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Critiques de Edith (327)
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Basil & Victoria, tome 3 : Zanzibar

Ce n'est peut-être pas l'aventure la plus prenante de Basil et Victoria. Pourtant, c'est indéniablement la plus exotique puisqu'elle emmène nos deux petits loustics loin, très loin de leur Londres à la Dickens. On a bien entendu plaisir à les retrouver, toujours aussi gouailleurs, avec leur langage des rues aux tournures curieusement ampoulées, comme on a plaisir à retrouver le dessin d'Édith. Ce qui me semble une bonne idée, c'est d'avoir séparé les deux héros durant une bonne partie de l'histoire, Basil ayant quitté Victoria (on a un peu l'habitude de les voir divorcer, cela dit) pour aller retrouver Sāti en Inde. Rien que ça ! Sauf que tout ne se passera pas comme prévu... Voilà donc Victoria embarquée comme passagère clandestine pour suivre son Basil. Les deux arriveront à Zanzibar, comme vous vous en doutiez, j'imagine, étant donné le le titre de l'album.



Autre qualité de cette BD : les thèmes abordés, qui sont d'une grande gravité. On savait déjà que le monde de Victoria et Basil était loin d'être rose ; les voici exposés à un monde différent du leur, mais tout aussi cruel. Horreurs de l'esclavagisme, hypocrisie cultivée sous couvert de religion, rituels sadiques, exploitation et massacre des animaux, corruption des autorités britanniques, tout y passe. Basil, on s'en doute, est rapidement écoeuré par ce qu'il découvre. Victoria, quant à elle, se révèle beaucoup plus sensible à la détresse des autres qu'on ne pouvait se l'imaginer : séparé de son comparse habituel, son personnage, ici, évolue. Comme les couleurs utilisées par Edith, elle acquiert un caractère plus lumineux. Mais comme dans les autres albums, le scénario est malheureusement un peu faiblard, notamment sur la fin.



Pour terminer, on notera un joli passage, quoique très macabre, sur la mort de la fille du capitaine qui transporte Victoria et Basil à Zanzibar. Car vous l'aurez compris, la série a beau être classée "jeunesse", elle n'est pas destinée à de jeunes enfants !
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Emma G. Wildford

Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il est initialement paru en novembre 2017. Il s'agit d'un récit écrit par Zidrou (Benoît Drousie), dessiné et mis en couleurs par Édith (Édith Grattery). Le premier est un scénariste de bande dessiné très prolifique, auteur aussi bien de séries pour la jeunesse comme Tamara avec Darasse, que de récits pour lecteurs plus âgés comme Natures mortes avec Oriol. Édith est une auteure de bande dessiné et une illustratrice prolifique, par exemple l'adaptation de Les Hauts du Hurlevent de Charlotte Brontë, ou des séries originales comme Basil & Victoria, ou les illustrations de la série Princesse Zélina.



En 1920, deux femmes sont installées à l'ombre d'un arbre, dans une grande propriété, située en grande banlieue de Londres. Il s'agit d'Emma G. Wildford et de sa sœur Elizabeth qui est enceinte. La première compose et écrit un poème, la seconde lit. Incommodée par la forte chaleur, Emma se déshabille complètement et fait trempette dans le bassin aux nénuphars où nagent des carpes, essuyant quelques remarques de sa sœur choquée par un tel comportement. Un peu plus tard la servante Doris vient leur apporter les douceurs pour le goûter dont des desserts glacés Dame Blanche. Pendent qu'elles dégustent ces mets, Charles (le mari d'Eliabeth) revient de sa journée à la City où il est banquier. Il accepte bien volontiers de manger un peu de glace comme lui propose Emma. Il s'enquiert de la santé de sa femme qui est enceinte, puis il demande à Emma si elle a eu des nouvelles de son fiancée Roald Hodges junior, parti en expédition en Laponie. Emma répond par la négative et demande qu'il l'emmène dans sa voiture le lendemain, jusqu'à Londres.



Lors du trajet, Emma admoneste Charles qui souhaite engager la conversation et lui rappelle la fois où il s'est permis des privautés mal venues, sur sa personne. À Londres, Charles la dépose à la librairie Orwell Book Shop où elle donne lecture de ses poèmes aux 3 personnes qui sont venues l'écouter. Après leur avoir donné des conseils bien sentis et personnalisés, elle se rend à la Royal Geographical Society où elle pénètre malgré la non mixité qui est de mise. Elle évoque l'expédition de son fiancé avec Lord Grosvenor, pour découvrir le tombeau de la déesse Dolla vénérée par les autochtones. Elle se fait rabrouer par Gordon Scott, sociétaire ayant lui-même exploré ces régions. Il évoque les ascendants de Roald Hodges qui ont tous trouvé la mort au cours d'expédition. Emma se souvient de ses adieux avec son fiancé sur le quai d'une gare. Elle retourne dans la résidence d'été de sa sœur et son mari. Lord Wildford (le père d'Emma & Elizabeth) se joint à eux pour le diner et évoque sa rencontre avec la romancière Agatha Christie (1890-1976). Au cours de la nuit, elle prend la décision de se lancer elle-même dans une expédition en suivant celle de son fiancé pour le retrouver.



Dès sa prise en main de l'ouvrage, le lecteur est frappé par la qualité de sa finition. Il dispose d'un rabat qui se referme par-dessus la couverture, comme le rabat d'un journal intime. Au cours de sa lecture, il découvre insérés dans les pages, un facsimilé du billet d'Emma G. Wildford pour le navire qui l'emmène jusqu'au port de Bergen en Norvège, un facsimilé de la photographie de son fiancé, ainsi que la lettre dans son enveloppe, que Roald Hodges a écrit à Emma avant de partir. Ces artefacts n'apportent pas d'éléments supplémentaires au récit, mais il participe au plaisir d'ouvrir cet ouvrage au format soigné. Le récit commence par une page consacrée à la chambre vide d'Emma. Le lecteur note les contours tracés d'un trait fin, un peu tremblotant, comme s'il n'était pas très assuré, ainsi que la densité des informations visuelles. Les 6 pages suivantes sont consacrés à une prise de vue dont les plans partent d'une vue éloignée de la demeure, et se rapprochent de plus en plus des 2 sœurs. Le lecteur sent la chaleur de l'été l'envelopper. Il constate l'immobilité des arbres et de la végétation. Édith n'a pas changé son mode de représentation, en particulier le détourage au trait fin et un peu lâche. Il n'en reste pas moins que ces images présentent une réelle dimension descriptive, et il se rend compte que les contours sont complétés par une mise en couleurs chaude et sophistiquée, transcrivant l'ambiance lumineuse propre à une après-midi d'été sous une chaleur harassante, ajoutant parfois des éléments représentés à la peinture directe, comme les carpes dans le bassin d'ornement.



