"Tu connais l'Algérie? Tu y es déjà allée?...Non, répond-elle...Pourquoi?...Mon père attendait que mes soeurs soyons un peu plus grandes pour nous emmener toutes les quatre. Mais en 1997, pendant la décennie noire, mon cousin et sa femme ont été tués dans un barrage et alors mon père a changé d'avis. Il a dit qu'il ne rentrerait plus jamais au pays."
Naïma ne connait pas l'Algérie, ce pays que son grand-père Ali a quitté en 1962 avec Yema , sa femme et ses enfants dont Hamid, le père de Naïma.
C'est donc à travers les yeus de la narratrice que nous visiterons ce pays meurtri par trop d'années de guerre, d'années de haine et d'incompréhension. Pourtant, il y avait tout dans cette région de Palestro, en Kabylie, pour vivre heureux. Ali y a établi une petite fabrique d'huile d'olives et fait partie des notables du coin.
En 1956, c'est pourtant ici, dans les gorges de Palestro que 21 soldats "appelés" de l'armée française vont être tués par les premiers combattants pour l'indépendance de l'Algérie.
Ali ne va pas choisir le "bon camp" et sera obligé de fuir ses oliviers, son village, son pays pour rejoindre, dans le désordre total de l'exode de ces algériens français et ceux que l'on appellera les "harkis" (Ironiquement, le mot harki ['arki] désigne un individu servant dans une harka et vient du mot arabe haraka signifiant littéralement « mouvement »), ce froid pays qu'est la France.
Magnifique roman écrit de la plume élégante d'
Alice Zeniter avec beaucoup de tendresse et de poésie sur les harkis, personnages terriblement ballotés par cette guerre et maltraités par les hasards de cette période.
J'ai adoré cette histoire, violente pourtant, mais qui fait la part belle à la passion et à la recherche d'une identité. merci Alice! Vivement la lecture d'un de vos autres romans!