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sur 5690 notes
Relu une quinzaine d'années après une première lecture qui m'avait complètement tourneboulée, L'Assommoir persiste et signe. Connaissant de fait l'intrigue, - intrigue dont je m'étais d'ailleurs souvenue dans les moindres détails, c'est dire si ce roman m'avait marquée -, j'ai pu encore davantage m'émouvoir de la description magistrale que nous propose Zola de Gervaise Macquart, fille d'Antoine et petite-fille d'Adélaïde (voir La fortune des Rougon), soeur de Lisa (charcutière du Ventre de Paris), partie de Plassans avec son compagnon, Auguste Lantier, et leurs deux enfants, Claude et Etienne, pour s'installer à Paris. Cette installation va permettre, par la même occasion, de décrire plus généralement le milieu ouvrier parisien du Second Empire dans lequel elle évolue. Car il est en effet question de zingueurs, de forgerons, de blanchisseuses, de laveuses... que l'auteur nous présente par l'intermédiaire d'une plume, certes sans complaisance, mais non moins dénué de poésie et de grâce pour mieux qualifier d'une noblesse méritée des métiers considérés alors comme avilissants ou inférieurs.

Il est vrai que Zola ne prend pas de gants pour montrer la misère, la violence, la crasse et la déchéance qu'elle cause parfois, le tout étant de plus raconté dans une espèce de banalité triviale, comme si cette misère était acceptée par tous comme une fatalité dont on n'arrive pas à se dépêtrer, sans qu'il n'y ait aucune forme d'indignation de la part des ouvriers qui triment pour peu, et pour de moins en moins au fil des pages.  Mais c'est sans compter sur Gervaise, jeune femme arrivant de sa province, qui sera comme un halo de lumière au milieu de cette fatalité, du moins pour un temps : elle va en effet se battre de toutes ses forces contre cette misère, et par la même occasion contre son hérédité qui ne peut que la tirer vers le vice et la folie, pour se faire une place dans son nouveau quartier, pour vivre heureuse en trompant l'adversité

Du fait de cette image tragique donnée des ouvriers, qui peut même sembler péjorative, voire caricaturale, l'on pourrait reprocher à Zola de ne les présenter que sous leur pire jour, et ainsi d'orienter le lecteur principalement en ce sens. Or le but premier de notre romancier naturaliste étant surtout, je cite, de " peindre la déchéance fatale d'une famille ouvrière, dans le milieu empesté de nos faubourgs " (voir la préface), il oriente certes son propos, mais pour mieux faire prendre conscience à son lectorat de la situation inacceptable dans laquelle se trouve justement une bonne partie de la population du quartier de la Goutte-d'Or, source d'inspiration et de documentation principale de L'Assommoir. Ainsi, le trait est quelque peu forcé grâce au pouvoir de la fiction, mais si peu, et c'est ce qui donne à ce roman toute sa force d'évocation, de suggestion, et plus encore de dénonciation.

Bien que je n'aie pas encore terminé de lire les 20 tomes, L'Assommoir est à mon sens la plus grande réussite des Rougon-Macquart. Je n'ai en effet jamais autant été touchée par un personnage littéraire que par Gervaise, et ce depuis plus de quinze ans : elle est pour moi la meilleure représentante des théories naturalistes de Zola quant à l'importance de l'hérédité et du milieu dans la construction d'un individu et, grâce à cela, elle en est, paradoxalement, désarmante de sincérité et de véracité.

Sous peu, ce sera en tout cas au tour d'Une page d'amour de compléter mon tableau de chasse naturaliste : va-t-il réussir à détrôner L'Assommoir ? J'en doute, mais sait-on jamais...
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Un merveilleux Zola qui nous plonge dans le monde ouvrier du 19ème et dans la triste existence d'une petite blanchisseuse, jolie, courageuse...mais lâche. Victime de sa faiblesse de caractère et d'une malchance qui lui colle à la peau, Gervaise subira les conséquences de ses mauvais choix qui finiront par provoquer sa déchéance économique et morale.