Au fil des séquences, le lecteur se projette avec plaisir dans les différents lieux où se rend Emma. Il ressent la tranquillité de la monotonie de la campagne anglaise pendant le trajet en voiture avec Charles, avec une légère brume de chaleur et un vert humide. Il laisse son regard errer sur les étagères qui croulent de volumes divers, tapissant l'intégralité de la librairie avec une lumière mordorée propice à la lecture. Il pénètre avec respect dans la vénérable institution de la Royal Geographical Society, constatant la richesse de son aménagement et de son ameublement. Il distingue la masse des navires au port, à demi effacés par la pluie et le brouillard, le jour de l'embarquement d'Emma, ce qui lui fait dire qu'elle a l'impression de faire ses adieux à un troupeau de parapluies. Il envie Emma de pouvoir avancer au pas sur un cheval au milieu de la toundra en Laponie, pour un spectacle grandiose des herbes déjà jaunies. Un peu plus tard, il aimerait bien participer à la bataille de boules de neige entre Emma et son guide Børge Hansen, par une belle lumière. Enfin, il observe l'étendue de mer gelée avec la tentation irrépressible de tester la résistance de la glace pour marcher dessus. Les dessins et les couleurs d'Édith tiennent la promesse implicite du récit, d'emmener le lecteur dans des endroits sauvages et de lui faire voir de beaux paysages.



Édith applique le même mode de représentation pour les personnages. Chacun d'entre eux dispose d'une silhouette et d'un visage facilement identifiables. Emma G Wildford est une jeune femme à la silhouette plutôt fine, pas très grande, avec des cheveux mi-longs. Au fil de ses apparitions, le lecteur apprend à la connaître au travers de son langage corporel, avec des gestes très naturels, ni calculés, ni empruntés, une forme d'assurance qui ne s'exprime pas aux dépens de ses interlocuteurs. Elle ne joue pas le jeu de la séduction, elle se comporte normalement, sans jouer de sa féminité, mais sans la cacher, sans donner l'image d'une personne fragile, mais sans non plus vouloir s'imposer de manière masculine, sans entrer en compétition avec ses interlocuteurs. Par comparaison, sa sœur Elizabeth est porteuse de plus d'archétypes féminins, en particulier du fait des précautions qu'elle doit prendre en se déplaçant, étant déjà fort avancée dans sa grossesse. Dans la poignée de cases où elle apparaît Doris se conforme aux signes extérieurs attendus de la part d'une servante. Charles fait montre de l'assurance d'un individu disposant d'une belle aisance financière qu'il estime légitime car acquise par son travail. Børge Hansen se comporte comme un guide respectueux sans être servile, attentif à la personne qu'il accompagne sans la considérer comme inférieure ou ayant besoin d'une assistance particulière. Il se dégage une forme de bienveillance dans les relations interpersonnelles, malgré l'écart passé de Charles.



Édith fait le nécessaire pour réaliser une reconstitution historique satisfaisante, qu'il s'agisse des tenues vestimentaires ou des modèles de mobilier, jusqu'à la forme des skis et les habits contre le froid. Le lecteur se rend compte qu'il se laisse surprendre à plusieurs reprises par la beauté ou l'originalité d'un dessin qu'il peut considérer en dehors du contexte de la trame narrative : les carpes dans le bassin d'agrément, Emma allongée dans le bassin d'agrément recouverte par l'eau (une variation sur le tableau Ophélie, 1851-1852, de John Everett Millais, en page 9), la mise en scène sur fond blanc de la séparation sur le quai de la gare, l'étrange rêve mêlant bonhomme de neige et mère partie, ou encore les 2 pages à base de motifs de traditionnels de la culture Sami, la marche onirique sur la glace pour rejoindre l'îlot d'Ukonkivi. Ces séquences splendides apportent une richesse impressionnante au récit. Zidrou a choisi d'écrire une histoire s'inscrivant dans un contexte historique et géographique clairement identifié. Il s'appuie sur les dessins d'Édith pour le montrer, et insère également quelques références comme la relation de Lord Wildford avec Agatha Christie, la mention de Lord Olave Baden-Powell, d'un livre de Jack London ou encore de la Reine Victoria. La mention de cette dernière survient quand Emme G. Wildford indique aux sociétaires de la Royal Geographical Society qu'elle va à son tour se lancer dans une expédition, décision sortant de l'ordinaire par rapport à la place de la femme dans la société, sauf pour la Reine Victoria.



Effectivement, le lecteur voit bien qu'Emma G. Wildford ne se conforme au comportement attendu pour une femme dans la société anglaise de l'époque. Sa sœur trouve inconvenant qu'elle puisse s'immerger nue dans le bassin d'ornement, au risque d'être vue par le jardinier. Son père refuse d'admettre qu'elle ait pu tomber amoureuse de Roald Hodges junior à l'âge de 13 ans. Elle brave l'interdiction d'entrée faite aux femmes à la Royal Geographical Society. C'est une auteure publiée. Le lecteur peut envisager de classer ce récit parmi les ouvrages féministes puisqu'il raconte l'histoire d'une femme s'émancipant des règles que lui impose la société dans laquelle elle a vu le jour. Ce n'est pas un ouvrage militant pour autant. Emma G. Wildford est issue d'une famille aisée et dispose de finances suffisantes pour partir en expédition en Laponie. Elle n'a aucunement pour ambition de revendiquer une place différente pour la femme, ou de prendre la tête d'un mouvement de libération de la femme. Ce n'est pas une suffragette. Par contre, elle ne se sent pas tenue par les règles de bienséance implicites ou explicites



