Il en ressort une impression qui m'est généralement assez désagréable : le sentiment d'être complètement idiote et insensible à une beauté manifestement imperceptible à mes yeux. Je m'explique : avez-vous déjà eu le sentiment de lire un livre que vous savez intelligent et bien écrit, voire brillant, mais dont vous ne comprenez pas la finalité et qui ne vous fait rien ressentir ?
Bon allez je détaille car j'admets que c'est un peu light comme critique.
Alice Zeniter sait nous plonger dans une ambiance particulière et parfaitement adéquate à son récit : une ambiance froide, analytique où flotte un parfum de mystère et de danger imminent mais invisible.Commençons par les points forts. J'admets, et c'est là selon moi le point fort de ce roman, qu' elle sait créer cette ambiance particulière d'abord par le choix du lieu : une île au nord de l'Ecosse, quasi inhabitée depuis que ses habitants ont été décimés par la peste noire.
Ensuite par le personnage central, le célèbre écrivain à succès Galvin Donnel. C'est dans ce lieu sordide qu'il s'est retiré et a vécu en reclus jusqu'à sa mort, d'ailleurs toute aussi énigmatique que son oeuvre et son existence : suicide, meurtre ? Personne ne le sait car son corps n'a jamais été retrouvé. Mais il suscite toujours la controverse et intéresse au plus haut niveau un certain nombre d'Universitaires. Parmi eux, Emilie, qui décide de lui consacrer sa thèse. Franck, son amoureux depuis 8 ans, la rejoint sur cette île pour quelques jours dans le cadre d'un colloque universitaire dans lequel Emilie est intervenante. Mais les retrouvailles entre les deux tourtereaux sont à l'image de l'endroit : distantes et froides.
L'auteur sait créer un climat particulier, oppressant et froid, dans ce lieu retiré du monde et de la vie et où on s'attend à une catastrophe imminente. Elle analyse également, non sans intelligence, les relations amoureuses, de l'illusion de la rencontre à la confrontation avec la réalité et le quotidien.
L'auteur explore plusieurs pistes et je me suis sans cesse posée la question : est-ce le roman d'un amour déchu ? Un roman policier ? Une analyse sociale des travers des Universitaires, qui se croient détenteurs exclusifs du savoir ? A vouloir explorer toutes ces pistes,
Alice Zeniter ne m'a finalement emmenée nulle part.
J'ai senti la densité et l'intelligence du roman mais la magie n'a pas pris, cette chose en plus, cet indéfinissable petit truc qui vous transporte dans le monde de l'écrivain. D'autre part, j'ai trouvé les personnages fades et sans aspérités. Elle aurait pu exploiter à fond le caractère de ces Universitaires imbus d'eux même et de leur savoir (à la manière de
David Lodge) en donnant lieu à des échanges cocasses mais là non plus, rien ne se passe…
A aucun moment je n'ai compris exactement où l'auteur souhaitait nous embarquer et au lieu de partir avec elle sur cette île mystérieuse, je suis restée à quai, déçue…
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