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sur 1430 notes
Relu il y a quelques années ce roman au titre original, évocateur d'un ragoût de ménage, peut-être concocté avec des restes, mais la "pot-bouille" se réfère bien plutôt aux habitants de l'immeuble, propriété des Vabre, où réside Mouret monté de Plassans à Paris, au méli-mélo de ces figures souvent dominées par leurs vices ou leurs passions, de ces couples mal assortis, de ces familles désunies, luttant parfois contre le déclassement et la dèche, soucieuses de marier leurs filles qui montent en graine. Ainsi les Josserand qui flattent un oncle à héritage, odieux et vulgaire, la mère courant les bals avec ses filles Berthe et Hortense dans des toilettes rapetassées et s'efforçant de garder son jour de réception, même en privant les siens du nécessaire, tandis que le père tente d'améliorer l'ordinaire en écrivant pendant tout la soirée des bandes d'adresses et subit les foudres de sa moitié. Si les habitants s'évertuent à paraître respectables, les bonnes, au courant de leurs misérables secrets, ne se privent pas de les rouler dans la fange à l'arrière de la maison. Octave, joli garçon qui plaît aux femmes, superbe de désinvolture, multiplie les aventures dans ce vivier alléchant, en attendant de conquérir la belle patronne du Bonheur des dames.

Comme toujours chez Zola, une recréation outrée du réel, l'immeuble semblant parfois offrir un catalogue des perversités sexuelles, mais une oeuvre pleine de verve et de vie.
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Magistral ! En usant avec un immense brio d'ironie, Zola délivre une critique acerbe de la société bourgeoise du XIXème siècle tellement risible. Roman délicieux, à savourer sans modération ! On ne cesse de rire en lisant ces pages consacrées à cette bourgeoisie cruelle et fantasque.
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Pour moi, Pot-Bouille fait partie de mes Zola préférés, et je trouve qu'il n'occupe pas une place suffisamment reconnue dans le cycle des Rougon-Macquart. Peu de gens savent par exemple qu'on y découvre Octave Mouret et qu'Au bonheur des dames est en quelque sorte la suite de Pot-Bouille. Il faut dire que Pot-Bouille est probablement handicapé par son titre, qui, avouons-le, ne donne guère envie de lire ce roman.

Pot-Bouille décrit les débuts à Paris du jeune et ambitieux Octave Mouret, tout juste arrivé de son Plassans natal, et surtout la vie au sein d'un immeuble bourgeois de l'époque. En fonction des étages, on y croise des habitants de différents niveaux sociaux, et Zola décrit et analyse avec sa précision habituelle les relations humaines et sociales entre tous ces personnages. A travers l'exemple de la vie dans cet immeuble, c'est toute une analyse sociologique qui nous est livrée, et le témoignage est saisissant de justesse.
Pour ma part, je ne peux d'ailleurs pas entrer dans un immeuble haussmannien à Paris sans penser à Pot-Bouille et au petit microcosme qui doit vivre dans cet endroit, et ensuite en gravissant l'escalier, j'ai l'impression comme dans le roman de voir défiler la hiérarchie sociale de l'immeuble des appartements bourgeois aux chambres de bonnes.
J'ai également été touchée par le personnage de Monsieur Josserand, coincé entre sa femme et ses deux filles, qui fait un peu penser au Père Goriot.

Je ne peux donc que vous conseiller de vous lancer dans la lecture de ce roman classique injustement méconnu à la découverte d'une galerie de personnages parmi lesquels on ne s'ennuie pas une minute.
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Pot-Bouille. Un mot qui ressemble à un crachat, à une insulte.

Dans ce tome des Rougon-Macquart, qui occupe une position centrale puisqu'il est le dixième, nous découvrons un personnage déjà évoqué dans plusieurs volumes précédents : Octave Mouret, second fils du Mouret de la Conquête de Plassans, et frère du Serge de la Faute de l'Abbé Mouret. Mais autant ce dernier était passionné – même torturé -, autant Octave va se révéler être un jeune homme léger – avec les femmes – et peu intéressant. Ainsi, après s'être fait remballé dans ses ardeurs animales, déclare t-il : "Il se dit que celle-là non plus n'avait pas l'air d'aimer ça. Alors que demandait-elle ? Et pourquoi tombait-elle aux bras du monde ? Décidément les femmes étaient bien drôles" …

C'est donc cet énergumène que nous accompagnons dans sa découverte de la maison qui l'hébergea à son arrivée à Paris, rue de Choiseul, les beaux quartiers. Là, c'est l'occasion pour Zola de nous décrire, sur 400 pages, les faits et gestes de cette tranquille maison bourgeoise, mais tranquille en apparence seulement … Il voulait : "Montrer la bourgeoisie à nu, après avoir montré le peuple [dans l'Assommoir], et la montrer plus abominable, elle qui se dit l'ordre et l'honnêteté".

