AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Pétrarque (27)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Canzoniere

Attention, challenge de taille à l'horizon ! Pétrarque est le père de l'humanisme, et aussi l'un des trois pères de toute la littérature européenne, même s'il n'a hélas plus aujourd'hui la popularité de Dante et Boccace. Ses doux poèmes ne font plus lever les foules comme cela fut le cas pendant des siècles. Depuis sa retraite bien aimée de Fontaine-de-Vaucluse ou dans les voyages où sa renommée le mena, il les écrivit pour l'objet de son unique amour : Laure de Noves, noble dame avignonnaise emportée par la Grande Peste en 1458…



Il est vrai que ce n'est en rien une lecture facile. La traduction rend, dans la mesure du possible, la complexité de la langue et la subtilité des métaphores. Les innombrables variations sur « l'arbre bien aimé » - le laurier, signification du prénom Laure – n'en sont que les plus simples. Les notes aident un peu, notamment pour les figures de style moins évidentes. de temps en temps, on peut aussi jeter un oeil sur le texte italien pour gouter sa beauté et sa musique.



Et que reste-t-il, après tout cela ? Une voix s'élevant par delà la mort, célébrant l'amour d'un homme pour une femme. Ils vécurent il y a des siècles, en des temps incroyablement différents des nôtres. Et pourtant ces poèmes, alignés avec entêtement les uns après les autres, refont jaillir dans toute sa vigueur le sentiment qui unissait deux êtres qui ne sont plus que poussière, et accomplissent le miracle de les rendre immortels.



Jadis, les livres étaient des objets rares et précieux. Quand on avait la chance d'en posséder, on les conservait près de soi, on les relisait sans fin. Le ‘Chansonnier' était souvent le compagnon d'une vie entière. Et c'est ce qu'il est : l'oeuvre d'une vie, qu'on n'a jamais finit de lire.
Commenter  J’apprécie          433
Canzoniere

Elle s'appelle Laure...

366 fois, pour qu'il y en ait une pour chaque jour, une incantation à sa dame, lointaine, vive puis morte, 366 fois un hymne à l'amour décevant mais qui se régénère chaque matin tel le phénix, 366 fois chanter la plus belle, clamer les plus hautes qualités morales de sa dame dignes du ciel (tel l'immortel laurier), 366 fois se rappeler ces yeux qui lui ont incendié le cœur, assez pour que plus de 20 ans après il la chante encore, 366 fois appeler l'amour, appeler la mort pour ne plus brûler de ce feu, pour ne plus geler de cette absence, ce pieux et noble dédain qui lui montre le chemin de la vertu...

Nous avons chez cet immense écrivain de la Renaissance une poésie séculaire mais si moderne. non pas un récit ou des poèmes jetés au hasard mais un cycle, une insatiable variations sur le thème de l'amour, du désir où répétition et différence nous entraîne dans un tourbillon de poésie.

Pétrarque, dans le Canzoniere, clôt le moyen-âge en renouvelant le thème de l'amour courtois, cette idéalisation de la dame, ce désir jamais assouvi en raison de la vertu de celle-ci. Il y ajoute très pertinemment sa chair, son vécu, sa souffrance de l'éloignement. Étonnamment je venais de terminer un ouvrage de Bataille sur le désir et la mort. Chez Pétrarque, déjà, ce nœud mystérieux et irrésoluble de l'âme humaine hante l'art et la poésie. Six siècles plus tard, le voilà encore, ce méli-mélo de désir et de mort, sous une autre forme, l'allégorie en moins.

Le Canzoniere, c'est au XIVe siècle la naissance de l'introspection, de l'honnêteté, de la sincérité des sentiments humains face au divin : bref c'est l'invention de la Renaissance.

À vous aussi désormais, chaque jour, de tourner la page de cet amour, chaque matin intact qui vous brûle de ses plus belles métaphores ...

Elle s'appelait Laure...

Commenter  J’apprécie          375
Canzoniere

Pétrarque c'est le troubadour absolu, chantant l'amour impossible, inaccessible, sublimé par la seule imagination, émotion ou tout simplement par un cœur qui bat...

Qui bat comme ses vers aux sonorités amoureuses, romantiques, mystiques.

Qui bat comme sa prose poétique cheminant par tous les sentiers versificateurs, toutes les formes et les règles d'une poésie codifiée annonçant la renaissance et la pléiade. On voit dans les mots de Pétrarque, dans ses vers à la piété sensuelle venir les vers galants de Ronsard.

