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3,99

sur 3027 notes
J'ai beaucoup aimé cette lecture, qui au départ m'a demandé de la concentration et de la persévérance, mais qui, au fur et à mesure de la lecture m'a convaincue.
L'écriture de Zola est assez accessible malgré ces descriptions un peu à rallonge.
Il dépeint des personnes haut en couleur, où la noirceur, la bassesse et les fourberies sont présentes. Certains personnages sont détestables au possible mais apportent un sens à l'histoire dans L Histoire.
Un premier tome de la série des Rougon Macquart qui m'a donné envie de poursuivre cette saga.
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Une volonté de (re)découvrir Zola avec sa célèbre saga des Rougon-Macquart alors c'est non moins sans une petite appréhension que j'ai commencé naturellement par ce premier tome paru en 1871.

Et quelle délicieuse découverte ! J'ai adoré ce premier roman.

Tout d'abord, et rapidement, j'ai beaucoup aimé découvrir cette période de l'histoire que, honte à moi, je connais que très peu. Alors pour combler ces grosses lacunes, c'est parfait et la plume de Zola et son réalisme est idéale pour ça. Elle rend les émotions des protagonistes tangibles. On tremble de peur avec eux tout comme on ressent toute la ferveur de leur lutte et de leur dévouement à leur cause, qu'elle soit républicaine ou bonapartiste.

Mais surtout, surtout, ce que j'ai adoré de ce roman et ce sur quoi je veux m'attarder ici et mettre en lumière, ce sont tous ces passages sur cette romance naissante entre Silvère et Miette. Les mots de Zola me sont allés droit au coeur, c'était vraiment un plaisir de les lire !

La poésie des mots et cette analogie constante entre l'amour et la mort donnent un sentiment de profondeur aux sentiments mais aussi un sentiment d'urgence face à une mort pouvant parvenir à tout instant, et apparaissant comme un mauvais pressentiment. Celui-ci fait écho à tous ces autres passages concernant le coup d'Etat où la tension est vraiment palpable.

Enfin, mention spéciale à ce passage sur le désir naissant des deux adolescents qui ne savent l'expliquer autrement que par une manifestation certaine des défunts qui les entourent. Encore une fois, tout ce vocabulaire mortuaire sert tellement pour la compréhension des personnages et de leurs liens ! Il souligne la jeunesse de Miette et Silvère qui finalement, découvrent ce sentiment de l'amour et du désir et ne savent comment l'aborder.
Mais aussi, cette présence de la mort contraste fortement avec la jeunesse des personnages emplis de désir, de jeunesse de fougue et d'envies. le cimetière de Plassans, lieu de leur rencontre, un lieu calme sans vie, même très paisible marque encore davantage les émotions des adolescents.
Bref, c'est un passage magnifiquement écrit que je vous invite à découvrir !

Sur ce, après cette première entrée réussite dans la saga des Rougon-Macquart, j'ai hâte d'en lire la suite !
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J'ai connu cette famille des Rougon-Maquart à l'école. Trop jeune pour en apprécier le style ou l'intrigue, j'ai rapidement oublié de quoi il s'agît.
Et le temps passant, j'ai eu, bien plus tard, envie de me replonger dans cette chronique de la deuxième moitié du 19ème. J'ai donc entamé ce voyage avec la fortune des Rougons que j'ai dévoré.
Alors oui, ce n'est pas farci d'hémoglobine et les chapitres sont immenses (100 pages pour le VI) mais le style est si beau et l'intrigue si bien ficelée nous présentant des personnages à la morale bien différente, que j'ai adoré.
Je ne poursuivrai cette épopée que par à coups, cer je n'ai pas envie de me lasser, mais au contraire de développer mon impatience d'en connaître sur ce monument de la littérature française pour mieux en apprécier la lecture.
Bon voyage dans le temps pour ceux, heureux comme je le suis, découvriront ou découvriront à nouveau Zola.
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On démarre bien l'année! Cela fait très longtemps que j'ai envie de me plonger dans la saga des Rougon Macquart, en prenant les tomes dans l'ordre (même si j'en ai lu quelques uns déjà)… Voilà qui est fait avec ce premier tome lu!
Mon ressenti? Zola ne se dévore pas, Zola se déguste… Un bijou!
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Comme beaucoup d'entre nous j'ai lu plusieurs oeuvres de la saga lorsque j'étais au lycée et notamment : L'assommoir, Germinal, Nana, Au bonheur des dames... des oeuvres que j'ai adorées, qui m'ont marquée et qui ont contribué à ma passion pour la lecture.