Victime d'hommes fainéants et oisifs, victime de sa condition, victime de l'alcoolisme et des rancoeurs de femmes méchantes et jalouses, Gervaise, héroïne tragique par excellence, sombre petit à petit dans la décadence la plus totale après un court épisode de prospérité. Zola nous livre une merveilleuse fable sociale naturaliste et sulfureuse (pour l'époque très certainement), et dépeint les bas-fonds de Paris avec un réalisme tragique et une justesse de ton unique en son genre.
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Lorsque" L'Assommoir" paraît d'abord en feuilleton dans un journal, en Avril 1876, la bonne bourgeoisie crie au scandale.Comment peut-on ainsi montrer l'avilissement des ouvriers et utiliser un langage si dépravé !

En fait, précédé de ce parfum de scandale, le livre connait un grand succès à sa parution en 1877.Et c'est vrai que c'est un des romans les plus puissants et les plus sombres aussi des Rougon-Macquart.Zola écrit: " J'ai voulu peindre la déchéance fatale d'une famille ouvrière, dans le milieu empesté de nos faubourgs."

le roman s'ouvre sur un regard, celui de Gervaise qui attend Lantier.Tout l'art de l'auteur est d'utiliser le style indirect libre pour nous faire entrer dans l'intériorité des personnages.Que voit Gervaise? " une misérable chambre garnie" et par la fenêtre ouverte, une préfiguration déjà de son futur destin: une foule, " un défilé sans fin d'ouvriers", un peuple allant au travail ou s'attardant dans les cafés.

Dans tout le livre, Zola s'effacera pour laisser parler les personnages, ils se raconteront, dans leur langue du peuple, " un langage littéraire qui aurait rejoint la naturalité des langages sociaux" , selon Roland Barthes.

le deuxième personnage apparaissant dans le roman est celui qui deviendra son mari: Coupeau.Ils auraient pu avoir une vie tranquille, elle blanchisseuse, lui , zingueur, mais le sort s'acharne sur eux.Coupeau, suite à un accident, ne peut plus travailler.Le café "L'assommoir" deviendra alors le lieu de l'abrutissement avec l'alambic, sa machine à tuer.

Et ce sera la déchéance infernale, l'alcool et le manque d'argent les détruiront, pendant que Nana, leur fille, essaie de s'échapper de ce cloaque,elle à qui sera consacré un autre tome.

L'image finale est terrible de réalisme cru et de cruauté.La jeune fille timide et blonde du début a-t-elle vraiment existé ? On ne la reconnait plus dans cet être presque animal, qui couche dans une niche...

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Bon voilà , je viens de terminer L'Assommoir sans savoir si mon envie est de frissonner ou d'applaudir le talent de Zola , donc je ferai les deux. Connu pour peindre la condition ouvrière avec brio mais aussi tous les types du 19ème , Zola semble avoir concentré son talent dans ce livre . L'alcool faisant des ravages , des hommes devenant violents et une famille qui se déchire , comment qualifier tout cela ? L'histoire colle à la peau , plus le roman avance et plus il faut connaître la fin . Les personnages sont criants de vérité , ni vraiment pathétique ni vraiment remarquables , ils se montrent juste vil ou courageux comme des générations avant eux . Un excellent livre par un écrivain magistral .
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L'alcool. C'est le thème de « l'assommoir ». Zola veut démontrer par l'exemple les méfaits de la boisson. Dans ce roman incontournable, il crée un couple qui a tout pour lui et il démonte un par un les mécanismes qui mènent à l'alcoolisme. La dépendance les enverra au plus bas niveau social, vers la déchéance, vers la mort. Mais loin de la critique cette histoire mérite d'être lu pour son histoire, ses personnages et pour le français au style impeccable faisant feu de tous les charmes de la langue et utilisant même des procédés de personnification des objets comme dans la célèbre description de l'alambic.
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On ne sort pas indemne après avoir lu ce roman et j'en suis encore bouleversée… Je l'ai lu presque d'une traite, ayant du mal à le lâcher tant les vies de Gervaise et d'Auguste Coupeau sont aussi déconcertantes que dramatiques.

