Énième lecture de ce que je considère comme un chef d'oeuvre.
J'ai eu la chance de le découvrir au collège, décortiqué par une professeure de Français très impliquée et très enthousiaste.
Je ressens encore le plaisir de ces cours qui m'ont fait découvrir la technique de la construction littéraire, l'auteur et une page de l'Histoire de
Paris.
Je suis marquée à vie.
L'assommoir est le 7ème roman de la série Les Rougon-Macquart qui comporte 20 volumes. Cette série, inspirée de la Comédie humaine
De Balzac, a pour objet de passer en revue la société du Second Empire par le prisme de l'influence d'une tare familiale : l'alcoolisme.
Résolument naturaliste plus que réaliste, l'auteur met en scène ses personnages dans leur environnement naturel, les faisant notamment employer le vocabulaire des bas-fonds de
Paris ce qui choquera énormément lors de la parution du récit, tant dans sa première version en feuilleton que sous forme de roman.
Paradoxalement, c'est ce qui posera les fondations du succès de l'auteur.
L'Assommoir est un alambic qui distille de l'eau de vie, une machine infernale au sens propre du terme qui sera à l'origine de la chute sociale du couple formé par Gervaise et Coupeau dont jamais on ne connaîtra le prénom. Ils sont les parents de Nana, qui fera l'objet d'un roman éponyme.
Alors qu'elle vient d'être abandonnée par son amant, Gervaise et ses deux enfants survivent dans le quartier de la Goutte-d'Or. Blanchisseuse de son état, elle trouve un travail en tant que repasseuse mais surtout elle rencontre Coupeau. Parce qu'elle est à cheval sur les convenances et qu'il est très amoureux, il l'épouse et accepte d'éduquer les deux enfants. Gervaise se trouve très chanceuse d'avoir trouvé un homme honnête, qui ne boit pas.
Alors que leur fille, Nana, est encore une jeune enfant, le couvreur-zingueur fait une chute du toit de l'hôpital Lariboisière, alors en construction. Bien que sa convalescence soit longue et coûteuse, Gervaise met en place le projet de s'établir et ouvre sa propre blanchisserie. Elle est alors au faîte de sa vie, de sa gloire dans le quartier, du bonheur longtemps rêvé.
Malheureusement, Coupeau a du mal à reprendre le travail et s'arrête bien souvent en chemin chez les marchands de vin et à l'Assommoir du père Colombe où il tombe sous la dépendance de l'eau de vie. Gervaise se laisse aller à la paresse et c'est la déchéance progressive qui les conduira à la misère et à la mort.
Pendant ce temps, le
Baron Haussmann organise ses fameuses trouées dans le quartier qui sera vidé de ses miséreux pour l'occasion.
Quelques mots sur la construction de ce roman telle que me l'avait expliquée cette merveilleuse professeure de Français.
Gervaise grimpe les échelons sociaux, passant de son statut de femme abandonnée à celui de patronne d'un commerce. La chute physique de son mari sera le facteur déclenchant de la déchéance de Gervaise qui tombera progressivement bien plus bas que sa position originelle.
Je ne m'en lasse pas.
Est-il nécessaire que j'insiste davantage pour vous recommander cette lecture ?