J'ai donc décidé de lire l'intégralité de la saga des Rougon Macquart dans l'ordre. Cela me prendra du temps pour lire les 20 tomes de cette histoire. Je me fixe entre 4 et 6 tomes par an (et oui, il y a tellement d'autres oeuvres à lire..)

Avec ce tome 1, j'ai très vite retrouvé l'ambiance, le ton, les personnages aux aspérités fortes que j'ai tant aimés dans les récits que j'ai découvert il y a de nombreuses années.

Roman des origines, celui où tout commence pour cette saga familiale avec l'envie de sortir de la misère, de paraître, de réussir quitte à se compromettre.

Une famille désunie dans laquelle 2 demi-frères se toisent, puis se détestent avec tous deux pour point commun un arrivisme combiné à un manque de courage et une paresse associée à une éthique douteuse.

Zola décrit une vie de campagne, une vie de petite ville de Province à la fin du 19ème siècle où les « petites gens » sont regardées avec dédain par la noblesse locale et les petits bourgeois. Ce premier opus se déroule à Plassans commune qui a de fortes ressemblances avec Aix en Provence.
Analyse des classes sociales, ambitions dépravées, luttes intestines, place de la femme dans le société patriarcale, tous ces thèmes sont habilement décortiqués et mis en scène dans ce récit.

La recherche à tout prix par Pierre Rougon de sortir de son statut de petit commerçant poussé par sa femme Félicité qui en a fait son objectif de vie. le calcul permanent préside à tous leurs choix : de l'éducation des enfants à leurs fréquentations. Pierre Rougon qui n'hésitera pas à spolier sa mère et son demi-frère.

Antoine Marcquart son demi-frère donc, fainéant et jaloux, qui cherche à profiter inlassablement de sa mère qui sombre progressivement dans la folie et de Rougon son demi-frère.

Le coup d'état de Louis Napoléon Bonaparte de 1851 (lui permettant de restaurer l'empire) sert de décor à ce premier opus. Dans cette atmosphère de lutte, et d'instabilité, Pierre Rougon et sa femme Félicité vont trouver là l'opportunité de tirer leur épingle du jeu pour enfin recueillir la notoriété, le respect de leurs concitoyens et grimper dans l'échelle sociale.
Le pari est risqué mais leur avidité et leur cupidité ne s'encombrent d'aucun scrupule.

Autour de cette famille dépravée, Zola a intégré deux personnages touchants et sincères au destin tragique : Silvère et Miette.

Magnifique récit mêlant la grande et la petite histoire, permettant de dénoncer le système politique et économique de l'époque dans une plume où les sentiments humains, les manigances des protagonistes sont parfaitement mis en lumière.
De nombreux personnages sont détestables et pourtant l'ensemble est grandiose.

Bref je suis ravie d'avoir démarré cette saga et j'ai hâte de poursuivre.

