Connue en tant que romancière,
Valérie Zenatti a écrit notamment "
Jacob, jacob" et "
Une bouteille dans la mer de Gaza". L'écrivaine est également la traductrice d'un grand auteur disparu depuis un peu plus d'un an. Il s'agit d'
Aharon Appelfeld", ce romancier israélien dont j'ai lu "
Histoire d'une vie" il y a plus de 10 ans. C'est un livre qui m'avait beaucoup marquée à l'époque. Par la suite, j'ai suivi l'actualité de l'auteur, écouté des interviews... Quand j'ai repéré "
Dans le faisceau des vivants" dans la sélection du "Masse Critique" de Babelio, je l'ai sélectionné, intéressée d'en savoir plus ce lien qui unissait le romancier et sa traductrice. J'ai, de façon générale, une certaine fascination pour le travail des traducteurs.
Dans le premier tiers du livre,
Valérie Zenatti relate le choc de l'annonce du décès d'
Aharon Appelfeld puis la sidération qui a suivi. Entre la traductrice et l'auteur, s'était nouée au fil des années une complicité extrêmement forte : "je désire et je redoute le prochain livre que je traduirai sans lui, sans pouvoir parler avec lui de son rapport secret avec ses personnages, sans le tenir au courant de ma progression, des sentiments qui me traversent au fil des chapitres jusqu'au point final...". La traductrice évoque les personnages des romans de l'auteur israélien. Chacun d'entre eux l'a habitée. L'auteure relate également les différentes émissions qu'elle a visionnées après la mort de son ami, avec l'espoir d'apprendre quelque chose qui lui aurait échappé et pour le faire vivre encore un peu.
La deuxième partie nous raconte le voyage de
Valérie Zenatti en Ukraine, dans le village natal d'
Aharon Appelfeld. La traductrice a éprouvé le besoin d'entreprendre le voyage seule, après la mort de son ami. C'est avec une grande émotion qu'elle a mis les pieds dans la petite ville de Czernowitz, autrefois rattachée à la Roumanie. La ville a vu naître le jeune Aharon en 1932.
C'est la partie du roman que j'ai préférée parce que j'aime les récits de voyages et que celui-ci est particulièrement émouvant. En voici un aperçu : « je peux quitter Czernowitz puisque je suis allée à Czernowitz, j'ai marché dans sa ville, des visages et des bâtisses se sont nichées en moi, je pourrai m'y replier quand je voudrai, où je voudrai, ce sera si bon de vivre en sachant que je porte Czernowitz en moi, j'y ai trouvé ce que je ne cherchais pas, ce qui était là, entre lui et moi, sous une autre forme, et j'ai un peu moins peur de ce que signifie vivre sans lui. »
Pour apprécier ce roman à sa juste valeur, il est préférable de connaitre, au moins dans les grandes lignes, l'histoire de ce survivant de l'opération de destruction des juifs.
Un roman touchant.
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