Emile Zola utilise un vocabulaire populaire afin de restituer le plus fidèlement possible l'existence misérable et laborieuse du milieu ouvrier de son époque. Il met donc un point d'honneur à employer le langage du peuple dont le style prête parfois à sourire, égayant ainsi la trame mélo dramatique et la sombre noirceur de l'histoire. le lecteur assistera à une véritable descente aux enfers des deux protagonistes du livre, victimes de l'alcool et de la misère, ces deux fléaux qui précipiteront leur chute et leur fin funeste.
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Dans la catégorie le livre qui vous empêchera de jamais boire une seule goutte d'alcool, plus jamais, niet, fini, je demande L'assommoir, récit de la chute de Gervaise. Et pas que de Gervaise d'ailleurs, car il en fait des victimes, ce fichu alambic. Honnêtement, la liste est longue au fil du livre et parfois, surtout à partir du retour de Lantier, j'ai eu besoin de couper ma lecture de détours dans d'autres livres, pour respirer un peu! Franchement, que dire? Qu'est-ce qui n'a pas été dit déjà sur Gervaise et son désir de ne pas contrarier, qui sera le premier grain de poussière dans ce qui semblait être une vie revenue sur des rails calmes après le départ de l'amant détestable, une fois qu'elle se retrouve marié à son zingueur ? Mais, mais, mais, les zingueurs ça tombe des toits, les beau-frére et belle-soeur horribles compliquent tout, et les amants malhonnêtes, paresseux, ça revient hélas....
Un grand roman sur la condition ouvrière, sur la jalousie humaine, sur les ravages de l'alcool, toujours aussi puissant toutes ces années après sa publication!
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Voila encore une oeuvre littéraire d'une grande puissance tragique. parfois Émile Zola fait dans le gris en terme d'ambiance. Avec L'Assommoir, c'est tout noir. J'ai pris ma petite leçon d'empathie et j'ai morflé, du début à la fin du roman. Chaque personne fait face à la tragédie de son destin et ça devient grandiose (en terme de lecture) mais définitivement pessimiste sur la nature humaine.

Émile Zola pose son regard sur le milieu ouvrier parisien qui prend de plein fouet les crises et les changements. L'Assommoir, c'est la menace de la misère qui pèse sur les travailleurs et les travailleuses mais c'est aussi le tableau cynique de ses hommes et de ses femmes, couples, radins, jaloux, timides, volages, manipulateur, profiteurs, etc. Ils y sont tous, autour de Gervaise.

La rudesse de l'environnement montre un Paris miséreux et insalubre, un Paris de quartier grouillant de vie dont l'alcool est la poudrière sur lequel Émile Zola vient craquer l'allumette. Mais le naturaliste virtuose ne se contente pas de dépeindre le réel, il l'exacerbe pour avoir une oeuvre fictionnelle encore plus intense et brutale.
La suite sur le blog…
Lien : http://livrepoche.fr/l-assom..
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Un roman tourmenté et sombre, ma foi. Gervaise, le personnage principal, blanchisseuse originaire des environs de Marseille, est en couple avec Lantier, qui la quitte bientôt, en la laissant seule avec ses enfants sur les bras, et bien peu de ressources. Vite promise à Coupeau qui ne perd pas de temps pour la courtiser, elle ne saura pas tendre la main à Goujet, ce forgeron humble, profondément amoureux d'elle. L'occasion de pages bien tristes, mais très belles.

Le début est difficile à lire : trop de mots. de plus, la première fresque qui prend place parmi les femmes dans le lavoir est assez bestiale. Cette atmosphère de misère n'est pas accueillante, et Zola fait beaucoup de descriptions détaillées qui sont exigeantes. C'est lorsque le personnage de Goujet fait son apparition, avec toute sa tendresse, que le récit si noir s'illumine un peu en se remplissant de sentiments qui l'adoucissent quelque peu. Les fresques suivantes sont énormes et saisissantes (le mariage, le dîner, etc). Gervaise et Coupeau ont très peu pour survivre et ils font des allers retours au mont piété. de plus, l'alcoolisme s'installe.

Avec la rumeur de la société qui s'amplifie de plus en plus autour des moindres agissements de Gervaise, et le réalisme du récit qui nous décrit les addictions, les vanités, les trahisons, la brutalité envers les femmes et évidemment la pauvreté, le roman fait froid dans le dos. Il m'a fait vivre des moments extraordinaires mais ô combien affreux. Que penser de la fin du récit.

