AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,79

sur 5884 notes
Thérèse Raquin /Émile Zola
A Paris, derrière la vitrine d'une sombre mercerie, vaque à ses occupations une jeune femme au profil grave et pâle. Malgré une belle et épaisse chevelure sombre, Thérèse Raquin n'est pas très belle. Non loin d'elle on peut voir un homme petit et chétif, d'aspect maladif, assis dans l'ombre. C'est Camille son mari.
Thérèse a été élevée en province à Vernon dans l'Eure par sa tante à qui son père, le frère de sa tante revenu d'Algérie, l'a confiée alors qu'elle avait deux ans. Sa tante est mercière et a décidé qu'à dix huit ans elle épouserait son fils Camille, la voyant comme un ange gardien pour son fils peu débrouillard, ignorant et inculte. Mais Thérèse reste froide et indifférente à cette annonce.
Cependant le mariage a lieu et huit jours plus tard, Camille décide qu'ils vont aller vivre tous les trois à Paris. C'est dans une galerie sombre, sale et humide que Camille trouve un magasin à reprendre avec l'habitation à l'étage ainsi qu'un travail dans l'administration du chemin de fer.
Trois années passent. Tous les jeudis soir viennent à la maison des amis et collègues de Camille pour jouer aux dominos et boire le thé. Un supplice pour Thérèse jusqu'au jour où elle remarque secrètement Laurent, un homme grand et fort, artiste peintre raté. À chacune de ses visites, Thérèse frissonne en le voyant. Elle ne supporte plus sa vie cloîtrée et sa sensualité refoulée s'éveille à la vue de Laurent.
Laurent est en vérité un paresseux jouisseur qui voit en Thérèse une proie facile. Peu à peu, il s'incruste et passe tous les soirs chez les Raquin en attendant son heure dans une douce quiétude, sous le prétexte de faire le portrait de Camille. Se retrouvant seuls un instant un début de soirée, Laurent prend brutalement Thérèse par terre sur le carreau sans un mot. Rapidement l'habitude est prise en journée dans la chambre des époux quand Camille est au travail et la tante au magasin.
Et alors Laurent voit naître à la passion une Thérèse transfigurée, caressante, ardente, rayonnante, les lèvres humides, les yeux luisants, dont le corps inassouvi se jette éperdument dans la jouissance. Thérèse s'éveille comme d'un songe du sommeil de la chair, s'étalant et s'offrant impudique, éprouvant une amère volupté à tromper son mari et Mme Raquin. Laurent quant à lui a ainsi réussi à devenir l'amant de la femme, l'ami du mari et l'enfant gâté de la mère.
Mais de sombres desseins viennent à l'esprit des deux amants…
Un roman âpre et puissant, où la sensualité et la sexualité rendent deux êtres comme fous, dans une ambiance poisseuse et malsaine. Avec en suite une descente aux enfers…
Premier grand roman de Zola, paru en 1867, Thérèse Raquin suscita en son temps de violentes critiques, considéré comme une flaque de boue et de sang, avec une crudité relative dans la description de la frénésie amoureuse des protagonistes. Mais dans le même temps, ce roman réaliste connut un vif succès auprès des lecteurs, la noirceur extrême de l'histoire apportant un grand changement par rapport au sentimentalisme romantique qui prévalait alors. Zola donnait alors naissance au naturalisme qui allait être illustré dans toute la suite de son oeuvre.
Commenter  J’apprécie          60
J'ai été étonnée de voir que la plume de Zola n'était pas aussi difficile à comprendre que je le croyais.
En effet, l'histoire suscite évidemment du plaisir romanesque grâce à un suspense omniprésent. Je n'ai donc pas eu de mal à m'immerger dans l'histoire, aux côtés de personnages marginaux. de surcroît, j'ai apprécié les questionnements relevés par les différents tempéraments des anti-héros qui sont près à tout pour assouvir leurs besoins charnels. En effet, ils sont intéressants et m'ont amenée à prendre conscience que les “nerfs et le sang” combinés, tout comme la peur et la lâcheté, pouvait engendrer des actes effroyables, d'autant plus s'ils sont avivés par la flamme de l'amour. Ici, Zola va de ce fait rendre compte de combien l'amour peut s'avérer destructeur, car en plus d'avoir abouti au meurtre de Camille, il condamne les deux amants à une existence cauchemardesque.
D'un autre côté, j'ai été marquée par la profondeur du récit. Tous les détails sont effectivement importants et demandent réflexion. La morsure de Camille est l'un des plus frappant car elle est synonyme du meurtre ineffaçable, d'une culpabilité omniprésente. le chat François peut être soit vu tel une hallucination des personnages noyés par la culpabilité qui voient en lui une réincarnation de Camille, soit un animal ordinaire, victime de la psychose des amants.
Commenter  J’apprécie          00
je me demande encore comment c'est possible que la morsure qu'a Laurent (dans le cou) ne soit toujours pas cicatrisée au bout de plusieurs mois.