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45 à 50 ans plus tard, il n'est pas facile de parler d'une saga lue il y a si longtemps. J'ai lu les 20 livres de cette série écrite par Emile Zola entre mes 15 et 18 ans environ. J'ai commencé sans doute au lycée en seconde A (littéraire à l'époque) et cet auteur ainsi que la description du 19ème siècle m'a tellement emballée que je suis allée jusqu'au bout.
Zola dépeint son époque avec une précision très juste. A travers ces deux lignées, dont le point commun est l'aïeule, il passe en revue tous les milieux sociaux allant des plus élevés (la finance via la famille Rougon) aux plus pauvres (les mineurs via la famille Macquart).
Je vais essayer de faire ressurgir mon ressenti de l'époque et mon analyse d'alors pour écrire cette critique.
Adelaïde Fouque (dite aussi Tante Dide) l'aïeule est une riche héritière, malheureusement atteinte de folie, ce qui provoque chez elle, des crises régulières. Elle a eu deux compagnons, son jardinier Rougon qu'elle épouse et qui meurt avant la naissance de leur fils Pierre. La descendance de Pierre reste dans la lignée de la réussite, de l'argent, de la morale, de la vertu. Ensuite elle prend pour amant Macquart, le contrebandier, avec qui elle a deux enfants Antoine et Ursule, et la descendance de ces deux enfants Macquart représente pratiquement tous les vices de l'époque. Ils vivent dans la pauvreté pour la plupart des personnages, une pauvreté qui les conduit à l'alcoolisme, à la prostitution, sans parler des "tares" physiques et psychologiques.
Il me faudrait relire tous les livres pour cibler chaque personnage mais quelques noms me reviennent en tête, dont les Lantier, Gervaise Macquart, boiteuse, d'abord amante de Auguste Lantier (L'Assommoir) puis épouse de Coupeau, Jacques Lantier (la bête humaine) Etienne Lantier (Germinal) Anna Coupeau dite Nana (Nana), qui sont tous descendants de la mauvaise branche Macquart. Pour les Rougon, j'ai souvenir de Pascal Rougon fils de Pierre (Le Docteur Pascal) des Mouret dont Octave (Au bonheur des Dames) Serge (la faute de l'abbé Mouret) mais il y a plein d'autres personnages qui ne me viennent pas à l'esprit dans l'immédiat.
Quoiqu'il en soit, si vous n'avez jamais lu cette saga familiale, je vous la conseille vivement car outre, une histoire qui tient la route sur plusieurs générations, c'est aussi un regard sans concession sur la société du 19ème siècle, cette société qui entrait dans l'ère de l'industrialisation, où la religion était au centre de la vie sociale (la séparation de l'église et de l'état date de 1905), une société où les droits des femmes n'existaient pas, pas plus que ceux des enfants, condamnés à suivre la trace de leurs parents, et malheureusement pour les enfants pauvres, de travailler dès la plus tendre enfance, dans des conditions particulièrement pénibles, voire sordides.
Cette saga avait marqué mon adolescence et maintenant que je suis retraitée, je conserve toujours cette impression d'authenticité et cette oeuvre intégrale est pour moi une référence littéraire.
Pour résumer, une oeuvre magistrale !
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Le début d'une fresque de 20 tomes sur la fin du XIXe siècle. Un auteur que je ne lis pas assez par rapport à l'amour que j'ai pour son écriture et ses textes. Je me suis enfin plongé dans les Rougon-Macquart et j'ai adoré ce premier tome qui porte sur l'accession au pouvoir de Napoléon III et évoque le conflit entre les royalistes et les républicains.
C'est un chef-d'oeuvre de la littérature française que beaucoup devrait lire.
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C'est le début.
Le début d'un challenge avec une amie.
Mais aussi le début d'une dynastie...
« La fortune des Rougon » est le premier tome de la grande saga familiale d'Emile Zola !
Commencé plusieurs fois, il me fallait de la motivation pour tenter une nouvelle fois cette saga classique de 20 tomes (quand même xD) et c'est une amie qui est venue me sauver !

Je veux déjà vous annoncer que vous n'aurez pas d'analyse littéraire. Simplement les appréciations d'une lectrice.

Et je dois dire que c'était un tome assez fascinant, qui met parfaitement en place ce à quoi on pense quand on dit « Zola ».
On sent dès le début la volonté scientifique de Zola d'analyser l'hérédité à travers ses personnages et cette grande famille des Rougon-Macquart-Mouret... Etc. xD Sans trop de lourdeur on le sent plusieurs fois revenir dans le roman par petites touches nécessaires !
Les personnages sont des sujets de tests analysés, je ne les sens pas comme des personnes à qui se comparer, à apprécier ou à détester, cette relation est super intéressante et inclut vraiment les lecteurs.

J'ai aussi beaucoup aimé la construction du roman, autour d'une insurrection, et qui fait découvrir chaque personnage et son nom jusqu'à ce moment précis, tout converge vers là ça crée une tension quand on apprend à connaître davantage de personnages et ça augmente la tension de cette insurrection.
Le seul point gênant là-dedans c'est un peu le manque de dates ! Avec les allers-retours on se perd un peu xD

