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4,16

sur 1181 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Laboure ou crève. Pour les paysans de Zola, la terre est la maîtresse absolue. Celle que tous veulent posséder, celle qui les possède tous, en fin de compte. En maitresse autoritaire, elle éveille toutes les passions, de l'obsession au désespoir, et aspire sans pitié toute la sève de ses amoureux dont elle finit par prendre le corps pour s'en nourrir. Zola a voulu dépeindre un monde rude: rudesse du métier, rudesse de la terre, rudesse des hommes. On comprend que l'ouvrage ait fait sensation (dans le mauvais sens) à l'époque: les gens y sont dépeints comme des bêtes, focalisés sur leur propre subsistance, ne vivant que pour leur morceau de pain à l'abri de maisons plus proches de la tanière que du manoir, à courir aux plaisirs simples et faciles, se saoulant et forniquant jusqu'à l'inceste pour un peu de territoire gagné, abandonnant le plus faible de la portée. Zola se montre exhaustif, tout le bestiaire de la ferme y passe: le rat opportuniste, la vieille bique, le coq trop fier, l'oie innocente, le doux agneau, le renard rusé, mais tous des cochons au fond. Dans ce magma de traditions, quelques tentatives de progrès: machines, engrais, autant de diableries devant lesquels le paysan à l'ancienne lève le poing en crachant. Peut-être le premier Zola que j'ai apprécié sans pour autant me sentir partie prenante du récit, même si j'aime toujours autant son art du dosage (juste ce qu'il faut de dialogues, de descriptions, de verve et d'envolées lyriques). Je me suis attendrie en lisant "Une page d'amour", j'ai bien ri devant "Pot-Bouille", je me suis insurgée en découvrant "Germinal", j'ai été ébahie des descriptions du "Bonheur des dames". Ici, pas de grandes tempêtes de sentiments, j'ai regardé les personnages évoluer comme des animaux derrière un grillage au zoo. Mais à y réfléchir, n'est-ce pas la meilleure manière de faire comprendre que le travail de la terre est un monde à part et qu'à l'instar de Jean, le héros, si tu n'y es pas né, tu n'en feras jamais vraiment partie?
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Jean Macquart, ancien soldat revenu de Solferino, frère de Gervaise et de Lisa, cultive une terre de la Beauce, appartenant à Hourdequin, le maire du village de Rognes. Il se lie d'amitié avec Françoise et l'accompagne pour conduire sa vache au taureau chez son employeur.
Françoise est la nièce du père Fouan qui décide de partager ses terres entre ses trois enfants en échange d'une rente et d'un hébergement.
Le partage provoque des querelles, des jalousies, des haines d'une très grande violence et éveille une cupidité meurtrière.
Les paysans travaillent sans relâche et sont en butte avec les aléas du climat: la grêle, la canicule qui font des ravages dans les cultures, comme aujourd'hui.
Hourdequin essaye vainement d'introduire les machines, les méthodes modernes de l'agriculture, comme les phosphates, présents désormais dans les engrais
"La Terre" d'Emile Zola est un livre très noir et cru sur les laboureurs qui restent profondément attachés à la terre, malgré la dureté du travail, et se battent pour la garder quelqu'en soit le prix.
Malgré les condamnations des critiques au moment de la sortie du livre, "La Terre" reste un des romans le plus apprécié pour son réalisme et sa modernité.
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Jean Macquart (le frère de Gervaise de L'Assommoir et de Lisa du Ventre de Paris), l'étranger, débarque sur cette terre, celle de la Beauce couverte de blé à perte de vue. Dans le petit village de Rognes, il côtoie la famille Fouan, un couple âgé et sa progéniture, déjà adulte, Hyacinthe (surnommé Jésus-Christ), Fanny et Buteau (une des plus belles ordures imaginées par Zola !). À 70 ans passés, les parents désirent céder leur parcelle agricole et la partager entre leurs trois enfants en échange d'un toit et d'une petite rente qui devrait assurer leurs vieux jours. C'est le début de la fin.