Commenter  J’apprécie          00
Autant le dire tout de suite, et ainsi que le suggère Zola dès les premières lignes de l'oeuvre, on comprend très rapidement qu'on ne va pas beaucoup s'amuser durant cette lecture. Oeuvre profondément noire et poussiéreuse, où les personnages odieux extérieurement et intérieurement évoluent dans une atmosphère presque exclusivement visqueuse et froide, Thérèse Raquin raconte moins l'histoire d'un meurtre que l'histoire d'un remords. le crime est commis assez prématurément, sans fioritures excessives ; ce sont les tentatives des criminels pour se débarrasser du spectre de leur victime qui occupent la majeure partie de l'oeuvre, qui justifient de longs développements où l'impossibilité de retrouver la paix intérieure se manifeste en analyses psychologiques, en décisions contradictoires et en gestes compulsifs, désespérés et, évidemment, vains. Ce récit, ainsi que cette recherche plus ou moins sincère de rédemption ponctuée de voltefaces, est traitée de façon assez simple sur la forme, l'histoire se lit très facilement et avance vite. Je suis un peu surpris par le choix du titre, dans la mesure où Thérèse n'y est pas beaucoup plus importante que Laurent, deux personnages dont le cheminement est pratiquement parallèle à partir du moment fatidique du meurtre.

Pour l'auteur, le comportement humain est directement lié aux phénomènes du corps, où le caractère et l'instinct ne sont en réalité que des symptômes de la lutte d'influence que se livrent le sang et les nerfs. Il en résulte une surabondance du thème du corps, présent dans quasiment tous les paragraphes du récit, avec un point d'apogée dans le chapitre de la Morgue, vaste étalage mondain et morbide de chair humaine inerte. En parlant de « chair », d'ailleurs, il serait intéressant de compter le nombre d'occurrences de ce mot qui constitue, à n'en pas douter, une obsession de l'écrivain. Il en résulte une idée plutôt cynique de l'homme (et de la femme) gouverné par son corps à son insu, dont la raison ne vient que produire le prétexte qui lui donne l'illusion de décider les actes qu'il commet, alors que sa facette « animale » les lui dicte en réalité, en attendant que sa facette « humaine » finisse par y adhérer suffisamment pour la laisser transgresser la morale.

La morale, c'est peut-être d'ailleurs ce qui m'a le moins plu dans cette oeuvre, dont les aspects sordides, évoqués jusqu'ici, ne sont pas une mauvaise chose en soi. On a en effet un peu l'impression de lire une illustration des vieux cours de morale de la IIIème République, avec leurs litanies de phrases toutes faites récitées machinalement et quotidiennement par les élèves au point qu'elles en sont devenues des proverbes : « Bien mal acquis ne profite guère. », « L'oisiveté est mère de tous les vices. », « A qui mal fait, mal arrive. », etc. La conséquence de cette démarche, pour le coup, moralisatrice à souhait, avec un narrateur omniscient qui ne se prive pas de juger sévèrement les personnages, est que le livre aurait assez mal vieilli aux yeux d'un lectorat contemporain peut-être plus indépendant et plus friand d'implicite qu'autrefois, n'eussent été quelques chapitres qui s'absolvent de ce schéma simpliste pour proposer autre chose. Par exemple, la première nuit de cauchemar de Laurent est un grand moment de suspense, de même que l'affirmation de son talent artistique, hanté toutefois par le visage du disparu, est très frappante.

Un livre un peu prescriptif, donc, mais qui permet au lecteur de faire le plein de macabre, et se révèle extrêmement accessible sur un plan littéraire (on n'est pas encore à la surenchère de technicité de l'écrivain naturaliste), à partir d'un point de vue très singulier sur le tempérament humain.
Commenter  J’apprécie          92
Thérèse Raquin est une histoire tragique, elle se lit très rapidement le scénario est typique de Zola, les personnages au début sont touchants puis par la suite deviennent détestables.
L'histoire fait place a beaucoup d'angoisse, au suspense et à la peur. Comme les personnages de l'histoire cette dernière nous hante jusqu'à son dénouement. Pour les âmes sensibles je ne recommande pas.
Commenter  J’apprécie          120
A 27 ans, en 1867, le jeune Emile Zola se lance dans l'écriture d'un roman qui phare de son mouvement naturaliste : Thérèse Raquin. EN décortiquant la psychologie « brut » des personnages, l'auteur offre un roman incontournable qui résonne encore très fort de nos jours.