En effet, des maîtres aux domestiques, les mêmes traits de caractère se retrouvent : bassesse, tromperie, ragots, secrets. "Si dans le peuple, le milieu et l'éducation jettent les filles à la prostitution, le milieu et l'éducation, dans la bourgeoisie, les jettent à l'adultère" écrit-il dans Le Figaro en 1881.

Et il est vrai que la dépravation me semble plus profonde chez des gens pour qui un baiser non autorisé à une jeune fille était un symbole de honte et de décadence, alors qu'à l'arrière cour, ces mêmes bourgeois couchent avec les domestiques souillons.

Aucun personnage, à une faible exception près, n'échappe à l'oeil aiguisé et tranchant de l'écrivain, qui se dépeint d'ailleurs lui-même en bourgeois habitant cette maison, et écrivant sur ses habitants … Une mise en abyme intéressante dans la mesure où elle place Zola au coeur de ces habitudes bourgeoises, comme s'il insistait sur le fait que même s'il critique, il fait partie de la même classe …

Ces mêmes bourgeois qui condamnent George Sand et tant d'autres alors que Zola lui-même s'en réclamait .. (égratignant Balzac au passage : "ça ressemble trop à la vie.")

Ce n'est donc pas étonnant si, à sa parution, le roman a été vivement critiqué. Je retiens ce mot d'un critique de l'époque affirmant – en substance : "eh bien voilà, vous avez soutenu Monsieur Zola, vous êtes responsables de cette oeuvre méprisable et mauvaise …". Pour ma part, je comprends fort bien les réticences. Les personnages mis en scène dans ce roman s'adonne aux plus bas instincts de l'homme, sans distinction de sexe ou de condition : les coucheries s'accumulent, racontées dans les termes les plus vifs. Tout se mélange en une bouillie infâme qui m'a fait refermé le livre avec un sentiment de mal-être et l'idée que l'homme ne peut pas être mauvais à ce point, et entièrement …

Un Zola qui fut donc une petite déception car pour cette fois, je ne suis pas d'accord avec ses analyses …
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Pot-Bouille, c'est le récit de la vie d'un immeuble de bourgeois, dont les apparences semblent belles, lisses, brillantes, pleine de morale. Mais que quand les portes se referment, les rideaux sont tirés et la lune se lève ces mêmes familles se révèlent finalement être des êtres à la vertu toute relative, qui n'hésitent pas à tromper, mentir. Et si l'un des locataires se vante lorsqu'il aide Octave Mouret à s'installer que l'immeuble dispose d'eau et gaz à tous les étages, il oublie de mentionner le dévergondage.
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D'ailleurs Octave, parlons-en. Celui que l'on a hâte de voir conquérir Denise dans Au Bonheur des dames n'est-il pas le pire de tous ? Il tente de séduire chaque femme de moins de 50 ans de l'immeuble, allant même jusqu'à culbuter sa pauvre voisine mariée sur la table du salon avant qu'elle ait le temps de dire ouf, alors que sa gamine est juste à côté. Espérons que Denise ait vengé toutes les victimes de cet opportuniste séducteur.
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Sous leurs grands airs, c'est une belle bande de pourris qui cohabitent. Et il est assez délicieux de voir leurs domestiques méprisés et maltraités se venger de maîtres qui n'ont certes pas à leur faire la morale.
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Ce roman de Zola, c'est une grande rencontre. Et j'ai aimé le voir mettre à mal ces bourgeois bouffis d'orgueil, se donnant des grands airs, mais qui passent finalement leur temps à courir après l'argent et le plaisir.
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Pot-Bouille, c'est l'histoire de la maison de la rue Choiseul, avec ses plaisirs et ses malheurs. On découvre une galerie de personnage, qui ne cherchent soit qu'à prospérer et gagner des places dans la hiérarchie sociale, soit qu'à garder leur place très convoitée. Pour cela, ils vont user de tous les moyens qu'ils ont, surtout en essayant de marier leurs enfants avec des personnes dignes d'intérêt. Chacun est une commère voulant tout savoir sur la vie de l'immeuble.

