage de la plus jouissive des manières.
Pour une fois, un livre m'a empêché de sauter ( à mon âge et dans mon lit) un paragraphe ou une page... N'allez pas me chapitrer, hein!


Un jeune homme fait la cour à une jolie bibliothécaire:
"Incurable, l'amour est là, parce que vous y êtes aussi. Vous me hantez jusque dans mon sommeil." Elle ne souffle mot, mais son corps la trahit...


Elle dit "lèvre" au lieu de "livre". "salle d'aventure" au lieu de "salle de lecture"... le baiser, pardon" le baisser de rideau incombe à la jeune femme ce jour là"


"Le jeune homme prend les ...des seins entre ses doigts", et la fait tourner, page après page lentement. Ce livre indiscret ne nous cache rien des ébats des amants... Un livre qui se livre...


En extase devant la bibliothécaire en mal d'amour, et "d'aventure en aventure, " le livre tombé de l'étagère, passe de main en main (d'un mari dépravé, d'une fillette adoptée: Plume, ou d'un homme d'affaires et d'une soubrette clairvoyante) et de... poubelle en poubelle aussi.


"Non je n'ai rien de littéraire
Je ne suis pas morceaux choisis
Je serais plutôt le contraire
De ce qu'on trouve en librairie
Je ne suis pas guide ou bréviaire
Ni baratin ni théorie
Qu'on range entre deux dictionnaires
Ou sur une table de nuit
Je ne suis qu'un cri." Jean Ferrat.
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Je me suis ré-JOUIE à l'idée de le trouver en librairie et qu'il devienne ma propriété
J'ai été ré-JOUIE par la beauté de sa couverture et ses lettres-miroirs de lumière
J'ai pris le temps de JOUIR de ce titre trisyllabique qui m'a appelée de ses promesses induites
J'ai été en-JOUEE à l'idée d'un retour vers Ali Zamir.

Et puis je l'ai ouvert.
Et alors il m'a parlé,
Un peu bousculée,
Intriguée et surtout amusée par son espiègle provocation sous forme de mise en garde.
Mais j'ai signé le pacte, sans hésiter,
J'ai lu attentivement l'avertissement.
J'ai su que j'entrais dans un verbe sauvage, « non apprivoisé », un verbe libre et libertin, un verbe nomade qui déciderait pour moi de mes actions, mes réactions et guiderait mes émotions (et j'allais être servie).

Car on le sait, le livre et les mots ont tous les pouvoirs.

Lorsque vous ouvrirez Jouissance (car on ne résiste pas à une invitation comme celle-ci), vous ferez la connaissance d'un livre qui se révolte, qui exige, qui commente à tout va, un livre qui parle à son lecteur et qui se nourrit de main en main de ceux qui le saisissent, l'observent, le touchent, caressent ses pages et se laissent aller à ses lignes en toute confiance mais pétris d'une ardente envie d'aventure et d'émotion.

Car Ali Zamir aime surprendre et déconstruire les codes romanesques. Dès l'incipit le tourbillon verbal emporte le lecteur dans une tempête littéraire, le charivari verbal l'entraine irrésistiblement dans un mélange de langue raffinée et vulgaire, dans un texte tout à la fois comique, dramatique, dans des scènes aux allures cinématographiques côtoyant l'épouvante, l'aventure, le thriller, les courses poursuites ou encore l'érotisme…

Oui le roman peut tout affronter, il est sans limites. Il est le genre aux superpouvoirs.

J'ai donc été ré-JOUIE de voir ce livre passer de main en main comme on transmet un témoin dans une course de relais. Ici c'est la course narrative. Chacun saisit le livre et lui insuffle une part de lui-même. Une scène se joue, puis une autre et de scène en scène une histoire se construit.

C'est donc ça écrire.
C'est laisser vagabonder l'histoire pour qu'elle s'écrive.

Un livre libre, qui ne se laisse pas abuser par les codes traditionnels, en prend le contre pied et engage son lecteur dans un rapport charnel à la lecture, aux pages, aux mots, et pourquoi pas à l'écriture. Un coït littéraire, parce que comme dans l'acte amoureux, dans les bras de la lecture nous oublions tout …

