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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Si je me réfère à ceux que j'ai lus, les romans de l'écrivain espagnol Victor del Arbol sont peuplés de personnages sombres, rongés par la mémoire tragique de l'histoire nationale, hantés par les séquelles de drames familiaux, luttant sans espoir contre un mal-être personnel. C'était le cas dans Par-delà la pluie et surtout dans Toutes les vagues de l'océan, un thriller formidable et complexe dont je garde un souvenir ébloui.

Dans les premières pages de le fils du père, on apprend qu'un homme vient d'en tuer un autre, après l'avoir torturé. Comment cet homme, nommé Diego Martin, un professeur d'université bien établi à Barcelone, en est-il arrivé à commettre un tel crime ? Pour répondre, l'auteur embarque le lecteur dans la généalogie du meurtrier.

D'extraction misérable, originaire de la province d'Estramadure, la famille avait longtemps servi dans la domesticité d'une vaste demeure, la Grande Maison, appartenant autrefois à d'importants propriétaires régionaux. Une condition de soumission humiliante, qui avait pris fin de façon sanglante, lorsque la guerre civile avait porté à leur paroxysme les haines mutuelles de classes.

Frustes, sans formation, portés par des rancoeurs inextinguibles, le grand-père et le père de Diego ont été ballottés dans les équipées militaires de leur époque. Elles ont asséché leurs dernières onces d'humanité et de moralité. Deux mauvais garçons, deux brutes, tueurs à l'occasion, guettant des expédients pour survivre. Ils n'ont cessé de justifier des attitudes ineptes par leur « manque de chance », par la « nécessité de s'en sortir », les excuses classiques des losers qui saisissent les opportunités d'apparence facile, sans réfléchir aux conséquences.

Ces deux hommes, père et fils, se sont mutuellement méprisés et ont trouvé normal de brutaliser leurs femmes. Maltraitées, celles-ci se sont mises au diapason et se sont comportées en mères indignes. Quand ils n'ont pas détesté leurs enfants ou petits-enfants, ces hommes et leurs femmes les ont simplement ignorés.

A l'actif toutefois du père de Diego, le rachat de la Grande Maison en ruine, grâce à un billet de loterie gagnant. Une revanche sociale qui ne rapproche pas Diego de son père — dont on ne connaîtra d'ailleurs le prénom qu'à la dernière ligne du roman ; un artifice littéraire qui n'apporte rien !

Dans ce contexte d'abandon familial, Diego a failli mal tourner. Il s'est pris en charge, a suivi des études, est devenu écrivain, professeur d'université. Il a épousé une femme belle, brillante et riche, qui l'admire. Il s'occupe avec dévouement d'une soeur à laquelle il est très attaché : Liria, une femme au mental fragile, en perdition sociale et physique. Désormais aphasique, elle est hospitalisée sans espoir de sortie.

A l'instar de son père et de son grand-père, Diego ne pourra s'empêcher de saper ses propres fondations. L'auteur l'a fait naître sous le signe du scorpion, ascendant scorpion. Je ne suis pas féru d'astrologie et je n'y connais rien, mais j'ai toujours entendu dire que l'autodestruction était la malédiction incontournable de ce signe.

Comme son père et son grand-père encore, Diego en est arrivé à tuer un homme : l'infirmier en charge de Liria. Peut-être, lectrice, lecteur, te demandes-tu pourquoi ? Eh bien, pour le savoir, tu devras lire le fils du père ! Mais je te préviens ; la lecture de ce long roman très noir est difficile et quelque peu démoralisante. Un livre qu'on pourrait qualifier de feel bad.

La construction est habile, mais complexe. Les cinquante premières pages sont hermétiques et il m'a fallu refeuilleter les premiers chapitres pour avoir une idée à peu près claire de l'identité des personnages, pour appréhender une chronologie s'étendant sur près de quatre-vingts ans, et pour comprendre pourquoi des événements se passent dans l'agglomération de Barcelone, alors que tout a commencé au sud-ouest de l'Espagne.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Le dernier ouvrage que j'ai lu de Victor del Arbol était « Avant les années terribles » qui m'avait vraiment déroutée par sa noirceur et sa violence. Mais comme c'est un auteur que j'apprécie généralement beaucoup, j'ai décidé de lire « le fils du père » espérant revenir à une lecture plus tempérée. Et bien pas du tout, ce nouveau roman est tout aussi sombre. Il n'y a pas un seul moment où pointe la lumière.
Malgré l'écriture toujours aussi magique de Victor del Arbol (excellement traduite par Claude Beton et Emilie Fernandez) ce thème familial sur trois générations est d'une noirceur absolue : guerre, misère, inceste, violences, meurtres, incompréhension absolue entre générations.
Je l'ai pourtant lu de bout en bout, car j'ai été emportée par le récit du protagoniste principal, Diego Martin, en prison pour avoir tué de façon atroce le violeur de sa soeur, et qui, dans sa cellule, écrit le journal de sa vie, en passant par celle de son père et de son grand-père.
Difficile de s'en remettre.
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Il y avait longtemps que je n'avais pas lu l'auteur. Sur les conseils (et le prêt d'une amie), je me lance.

J'ai aimé cette lignée d'hommes qui joue de malchance : le grand-père envoyé en Sibérie ; le père dans le Sahara et qui ne trouve pas d'emploi fixe ; le fils qui collectionne les étudiantes malgré ses pratiques douteuses.

J'ai aimé la Grande Maison, point de repère de la famille, même si au début du roman, elle ne leur appartient pas.

J'ai eu de la peine pour les réfugiés dans les grottes du Mocho où se retrouvent les bannis de la société.

J'ai aimé les leitmotivs qui relient les fils à leur père : la veste de cuir, les rails du train, le vent que rien n'arrête, la bague à la perle noire.

J'ai aimé que l'auteur m'emmène en Russie avec les espagnols et autres européens au côté des Allemands : le froid, les prisonniers, et puis la déportation. Mais j'ai trouvé un peu facile Olga qui revient et libère le grand-père.

Un peu sortie de nulle part également M. Luna, qui prend le père sous son aile et qui devient un ami jusqu'à la fin de sa vie. Au début du roman, M. Luna n'était jamais mentionné.

Je n'ai pas aimé le personnage de l'infirmier anglais qui se prend pour le Prince des Ténèbres : que fait-il exactement, à part prendre des photos ? Mon imagination n'est pas allée jusqu'à imaginer le pire.

Mais j'ai aimé que ce roman me parle des pères incapables de dire leur amour pour leur fils, ce qui les handicapera toute leur vie.

Quelques citations :

Sans doute parce que je ne vois pas le Diable, mais seulement un fils imparfait abandonné par un père trop cruel et arrogant pour comprendre et pardonner sa révolte. (p.110)

…même si tu es le fruit d'une tragédie dont tu n'es absolument pas responsable. (p.352)

L'image que je retiendrai :

Celle de la belle-fille du fils qui se rend dans des soirées échangistes à 17 ans.
Lien : https://alexmotamots.fr/le-f..
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L'avis de PRP reflète très exactement mon ressenti, ce qui m'évite d'en rédiger une qui serait également modérée, alors que j'apprécie beaucoup Victor del Arbol. Merci
PRP..........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
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