Il s'agit d'une jeune femme bien décidée à expérimenter les plaisirs de la vie, comme les sentiments, l'émerveillement devant la beauté du monde, la sexualité sans en faire un défi, le plaisir de l'alcool de temps en temps. Elle souhaite disposer de sa liberté de mouvement au gré de ses envies, sans que cela ne relève d'une volonté délibérée de braver les interdits, sans non plus assumer la posture virile d'un homme. Grâce aux dessins, les actions d'Emma G. Wildford apparaissent comme des évidences naturelles. Zidrou glisse discrètement une raison d'ordre psychologique dans son comportement, avec l'absence de sa mère. Il insère également quelques scènes symboliques, comme celle du rêve mêlant la mère partie et le bonhomme de neige, le rôle de la déesse Dolla donnant le feu aux hommes, le carnet de poème d'Emma. L'écriture permet à Emma G. Wildford d'explorer un espace de liberté qui lui est socialement accessible. Alors qu'elle progresse dans son expédition en Laponie, son carnet tombe dans la neige et l'eau dilue l'encre, rendant les poèmes illisibles, comme s'ils étaient devenus inutiles à partir du moment où elle a pu explorer le monde réel à sa guise.



Édith & Zidrou ont emmènent le lecteur aux côtés d'une jeune femme agréable et déterminée, sachant ce qu'elle veut, sans pour autant singer le comportement d'un homme ou obtenir ce qu'elle veut aux dépens des autres. L'artiste combine traits de contours légers et peinture directe pour une narration visuelle aérienne et séduisante, restant ancrée dans la réalité. Zidrou raconte une histoire simple en suivant une personne attachante, qui refuse d'être cantonnée à un rôle prédéterminé par des règles qu'elle n'a pas choisies.
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Emma G. Wildford

Emma attend désespérément des nouvelles de son fiancé, partit en exploration en Laponie. Des mois que personne n'a de nouvelles de lui, mais Emma en est sure, il est vivant. Alors elle part, elle aussi, pour le nord, le chercher, le retrouver...



Emma est une jeune femme de 20 ans, habitant le Londres Victorien. Bien éduquée mais un peu rebelle, téméraire et emprunte de liberté. Et surtout en elle les pensées se transforment en mot, et les mots en poèmes.

Ce n'est pas le but qui est important, c'est le chemin. Cela est bien connu mais ça l'est d'autant plus dans cette histoire. Et si le point de départ est bien l'amour, c'est avant tout un voyage initiatique qu'entreprend Emma. Un voyage qui est plein de douceur et de poésie. Et parfois aussi d'humour et de joie. En cela Zidrou et Edith forment un très beau duo.



L'objet est magnifique. Un beau coffret avec une présentation soignée et attrayante. Et glissé entre les pages, un ticket d'embarquement, une photo ou une lettre sont autant d'éléments pour nous plonger dans l'histoire. Le dessin d'Edith possède le petit quelque chose de poétique qui colle si bien à l'histoire. Et si, au départ, l'effet gribouillé du trait m'a gêné, il s'est par la suite totalement effacé devant les couleurs pastels et la justesse des cadrages permettant de faire ressortir l'âme de l'histoire.

Une belle découverte à faire partager, pourquoi pas sous le sapin avec Noël qui approche?
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Basil & Victoria, tome 5 : Ravenstein

Eh bien voilà, c'est là que s'arrêtent les aventures de Basil et Victoria... Dernier album mais non le moindre, car c'est probablement le plus beau de la série, d'un point de vue graphique, et peut-être aussi le mieux maîtrisé côté scénario. Et qui démarre sec, avec un hommage appuyé à "La marque jaune". On avait déjà repéré ici et là différentes allusions d'Édith et Yann aux œuvres de certains de leurs confrères, je trouve que celle-ci est à la fois la plus drôle et la mieux exploitée.



Pour conclure les péripéties de nos deux loustics, Yann et Édith ont bouclé la boucle avec un retour aux sources. Et même un double retour aux sources. On retrouve en effet les deux héros à Londres, dans leur Londres de la fin du XIXème, sale et sombre et puant, brumeux et humide, glauque mais aussi, parfois, chaleureux. C'est sans doute l'album le plus proche de l'univers de Dickens, puis qu'en sus du décor un rien sordide où l'on était déjà habitué à évoluer, on est plongé dans le monde des petits travailleurs des rues. Un milieu dont Basil et Victoria s'étaient jusque là pas mal tenus à l'écart, eux étant des clochards du port - qui constitue un monde assez différent. Étant donné que Victoria va s'amouracher, ce qui est assez surprenant, d'un ramoneur, là voilà partie sur ses traces, prête à tout pour à rejoindre, et l'élu de son coeur, et le clan des hirondelles - des enfants ramoneurs qui sont, comme il se doit, exploités jusqu'au trognon, et qu'on utilise pour cambrioler les bourgeois (ben oui, des enfants ramoneurs, c'est ma foi bien pratique pour s'introduire de nuit dans les appartements). Petit à petit, va se dévoiler un côté encore plus sombre de cet univers : quand on évolue sans cesse sur les toits, on finit inévitablement par tomber, et par être estropié. Et pas de pitié pour les infirmes, qui ne sont devenus que des bouches inutiles. On les vire par conséquent manu militari du groupe d'hirondelles... Mais cette intrigue à la tonalité très réaliste se trouve dès le début mêlée à une histoire de malédiction : les corbeaux de la Tour blanche, corbeaux de la Reine, ont disparu, tandis qu'un étrange corbvidé géant apparaît régulièrement dans les airs : le terrible Ravenstein, que plus ou moins tout le monde s'est juré de capturer.



