Philémon, tome 6 : Simbabbad de Batbad

Cet album date de 1974, il est composé de deux histoires. Une histoire dans le monde des lettres, Simbabbad de Batbad et une histoire avec l'âne Anatole en 16 pages. L'album que j'avais en mains avait une curieuse particularité, les 14 dernières pages n'étaient pas imprimées sur le même papier ??? (c'est une réédition de 2003). Passons sur ce détail qui ne gêne sans doute que moi.
La première histoire est un peu en dessous des autres aventures de Philémon dans le monde des lettres, il y a quelques belles inventions, réparties loufoques, il y a toujours l'inventivité onirique, surréaliste, et teinté de poésie, mais c'est un épisode légèrement moins riche que la plupart. Une mention spéciale tout de même pour la mer que l'on fait descendre à la main, une énorme quantité de manutentionnaires l'enroulant comme un tapis.
L'histoire suivante, courte mais absolument fantastique dans tous les sens du terme. Un case le la page est couchée, bloquant l'évolution des personnages dans le décor. Une sorcière ayant voulu charmer une case a fait une bévue. C'est l'occasion pour Fred d'éclater sa mise en page dans un délire destructuré en lien avec une narration tout aussi délirante, il nous propose quelques pages d'anthologie, avec je pense quelques références à Windsor Mackay.
L'histoire dans le monde des lettres m'a un peu laissé sur ma faim, mais c'est toujours Philémon et c'est toujours très bon, mais surtout, la seconde histoire est une merveille.
Philémon, pour ceux qui ne connaissent pas, c'est à découvrir.

On attaque le sixième tome ! Direction la maison de Félicien, car Barthélémy le puisatier, ne supportant plus la vie dans le monde réel, emprunte le puits pour retourner sur l'île du A, une bien rude décision qui va à l'encontre de la règle inviolable selon laquelle il est impossible d'emprunter deux fois le même passage pour rejoindre une des lettres de l'Océan Atlantique. Cela emmène Philémon à le rejoindre en crevant une lune. Il débarque alors une nouvelle fois dans un monde surréaliste et désertique à la recherche de Simbabbad de Batbad.
Je suis très admiratif de cet album : c'est un de mes préférés. Je trouve qu'il contient tout ce qui me plaît tant dans l'ambiance loufoque et poétique de Fred grâce aux thèmes présents associés aux rêves. On vogue d'un charmeur de mirages à des rouleurs de mer avec une fluidité semblable à celle des divagations de la pensée. C'est un délice autant au niveau de l'extraordinaire scénario que du dessin toujours aussi réussi qui nous transporte dès la première case ! Mention spéciale aux planches 36-37, dans lesquelles Barthélémy aperçois le A depuis son nuage mais ne peut l'atteindre, le laissant s'échapper sous lui avec regret : une impuissance récurrente dans l'univers des rêves.
La deuxième histoire de l'album est aussi formidable et c'est également une de mes favorites ! Philémon y rencontre une sorcière et ils partent à la recherche de guimauve entre les cases des pages, créant un impressionnant désordre dans l'histoire, c'est un plaisir à lire.

L'un des bons albums de la série qui est inégale.
Barthélémy réutilise un ancien passage vers le "A", ce qui est contre les usages! L'univers en est tout chamboulé.
Tous les ingrédients sont présents, Philémon se démène dans un monde où sa naïveté et sa droiture sont le seul atout face au non-sens environnant. le voyage sur le A de l'océan, les rouleurs de marée, les cases qui se bloquent...
Un album réussi, plein de poésie et d'humour.

Toujours aussi décalé et génial, une bonne envolée sdans cet univers si étrange... mais si beau !

Encore plus onirique que d'habitude, Philémon sortira même des cases de la BD pour rechercher de la guimauve en compagnie d'une sorcière. Excellent !