L'imprudence et le courage vont presque toujours de pair, comme le danger et la vertu, comme l'avers et le revers d'une médaille : seuls les lâches et les timorés craignent l'apparence de la faute et agissent avec calcul et préméditation
Toujours, les hommes qui prétendent combattre pour Dieu sont les plus insociables de la terre; parce qu'ils croient entendre des messages divins, leurs oreilles restent sourdes à toute parole d'humanité.
Il n’y a que les poètes qui ressentent une tristesse sincère, un chagrin réel en voyant partir Marie Stuartparce qu'ils sont plus sensibles aux pressentiments et aux présages. Ils savent que les muses quittent la France en même temps que cette jeune femme qui voulait y créer une cour de gaieté et de beauté : pour eux, comme pour tous, de sombres années approchent : années de luttes politiques et religieuses avec la Saint-Barthélemy et le règne du fanatisme. Finis l’éclat chevaleresque et romantique, le triomphe du beau et des arts. La Pléiade pâlira bientôt dans le ciel obscurci par la guerre. Les douces joies de l’esprit s’en vont avec Marie Stuart :
Ce jour la même voile emporta de France
Les muses qui songeoient y faire demourance.
Une dernière fois Ronsard dont le coeur est toujours jeune (...) célèbre dans son élégie "Au départ" la beauté de Marie Stuart.
477 - [Le Livre de Poche n° 337/338, p. 63-64]
Mais dans ce combat chacune d'elles réalise parfaitement son idéal : Elisabeth, la réaliste, vainc dans le domaine de l'Histoire, Marie Stuart, la romantique, dans celui de la poésie et de la légende.
Toujours, les hommes qui prétendent combattre pour Dieu sont les plus insociables de la terre; parce qu'ils croient entendre des messages divins, leurs oreilles restent sourdes à toute parole humaine.
Car tout ce qui est confus désire la clarté, tout ce qui est obscure réclame la lumière.
Les morts ne dorment pas volontiers seuls dans leurs tombes, ils veulent que ceux qui les y ont poussés viennent les rejoindre et ils leur envoient comme messagers la peur et l'épouvante.
Vouloir juger un homme subjugué par la passion serait aussi absurde que de demander des comptes à un orage ou traduire en justice un volcan.
Cependant chaque fois qu'on veut étouffer la vérité elle se manifeste par la ruse. Si on l'empêche de se faire entendre le jour, elle parle la nuit.
La vieille lutte des deux reines est maintenant apaisée, plus de contestation de part ni d'autre. Celles qui, dans la vie, ne se sont jamais vues les voilà côte à côte, unies éternellement comme des soeurs dans le sommeil sacré de l'immortalité.