Zola a connu la gloire littéraire de son vivant. Il a également rencontré beaucoup de détracteurs et ce 15e tome des Rougon-Macquart avait tout pour susciter leur indignation. Dans un article, son contemporain Anatole France s'est insurgé contre « l'obscénité gratuite » de la Terre. « Personne avant lui n'avait élevé un si haut tas d'immondices. »

Si le roman commence assez doucement avec des scènes de la vie paysanne, il prend c'est vrai une tournure résolument trash, notamment par l'omniprésence des violences sexuelles et domestiques. Il m'a rappelé Thérèse Raquin, en plus noir encore, dans sa manière de fouiller la pourriture humaine. Un excellent roman noir !
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Quel récit dur et âpre sur l'âme humaine.
Zola ne prend pas de gants pour décrire la méchanceté des hommes. Ici peu de place à la poésie. C'est souvent vulgaire car il n'enjolive pas des personnages.
En même temps que le récit devient cruel à la fin, l'histoire comporte nombre d'idées sur l'agriculture qui sont encore d'actualité aujourd'hui. Mais en même temps, il décrit un homme fidèle à la terre de ses ancêtres et qui refuse la modernité car il sait ce qu'elle va détruire dans l'humanité.
Plutôt violent et sans répit dans la noirceur
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La terre (1887) est un roman d'Émile Zola, quinzième tome de la saga des Rougon-Macquart. le père Fouan, décide à 70 ans de partager ses biens entre ses trois enfants en échange d'une rente de deux cents francs chacun. Une évocation noire et terrible du monde paysan au sein d'une famille qui se déchire.
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Il y a dans ce roman un souffle qui me faisait parfois penser à Germinal: les passions exacerbées, des conditions de travail explorées à fond, une lutte sourde entre petit peuple et nantis, des rivalités malsaines au cube etc. J'ai lu avec avidité cette brique digne d'un thriller. Les descriptions de cette Beauce, ses paysages et sa terre, ne m'ont pas ennuyé du tout, au contraire, j'y ai trouvé un puissant pouvoir d'évocation qui me transportait, preuve de la qualité de l'écriture. de même que pour les dialogues, incisifs, durs, à l'image des personnages. J'ai aussi apprécié l'image de cette communauté rurale avec ses divisions, ses ambiguïtés, ses rêves perdus noyés dans l'alcool. Voilà pour les cotés positifs.

Mais quel gang de vindicatifs, toujours à s'entredéchirer, chérissant leurs rancoeurs, jouissant des prises de becs ! À la longue cette violence continuelle m'a fatigué; seuls Delhomme et Jean détonnent parmi ces obsédés de la confrontation. La fixation des acteurs sur l'argent devient également lassante. Quant au sort réservé aux femmes il est loin d'être enviable, sans doute une réalité de l'époque, mais quand Françoise se fait violer par son beau-frère, aidé de sa soeur en plus, et que Zola lui fait aimer cela, j'ai quelque peu décroché . . . Il y a des passages déchirants dans ce roman, notamment tout ce qui a trait à la déchéance du père Fouan et des sévices que lui infligent ses enfants. Les hymnes à la terre devancent presque aussi le courant actuel de nature writing. Mais au total d'autres éléments laissent un goût amer qui teinte mon appréciation.
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Émile Zola est égal à lui-même dans cet ouvrage.

Très agréable à lire malgré tous les malheurs qui s'enchaînent (comme d'hab avec Zola peu de survivants et encore moins de survivants heureux)

Il traite de la vie dans des fermes de la Beauce au temps où les céréaliers n'étaient pas encore les rois du pétrole.
Les jalousies et l'amour de la terre y ait traité autour d'une famille se disputant un héritage alors que leur père est encore vivant.