J'ai parlé plus haut de double retour aux sources, pour la bonne raison qu'Édith a beaucoup travaillé son style, et que, sans renier l'évolution graphique qu'elle avait amorcé dans les deux précédents tomes, elle revient ici en partie au crayonné qui faisait la particularité des deux premiers. Elle a su allier les différentes techniques auxquelles elle s'était essayée durant quatre albums, pour arriver à un dosage minutieux. Elle renoue donc avec cet aspect délicieusement vieillot que l'on avait récemment en grande partie perdu, tout en continuant à travailler la couleur de façon plus subtile - même si toutes les planches de l'album ne se valent pas en matière de colorisation. On sent qu'elle s'est plu à travailler et les ambiances nocturnes, et les scènes neigeuses, en particulier, ainsi que les décors urbains - qu'elle joue alors sur un certain minimalisme (la ruelle de la page 27), ou qu'elle opte pour un décor architectural plus détaillé. Mais c'est dans les envolées es corbeaux et les apparitions nocturnes de Ravenstein qu'elle s'est surpassée, ce qui donne de belles planches dans les tons grisâtres comme celles de la page 15 ou de la page 24. Yann et Edith en sont donc arrivés, avec "Ravenstein", à leur album le plus harmonieux et le plus cohérent.



Ce qu'il adviendra aux hirondelles, aux estropiés, ainsi que, évidemment, à Victoria et Basil, je vous laisse le découvrir. Toute la série fut une jolie découverte, une aventure souvent drôle, parfois teintée de surnaturel, mais aussi une plongée sans fards dans le monde cruel des marginaux du Londres de Dickens. Ce qu'on peut regretter, c'est que l'album nous laisse sur notre faim. Les Humanoïdes associés ont bien clairement affiché, avec la parution de l'intégrale en 2014, que la série était terminée. Et pourtant il semblerait que cette fin n'était pas censée en être une. J'en veux pour preuve l'intitulé de l'intégrale sortie en 2008 : Basil et Victoria, première époque. En conséquence, nous voilà avec une série se termine de façon abrupte, sur une fin qui n'en est pas vraiment une. Tsssss...
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Emma G. Wildford

Dans ce roman graphique Zidrou et Edith nous raconte une histoire romantico dramatique. J'ai d'abord été attiré par la couverture que j'ai trouvé magnifique. Noctambule a fait un travail incroyable avec cette BD, la couverture rigide en trois volets et aimantée ainsi que l'ajout de trois documents (billet de transport, photo et lettre) donne une dimension supplémentaire à cette histoire . J'ai trouvé les illustrations et la mise en couleur superbe, j'en m'en suis mis plein les yeux. Le scénario est tout simplement génial. Zidrou nous fait voyager d'Angleterre en Laponie avec Emma qui part à la recherche de l'amour de sa vie. Encore une très belle découverte et un coup de coeur.
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Emma G. Wildford

Le plaisir de cette bd vient avant même d'en connaître l'histoire.

Véritable livre-objet, son ouverture est déjà un mystère (la couverture aimantée ouvre le livre en trois ... j'ai cherché la façon de l'ouvrir pendant quelques secondes , pensant même qu'il était enchassé dans un coffret...). Joli papier paon art déco  sur la gauche..  à droite, ô surprise.... un billet jauni de seconde classe cabine de la  Blue Star Lines. 

 Une seconde surprise attend le lecteur dès la première page tournée  : dans une pochette, une enveloppe, destinée à l'héroïne Emma, que l'on ouvre avec curiosité. L'aventure peut commencer.

Curiosité piquée... nous découvrons  Emma, une héroïne ravissante et amoureuse,  puis déterminée, courageuse et aventurière, bien en avance sur son temps.

Les couleurs d'Edith sont sublimes, passant des teintes chaudes d'un été anglais particulièrement clément,  aux teintes froides d'un paysage de plus en plus rude et hostile. Les planches sont belles et poétiques. Je découvre cette dessinatrice que je vais me hâter de découvrir plus encore.

Zidrou, dans un registre très éloigné de son Elève Ducobu, signe un scenario sensible, poétique sans être mièvre.

L'association de ces deux artistes donne un inventif et élégant roman graphique d'initiation.

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Basil & Victoria, tome 4 : Pearl

"Pearl" est un album de transition, aussi bien d'un point de vue scénaristique que formel. Car Victoria et Basil, qui ont enfin pu quitter Zanzibar, sont victimes d'un naufrage et laissés pour morts sur la côte d'une petite île d'Écosse, terre des mystères et des légendes s'il en fût. Complètement isolés du monde, il va leur falloir s'adapter à cet univers d'où les hommes sont absents car interdits de séjour, où les renards sont impitoyablement exterminés en raison d'un malédiction ancestrale et où ils seront confrontés à la magie des fées portée par une petite fille délaissée - magie à laquelle Victoria ne croit pas, naturellement. Ils plongeront malgré eux (à vrai dire, uniquement malgré Basil, qui ne pense qu'à s'enfuir de cette île) dans ce monde cruel, mais d'un genre nouveau, en se frottant à des légendes de pirates et en s'essayant à une chasse au trésor. Car il est impensable pour Victoria de ne pas mettre la main sur le trésor en question, qui lui permettra de s'acheter un château où elle compte inviter, en toute modestie, sa célèbre homonyme à prendre le thé. Si ce nouvel univers est donc aussi féroce que leur bon vieux Londres ou l'exotique Zanzibar, le changement de décor et d'atmosphère donne un ton nouveau à cet album.



Changement qui s'opère dans le graphisme également, car Édith a quelque peu changé son fusil d'épaule. Finies les planches entières baignant dans une seule tonalité, finis le crayonné et les effets de papier découpé. Et si l'on perd le côté "dessin à l'ancienne" qui était la marque de fabrique des autres tomes, on y gagne sur un autre aspect. Édith s'est en effet particulièrement bien adaptée au lieu où se déroule l'histoire et rend parfaitement les coloris et les nuances des paysages écossais, avec une palette qui joue sur les gris, les bleus, les verts, les roux, auxquels se marie joliment le rouge de la robe de Pearl. La dessinatrice s'est également plu à travailler les dégradés de la mer et du ciel.



