Il y a un certain temps qu'il traînait dans ma pile de livres à lire celui-ci, pour la bonne raison que je craignais de n'y rien comprendre, ou de m'endormir dessus.
Et bien non, malgré mes craintes, je l'ai lu jusqu'au bout, et plus que sans difficulté; avec plaisir.
La toute première partie, la miséricorde dans la Bible, partait gagnante: une petite leçon de vocabulaire hébraïque et quelques explications de textes: j'ai eu l'impression d'en ressortir plus intelligente.
Ou plus bête, parce qu'apparemment même sur des textes archi-connus, je peux en venir à m'écrier "Ah, c'était donc cela que ça voulait dire! "...
La seconde, sur la miséricorde dans la relation humaine, a su aussi retenir mon attention et plus que ça m'offrir de nombreuses pistes de réflexion, tout en restant d'un niveau accessible pour une lectrice lambda dans mon genre.
Je n'aurais pas du le laisser attendre aussi longtemps et je le recommande!-
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Face à l'injustice, au mal, à la souffrance ou au péché, nous aspirons à la justice, nous voulons la justice. Ce désir est éminemment légitime. Mais ce désir de justice ouvre sur deux attitudes opposées.
Soit je veux établir ou rétablir la justice. Je m'érige alors en juge et en loi, me mettant au centre de l'univers et cherchant en moi mes propres références, qui ne sont cependant toujours que très partielles. Tôt ou tard j'utilise les moyens de la puissance et du pouvoir. Je finis aussi par me révolter contre Dieu et contre l'homme. Je deviens finalement un juge et un justicier et finalement un injuste.
Soit j'entre, à la suite de Jésus-Christ, dans le chemin de la miséricorde. Face au mal, à la souffrance et au péché, je me mets à aimer, à aider, à pardonner et à agir. Désirant et rappelant l'exigence de la justice, je me refuse à juger, à condamner, à prétendre pratiquer cette justice, car la justice n'appartient qu'à Dieu dans sa miséricorde parfaite. Je refuse de prendre le pouvoir ou d'utiliser les moyens de la puissance. En refusant ainsi de pratiquer la justice, j'entre dans le chemin de la justice par la miséricorde qui seule peut conduire à la vraie justice et répondre à mon désir de justice.
Ceux qui étudient le Nouveau Testament savent que le mot AMOUR en français renvoie à plusieurs mots grecs employés par les Évangélistes ou St Paul. Il existe dans cette langue grecque trois mots différents qui peuvent se traduire par le mot AMOUR en français: Eros, Agape, Phileo.
De même, le mot français MISÉRICORDE n'a pas de correspondant direct et unique en hébreu. Il fait référence à trois familles différentes de mots. Pour rendre compte de cette réalité de la miséricorde dans l'Ancien Testament il y a en effet hen, rahamim, hesed.
[...]
En conclusion, derrière les mots hébreux qui préfigurent la notion de miséricorde, on trouve donc un sentiment de compassion envers la misère d'autrui (sentiment qui pousse à l'action), un désir de pardonner au coupable, une fidélité de Dieu envers l'homme, et qui réclame une réponse en retour...