Le Chandelier enterré - Rachel contre Dieu - Virata

En lisant ce livre, j'ai eu le sentiment de lire un passage de l'ancien testament. J'ai été très surprise par ce livre de Zweig qui diffère considérablement de ses autres écrits.

Incipit :

"C'était par une belle journée de juin 455 ; le combat venait d'opposer, au Circus Maximus de Rome, deux gigantesques Hérules à une meute de sangliers hyrcaniens..."

"....Rome, le coeur palpitant, veillait et attendait les Barbares comme le condamné qui, la tête posée sur le billot s'apprête à recevoir le coup inévitable..."

Bluffée par les algorithmes de Babélio ou d'Amazon!

Qui m'a suggéré la lecture du Chandelier enterré? Je croyais l'avoir téléchargé dans la liseuse à la suite de Magellan , lu en rentrant de Lisbonne. Zweig est une valeur sûre et j'y reviens périodiquement. Je croyais lire une légende juive qui me changerait de l'Italie...



Et me revoici à Rome, au Trastevere que nous venons de quitter, en face de l'île Tibérine, et de ce qui deviendra plus tard le Ghetto. Nouvel épisode d'histoire romaine : le sac de Rome par les Vandales. Hyrcanos ben Hillel, trésorier juif des deniers impériaux, le seul Juif qui eût accès au Palais vient apporter la nouvelle : les Vandales vont emporter le Chandelier de Moïse, le candélabre de la maison de Shelomo, la ménorah. Celle qui figure sur l'Arc de Triomphe de Titus.

"les objets sacrés n'étaient plus en notre possession, mais nous les savions en lieu sûr et bien cachés. Et voilà qu'aujourd'hui le chandelier sacré va se remettre en route"

Les plus vieux Juifs tiennent à l'accompagner jusqu'au port d'où il s'embarquera pour Carthage. Un jeune garçon viendra avec eux pour témoigner, plus tard quand ils auront disparu.

"Nous suivons aujourd'hui la menorah qui est emportée au loin comme on accompagne dans son dernier voyage la dépouille d'un être cher...."

t
Quatre vingt ans plus tard, l'enfant vit toujours. Justinien a envoyé Bélisaire contre Carthage et Bélisaire transporte le chandelier avec le reste du butin à Byzance.

"- Hélas! A Byzance!...il va à nouveau voyager! retraverser la mer! Ils recommenceront à le traîner en triomphe comme l'a fait Titus le maudit!"

Je ne vous raconterai pas la suite de la légende, il faut la lire....
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Stefan Zweig que j'ai entrepris de découvrir dans sa globalité, est un auteur prolixe qui sait nous amener parfois là où l'on ne l'attend pas. Ce "chandelier enterré" est un bon contre-pied littéraire, avec un récit pétri d'humanité judaïque qui se passe à une époque hautement improbable : la mise à sac de Rome par les Vandales en l'an 455, des barbares pas si dégénérés que cela, au demeurant, puisqu'ils étaient pétris de cette civilisation latine qui dominaient le monde depuis plusieurs siècles. D'ailleurs, les plus dégénérés étaient davantage ces Romains, un peuple à bout de souffle, qui décide d'abandonner sans combat sa ville aux envahisseurs, laissant la porte ouverte au pillage le plus orchestré qui n'ait jamais été : le déménagement en quelques semaines de toutes les richesses accumulées par des siècles de domination du monde. Voilà assurément une période intéressante de notre histoire...

Par ce récit écrit en 1937, Zweig nous parle d'un monde envahi, d'un monde qui s'écroule, et on imagine bien que ce passé oublié trouvait une forte résonance dans le présent de l'auteur. Un auteur qui retrouve, pour l'occasion, ses racines juives pour raconter le vol par les Vandales d'un chandelier sacré du peuple juif, qu'un jeune garçon, Benjamin, va entreprendre de récupérer durant toute son existence.

Cette quête va le conduire jusqu'à Byzance où les Byzantins ont récupéré le fameux chandelier. La cour de l'empereur est un théâtre d'ombres qui préjuge bien de la future chute de Constantinople quelque mille ans plus tard. le vers de la décadence était hélas déjà dans le fruit.... le vieux Benjamin va manoeuvrer pour récupérer par la ruse le chandelier en or massif à sept branches qui mobilise toute la communauté juive. Trophée qu'il finira par rapporter à Jérusalem, mais pour l'enterrer en terre sainte, et le soustraire à la concupiscence des hommes.