Le changement en douceur du caractère de Victoria, qui s'était amorcé dans Zanzibar, se confirme. Elle a gagné en humanité, même si, toujours aussi possessive avec Basil et gardant les pieds sur terre, elle n'hésite pas à utiliser les légendes à sa façon, très pratique et plutôt radicale, pour régler les problèmes qui se posent à elle, ainsi qu'aux habitants de l'île (renards compris). C'est pour la bonne cause ! Bon, quand je parle de garder les pieds sur terre, c'est tout relatif, puisque son obsession de rencontrer la reine Victoria prend des proportions qui confinent à la mégalomanie... et qui la rendent justement d'autant plus drôle et charmante. Quant à Basil, on s'amusera de le voir assailli par des hordes de jeunes filles qui, ma foi, n'ont pas si souvent l'occasion de voir un garçon. Ce qui est peu de son goût, toutes ces filles l'agaçant terriblement à lui courir après !



Comme d'habitude, l'histoire, si elle est sympathique, n'est pas d'une originalité époustouflante. Mais il est appréciable de constater que Yann et Edith ont choisi de faire évoluer leur série, plutôt que de se reposer sur leurs lauriers, et ceci dans une parfaite cohérence entre scénario et graphisme. Et l'on notera, si l'on va jusqu'au bout du bout de l'album, en tournant la page que nous désigne une bande de macareux, que la fin n'est peut-être pas tout à fait aussi heureuse qu'on aurait pu le croire...
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Basil & Victoria, tome 2 : Jack

Le graphisme de ce deuxième album est à la hauteur du premier. On retrouve avec bonheur le crayonné, l’effet papier découpé, et il semblerait qu’Édith se soit un peu contenue sur la colorisation : bien que les ambiances tonales des planches soient toujours très présentes, elles passent mieux. D'autant que l'histoire démarre vite et bien, dans une ambiance à la Dickens... avec l’introduction d'un certain Charles Dickens dans un dortoir pour miséreux, venu chercher matière à ses romans. Le personnage de Sāti a pris de l'épaisseur (et du caractère!) et vient s'agréger à notre trio un quatrième larron, surnommé Kangourou, tout aussi débrouillard et gouailleur que ses comparses. Le mélange de truculence et de langage ampoulé utilisé par les quatre enfants apporte, de plus, un charme certain à l'ensemble.



Malheureusement, le scénario qui semblait en bonne voie, énième variation sur le thème de Jack l’Éventreur, se délite peu à peu pour se révéler assez décevant. On a même la nette impression que le dénouement a été expédié un peu rapidement faute d'imagination. S'ajoute à cela la personnalité décidément peu sympathique de Victoria, qui, rongée par la jalousie, projette d'assassiner Sāti et prend un chien des rues pour victime afin de s'entraîner à jouer du couteau. Avant d'aller vomir tripes et boyaux, certes, mais le mal n’en est pas moins fait - d’autant qu’on se souvient qu’elle avait envoyé le chien Cromwell à la mort dans le tome 1 (heureusement sauvé par Sāti). Que Victoria soit une dure à cuire, rien de plus normal, qu'elle se transforme en assassin, c'est un peu trop. Du coup, on se laisse peu attendrir par ses gentillesses pour Basil à la fin de l'album et on perd un peu - ou carrément, c'est selon - l'envie de la retrouver pour la suite.
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Les Hauts de Hurlevent, Tome 1 (BD)

Années 1840, dans la lande anglaise. La famille Earnshaw vit dans le domaine de Hurlevent, manoir isolé dans la campagne, au milieu de la végétation. Mr Earnshaw est commercial et se trouve souvent en déplacement pour affaires. C'est à l'occasion de son retour de l'un d'eux qu'il accueille dans la famille un jeune orphelin rencontré dans les rues de Liverpool. L'enfant a une dizaine d'années. Il est sale, livré à lui-même, peu bavard. Il n'a aucune éducation, est impulsif et ressemble à un bohémien. Mr Earnshaw décide de l'adopter et le prénomme Heathcliff.

Ses deux enfants, Catherine (Cathy) et Hindley, se retrouvent ainsi avec un nouveau frère. Si Cathy et Heathcliff ont le même tempérament et s'entendent à merveille, Hindley devient de plus en plus agressif. Il est alors envoyé quelques années en pension, avant de revenir lors du décès de ses parents. Hindley est alors devenu un homme. Il est marié, s'apprête à devenir père à son tour et devient le maître de Hurlevent.



De leurs côtés, Cathy et Heathcliff ont bien grandi. Ils sont beaux, fougueux et amoureux. Mais, de malheureux événements obligent Hindley à devenir terrible. Il traite de plus en plus mal son frère. Cathy épouse un autre homme et s'installe loin de Hurlevent. Heathcliff, fou de chagrin, s'enfuit.



"Wuthering Heights" est un classique de la littérature anglaise du 19ème siècle, écrit par Emily Brontë, et paru en 1847. L'histoire aborde les thèmes de l'amour, des désillusions et de la vengeance. Cette adaptation graphique est très belle et maîtrisée, elle respecte l'œuvre originale dans toutes ses grandes lignes.



J'ai adoré retrouvé l'ambiance du manoir dans un contexte sombre, les personnages torturés et malheureux, puis l'histoire d'amour qui s'installe au fil des pages avant les désillusions, le chagrin et le désir de vengeance.



Que ce soit dans le texte ou le graphisme, j'ai retrouvé ce côté triste et glacial. Le descriptif de la lande mystérieuse et inquiétante est parfait. La tristesse et la solitude sont maîtrisées grâce aux couleurs des planches. On est immédiatement immergé dans le cœur de l'histoire. J'ai trouvé cette adaptation parfaite. J'ai vraiment adoré ma lecture.


Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Jaune d'oeuf

Jaune d'oeuf est une histoire pour la jeunesse à l'humour décapant.

Racontée par le chat à qui l'on offre un animal de compagnie nommé Jaune d'oeuf, qu'il n'a pas demandé, cette histoire contient un mystère : de quel sexe est finalement Jaune d'oeuf ?



Est-il raisonnable d'attendre de lui des oeufs pour faire des flans à la vanille ?



Et pourquoi cette inimitié entre le chat et lui ?

Peut-on imposer un ami quand on ne l'a pas demandé ?



