On m’avait en outre exposé comment Socrate avait parlé de l’immortalité des âmes le dernier jour de sa vie, lui que l’oracle d’Apollon avait désigné comme le plus sage. Que dire de plus ? Telle est ma conviction, tel est mon sentiment : la vivacité de l’esprit, le souvenir du passé et la prévoyance de l’avenir, les nombreux arts, la diversité des sciences, les nombreuses inventions, tout cela montre que ce qui les englobe ne saurait être mortel. Et dans la mesure où l’âme est en perpétuel mouvement et que ce mouvement n’a pas de commencement (parce qu’elle se meut par elle-même), il ne connaîtra jamais de terme, parce que jamais l’âme ne s’abandonnera elle-même. Et puisqu’il est dans la nature de l’âme d’être simple et de ne contenir en elle rien qui lui soit différent et dissemblable, elle ne peut être divisée ; et comme elle ne le peut pas, elle ne saurait mourir. La preuve que les hommes savent la plupart des choses avant leur naissance, c’est que dès leur enfance, alors qu’ils apprennent des arts difficiles, ils s’approprient si rapidement d’innombrables notions, qu’on dirait que ce n’est pas la première fois qu’ils les reçoivent. Tout se passe comme s’ils se les remémoraient et s’en souvenaient : ce n’est pas Platon qui dirait le contraire.
Comme je l’ai souvent dit, le fruit de la vieillesse réside dans le souvenir et l’abondance des biens obtenus au cours de la vie.
On m’objectera encore que les vieillards n’ont plus rien du tout à espérer.
- Pourtant, les vieillards se trouvent dans une position plus favorable que les jeunes gens puisque ce que ces derniers espèrent, ceux-là l’ont déjà atteint : les uns veulent vivre longtemps, les autres ont vécu longtemps.
Je n’ai jamais approuvé ce vieux proverbe bien connu selon lequel qui veut rester vieux longtemps doit le devenir de bonne heure. Pour ma part, je préfèrerais être vieux moins longtemps que de le devenir de bonne heure.
Qu'y a-t-il en effet de plus extravagant qu'un assemblage de mots, lesquels, même les mieux choisis et les plus brillants, ne sont qu'un vain bruit, quand il n'y a par dessus ni science ni pensée ?
XII, 51.
Prend garde que la confiance de la foule et la gloire qu'on y recherche comporte bien plus de gêne que de plaisir.
Il est clair que le bonheur résulte de la constance et de la plénitude de la joie, il suit qu'elle résulte de l'honnêteté.
Denys parait-il avoir fait connaître suffisamment qu'il n'y a pas de bonheur pour l'homme sur qui la crainte est toujours suspendue ?
Ainsi se partagent en sens contraire les désirs des faibles; quand on obéit à l'un, il faut résister à l'autre.
Ainsi à cause de son injuste passion pour le pouvoir, il s'était enfermé lui-même en prison.
Alors même qu'il se croyait tout-puissant, il n'atteignait pas l'objet de ses désirs.
Ne jamais avoir de joies ni de peines excessives, parce que c'est toujours en soi-même que l'on met l'espoir.
Il faut considérer l'idée et non les mots.
Les philosophes sont à juger non d'après leurs phrases, prises une à une, mais d'après la continuité et l'accord de leurs pensées.
La fortune, maitresse des choses extérieures et des modifications du corps, a plus de pouvoir que la volonté réfléchie ?
La vie heureuse ne monte pas sur la roue.
Je n'aime pas beaucoup qu'on blâme les conséquences, une fois les principes concédés.
Chaque sujet doit être traité avec les arguments et les exhortations qui lui sont propres.
L'état de l'âme est le repos et la paix, lorsqu'elle n'a aucune passion capable de l'agiter.
Et cet autre entraîné par ses caprices, transporté d'une joie futile et irréfléchie, n'est-il pas d'autant plus malheureux qu'il se croit plus heureux ?