Philémon, c'est l'histoire d'un jeune homme qui regarde une carte de géographie et qui rêve. Philémon, c'est Fred lui-même, désespéré de la vie, qui essaie de survivre par la poésie. Que nous dit une carte? Qu'ici et là, il y a autre chose qui existe et que nous ne verrons sans doute jamais. Et nous y croyons. Or, qui a-t-il au milieu de l'océan représenté sur cette carte? Des lettres. A partir de là, Fred nous invite à voyager vers ces lettres. Il s'agit, comme tout voyage, d'un voyage intérieur. Fred réalise ainsi, au fil des ans, une oeuvre exigeante et inclassable.

Ça y est : c’est fini. J’ai terminé ma lecture de toute la série « Philémon » de Fred, une saga atypique qui a toujours joué avec les codes de la bande dessinée pour devenir quelque chose d’unique, guidé par les rêves. L’aventure s’achève ici, dans ce 16e tome, paru près de 26 ans après le 15, en 2013, comme une volonté de son auteur de clore cette incroyable histoire sans fin quelques mois avant de décéder. C’est un album d’adieu, plus court que les précédents, imprimé sur un magnifique papier et ardemment coloré. Cette fois, Philémon et Barthélémy font un dernier voyage dans une lokoapattes, un drôle de véhicule qui fonctionne grâce à la puissance de l’imagination. Nos deux gaillards souhaitent revoir une dernière fois le A, avant de laisser derrière eux leurs multiples escapades dans le monde des lettres.

C’est un album très poétique dans lequel est instauré un contrat tacite entre l’auteur et le lecteur dès les premières pages, nous indiquant que cet album sera le dernier. On prend donc notre temps de savourer chaque case dans le détail et d’y regarder tous les traits hachurés de Fred qui, même à son âge, n’a pas perdu sa vivacité et que l’on devine rieur, les yeux pétillants et l’air espiègle. L’album n’est pas là pour concurrencer les autres, ni pour surprendre, mais pour saluer, et ça se sent. La fin est une boucle qui ne se termine pas, à l’image de cette saga qui a toujours jonglé entre humour, lyrisme, absurdité et mystère. Le rêve se poursuit et, bien que la fin soit un peu décevante à cause de la durée, on ne peut que saluer la volonté de Fred de nous offrir ce final. Et je peux vous l’assurer, pour moi, le fond de l’air restera frais.

Nous en sommes déjà au tome 15 des escapades de Philémon et quel envoûtement que ce nouvel épisode. Ici, Fred nous gâte de la première à la dernière page en nous plongeant dans un monde diabolique et pictural, à mi-chemin entre l’univers des lettres et l’onirisme qu’il aime tant. Philémon se retrouve embarqué avec un démon de troisième catégorie entouré de mystère et qui souhaite absolument trouver une âme. Mais c’est oublier que, comme dans un rêve, la frustration et l’inatteignable règnent et que retrouver le peintre sera plus difficile qu’il n’y paraît.

Cette fois, Fred opte pour un découpage plus simple, mais n’en délaisse pas moins les illustrations, toujours aussi réussies et qui s’accompagnent d’une couleur très maîtrisée qui varie en fonction des lieux et des époques, permettant aux lecteurs de se repérer et d’adhérer aux diverses atmosphères. D’un point de vue du scénario, c’est un des albums aux répliques les plus croustillantes : on rit des jeux de mots et du comique de situation à foison. Que peut-on dire d’autre sinon que l’inventivité est toujours au rendez-vous et que c’est une découverte pleine de sensibilité et d’un surréalisme si maîtrisé qu’il paraît réel. Cette lecture ne donne qu’une envie : découvrir ce que le bienfaiteur à moustaches nous a réservé dans le 16e et dernier album.

Ça y est, la série touche à sa fin… Nous en sommes déjà au 14e tome, et c’est toujours un plaisir d’ouvrir un nouvel album de Philémon et de savoir que l’on va être envoûté par l’univers ! J’attendais beaucoup de « L’enfer des épouvantails » à cause de la couverture qui est indéniablement une des meilleures et qui traduit bien le monde onirique de la nuit. Toutefois, j’ai trouvé l’histoire un peu moins réussie que le reste de l’œuvre. Certes, on est dans un univers loufoque et le dessin est toujours aussi maîtrisé, mais les couleurs sont plus ternes et le scénario peine à avancer au profit d’une intrigue plus longue qui manque un peu du bouleversement auquel l’auteur nous a préalablement habitué. Mention spéciale malgré tout aux retrouvailles avec Vendredi, ça fait toujours du bien de revoir des personnages jadis rencontrés et qui encrent la série dans le réel malgré les incohérences, et à la fin qui, pour une fois, se termine différemment, en laissant en suspens le devenir de Barthélémy.