L'humour grinçant instillé deci delà rend ce texte plus difficile qu'il n'y paraît, mais très intéressant pour éveiller l'esprit critique des enfants.
Lien : http://justelire.fr/jaune-do..
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Le jardin de minuit

Tom commence mal ses vacances d’été. Son frère a la rougeole. Pour éviter de l’attraper, Tom est envoyé chez son oncle et sa tante. Mais arrivé là-bas, tout lui est interdit. Pourtant, un soir, il entend l’horloge sonner treize coups. Il descend voir, ouvre la porte de la cour et se retrouve dans un jardin, en plein jour. Quelle est cette bizarrerie ?



Il n’est jamais facile d’adapter un livre. Faut-il en conserver la substantifique moelle ou bien l’adapter au plus près ? Edith est partie sur la première solution. Elle a enlevé ce qui la gênait, elle a dépoussiéré le livre, ciblé les personnages… Faut-il y voir une simplification à l’extrême de Tom et Le Jardin de Minuit ? Certainement pas ! Edith s’empare de ce récit pour en faire un roman graphique de 96 pages.

On suit Tom qui découvre cette étrange faculté de la maison. Au treizième coup de minuit, s’il ouvre la porte de la cour, il bascule dans un autre monde. Les personnes qui y habitent ne le voient pas, sauf Hatty, une jeune fille. Le temps n’obéit à aucune logique. Les deux enfants vont devenir amis et partager… Les joies (et les craintes) de l’enfance. Sur le plan émotionnel ou psychologique, la réflexion des enfants est superbement retranscrite. Que ce soit Tom ou Hatty, ils essayent d’expliquer aux grandes personnes ce qu’ils voient, ce qu’ils vivent dans le jardin, avec leurs mots. Le Jardin de Minuit est un condensé de l’enfance. Les souvenirs qu’on en a, les aventures (imaginaires ?) qu’on a vécu et cette attitude des adultes qui cherche à nous faire grandir (c’est en partie raté pour ma part). On est loin d’un récit nostalgique ou qui voudrait expliquer le pourquoi du comment. Si les enfants ne comprennent pas comment fonctionne ce monde, ce n’est pas grave. L’album est construit comme un récit épistolaire et ce que vit Tom. Le résultat se mélange agréablement au point qu’on ne distingue plus l’un et l’autre.

Si le trait d’Edith est reconnaissable, son travail sur les ambiances est radical. Le présent est froid, lourd, dénué d’atmosphère ludique pour tout enfant. Le monde du jardin est luxuriant, rieur, mystérieux. C’est un véritable plaisir de tourner les pages.



Contrairement aux apparences, Noctambule n’est pas une collection d’adaptation littéraire, mais une passerelle entre bande dessinée et littérature. On y trouve des objets, des récits originaux, mais quand il est question d’adaptation, il y a ce déclic. Les différentes créations du catalogue sont magnifiques (L’Île aux trente Cercueils, Le Loup des Mers, Le Club du Suicide, etc.). Le nom de « passerelle » est largement mérité. Une fois l’album terminé, on a envie de (re)lire l’original !



Avec Le Jardin de Minuit, on assiste aux premières fois d’Edith. C’est sa première participation à la collection, mais aussi son premier livre comme auteure complet. Un sacré challenge qu’elle relève haut la main !
Lien : https://tempsdelivresdotcom...
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Séraphine

Paris ou plutôt la Butte Montmartre. En 1885, ce quartier ressemble encore à un village avec d'un côté des maisons misérables, des taudis sans confort, sans eau, ni chauffage où s'entassent des familles sans-le-sou et de l'autre des cabarets où viennent se distraire les bourgeois parisiens. Les massacres sanglants de la Commune sont encore présents dans les esprits et sur les hauteurs, comme un rappel, se dresse la structure imposante de la nouvelle basilique du Sacré Coeur, alors en construction.



La narratrice Séraphine dite Fifi a 13 ans. Elle est orpheline, sa mère est décédée en lui donnant la vie et son père est porté disparu. Elle est d'abord recueillie par le Père Jules Sarrault, qui la confie ensuite à Jeanne, une femme rude et autoritaire pour en faire son apprentie couturière. Sérieuse et méticuleuse Fifi passe ses journées dans l'atelier de Jeanne à piquer des cols de chemise. Mais elle rêve d'un avenir meilleur, pour elle et pour les autres, de plus de liberté et de justice, et elle s'en remet à Sainte-Rita, la patronne des causes désespérées. Elle lui demande également de l'aider dans sa quête identitaire.



Voici un roman touchant et instructif qui aborde avec réalisme la vie misérable du peuple de la Butte et des laissés-pour-compte, à la fin du 19ème siècle. Il décrit avec précision un décor contrasté et pittoresque, les petits métiers, les artisans, les peintres qui vont bientôt s'établir à Montmartre. Il rappelle aussi brièvement et simplement des faits historiques - la Commune de 1971 - et évoque la dure condition de la femme et les premiers élans féministes.



Comment ne pas s'attacher à Séraphine, cette orpheline au grand coeur, courageuse et volontaire ? Les autres personnages sont pittoresques et attachants et sous leurs abords durs pleins de bons sentiments. L'écriture de Marie Desplechin est simple et limpide, les phrases plutôt courtes et les paragraphes aérés. Tous les ingrédients sont là pour créer un ouvrage agréable et didactique.



Ce roman fait partie d'une trilogie écrite pour la jeunesse et éditée par l'Ecole des Loisirs. Chaque tome peut être lu indépendamment et bien évidemment toucher tous les publics.



#Challenge illimité des départements français en lectures (59 - Nord)
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Séraphine

Très intéressée par la Commune et celle-ci étant racontée du point de vue d’un enfant, je me suis plongée dans l’histoire de Séraphine, splendidement écrite par Marie Desplechin : cette lecture a été un coup de cœur !