C'est un livre sympathique, mais pas aussi bien que les grands romans de Zola
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C'est avec Pot-Bouille que j'entame ma découverte d'Émile Zola. Je commencerai par dire que son écriture est remarquable. Ses descriptifs sont loin de desservir le récit, de l'alourdir ou même de le ralentir. C'est un roman qui ne fait pas dans la finesse ! Il ne prend aucune pincette pour nous dévoiler la petite bourgeoisie parisienne. Cet immeuble, dans lequel ils cohabitent, n'est autre que le reflet de leur société. le paraitre avant tout ! Ce petit monde s'emploie à entretenir des apparences lisses et vertueuse alors que l'adultère est monnaie-courante à chaque étage. L'auteur se permet même un clin d'oeil à sa propre personne. Et pour agrémenter le tout, le récit est parsemé de pointe d'humour très révélatrices de sa pensée. Ce roman reste très actuel, malgré son époque, si l'on fait le parallèle avec les réseaux sociaux qui sont eux aussi le sanctuaire des apparences, de l'hypocrisie et des vices en tout genre.
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Que se passe-t-il derrière les portes d'un hôtel parisien au 19ème siècle ?
De l'extérieur, tout est propre, bien rangé, bien calme. Mais, bien au chaud dans les appartements, ce n'est que débauche, adultère et faux-semblants. Nous suivons Octave Mouret l'ambitieux qui voit sa planche de salut par les femmes. Nous le suivons dans ses errements.
J'ai adoré ce ZOLA. Il est indiscret et croustillant. Il se lit d'une traite.
Merci Sarahdu91 pour ce pioche dans ma PAL de juillet.

Pioche dans ma PAL juillet 2016
Challenge multidefis 2016 : Un classique du 19ème
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Dans le dixième tome des Rougon-Maquart, Zola dépeint la vie quotidienne dans un immeuble bourgeois parisien situé rue de Choiseul, entre novembre 1861 et décembre 1863.

La façade de cet immeuble signifie respect, honorabilité, confort et luxe. Les occupants semblent, en apparence, faire preuve de respectabilité. Ils se considèrent comme des honnêtes gens. Toutefois, ils sont des archétypes d'immoralité. de la figure de l'avare propriétaire, à celle des bonnes, en passant par les femmes dites honnêtes et de leurs jeunes amants, ou encore ces messieurs avides de trouver une place dans cette société, l'auteur dévoile avec une grande profondeur l'hypocrisie sociale s'installant à cette époque.

Derrière les sourires de façade, les postures honorables et dignes, les mensonges, les tromperies, les adultères, les duperies et bien d'autres supercheries rythment la vie des habitants.

Octave Mouret, fraîchement débarqué de Marseille, découvre ce monde et en veut une part. de commis au sein du magasin Au Bonheur des Dames, il devient le mari de Mme Hédouin la propriétaire des lieux…

L'immeuble peut être considéré comme la scène d'un théâtre. Tout ce microcosme apporte son lot de spectacles. Les personnages se mettent en scène dans leur appartement. C'est romanesque !
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C'est sans doute le volume des Rougon-Macquart que j'ai préféré. L'idée de départ est intéressante et c'en est sans doute la première utilisation : dépeindre par le menu la vie d'un immeuble et de ses habitants. Il a été repris à plusieurs reprises par la suite, et donne en général de bons résultats car il est très porteur (un des meilleurs exemples est "la vie, mode d'emploi" de Pèrec, traité bien sûr dans un tout autre esprit - et aussi, dans un autre domaine artistique, le très beau collage de Doisneau, "Les locataires")
Le livre est consacré à la description de la petite bourgeoisie, saisie avec férocité dans son habitat habituel, avec sa stratification sociale interne au gré des étages, comme il convient dans un immeuble haussmannien à l'époque.
Ils sont décrits avec beaucoup d'humour, mais on rit un peu jaune, car, comme il se doit, ils sont généralement ignobles
On peut toujours sauver Octave Mouret, qui fait ses débuts dans le commerce en attendant "Au bonheur des Dames' et qui compte d'ailleurs parmi les rares personnages globalement positifs de la série de romans
Il y aussi le mystérieux écrivain qu'on ne voit jamais,et qui incarne un idéal de probité et de bonheur familial. Il est une projection idéalisée de l'auteur- idéalisée car il a le bonheur d'avoir les enfants que Zola ne put jamais avoir, tout au moins avec sa femme..(On retrouve Zola ,peint de manière plus proche de l'original dans "l'Oeuvre" - Zola inventeur de l'autofiction ?)
Il serait trop long de parler des personnages en détail
Une mention spéciale pour la description de la sinistre condition des bonnes, peut-être d'autres plus dure dans ces milieux de petite bourgeoisie que dans les"grandes maisons"
Si quelqu'un se choque de l'emploi du terme "bonnes", c'est à dessein que je ne l'ai pas euphemise, pour ne pas euphemise leur condition elle-même
Il y a un détail qui m'a intéressé : pourquoi l'auteur moque-t-il le goût de Madame Campardon (personnage typiquement."zolien" de la femme"hystérique" -la aussi je garde le terme d'époque -sans doute en raison de son absence d'activité sexuelle, qui se réfugie dans une maladie psychosomatique) pour les romans de Dickens ? Il s'agit sans doute d'une critique de la bourgeoisie pharidienne qui s'attendrit devant la misère du prolétariat anglais pour mieux ignorer celle qui s'étale à sa porte
Pour conclure, je céderai la parole à Claude Lantier à la fin de"le ventre de Paris": "Quelles canailles que les honnêtes gens !'
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