Avant de nous faire voyager sur des îles en forme de lettres dans ses futures aventures, Philémon est ici le héros de deux histoires, auparavant publiées en albums petit format. Si on n’est pas encore dans les délires psychédéliques à venir par la suite, on a déjà un aperçu de son univers pour le moins décalé : Philémon est ici confronté à un cirque souterrain, avant d’être agrandi par une lorgnette.



Ces premières aventures, si elles sont assez sobres et linéaires, sont déjà très imaginatives. Le dessin à grands traits, assez naïf, n’est pas spécialement beau, mais les cadrages originaux et les effets de couleurs nous plongent dans ces histoires fantastiques aussi amusantes qu’étonnantes.

Quel album ! Direction le tome 13 des aventures de Philémon qui, je dois le préciser dès les premières lignes, est une merveille qui se démarque des précédents par son originalité. Le titre « Le Secret de Félicien » était déjà intriguant : ici, Philémon demande à son oncle comment il a découvert le monde des lettres. Félicien commence alors le récit de sa rencontre avec l’univers de l’imaginaire, en rêvant devant sa cheminée.

C’est donc le premier album dans lequel on ne va pas directement dans le monde des lettres car, même si les souvenirs et la réalité s’y interfèrent, on est surtout face au récit d’un homme mûre et champêtre qui conte son jeune âge à un adolescent qui a toute la vie devant lui et qui a déjà vécu tant. Chaque planche est un délice tant Fred bouleverse les codes pour faire de chaque page une œuvre d’art qui ne ressemble en rien à la précédente. Il ne cesse de se renouveler en réorganisant les découpages, en mêlant les cases, et en inventant toujours plus de personnages : on découvre des feuilles qui doivent passer l’hiver, des reines-lunes qui s’éclipsent, un grand timonier du printemps et tant d’autres… Le tout en conservant des habitudes que le lecteur aime bien ! J’ai particulièrement apprécié le fait que l’auteur mélange de l’humour grâce à ses jeux de mots, son comique de situation qui rend les scènes absurdes, et ses dialogues hors des mœurs de la BD, ainsi qu’une agréable poésie grâce au thème des quatre saisons par lesquelles on passe, se réjouissant ou s’inquiétant de l’une à l’autre. Cet un livre plein d’inventivité et de passion.

Et c’est reparti pour une nouvelle escapade dans le monde des lettres aux côtés de Philémon ! Cette fois, c’est au tour de Roméo L’Impressario de faire un voyage dans le monde onirique de Fred. Il passe derrière une case et est bien décidé à ramener une créature fantastique dans le monde réel. Philémon, ne cautionnant pas les actes du gaillard et part à sa poursuite pour le faire revenir. S’en suit un périple rocambolesque comme il est courant d’en trouver dans les planches de cette saga, à la recherche du chat à neuf queues.

Cet album est encore une réussite et que dire de plus que les précédents ? Il est toujours rempli de magie, de dessins atypiques et plaisants, de belles couleurs et d’une stupéfiante inventivité. Ce 12ème tome est aussi un des plus absurdes car Fred peut désormais s’accorder la légitimité d’interagir avec plus d’intensité avec son histoire (l’univers étant maintenant connu par le lecteur) et sa manière de tirer son héros de chacune des situations embarrassantes, qui peut s’avérer abrupte au premier abord, est en réalité très en adéquation avec le reste et fonctionne à merveille. Que dire de nouveau aussi sur la créativité dans le découpage des planches qui n’a de cesse de se renouveler, alternant entre des illustrations en pleine page, des collages de vieilles gravures, des décors en mosaïques et des planches à 4 puis 3 bandes. La flamme est toujours présente comme au début et c’est un plaisir aussi de retrouver des personnages découverts dans les tomes précédents (une pratique que Fred pourrait continuer dans les albums futurs sous forme de clins d’œil bien maîtrisés ?).

Dans ce 11ème tome, Philèmon perd la mémoire suite à une chute et il a oublié tout le monde des lettres. Félicien ouvre un passage qu’empruntent Barthélémy et Philémon à la recherche de la Mémémoire, censée redonner tous ses souvenirs à Philémon (toujours est il que nous embarquons pour le O).

On retrouve le monde ubuesque de Fred en passant d’une plage paradisiaque à une bataille de boules de neiges sans oublier le marchand ambulant de souvenirs, l’immersion dans le rêve d’un ivrogne et la vallée des larmes.

Indéniablement ce n’est pas le meilleur album mais il a tout de même l’immense qualité d’avoir une fin qui (pour une fois) m’a fortement surprise et que j’ai adoré. Toutefois, l’album a quelques longueurs qui rendent l’histoire plus courte et j’ai considéré cet album comme un opus de passage. C’est malgré tout la deuxième fois que je suis déçu par la couverture. J’ai hâte de voir ce que Fred nous réserve dans les prochains tomes et la manière dont il va nous emmener vers un dénouement ou continuer de nous faire rêver ?