- Vous parlez l'indien Aymara ?
- Non, deux mots seulement : "Qinaya" et "Achachi".
- Deux mots, parfois, ça suffit pour raconter une histoire.
- Vous pensez quoi, vous, Marco ? Vois croyez que j'ai été un bon père ?
Quel gâchis ! Ils rêvaient de fonder une famille, ils en auront brisé trois.
Vous savez, Marco, ils ont beau s'éloigner, ils ont beau vieillir, c'est comme s'ils étaient toujours là, à courir dans nos pattes, comme quand ils étaient mômes.
Il fallait d'abord s'occuper des vivants. Les morts ont toute la patience du monde, c'est bien connu.
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Comme si un homme ne pouvait pas, lui aussi, ressentir cruellement le manque d'un enfant
Et maintenant je suis pourtant de ces résignés qui font comme si la retraite était l'orgasme de toute leur vie de turbin, alors qu'en fait c'est juste un putain de "coïtus interruptus" !
Pourtant y a pas plus tendre, comme viande, que le coeur d'un papa
Ruminer ça aide à mieux digérer
Ne le prenez pas mal Marco, mais le tourisme c'est pas trop mon truc. Je suis comme les églises : heureux que si mon clocher est bien planté au milieu du village.