L'Adoption - Cycle 1, tome 1 : Qinaya

A la suite d'un tremblement de terre au Pérou, un couple de quinquagénaires français adopte une fillette péruvienne de quatre ans. ● Tout est lisse, bien léché et sans surprise dans cet album ennuyeux dont le seul rebondissement se trouve à la fin, pour faire acheter le tome 2 (ce que je ne ferai pas).

J'ai toujours un peu peur avec Zidrou, surtout dans ses histoires de familles, de tomber dans la recette pour faire tirer les larmes et qu'il nous sorte les violons avec tous les effets. Avec un sujet comme l'adoption, c'est le résultat garanti. Je ne m'y serai pas risqué sans l'incitation d'un challenge. Alors, oui, c'est très bien fait, bien maîtrisé, la structure du scénario est juste, efficace, le graphisme appuie encore plus les effets, la petite fille aux grands yeux, trop mignonne, le grand père bourru qui, on le devine tout de suite, va s'attendrir pour cette petite péruvienne, ses pôtes genre “Les vieux fourneaux”, mais pour moi, ça me fait trop l'effet d'une recette appliquée avec soin, c'est trop propre, trop lisse, trop juste. Cette bande dessinée est exactement ce à quoi je m'attendais, une bonne bande dessinée très bien foutue, mais que je n'ai aucun plaisir à lire. Moi, j'aime quand ça dérape, quand tout n'est pas parfait, j'aime la bande dessinée qui se cherche, qui expérimente, pas celle qui est déjà trouvée, ce côté trop parfait de Zidrou m'agace, et un sujet comme celui-ci ne fait que mettre l'accent là dessus, de l'émotion UHT, pasteurisée, stérilisée. Quand je finis ma lecture, je me dis, oui, pas mal, l'émotion est au rendez-vous, mais je constate que je n'avais vraiment envie de lire ça.

Cela commence comme une histoire gentillette, tout en douceur, à la limite du mièvre dont les ressors en rappellent tant d'autres. Un couple ne pouvant avoir d'enfant partent adopter une adorable péruvienne, devenue orpheline à la suite d'un tremblement de terre.
Après deux, trois nuits difficiles, Qinaya s'adapte en clin d'oeil à son nouvel environnement. Tout son petit monde tombe sous son charme, sauf le grand-père, un bougon du genre dur à cuire qui dissimule sous sa mauvaise humeur un coeur de midinette. le long processus de l'apprivoisement réciproque est au centre de l'histoire, jusqu'au jour où….
Les dessins de facture classique, des couleurs pimpantes sont à l'image de l'histoire : une narration un peu lisse qui glisse paresseusement sans laisser beaucoup de traces jusqu'au dénouement final qui, d'un coup réveille son lecteur pour l'inciter à poursuivre l'aventure dans un second tome. Pour sympathiques que soient les personnages, le procédé sent néanmoins un peu l'arnaque commerciale.

Cette BD plutôt sympathique au premier abord est cousue d'émotions faciles et de raccourcis. La petite (forcément jolie et en bonne santé) sensée être traumatisée est (presque) toujours souriante; il faut à peine la moitié de la BD pour que le grand-père sensé être bougon et réfractaire devienne Papi gâteau; et surtout, on ne lui parle pas de ce qu'elle a vécu à la petite, avec un peu de chance elle va oublier... Un petit bémol pour la fin qui, surprend et écaille un peu le vernis de ces personnages trop parfaits. Mais bon, elle colporte encore un jugement trop répandu qui voudrait que les candidats à l'adoption ne sont que des voleurs d'enfants... Bref, selon moi une vision trop caricaturée de l'adoption... J'ai emprunté le tome 2 en même temps, voyons s'il va me faire changer d'avis!