Dans son roman d'amour, Emile Zola (en fin naturaliste) cherche très vite à mettre en avant la nature profonde de ses personnages, à creuser ces bouleversements qui habitent les nouveaux amoureux. de l'adultère ne sortira que du sang et des larmes. le livre prends une tournure tragique, quasi horrifique, qui nous donne cette sensation de basculer, nous lecteurs, avec les personnages dans un véritable cauchemar qui n'a rien à envier aux sombres histoires de Poe ou Stephen King
Commenter  J’apprécie          71
Avec Zola, l'incroyable apparaît toujours, comme la fascination, quel que soit le livre qu'on lise ou relise. Celui-ci - sans doute le premier que je lus il y a longtemps - me donna aussitôt l'envie de me plonger dans toute l'oeuvre de ce génie, tant l'intrigue nous tient en haleine au fil des pages, comme si nous pressentions le pire d'un moment à l'autre.

Les descriptions - en particulier celle du noyé - sont plus que réalistes, si on sait que Zola allait examiner sur place les cadavres noyés, que l'on avait repêchés. le tempérament qui fait que chaque être ne peut, pour ainsi dire, échapper à son destin, était à l'époque de Zola une étude originale et du matériau qui a fait ses preuves pour continuer, de façon peut-être moins ostentatoire et systématique, sur sa lancée. Ce qu'a voulu montrer Zola, pratiquement tout au long de sa production romanesque, c'est qu'aucun personnage - à de rares exceptions - échappe à un sort malheureux, s'il se trouve avoir une sorte de tare ou détaut refoulé, parfois héréditaire. Tare physique ou psychologique. Et les meilleurs, bien entendu, subissent le sort des névosés, quand ils ne sont pas psychopathes. L'étude psychologique de Zola, sur les réactions exacerbées ou parfaitement équlibrées des personnages, créant un effet de contraste saisissant, accentuant notre anxiété lors de la lecture ou nous apaisant momentanément, est tout à fait remarquable et augure des futurs romans, qui tiennent en haleine le lecteur.

Un couple assassin, c'est quelque chose qui continue de courir les rues, de nos jours. A l'époque de Zola, la presse ou la critique ne jurant que par la Beauté et la Dignité, ne pouvaient facilement accepter un tel ouvrage. Ne nous fait-il pas penser à Madame Bovary, qui valut à Flaubert son procès ?!

Dire la vérité est toujours mal vu. La raconter à travers un roman demeure encore, de nos jours, un acte de bravoure et certains auteurs préfèrent verser dans la niaiserie et le happy end ! Tel n'était pas Zola, pour notre plus grand plaisir !
Commenter  J’apprécie          195
Wouah !
C'est le premier roman d'Emile Zola que je lis, et j'avoue ne pas être déçue !

Thérèse a été mariée à son cousin par sa tante. Son cousin Camille est blafard, chétif et malade depuis la naissance. Autant dire qu'elle s'ennuie dans sa vie de couple !
Quand son époux ramène Laurent à la demeure des Raquin, Thérèse est impressionnée : elle n 'avait jamais vu de vrai homme.
Thérèse et Laurent vont alors se lier, dans une relation ardente de désirs. Très vite, être amants ne les satisfaits plus : il faut se débarrasser de Camille qui les empêche de se marier en le tuant...
Sauront-ils résister à la culpabilité ?

J'ai énormément apprécié ce roman, l'intrigue m'a séduite dès le début !
Pourquoi pas 5 étoiles me direz vous ?
Attention spoiler si vous cliquer pour

Je le recommande fortement, et même si le roman peut vous paraître épais, sachez que vous pouvez lire en diagonale !
Commenter  J’apprécie          10
Une oeuvre incroyablement prenante de bout en bout. Voir Laurent et Thérèse se débattre avec leur amour vacillant sous une plume fluide est un plaisir littéraire total. C'est sans doute l'un des livres les plus forts jamais écrit sur les affres de la passion amoureuse, un de mes préférés en tout cas.

Commenter  J’apprécie          10
Et bien je n'avais pas aimé ce roman en classe de quatrième. Mon avis n'a pas changé. Il parait que c'est le meilleur d'Emile Zola. Ok mais je préfère la saga des Rougon Macquart. Relu pour répondre au défi de 2023 sur mes lectures. Relu pour savoir. Mais ces deux amants maudits ne me contentent pas. J'ai compris cette fois-ci pourquoi ils sont maudits et que leur passion ne peut plus être consommée lors de leur mariage. A lire. Un classique.
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (25009) Voir plus



Quiz Voir plus

Thérèse Raquin - Emile Zola

Comment se nomme le premier mari de Thérèse ?

Robert
Camille
Laurent

9 questions
1102 lecteurs ont répondu
Thème : Thérèse Raquin de Émile ZolaCréer un quiz sur ce livre

{* *}