Une réflexion est menée sur l'opposition secteur primaire et secondaire : faut-il favoriser les agriculteurs au risque de plonger les ouvriers de l'industrie dans la famine ou bien au contraire baisser les prix de la nourriture au risque de mettre les agriculteurs sur la paille.
Cela reste très moderne encore (avec en plus maintenant l'utilisation ou non de produits phytosanitaires)
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Dans ce quinzième tome des Rougon-Macquart, Zola nous invite à découvrir la vie des paysans. C'est à la Beauce, en Eure-et-Loir, dans un village qu'il a nommé Rognes, qu'il situe le déroulé des événements. On y suit principalement la famille Fouan, dans laquelle on verra évoluer Jean Macquart (fils d'Antoine Macquart, frère de Gervaise et Lisa).

Après son temps dans l'armée, Jean délaisse son métier de menuisier pour travailler la terre. D'abord employé chez le respectable Hourdequin, les circonstances l'amèneront à épouser Françoise qui, nouvellement majeure, peut enfin bénéficier de sa part d'héritage. le voilà désormais mêlé à des histoires de famille à n'en plus finir. Lui qui avait fui la sienne en retrouve finalement une qui ne vaut pas mieux. Chacun se bouffe les uns les autres avec leurs histoires d'héritage, d'argent, de rentes.

Comme à son habitude, Zola implante son contexte environnemental avec brio et réalisme. La terre, ici, joue son rôle à la perfection. Tout se déroule au rythme des saisons et du travail qui s'y prête. Elle est dure, intraitable, sans aucune empathie pour les paysans qui dépendent d'elle, totalement immuable et méprisante face aux déboires des hommes.

"La Terre" est l'un des Rougon-Macquart les plus difficiles à lire, mais non pas par le style de l'auteur, qui est toujours aussi minutieux et efficace. D'autant plus qu'il ne part pas dans de grandes descriptions comme il en a souvent l'habitude (et qui ne m'ont que très rarement dérangée par ailleurs), il les intègre ici dans les différents événements et actes de ses protagonistes, ce qui ne m'a pas permis d'en ressentir la moindre longueur, alors que ce roman est l'un des plus "épais" de la série.

Bien que Zola aborde avec habileté les conditions difficiles de la vie de paysan, de la dureté du labeur et du travail de la terre, ce n'est pas non plus ce qui a rendu la lecture plus ardue que d'habitude.

Non, ce qui a rendu la lecture un peu plus difficile, c'est la teneur des événements. S'il y a toujours autant (si ce n'est plus) de mesquineries, de cancans, de rancunes et de querelles entre les différents protagonistes, si l'auteur met encore une fois en avant leur cupidité et leur désir d'en avoir toujours plus, les penchants alcooliques des hommes et le "dévergondage" des femmes, il va ici beaucoup plus loin dans les différents actes des personnages. Il y est constamment question de vol et de deshéritage, mais aussi de maltraitance, de viol et de meurtre. Je n'ai pas encore tout lu des Rougon-Macquart, mais pour moi, "La Terre" fait partie des tomes les plus sombres et les plus violents, au même titre que "L'assommoir", "Germinal" ou encore "La bête humaine".

Là où ce roman se démarque des autres, c'est que Jean Macquart n'est pas le personnage principal, il sert avant tout à mettre en avant les différents membres de la famille Fouan en jouant le rôle d'une de leurs victimes dans les guerres qu'ils mènent les uns contre les autres. Il m'a un peu fait penser à Florent dans "Le ventre de Paris", qui jouait plus ou moins le même rôle, et dans lequel les Rougon-Macquart ne jouent pas un rôle premier là non plus. La famille Fouan comprend de nombreux membres détestables, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre : entre les uns trop cupides, avares, hypocrites, rancuniers ou jaloux, très peu ont eu droit à mon empathie (uniquement les "victimes", les plus faibles, dont le sort était déjà jeté dès le début...). Dans l'ensemble, les personnages principaux et secondaires, bien que très nombreux ici, sont tous bien creusés, dépeints de manière exagérément réaliste, comme l'auteur m'a toujours habituée.