En bref c'est un début assez fascinant que propose Zola et que j'ai hâte de continuer... Et apparemment le tome le plus violent de la saga en la personne de « La Curée » xD
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La Fortune des Rougon / Émile Zola
La Fortune des Rougon, premier livre de la série des Rougon-Macquart fut publié en 1871.
L'action se déroule dans la petite ville fictive de Plassans (les connaisseurs reconnaîtront Aix en Provence), alors que le coup d'État de Louis-Napoléon est en cours en décembre 1851. Il faut se rappeler que Louis-Napoléon a été élu président de la IIe République en 1848 à la suite de la Révolution de la même date, qui a mis fin à la monarchie. La France est divisée, l'aristocratie soutenant la monarchie, la bourgeoisie soutenant l'Empire et les ouvriers la République.
Silvère, beau garçon âgé de dix-sept ans, armé d'un fusil, s'installe aux abords de l'ancien cimetière de Plassans. C'est là que le rejoint Miette, une toute jeune fille de treize ans, déjà nubile, son amoureuse. Ils n'échangent pas de baisers, rien qu'une petite étreinte où l'amour a encore l'innocence attendrie d'une tendresse fraternelle. Ils sont tristes, car cette dernière étreinte ressemble à un adieu. Ils ont peur d'être vus des gens de la ville et se cachent sous une large pelisse qui est chaque fois le nid naturel de leurs amours. Silvère veut rejoindre les républicains dont le groupe doit arriver d'un moment à l'autre. L'émotion est grande chez Silvère lorsque la petite armée d'insurgés arrive en chantant la Marseillaise et Miette qui ne veut pas être en reste brandit alors la bannière tricolore.
Nous sommes revenus 30 ans en arrière. On fait connaissance des familles Fouque, Macquart et Rougon, des familles tout ce qu'il y a de plus obscure. Adélaïde Fouque, issue d'une famille de maraîchers a épousé un Rougon, un jardinier. Elle a dix-huit ans. Leur fils Pierre nait peu avant la mort du père. Adélaïde se met alors en ménage avec un certain Macquart, un ivrogne notoire. Ils ont deux enfants, Ursule et Antoine.
le jeune Pierre, dix-sept ans, est ambitieux et sans scrupules. C'est déjà un garçon vicieux, fainéant et avide de jouissances, mais peu à peu il va se transformer en un homme économe et égoïste. Il ne supporte plus les frasques de sa famille et va l'éliminer à sa façon peu à peu, sa mère et les deux bâtards, chercher une femme lui apportant l'opportunité de réaliser de bonnes affaires. Félicité Puech sera son épouse à partir de 1808 et donne naissance à trois fils et deux filles, une grande famille dont l'éducation voulue par Félicité, femme intelligente, leur coûte cher.
Trente années vont passer. La Révolution de 1848 va offrir aux Rougon, famille de bandits aux aguets, la possibilité de s'enrichir par tous les moyens. Et en 1848, il faut choisir son camp, celui des royalistes ou celui des républicains. Ils vont s'allier aux bonapartistes et s'enrichir sur les ruines de la liberté. Félicité a alors cinquante ans et Pierre soixante et un ans. Pierre est rongé par l'ambition et se sert de son fils Eugène, bien placé dans la capitale dans les milieux bonapartistes pour avancer ses pions. En vérité, c'est la frétillante Félicité qui va tirer les ficelles avec intelligence au sein d'une famille déchirée. Tout se décide chez elle dans le cadre du Salon Jaune qui devient le centre réactionnaire où se réunissent les opportunistes bourgeois de Plassans. Pour Félicité, femme de tête, l'idée de réussir, de voir toute sa famille arriver à la fortune est devenue une monomanie, une obsession.
Dans ce roman socio-politico-historique, Zola décrit très bien le contexte de la fin de la Deuxième République et le début du Second Empire, cadre où au début du roman évoluent Miette et Silvère, fils d'Ursule, deux grands enfants avides d'amour et de liberté :
« Ce fut par cette noire et froide nuit de décembre, aux lamentations aigres du tocsin, que Miette et Silvère échangèrent un de ces baisers qui appellent à la bouche tout le sang du coeur…Leur idylle traversa les pluies glaciales de décembre et les brûlantes sollicitations de juillet, sans glisser à la honte des amours communes ; elle garda son charme exquis de conte grec, son ardente pureté, tous ses balbutiements naïfs de la chair qui désire et qui ignore.»
Un cadre également qui sert une meute d'appétits lâchés et assouvis, dans un flamboiement d'or et de sang, ceux des Rougon-Macquart qui vont mordre aux plaisirs des riches, aiguisés par trente ans de désirs contenus, montrer des dents féroces :
« Ces grands inassouvis, ces fauves maigres, à peine lâchés de la veille dans les jouissances, acclament l'Empire naissant, le règne de la curée ardente. »
Malgré toutes ses qualités notamment de style, ce roman fondateur de la saga des Rougon-Macquart est beaucoup moins connu que Germinal ou l'Assommoir, constituant la clef pour entrer dans l'univers de Zola, où l'ambition, la soif de pouvoir et de jouissance, la critique de l'Empire, l'essor du capitalisme, le rôle de la presse, l'alcoolisme, la condition ouvrière et les luttes politiques, sont omniprésents. L'opposition entre les deux forces politiques et bien mise en évidence, d'un côté, des républicains à l'idéalisme courageux mais naïf, incarnés par Silvère et Miette, de l'autre les bourgeois peureux mais opportunistes, les Rougon.
En raison du nombre très important de personnages, qu'ils soient de la famille des Rougon-Macquart ou non, il convient de noter sur une fiche dès le commencement de la lecture la filiation de chacun où leur fonction. Pour faciliter les choses, on peut se référer à l'arbre généalogique simplifié avec le lien : http://michel.balmont.free.fr/pedago/zola_bete_humaine/rougon-macquart.pdf
En conclusion, ce n'est pas le plus passionnant des romans de Zola que j'ai lus, certes, mais il est important car beaucoup de personnages apparaissent que l'on retrouvera plus tard dans les autres volumes de la saga.