Pétrarque c'est aussi la version religieuse et platonique de Roméo et Juliette sans le sang et la fureur shaskpearienne.

Ce poète sensible est comme un prince du ciel à genoux pour sa muse glorifiée sur l'autel des amours maudits, inintelligible fusion imaginée par un homme à l'abscons désir, mais à l'amour idéalisé.

Pétrarque est la passerelle parfaite entre l'amour courtois du moyen-âge finissant et l'aube d'une renaissance aux amours charnels raffinés que les poètes seront exhalés.

.
Commenter  J’apprécie          330
Canzoniere

Ouvrez le Canzoniere et entrez dans la splendeur.

Vous vous maintiendrez sur les hauteurs de l'amour brûlant, mais chaste, et de la mélancolie.

Trois cent soixante-six poèmes, autant que les jours de l'année. La traversée est longue, mais elle est sublime.

A chaque nouveau poème, l'on se demande comment le même sujet peut générer autant de variations, et d'aussi captivantes.

François est amoureux. Le 6 avril 1327, en l'église Sainte-Claire d'Avignon, il rencontre Laure de Noves, mariée à Hugues de Sade, un ancêtre de Donatien, le divin marquis, et en tombe éperdument (comme on dit) amoureux. Elle se refusera toujours a lui et François entreprend de mettre en vers (sonnets, chansons essentiellement) sa passion amoureuse malheureuse et la mélancolie qui règne alors sur sa vie. Il y travailla jusqu'à sa mort.

Mais les poètes sont menteurs, pour notre plus grand bonheur. Il faut éviter de donner une allure strictement biographique à un recueil poétique. C'est avant tout une construction littéraire. François Pétrarque en effet est un ecclésiastique, diplomate, grand voyageur, qui eut deux enfants de mères inconnues. Ce n'est pas le portrait qui se dégage du Canzoniere mais la poésie n'est-elle pas l'expression de l'intériorité?

Les poèmes sont donc consacrés à un amour malheureux, aux sentiments de l'amant éconduit, qui se morfond dans la mélancolie. Dis ainsi, cela pourrait ne pas donner envie, mais le poète sait explorer toutes les nuances de cette situation amoureuse, tous les miroitements de la mélancolie.

Les références mythologiques servent à multiplier les points de vue sur la femme aimée: Laure renvoie à Daphné (le laurier) aimée d'Apollon, mais elle est aussi l'or ou l'aurore, entre autres.

À la douleur de la passion non assouvie succède petit à petit la mélancolie, puis l'amour de cette mélancolie même. Et quand Laure décède de la peste en 1348, François ne peut s'empêcher de continuer à l'aimer, quelque douleur que cela lui cause encore. Cet amour, après vingt ans, est de plus en plus épuré. Les visions de Laure sont comme des visites qu'elle lui rend du ciel qu'elle illumine désormais.

Tout cela est mélancolique et beau, mais pas romantique. L'on songe plutôt à l'amour courtois et à l'adoration de la Dame.

La postérité du Canzoniere est immense: depuis les Français Ronsard et Du Bellay, jusqu'à Pasolini en passant par les sonnets de Shakespeare, parmi beaucoup d'autres.

J'ai lu le Canzoniere dans la traduction récente de René de Ceccatty (2018). J'ai beaucoup apprécié son effort de rendre cette poésie ancienne en français contemporain, sans trop d'archaïsme. Juste un souci, les traductions ne comportent aucune note, ce qui rend incertaine la compréhension de certains passages. Alors j'ai quelquefois plongé dans l'édition commentée de Marco Santagata. Si on lit un peu d'italien, on y trouve une foule d'informations qui enrichissent la compréhension.

Si l'aventure vous tente, n'hésitez pas, la traversée vaut le voyage.
Commenter  J’apprécie          287
Canzoniere

