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Citations sur Les Rougon-Macquart, tome 12 : La Joie de vivre (194)

En moins d’une année, l’enfant de formes hésitantes était devenue une jeune fille déjà robuste, les hanches solides, la poitrine large. Et les troubles de cette éclosion s’en allaient, le malaise de son corps gonflé de sève, la confusion inquiète de sa gorge plus lourde, du fin duvet plus noir sur sa peau satinée de brune. Au contraire, à cette heure, elle avait la joie de son épanouissement, la sensation victorieuse de grandir et de mûrir au soleil. Le sang qui montait et qui crevait en pluie rouge, la rendait fière. Du matin au soir, elle emplissait la maison des roulades de sa voix plus grave, qu’elle trouvait belle ; et, à son coucher, quand ses regards glissaient sur la rondeur fleurie de ses seins, jusqu’à la tâche d’encre qui ombrait son ventre vermeil, elle souriait, elle se respirait un instant comme un bouquet frais, heureuse de son odeur nouvelle de femme. C’était la vie acceptée, la vie aimée dans ses fonctions, sans dégoût ni peur, et saluée par la chanson triomphante de la santé.
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C’était, chez Pauline, un amour de la vie, qui débordait chaque jour davantage, qui faisait d’elle « la mère des bêtes », comme disait sa tante.
Tout ce qui vivait, tout ce qui souffrait, l’emplissait d’une tendresse active, d’une effusion de soins et de caresses.
Elle avait oublié Paris, il lui semblait avoir poussé là, dans ce sol rude, au souffle pur des vents de mer.
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Pauline souriait, approuvait de la tête, car le bonheur selon elle, ne dépendant ni des gens ni des choses, mais de la façon raisonnable dont on s’accommodait aux choses et aux gens. p 181
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Lui aussi mourrait par le cœur, il promenait la certitude d’une fin tragique et prochaine. Et, à toute minute, il s’écoutait vivre, dans une telle excitation nerveuse, qu’il entendait marcher les rouages de la machine : c’étaient les contractions pénibles de l’estomac, les sécrétions rouges des reins, les sourdes chaleurs du foie ; mais, au-dessus du bruit des autres organes, il était surtout assourdi par son cœur, qui sonnait des volées de cloches dans chacun de ses membres, jusqu’au bout de ses doigts. S’il posait le coude sur une table, son cœur battait dans son coude ; s’il appuyait sa nuque à un dossier de fauteuil, son cœur battait dans sa nuque ; s’il s’asseyait, s’il se couchait, son cœur battait dans ses cuisses, dans ses flancs, dans son ventre ; et toujours, et toujours, ce bourdon ronflait, lui mesurait la vie avec le grincement d’une horloge qui se déroule.
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Depuis qu’ils habitaient Bonneville, Lazare et Louise vivaient dans de continuelles tracasseries. Ce n’étaient point des querelles franches, mais des mauvaises humeurs sans cesse renaissantes, la vie misérablement gâtée de deux être qui ne s’entendaient pas. Elle, après des suites de couches longues et pénibles traînait une existence vide, ayant l’horreur des soins du ménage, tuant les jours à lire, à faire durer sa toilette jusqu’au dîner. Lui, repris d’un ennui immense, n’ouvrait même pas un livre, passait les heures hébété en face de la mer, ne tentait que de loin en loin une fuite à Caen, d’où il revenait plus las encore. Et Pauline, qui avait dû garder la conduite de la maison, leur était devenue indispensable, car elle les réconciliait trois fois par jour.
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Hein ? ça vous distrait, de regarder travailler ces hommes, répétait chaque jour Véronique, pendant qu'elle balayait la chambre. Bien sûr, ça vaut mieux que de lire. Moi, les livres me cassent la tête. Et, quand on a du sang à se refaire, voyez-vous, faut ouvrir le bec au soleil comme les dindons, pour en boire de grandes goulées.
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... le matin, elle s'était éveillée ensanglantée du flux perdu de sa fécondité ; et, à ce moment même, après les émotions de cette terrible nuit, elle le sentait couler sous elle, ainsi qu'une eau inutile. Jamais elle ne serait mère, elle aurait voulu que tout le sang de son corps s'épuisât, s'en allât de la sorte, puisqu'elle n'en pouvait faire de la vie. A quoi bon sa puberté vigoureuse, ses organes et ses muscles engorgés de sève, l'odeur puissante qui montait de ses chairs, dont la force poussait en floraisons brunes ? Elle resterait comme un champ inculte, qui se dessèche à l'écart. Au lieu de l'avorton pitoyable, pareil à un insecte nu sur le fauteuil, elle voyait le gros garçon qui serait né de son mariage, et elle ne pouvait se consoler, et elle pleurait l'enfant qu'elle n'aurait pas.
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Il s’ennuyait dehors, d’un ennui qui allait jusqu’au malaise. Cette mer, avec son éternel balancement, son flot obstiné dont la houle battait la côte deux fois par jour, l’irritait comme une force stupide, étrangère à sa douleur, usant là les mêmes pierres depuis de siècles, sans avoir jamais pleuré sur une mort humaine. C’était trop grand, trop froid, et il se hâtait de rentrer, de s’enfermer, pour se sentir moins petit, moins écrasé entre l’infini de l’eau et l’infini du ciel.
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- Comment vivre, demanda-t-il, lorsque à chaque heure les choses craquent sous les pieds ?
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Il la regarda, et dans son bouleversement, une confession entière lui échappa du coeur.
" C'est encore à toi que nous devons sa vie... Il me faudra donc toujours être ton obligé ?
- Moi ! répondit-elle, j'ai fait simplement ce que la sage-femme aurait fait, si elle s'était trouvée seule. "
D'un geste, il lui imposa silence.
" Est-ce que tu me crois assez mauvais pour ne pas comprendre que je te dois tout ?... Depuis ton entrée dans cette maison, tu n'as cessé de te sacrifier. Je ne reparle plus de ton argent, mais tu m'aimais encore, lorsque tu m'as donné à Louise, je le sais à cette heure... Si tu te doutais combien j'ai honte, quand je te regarde, quand je me souviens ! Tu aurais ouvert tes veines, tu étais toujours bonne et gaie, même les jours où je t'écrasais le coeur. Ah ! tu avais raison, il n'y a que la gaieté et la bonté, le reste est un simple cauchemar. "
Elle essaya de l'interrompre, mais il continuait plus haut :
" Etait-ce imbécile, ces négations, ces fanfaronnades, tout ce noir que je broyais par crainte et par vanité ! C'est moi qui ai fait notre vie mauvaise, et la tienne, et la mienne, et celle de la famille... Oui, toi seule étais sage. L'existence devient si facile, lorsque la maison est en belle humeur et qu'on y vit les uns pour les autres !... Si le monde crève de misère, qu'il crève au moins gaiement, en se prenant lui-même en pitié !"
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