Paris, fin du XIXème siècle. Séraphine, héroïne éponyme, vit dans le quartier Montmartre, siège d’une population endeuillée par la Commune, qui pleure encore ses morts et disparus, tout en observant la construction du Sacré-Cœur d’un mauvais œil. La jeune fille de 13 ans, orpheline, loge chez Jeanne, pour qui elle travaille en tant que couturière. Mais Séraphine, éprise de liberté, souhaite changer d’horizon. Entourée du Père Sarrault (qui l’accompagne depuis sa naissance), Charlotte (sa tante prostituée) et de Sainte-Rita, la patronne et protectrice des désespérés, Séraphine fait de nouvelles rencontres, découvre les secrets de ses parents et trouve une nouvelle famille.



Cette incursion parisienne m’a énormément plu ! A travers le regard -parfois naïf, mais aussi ô combien intelligent- de Séraphine, nous assistons aux répercussions de la Commune sur une population déjà touchée par la misère et les inégalités tout en suivant une belle histoire d’amitié et de fraternité, ainsi que la transmission de valeurs universelles et intemporelles de génération en génération.



J’ai refermé ce roman bien trop vite à mon goût et je serais bien restée encore un peu avec Séraphine, Lolotte, Mistigri, Achille, Louise, Bertrand et les autres !



A lire !

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Le jardin de minuit

Quelle belle surprise !

Le dessin est presque naïf, les personnages ont des tête d'albums pour enfants, mais les regards sont présenté avec une belle délicatesse, les yeux rond de l’enfant curieux, le regard vide de l’oncle pragmatique et pas très drôle, celui plus doux, souvent fermé de la tante… Le trait est brut, plus ou moins fouillé suivant les situations, sous cette apparente spontanéité du trait, il y a un superbe raffinement de la lumière presque impressionniste, elle est découpée selon les éclairages de feuillages dans le jardin, des barreaux de fenêtre dans la chambre, les ombres sont très justement posées, elles apportent une ambiance particulière à chaque moments de l’histoire.

Et quelle histoire…

Une histoire de voyage dans le temps… Pas de machine, de technologie, ça tient plus du fantastique que de la science-fiction, il y a juste une étrange horloge dont on ne saura pas grand-chose. Ce qu’il faut retenir, c’est cette relation entre Hatty, la petite fille du passé et Tom, du présent, où faudrait-il dire Hatty du présent et Tom du futur. Les personnages sont touchants, cette étrange relation à travers les époques est vraiment bien maîtrisée par les auteurs, dans chaque détail, dans chaque instant, servi par le graphisme qui lui sied parfaitement, le temps semble s’étirer, celui du monde réel de Tom s’efface au dépend de celui du jardin de ses rêves, j’ai aimé ce faux rythme, on se laisse bercer par la relation entre les deux enfants et comme Tom, on en oublie de temps de la réalité, et on se fait surprendre. Il s’agit d’une adaptation, je tâcherai un jour de lire le roman de Philippa Pearce. Cette histoire qui ne semblait pas payer de mine au départ monte en puissance pour nous prendre au dépourvu. Le thème du voyage dans le temps est utilisé non pas dans l’optique spectaculaire classique, dans la revisite de l’Histoire, ici, c’est un récit tout en délicatesse , en sentiment, un récit sensible et poétique. Pour ne rien gâcher, je trouve le final très réussi, il ne fait pas de concession avec la simplicité, et laisse une porte ouverte, juste entrebâillée, ce qu’il faut pour laisser l’émerveillement se prolonger. C’est une œuvre destinée à un public jeune, facilement abordable et en même temps, riche et sensible, tout public y trouvera son compte.

J’ai adoré.
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Emma G. Wildford

C'est une œuvre un peu spéciale que voilà qui se compose de la bd en elle-même, d'une photo, d'un ticket d'embarquement et d'une enveloppe glissée entre les pages de ce livre aimanté. Ce sont des éléments témoins qui vont permettre d'appréhender le mystère de la quête de notre héroïne Emma GG. Wildford.



Il vaut mieux ne pas lire la lettre avant la lecture. C'est l'erreur que j'ai commise sans trop le vouloir. Bref, c'était une fausse bonne idée que de laisser la lettre qui dévoile toute l'intrigue.



Sur le fond, c'est une femme de la bonne société anglaise qui part à la recherche de son fiancé parti en exploration dans le grand nord norvégien au début du XXème siècle. Elle aura beaucoup de courage pour relever son défi dans une société assez machiste. On se rendra compte que le final de ce voyage réservera une surprise de taille (pour peu qu'on ne lise pas ce fameux courrier).



L'auteur Zidrou nous dresse un beau portrait de femme courageuse. Il est accompagné par une dessinatrice qui fera dans la délicatesse du trait et dans la chaleur des couleurs. C'est un bel ouvrage au final sur le thème du romantisme.
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Emma G. Wildford

J'ai beaucoup aimé cette B.D. qui est autant un bel objet qu'une belle histoire.



L'objet d'abord : un livre qui s'ouvre comme un coffret, une couverture qui semble sertie dans un cadre de bronze et d'émaux, des dessins aux couleurs chaleureuses et légèrement teintés de sépia. Tout cela évoque merveilleusement les années folles, période à laquelle se déroule l'histoire.



Et l'histoire est à la hauteur des dessins. L'héroïne au caractère plein de fantaisie m'a bien plu. Parfois enfantine, parfois déterminée, mais en tout cas moins légère qu'elle n'en a l'air, cette poétesse n'est pas qu'une Pénélope condamnée à attendre le retour de son explorateur de fiancé. En effet, sans nouvelle de lui depuis trop longtemps à son goût, elle décide de partir à sa recherche dans les lointaines contrées lapones malgré la désapprobation de ses proches aussi bien que de la société scientifique.



Seule ombre au tableau de cette très belle lecture : le dénouement m'a laissée sur ma faim. On voit bien qu'elle a survécu à son accident et on devine qu'elle surmontera la déception amoureuse, mais on voit aussi qu'elle a changé (toute la symbolique d'une nouvelle coupe de cheveux !) et on aimerait savoir plus précisément ce qu'elle va devenir...