Si ce livre a été par moments éprouvant, je suis pourtant heureuse d'avoir repris cette saga de l'auteur là où elle en était restée après tant d'années en sachant que d'autres textes de lui restent encore à être lus témoignant de la misère sociale.
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L'assommoir, c'est le Zola que j'ai eu le plus de mal à lire. Ce livre m'a prit 2 ans ! Je pense que c'est surtout parce qu'il était en quelque sorte devenu ma lecture de train (et encore quand je n'en avait pas un autre sur le feu!) ce qui fait que je ne lisais que quelques pages à chaque fois. Cependant cette lecture fragmentée ne m'a pas empêcher de savourer, j'ai eu quelques moments magnifique, notamment la soufflante au lavoir, ou encore le grand dîner. Je me suis remuée au début du mois pour (enfin!) le finir. Zola réussit avec ses mots à m'emporter là où il veux, ses belles descriptions détaillés qui rebute de nombreuses personnes, moi je les adore, elle me permettent d'entrer dans le décors, mais aussi de mieux comprendre les personnages.



Parlons en des personnages; commençons par Gervaise cette pauvre Gervaise sur qui tout les malheurs du monde tombe. Je me suis sentie triste pour elle, mais ce n'est pas un personnage auquel je me suis vraiment attaché. En réalité j'ai même penser que parfois si elle se retrouve dans cette situation c'est de sa faute. Après tout c'est vrai qu'au bout d'un moment elle finit vraiment à vivre seulement sur le paraître, elle dépense plus qu'elle ne gagne, mais où est passer la Gervaise du début ? Certes on peut dire que Coupeau à changer mais elle aussi, je pense que tout ne doit pas retomber sur Coupeau. Surtout Pour moi elle loupe sa chance quant elle décide de ne pas prendre le risque de partir avec Goujet. Coupeaux maintenant, je commence à connaître Zola, et j'attendais le moment fatidique où Coupeaux changerait et commencerait la descente aux enfers du couple. Ce moment vous ne serez peut être pas tous d'accord avec moi, mais c'est lorsqu'il tombe du toit. Il commence alors à moins travailler et commence à boire. Dès que je l'ai "vu" se retourner pour regarde Nana je me suis dit, ça y est c'est parti c'est le début de la fin. Nana, on la voit grandir, Zola devais déjà savoir ce qu'elle deviendrais car il insiste beaucoup sur le fait qu'elle est vicieuse et ce dès le début. Je n'ai pas encire lu Nana, mais c'est prévu j'ai bien envie de lire ce qu'elle est devenue. Lantier ! OMG c'est LE personnage que je j'aime autant que je le déteste ! c'est celui qui j'ai le plus apprécier découvrir, en faite j'aime le détester. Pour moi c'est un mélange de fouine et de renard, il est tellement rusé, c'est certainement le plus vil personnage du romans à mon avis mais il est toujours blanc comme neige aux yeux des autres personnages. C'est aussi celui qui fini heureux, un des rare. Il est fourbe haaa j'avais qu'une envie c'étais entrer dans le livre et secouer les autres pour qu'ils se réveille ! Et finalement je finit par l'apprécier pour ça, les autres son trop bête, et finalement... il a raison d'en profiter. C'est le plus intelligent du lot, mais aussi le plus lettré, j'ai d'ailleurs apprécier découvrir les prémices de Germinal dans ses paroles. Ça m'a fait plaisir de comprendre d'où Etienne tenais ses idées politiques.



L'histoire: Je connaissais l'histoire avant de lire le livre, qui n'a jamais entendu parler de cette pauvre Gervaise sur qui le sort ne cesse de s'acharner. Ce livre est l'un des plus grand succès de Zola et je comprend pourquoi même si ce n'est pas mon préféré. Il nous décrit la vie dans le milieu populaire de Paris dans un naturalisme parfais. On sent dans ses écrits qu'il cherche à être le plus près possible de la vérité. Il nous montre les difficultés de la vie, comment il est simple de basculer du mauvais côté, un accident, de mauvaises relations, mais aussi et surtout l'alcool qui finit par pourrir toutes les relations, et les personnes elles-mêmes.



En bref j'aime ce livre, j'aime cet auteur, c'est un classique et je comprend pourquoi.
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