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Zola est un auteur avec lequel j'ai un différend depuis de nombreuses années. Je me souviens avoir lu, pendant l'été entre ma troisième et mon entrée au lycée, Nana et Au Bonheur Des Dames afin d'étoffer ma culture littéraire classique pour préparer le bac de français. de ces textes immensément connus, je n'ai retenu qu'un ennui profond. Je ne sais même plus tellement de quoi ils traitent, mais à cause d'eux, j'ai tenu Zola en horreur pendant de très nombreuses années. Durant mes études, j'ai évidemment entendu beaucoup parler de Zola, de la part des enseignants tout autant que des élèves. J'ai voulu retenter l'expérience avec Thérèse Raquin qui fut, entre nous soit dit, l'une des plus belles surprises littéraires dont j'aurais pu avoir connaissance. Avec l'idée d'avoir apprécié ce livre, j'ai décidé de me lancer dans le corpus de Zola, l'une des plus grandes structures littéraires qui aient existé en France : les Rougon-Macquart. La Fortune Des Rougon étant le premier paru, j'ai décidé de m'atteler à la tâche avec ce premier tome.

Ce texte nous plonge au sein du commencement d'une très grande famille, totalement fracturée. L'aïeule à l'origine de tout, Adélaïde Fouque, aura trois enfants. Mariée avec Marius Rougon, elle aura Pierre ; en liaison avec Eustache Macquart, elle aura Ursule et Antoine. La supériorité se faisant sentir chez Pierre, il mettra en péril l'ordre familial – déjà fragilisé par la folie d'Adélaïde. Nous suivons aussi le jeune Silvère Mouret et son amour avec Miette, enfants de la liberté, leur vie ne sera pas rose.

En réalité, ce premier tome ne cible pas grand-chose en particulier puisqu'il sert vraisemblablement d'introduction globale à la généalogie des Rougon-Macquart, ainsi que les différents liens que tiennent les personnages entre eux. Ce livre nous présente une généalogie totalement décadente ! Tous les personnages principaux sont là, plusieurs années sont couvertes dans ce livre, et chaque chapitre se concentre sur une facette de la vie de cette généalogie. Adélaïde et ses deux amours ; Pierre Rougon et Félicie, véreux, ainsi que leurs cinq enfants tous aussi spéciaux les uns que les autres ; Ursule et Antoine ainsi que les enfants respectifs… Ce livre est une base fondamentale pour comprendre les dix-neuf autres ouvrages composants cette série.