Malgré cette légère frustration, je suis sous le charme d'Emma G. Wildford que je relirai sûrement très vite avant de ramener le livre à la médiathèque.
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Basil & Victoria, tome 1 : Sâti

Victoria et Basil, gamins des rues d'une dizaine d'années, vivent en couple, divorcent régulièrement et se débrouillent comme ils peuvent pour vivre dans le Londres des années 1880. Victoria, c'est la gouailleuse, terre-à-terre, peu sentimentale et même assez dépourvue d'empathie, ce qui ne la rend pas forcément sympathique. Surtout quand elle fait combattre son chien à mort pour récupérer de l'argent destiné à sauver son frère. Ce qui compte pour elle, c'est survivre. Basil, s'il garde les pieds sur terre, c'est le gentil du couple. Bien décidé à s'en sortir lui aussi, mais possédant une capacité à s'émouvoir nettement supérieure à celle de Victoria. On le voit, les auteurs ont volontairement inversé les codes des genres en cours à la fin XIXème siècle.



Il semblerait que Édith et Yann aient misé grandement sur le dessin. Effectué au crayon, avec des effets de découpage papier et renouant un peu avec le style des BD du début du vingtième siècle, il possède, c'est certain, un charme vintage qui colle très bien au Londres victorien des bas-fonds. D'ailleurs, on peut noter en passant plusieurs clins d'oeil aux illustrations de Gustave Doré pour l'ouvrage London, a pilgrimage. Les coloris sont généralement, et volontairement, ternes - beaucoup de gris, de beige, de marron, beaucoup de planches presque monochromes. le souci, c'est que, d'une part, cette primauté du dessin a porté préjudice au scénario, qui manque d'originalité - Basil et Victoria vont être lancés sur la piste d'une petite Indienne de leur âge essayant d'échapper au sacrifice de la sâti, l'aider et la sauver. D'autre part, Édith s'est un peu emballée dans son travail de colorisation et a forcé sur l'aspect monochrome de certaines planches ; si bien que, pour une scène de nuit, on a droit à quatre ou cinq planches d'un bleu un peu trop soutenu, pour une scène d'incendie, à trois ou quatre planches d'un seul ton rouge, tout aussi soutenu, etc., etc. Cette utilisation du monochrome est carrément abusif et manque de subtilité, si bien qu'il dessert l'ensemble de l'album.



Cela dit, on ne s'ennuie pas à suivre les aventures de Basil et Victoria : les dialogues sont réussis, le rythme soutenu, les personnages plutôt drôles et attachants. Et on a même l'occasion de rencontrer le docteur Watson... Reste à voir si les défauts de cet album seront évités par la suite. Rendez-vous donc pour le second épisode !
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Le jardin de minuit

Tom Long est allé chez son oncle Allan et sa tante Gwen pour éviter qu'il n’attrape la rougeole de son frère Peter. Là bas le temps lui paraît bien long jusqu'à qu'une nuit d'insomnie il descende au rez de chaussée où une pendule sonne 13 coups. intrigué il pousse la porte de derrière et découvre un mystérieux jardin. Il va chercher à l'explorer et va faire la connaissance d'une fillette Hatty qui est la seule à le voir dans ce monde secret. Le lendemain quand il se réveille il est à nouveau chez son oncle. Tom confie ses aventures à son frère et avec Hatty ils passent du temps à jouer ensemble. Tom n'a pas envie de rentrer chez lui, il obtient quelques jours de plus chez son oncle et cherche une solution pour rester prisonnier du jardin secret. Mais hélas son stratagème échoue et il revient toujours au présent avec grande tristesse. Il va faire la connaissance de Mme Bartholomée à qui appartient la mystérieuse horloge et il réalise avec incrédulité qu'Hatty et elle ne sont qu'une seule personne et que le temps n'est pas passé à la même vitesse pour eux deux.

Cette BD fantastique gagnée dans le cadre de Masse Critique de Babelio m'a beaucoup plu, merci beaucoup ! Je remercie également les éditions Noctambule pour m'avoir permis de la découvrir. On rentre dans un univers fantastique et onirique à travers cette BD et comme le personnage, le lecteur fait des sauts dans le temps. Il y a beaucoup de magie dans cette histoire. A mon avis elle s'adresse plus à des adultes qu'à des adolescents par exemple, car elle est malgré tout un peu complexe en raison des changements de temporalité. J'ai eu plaisir à la découvrir et à me laisser porter par le côté magique de l'histoire.
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Les Hauts de Hurlevent, Tome 2 (BD)

2ème partie de l'histoire.



Heathcliff est revenu à Hurlevent, il est devenu un homme, et bien différent - en apparence du moins.... - de ce qu'il était quelques années auparavant.

Il a le coeur toujours lourd de la rancoeur et de la déception suite au mariage de Cathy. Puis lui vient très vite l'envie de se venger...

Ce tourbillon de haine n'apporte évidemment rien de bon, et finalement, il s'aperçoit que ce sentiment qui le rongeait le laisse bien seul. Et même ses "acquisitions" ne lui sont d'aucun réconfort ...



J'ai eu le même plaisir à découvrir cette seconde partie de l'adaptation que la première. Mais ma préférence va tout de même au 1er tome !

Les motifs des animaux, de la chasse et de la loi du plus fort en fin de compte est plus présente dans ce tome que dans le précédent. Ambiance moins "gothique" (sombre) que dans le premier, l'ardeur des sentiments des personnages ne transparaît pas particulièrement. A la décharge du dessinateur, il faut admettre qu'ils se sont attaqués à un Everest de sentiments torturés ! Difficile donc, à mon sens, de les traduire, quand Emily Brontë l'a si bien fait ....
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Mon doudou

Une courte déclaration d'amour au doudou, qui est ici un bout de tissu - irremplaçable, bien sûr.

Pas de grand message (à part qu'il faut savoir le lâcher pour le laver, de temps en temps) juste l'idée que le doudou accompagne le jeune enfant un peu partout. Pas seulement au lit, dans ce cas précis, contrairement à ce qui est préconisé par certains pédiatres, mais peu importe, là n'est pas le sujet.

Ce court album cartonné plaisait beaucoup en lecture du soir chez nous, notamment pour le texte rythmé, les rimes, les dessins sur fond 'papier kraft' colorés à la gouache, et les bouilles des animaux : le lapin vedette, mais aussi les petits cochons et moutons.
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