"La Terre" ne fait pas partie de mes préférés parmi les vingt tomes de la série. Il ne fait pas partie non plus de ceux que j'ai le moins aimés. Il fait partie, en revanche, de ceux qui m'ont le plus marquée et que j'ai trouvés assez dur à lire, de par le sort de certains personnages pour lesquels l'auteur est sans scrupule (Françoise notamment), de par son aspect parfois bilieux et dérangeant.

Et je peux dire encore une fois avoir passé un bon moment de lecture grâce à Émile Zola.
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. « Je voudrais faire pour le paysan avec La Terre ce que j'ai fait pour l'ouvrier avec Germinal », disait Zola au sujet de ce livre. Plongeons-nous donc dans les paysages de Beauce et allons à la rencontre de la famille Fouan…

Le père Fouan possède avec sa femme Rose quelques hectares de terre, mais l'âge venant, il n'a plus la force de les cultiver. Il se résout donc, la mort dans l'âme, à faire une donation à ses enfants : sa fille Fanny, marié à un honnête cultivateur, Hyacinthe, un paresseux et ivrogne surnommé « Jésus Christ » et enfin Buteau, ainsi nommé en raison de sa forte tête. L'une des premières scènes du livre, celle de la donation, où se déterminent les conditions d'indemnisation du vieux couple, nous immerge dans ce monde paysan âpre au gain, où tout est compté, personne ne voulant perdre au change, quand bien même cela générerait des parcelles ridiculement petites. L'amour de la terre, du gain est omniprésent et imprègne chacun.
L'essentiel du roman tourne autour de cette famille mais aussi d'autres protagonistes qui peuplent ce village de Beauce, à proximité de Châteaudun et de Cloyes. L'extrait montre bien le rapport charnel qui lie la terre au paysan ; les allusions sexuelles sont d'ailleurs fréquentes sur le livre. Cela donne l'impression que le travail et la fornication sont les principales activités… le roman s'ouvre d'ailleurs sur une jeune paysanne emmenant sa vache au taureau, et nombre de jeunes filles se retrouvent « sur le dos ». Et dans ce milieu, les seuls gens vraiment aisés qui ont réussis, étaient les tenanciers d'une maison close à Chartres ! L'accumulation des injures, des comportements bestiaux donne au roman une tonalité qui est loin d'être celle de la campagne idéalisée.
Jean Macquart, surnommé le Caporal en raison de son passé militaire, est une pièce rapportée dans ce milieu (à l'image de ce que put être Lantier, son cousin, dans Germinal). Il travaille désormais dans l'un des grandes exploitations détenues par le maire de Rognes, et tombe amoureux de Françoise, une Fouan… Ah, ces Fouan, quelle famille. Ainsi, le grand-père sera hébergé successivement par les trois enfants dans des conditions parfois âpres.
Emile Zola souhaitait montrer la crise agricole qui sévissait en France à cette période et cela est très bien restitué. L'instauration de traités de libre-échange par Napoléon III en 1861 était pointée du doigt pour expliquer la baisse des prix des céréales, mais d'autres raisons plus profondes minaient l'agriculture : le morcellement du foncier, le manque de capital, par conséquent le manque d'investissement dans les engrais et les machines, mais aussi l'état d'esprit arriéré des paysans. Certaines réflexions sur la propriété, la fertilité, sont encore d'une grande actualité aujourd'hui. On sent poindre les grands débats sur la propriété et le modèle agricole qu'on retrouvera avec le communisme quelques décennies plus tard.
La Terre est un roman que j'ai lu rapidement ; pour être fidèle au style de Zola, je devrais dire « avec avidité » ou encore « dévoré » ! Mais je dois dire que j'étais parfois saturé par le côté bestial des protagonistes. A le lire, on perd parfois confiance dans le genre humain, en tout cas, le paysan n'en sorte guère grandi.

Lien : https://etsionbouquinait.com..
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L'un des rares Zola que je n'avais pas lu. Peut être plus violent, plus bestial que les autres. Je le trouve plus à l'aise dans la description des bourgeois arrivistes et des ouvriers à l'usine. Mais c'est très fort et prenant ! plein comme dit un autre lecteur de bruit et de fureur ? Et quelle écriture !
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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