Ce premier tome est un livre très politique, probablement le plus politique d'entre tous, si j'ai bien compris les différents thèmes de chaque oeuvre. C'est assez compliqué à lire d'un point de vue où nous sommes plongés dans le grand contexte historico-politico-social de l'époque. Mais malgré cette plongée dans des actions politiques féroces, toutes très justement décrites, l'auteur veille à nous introduire les personnages de la famille des Rougon-Macquart ainsi que leurs différentes aspirations politiques, et leurs propres actions au sein du contexte de l'époque ! Ce livre se passe en très grande partie lors du coup d'État du 2 décembre 1851, débutant le Second Empire sous le règne de Napoléon III ; nous verrons donc, au fil des pages, comment les personnages s'ancrent sous cette instance, avec des fragmentations de concurrence.

Lors de ma découverte, je n'avais pas particulièrement de personnages qu'il me tardait de rencontrer, j'ai démarré ma lecture sans aucune connaissance extérieure – exceptée la connaissance globale de l'Oeuvre que j'ai eu grâce à mes cours. Mais, au cours du texte, je me suis surpris à me prendre d'attachement pour deux personnages particuliers : Silvère et Adélaïde Fouque (ou la grand-mère et son petit-fils). Je me suis attaché, grâce aux chapitres qui leur furent consacrés, à cet enfant recueilli par sa grand-mère suite à son délaissement et son statut d'orphelin, j'ai apprécié ce jeune homme fougueux et amoureux, et j'ai apprécié cette Adélaïde et sa fragile mentalité, ou plutôt sa douce particularité. J'ai été charmé par ces deux personnages qui m'ont semblé être, étonnement, les moins perturbés. Et puis, la relation entre Miette et Silvère est des plus adorables que j'ai pu lire, poignante, touchante, et triste ; elle est criante de symbolisme.

J'ai, en ce livre, beaucoup apprécié découvrir le côté Rougon de la famille. Pierre et son avidité, son contrôle suprême l'ayant amené à « gouverner » les destins des personnages de la généalogie. Ainsi que sa femme, Félicité, femme totalement fatale, parfaitement vénale, manipulatrice et même cruelle. J'ai évidemment adoré cette dernière, et j'ai été surpris également de la découvrir noire de peau, chose à laquelle je ne m'attendais pas au vu de l'âge du texte. Les enfants, aussi, surtout masculins, m'ont été agréables à découvrir ; mais ceux-ci restaient très secondaires en ce volume, j'ai donc très hâte d'en découvrir plus sur ceux-ci lors de mes prochaines lectures. Nous pouvons savourer, de plus, la double compréhension du titre du roman, car nous sommes introduits face à leur fortune se créant, mais également grâce à la face même de possession et de conquête de la fortune.

En revanche, les chapitres concernant le côté Macquart de la famille m'ont laissé presque pantois ; même si je les ai beaucoup appréciés, ils m'ont moins atteint. le personnage d'Antoine Macquart m'est apparu d'un risible et d'un pathétique monstrueux, l'ayant apporté à mes yeux au rang d'ordure supérieure. Même si sa vie était remplie de problèmes, dont un grand nombre en rapport avec son demi-frère et sa femme, il a tout de même fait de très nombreuses choses condamnables au sein de ce livre, ce qui m'a permis d'égarer toute forme de compassion à son égard. J'ai été aussi triste de ne pas avoir eu le droit à plus de renseignements sur Ursule Macquart dont j'aurais aimé apprendre les nuances…

Cette édition de la Fortune Des Rougon est fondamentale pour toute personne souhaitant se lancer profondément dans la découverte - ou l'acquisition totale des oeuvres - de la série. le travail de recherches et d'approfondissements effectué par Henri Mitterand et Maurice Agulhon est très impressionnant. Avec des précisions sur les méthodes de travail de Zola, les différents arbres généalogiques en fonction des années de prépublication des tomes, etc. Cette édition est un travail d'orfèvre. Et par ailleurs, cette couverture représentant un arbre, un lien - vraie sculpture d'un artiste -, m'évoque tout particulièrement le texte lu et dont je viens de vous parler aujourd'hui. La cohésion est totale.

Enfin, je vais m'arrêter là pour cette critique massive. Après avoir rebuté Zola pendant de nombreuses années, et après l'avoir redécouvert sous un nouveau jour avec Thérèse Raquin il y a quelques mois, commencer ma découverte intégrale des R-M avec ce livre m'a été un plaisir étonnant. Une généalogie décadente au fil des pages scientifiques de précision, j'ai été pris d'un bonheur effrayant à découvrir ce classique fondamental. Hâte du prochain ! {17}
Lien : https://clemslibrary.wordpre..
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