Ce récit, écrit dans une écriture épurée, ressemble à une parabole biblique, totalement tournée vers le rapport à Dieu d'une communauté déjà soudée dans l'adversité. Une communauté qui était dès 1937, menacée dans ses biens et son existence, et qui n'avait pas d'autre choix que de fuir et d'enterrer ses objets précieux. Dans une analyse désabusée de la marche du monde qui le conduira, cinq ans plus tard, jusqu'au suicide, l'écrivain humaniste autrichien affiche son pessimisme et sa désespérance. Ne serait-ce pas finalement la civilisation-même, le capital commun conquis de haute lutte par l'humanité depuis l'origine des temps, qui devrait être soustraite de l'avidité des hommes à la détruire ? Comme ce vieux chandelier porteur de la fidélité des hommes à la tradition, Zweig nous fait comprendre qu'il y a quelque chose en nous de précieux à préserver, à cacher, à dissimuler de la folie des hommes. Un message fort, délivré avec la discrétion et l'élégance d'un homme raffiné qui voyait avec une incroyable prémonition, son monde se précipiter vers l'abîme. Quelle justesse de vue incroyable !... Il aura été fidèle à lui-même jusqu'au bout, en soustrayant, par son suicide, son esprit libre de la bêtise humaine. Heureusement, il nous laisse toute sa littérature pour que nous déterrions régulièrement le chandelier de son esprit éclairé. Bravo l'artiste, ton héritage est le plus beau qui soit....
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La menorah - chandelier de Moïse à sept branches, objet sacré dont les cierges devaient brûler continuellement en symbole de la permanence de la foi, connue les pérégrinations millénaires des hébreux. le Chandelier Enterré conte sur le mode du récit d'aventures les errances d'un emblème, analogue au destin du peuple juif.
L'histoire qui nous intéresse couvre la période s'écoulant entre le sac de Rome par les Vandales en 455 et le triomphe de Bélisaire, chef des armées de Justinien, empereur de Byzance, en 535. Alors que la cité est la proie de ses nouveaux maîtres, dans le ghetto du Trastevere de Rome, les vieux juifs sont consternés : les trésors sont pillés et emportés sur la route en vue d'être chargés dans les vaisseaux, et la menorah avec elle. Les anciens décident alors de suivre le chandelier aussi longtemps qu'ils le pourront et d'amener un enfant qui aura pour fonction de porter témoignage aux générations futures. Ce garçon c'est Benjamin Marnefesch “l'homme que Dieu à rudement éprouvé”; sa vie mouvementée justifiera l'appellation qu'on lui donnera dans ses vieux jours, tant il épouse la destiné du candélabre sacré. Cette oeuvre revêt une valeur symbolique, elle rend vivante la destinée de ce peuple, qui vit les puissances et ses oppresseurs se succéder et son errance se perpétuer au long des siècles. On y retrouve l'attente éternelle des hébreux pour un sauveur, leur désir puéril et toujours déçu d'un miracle .
Cette longue nouvelle détonne par son sujet et par son ambiance. Elle offre un dépaysement spatio-temporel; elle devait par son thème tenir une place particulière dans le coeur de l'artiste. La dimension psychologique des récits de Zweig est moins présente dans cette épopée, mais certains passages, en particulier la nuit de détresse du héros sur la colline surplombant Bizance semblent prendre un tour éminemment personnel. A noter la scène liminaire du sac de Rome particulièrement évocatrice.

Les trois nouvelles de ce recueil sont issues de la tradition juive (« le Chandelier enterré », « Rachel contre dieu ») et de légendes hindoues (« virata »).
Le Chandelier enterré est une légende concernant comment le Ménorah en or massif, volé plusieurs fois par des envahisseurs, a été reproduit à l'identique pour éviter qu'il soit détruit.
Dans le second conte, Rachel contre dieu, Rachel, femme de Jacob, se dresse face à Dieu dont la colère s'abat sur l'humanité et ses pratiques dissolues. Elle tente de le raisonner en lui faisant part de son sacrifice tout au long de sa vie, en son nom.
virata, héro militaire dévoué à son roi, devient juge, puis petit à petit, dans une recherche effrénée de vertu et de sagesse, devient un anti-héros, abandonnant gloire, biens, famille. Cette quête spirituelle lui permet de devenir un homme libre de toute faute, tout en devenant esclave s'occupant des chiens du roi.
Un recueil de nouvelles très Zweigiens alliant Voyages dans un monde de légendes et spiritualité. Zweig, dans son approche de conteur, rend accessibles et actuels les concepts abstraits de Vertu et d'Existence.

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LE CHANDELIER ENTERRÉ de STEFAN ZWEIG
C'est le Zweig conteur qui est à l'oeuvre dans les 3 nouvelles qui constituent ce livre . Dans le chandelier c'est une légende de la tradition juive dont il nous parle avec brio.
Dans RACHEL CONTRE DIEU c'est un bref réquisitoire de la pauvre condition humaine envers son créateur .
Pour VIRATA , Zweig nous amène en Inde pour explorer la question suivante: comment être juste.
Le point commun de ces nouvelles me semble être l'humilité quoi qu'il se passe succès ou échec.
Encore un régal que ce livre.

Un petit recueil de trois nouvelles entre religion et mythologie. Chaque fois, il est question d'hommes qui cherchent comprendre ou satisfaire leur dieu. Ces récits sont loin de m'avoir captivé, compte tenu du peu d'intérêt que je porte aux religions. Les quelques textes rassemblés dans ce livre (qu'on m'a offert) ne ressemblent pas à ce que j'ai pu lire d'autre du même auteur.

Trois nouvelles de ce bon Stephan Zweig, avec son style aux tournures sentimentalistes, si charmeur. La nouvelle titre : le chandelier enterré, m'a permis de mieux comprendre la communauté juive. N'ayant pas été élevé dans la religion, savoir comment les juifs se percevaient eux-mêmes, comment ils vivaient leur diaspora, m'a énormément intéressé. Tout le monde devrait lire cette nouvelle pour en finir avec l'antisémitisme. Ensuite l'histoire de Rachel, assez audacieuse, puisqu'elle défie presque Dieu, peu fréquent chez les croyants. La troisième nouvelle est liée à l'hindouisme. C'est un peu un conte fantastique, philosophique, un chemin presque existentialiste, une quête spirituelle. Ce recueil de nouvelles m'a donné envie de me plonger dans l'histoire des religions, afin de comprendre mieux le monde dans lequel je vis. Je vais donc m'intéresser au Ramayana, au Mahabharata, puis à la religion juive pour en entrevoir l'essence. Merci à Stephan Zweig pour m'avoir donné cette envie.