Ce livre est intéressant à plus d'un titre dans la mesure où il nous donne une vision de l'homosexualité qui, si à cette époque faisait encore scandale, n'empêchait nullement la création de lieux de socialisation visibles. Tels les cafés, brasseries, salons littéraires, bals. Les homosexuels n'étaient plus dans l'obligation de se rencontrer dans des lieux glauques, même s'il existait toujours des irréductibles des tasses, des bosquets des jardins publics ou des maisons closes pour hommes.
La première partie du livre nous conte le rencontre de Jean de Larbeau et l'énigmatique Lucien, très beau jeune homme, que l‘on voit partout dans les réunions mondaines mais que personne ne connaît. C'est l'occasion pour l'auteure de nous présenter différentes catégories d'homosexuels, évoluant dans des milieux sociaux divers et variés. Toutefois, tous ou presque ont des caractéristiques féminines que ce soit dans la gestuelle, dans le maquillage (oui certains de ces personnages m'ont fait penser au roman de
Francis Carco :
Jésus la Caille)
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malgré un vestiaire masculin. Très peu sont réellement masculin ou viril, se contentant d'être « neutre ». Je comprends que l'homosexualité masculine soit un mélange des deux sexes, mais il existe des hommes aimant leurs semblables, les plus semblables possible sans pour autant avoir une allure féminine ou être efféminés - à moins qu'ils ne soient passés inaperçus, se fondant dans le commun des mortels ce qui expliquerait pourquoi on n'en parle pas ???
L'autre histoire, concerne l'amour défendu : historiette un peu mièvre, dont certains passages reprennent des phrases, des paragraphes et des acteurs (sous pseudonymes) de la première partie du livre (Ces Messieurs du Sens Interdit). Mais dans les deux parties, les femmes sont particulièrement choquées, agressives, envers ces hommes aux moeurs spéciales. Cela peut se comprendre dans la mesure où elles n'ont aucun point de rivalité possible et de fait, le dépit et la frustration prennent le pas sur toute autre considération.
Toutefois, ce qui à mon sens fait tout l'intérêt de ce livre c'est l'étude de moeurs, des milieux interlopes dans lesquels évoluent ces hommes qui se croisent – allant du milieu mondain, aux plus sordides maisons de prostitution masculine, en passant par le milieux artistique et littéraire - ainsi que les personnes qui se cachent sous les pseudonymes cités (pour éviter toute poursuite judiciaire au cas où l'un deux se reconnaîtrait). Les recherches sont extrêmement poussées, précises, et ont dues être particulièrement difficiles pour retrouver les protagonistes de l'époque (puisque certains sont tombés dans l'oubli) invisibilisés souvent par des figures imposantes, comme
Oscar Wilde,
André Gide,
Marcel Proust,
Jean Cocteau. de plus certains lieux notamment les bars, cafés, maisons de rendez-vous ont disparus.
Le vocabulaire utilisé à l'époque a également son importance puis les termes homosexualité, homosexuels sont bannis du langage au profit, d'androgynes, d'éphèbes, pour les forces de l'ordre : pédérastes, invertis et que les relations intimes sont évoquées de manière très discrète, voire par métaphores.
La description des personnages, des lieux qu'ils fréquentent et leurs spécificités ou chacun peut trouver ce qu'il est venu chercher prouvent qu'il existait déjà une société parallèle ou les homosexuels pouvaient « exister » affichant une certaine liberté en se moquant du quand dira-t-on
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