Alors oui, sans honte ni impudeur, je peux avouer que j'ai goûté à la fantasque JOUI-SSAN-CE renfermée dans ce roman malicieux qui ne demande qu'à vivre d'autres nouvelles aventures au rythme de vos coeurs et vos corps ré-JOUIS.
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J'ai dévoré ce roman atypique ! Je dois dire qu'il est surprenant, poétique, drôle et surtout jouissif. Oh ! Un OVNI réussi. c'est un coup de maître ! Etes-vous déjà entré dans la peau d'une page pour ressentir ce qu'un livre éprouve et subit quotidiennement ? Avez-vous déjà lu une histoire vécue par le livre lui-même ? Je dis Bravo à l'auteur. J'ai adoré la manière dont il a construit l'histoire. On a envie de devenir un livre. C'est rare que je dise ça d'un auteur, mais je le dis : c'est un génie !
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J'ai abordé ce livre vierge de toute attente. Et dès les premières pages j'ai été subjuguée. Un livre qui me parle. Ok pourquoi pas.
Et en plus un livre qui alterne le langage soutenu et le jargon vulgaire "nom d'un verbe précocement éjaculé".
Il ne m'en faut pas plus pour en désirer davantage.
Je me suis laissée faire, docilement, avec une légère appréhension et j'ai été servi !
C'est noir, et surprenant, et ça fait du bien !
Oserais-je le dire ?
Mais bien sûr : ce n'etait pas mémorable mais c'etait J-O-U-I-S-S-I-F.
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Une véritable pépite. Désormais un de mes romans préféré. Difficile d'en parler sans spoiler ce magnifique roman. Alors je dirai simplement : un livre qui nous parle et se raconte. Un conseil : allez en librairie, lisez la première page. Vous saurez vite si ce livre vous a charmé ou non.
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Jouissance c'est un récit jubilatoire, l'histoire à rebondissement d'un livre anonyme, bringuebalé de lecteur en lecteur (une bibliothécaire coupable d'adultère, un époux jaloux, une fillette étrange).

Le narrateur, témoin de secrets intimes (il y a beaucoup de sensualité dans les premières pages) et de situations rocambolesques (le rythme s'emballe pour un final inattendu) n'est autre que ce même livre sans auteur.

Ses injonctions à sauter d'un chapitre à l'autre peuvent être prises pour des vagabondage mais Ali Zamir est un conteur hors pair et construit finement une intrigue d'une logique implacable.

Il m'aura suffit de quelques pages pour être happée par ce récit audacieux, étourdissant et tellement créatif. D'une prose virtuose, « Jouissance » alterne entre polar et fantasy (comment ne pas penser à la passe muraille de Christelle Dabos) avec une insolence qui m'a enchantée.
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Imaginez qu'en « désabillant du regard » un livre sans auteur, « un verbe en gerbe de bave et d'écume », un digne représentant de ces « créatures étrangement considérées aveugles, sourdes et muettes, autant dire sans esprit » vous découvrez votre propre histoire passée et future. Un livre aux phrases sans fin, hanté par la réalité dramatique de la vie de ses personnages. Un livre qui passe de main en main, de poubelle en poubelle, qui nourrit le lecteur « de son expérience vagabonde » si ce dernier est toujours là en finale, a eu le courage de le supporter malgré ses « caprices », sa « conduite revêche, et la bêtise fracassante des humains ».

Tel est l'esprit et la lettre de cette haute voltige littéraire que j'ai eu grand plaisir à apprivoiser une fois franchies les pages liminaires. Et ce paragraphe de bienvenue qui marque le ton :

« Mais qui êtes-vous, lecteur, un être en herbe ou en gerbe ? Je n'en crois pas mes lettres, vous avez donc mordu, savez-vous dans quelle drôle de galère vous vous embarquez ? C'est un coup tordu, vous vous êtes laissé entraîner par un titre sommaire, sans avoir pris le temps de tout calculer. Mais enfin, enfant d'Adam et d'Ève, que faites-vous ici, dans le corps d'un verbe précocement éjaculé ? »

Embarquez-vous dans cette galère que vous propose Ali Zamir, originaire des aux Comores, résident de Montpellier. Vous découvrirez la richesse d'une écriture à la fois poétique, imagée, humoristique et percutante de cet auteur que j'ai découvert de grand talent qui compte à son actif trois autres romans : Anguille sous roche (2016), récompensé notamment de la mention spéciale du prix Wepler et du prix Senghor ; Mon Étincelle (2017) ; Dérangé que je suis (2019), prix Roman France Télévisions.

Jouissance est à sa manière un tourne page – le livre défiant lui-même le lecteur à poursuivre sa lecture de chapitre en chapitre aux intitulés énigmatiques : « Mes liaisons dangereuses » , « Au bonheur de ces dames», « le coeur aboie, le verbe passe », « Les misérables », « Soyez sage avec tonton », « Quand le démon s'éloigne, il faut en profiter » et « le plaisir périlleux des tubéreuses ».

Intriguant, n'est-ce pas ? Et que dire de cette requête provocatrice en conclusion :

«… voulez-vous continuer l'aventure, en accouchant vous-même, ci-après, de votre plein gré, vos cons de secrets, et enrichir de votre propre vie ma chair, ici même, sans euphémisme, ni circonlocution, avant que je le fasse à votre place, car sur votre compte, on en entend de belles aussi, et ce n'est point pour vous divertir plus longtemps que je vous le signale, voulez-vous avouer quelques-uns de vos absurdes secrets, comme un grand, ou une grande, afin d'épuiser, sans trêve, les plaisirs intarissables de votre vie grotesque, et d'ensevelir dans ma veine la dépouille mortelle de la mort ? »

En terminant, j'aimerais souligner la magnifique couverture de première illustrée par l'artiste italienne Lucie Giglio intitulée Avec le temps va tout s'en va (2021). le temps, une thématique appropriée pour ce remarquable roman d'Ali Zamir.

Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire : *****

Intrigue : *****

Psychologie des personnages : *****

Intérêt/Émotion ressentie : *****

Appréciation générale : *****

Lien : https://avisdelecturepolarsr..
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