Revenir aux sources de la poésie amoureuse, même s'il manque l'italien pour boire l'eau de l'inamoramento, instant fatal de l'apparition qui fit tant de bien et de mal au pauvre poète. Le sentiment amoureux, malgré le temps qui passe, les références culturelles qui s'effacent, les rapports humains qui changent, la femme qui se démystifie, est décrit par ce "je" si présent comme il se ressent encore aujourd'hui, depuis toujours sans doute, par un autre "je", le mien, qui se méfie du lyrisme et de l'exagération, mais qui, parce qu'être amoureux ne change pas, a vécu et vit encore, en sourdine, tout ce qui consuma cet homme si ancien : la joie de la voir et la terreur de lui parler, le chaud au coeur et le froid au corps, l'espérance déçue et le renoncement impossible, le temps qui passe pour le pire, l'idolâtrie des yeux flambeaux, l'inquiétude, les pleurs, les joies pour rien, la folie des mots que l'on n'ose pas dire. Il ne manque que la mort, celle de l'aimée, qui appelle celle de l'homme sans repère, qui ne peut que croire encore en elle, sa belle remontée en sa vraie demeure céleste, celle de l'homme sûr qu'elle n'est plus et ne pouvant y croire qui, une fois le deuil fait, car on fait le deuil de tout, se jette dans les bras d'un Dieu qui, en ce temps-là, pouvait encore consoler les estropiés de la vie.

Commenter  J’apprécie          160
Dix auteurs classiques italiens

Comme son nom l'indique, dans Dix auteurs classiques italiens, Isabelle Lavergne a sélectionné de petits textes de dix grands auteurs. On y retrouve, entre autre, Pétrarque et Manzoni.

Le livre se présente en version bilangue, avec l'italien à gauche et le français à droite. Des notes explicatives de vocabulaire se trouvent en bas de chaque page.

J'avais acheté ce petit livre au moment de mes premiers cours d'italien et ne l'avait jamais entamé, jugeant que le niveau était trop difficile pour moi. Six ans plus tard, j'ai trouvé l'italien du XIVème siècle encore peu accessible ; heureusement qu'il y avait la traduction ! La compréhension des textes datant d'avant le XIXème siècle est ardue, l'italien moderne étant né récemment.



Challenge ABC 2019/2020
Commenter  J’apprécie          110
L'ascension du mont Ventoux

L'ascension du Mont Ventoux est un texte à la fois humain et élevé, qui pourrait décrire nos cheminements de pensées à tous au départ d'une randonnée en montagne, lorsque notre esprit commence à se laisser aller en regardant le paysage autour de nous. Mais il les remet également dans une perspective philosophique et biblique.

Petrarque s'inscrit dans la suite de St Augustin et de Virgile comme un auteur dont le génie efface les années qui nous séparent de lui.

Une lecture attentive montre l'envie de rationalisme de l'homme lorsqu'il rédige ce texte en pensant à ses errements. C'est par cette linéarité affichée dans ses pensées, reconstruites à posteriori, qu'on découvre le ressort humain du texte, et qu'on franchit les quelques sept cents ans qui nous séparent de son auteur.
Commenter  J’apprécie          90
Canzoniere

Le Canzoniere, "chansonnier" (en italien) est un recueil d'au moins bien 366 poèmes, écrit par Pétrarque à sa muse Laure, celle qui l'a inspirée, suite à une rencontre le 06 avril 1327, en l'Eglise Sainte-Claire d'Avignon. Mais ce recueil est également une méditation profonde du poète sur l'amour et la femme aimée, créant ainsi un nouveau style lyrique, le pétrarquisme. L'ayant également étudié à la fac, la vie et l'oeuvre de ce poète m'ont beaucoup inspirée, notamment dans l'écriture d'une de mes nouvelles. Cela fut un bon tremplin, même s'il faut arriver à comprendre le sens de certains poèmes et les relires plusieurs fois. Un classique à lire pour les amoureux de poésie!
Commenter  J’apprécie          70
contre la bonne et la mauvaise fortune

Cet ouvrage, après une courte introduction est composé de 2 livres.

Livre I: Les remèdes à la bonne fortune

Livre II: Les remèdes à la mauvaise fortune

Les 2 livres se présentent tous les 2 sous la même forme : le dialogue. Soit entre la Joie ou la Douleur et la Raison. Les premiers énoncent une sentence courte sur leur fierté d'être beau, intelligent, d'avoir des enfants, ou leur peine de souffrir, de vieillir, d'avoir peur, et la Raison leur répond longuement à l'aide d'exemples tirés de l'Antiquité, et de citations de penseurs Grecs ou Romains. Par moment, on y trouve un soupçon de christianisme, la vrai vie n'est pas sur Terre.



Dans le premier livre, devant les sentences souvent prétentieuses de la Joie, la Raison les ramènent à leur juste valeur, ce ne sont que des opinions personnelles et le plus souvent éphémères.



Dans le deuxième livre, devant les jérémiades de la Douleur, la Raison se contente de les relativiser.



La lecture de ce livre donne envie d'aller voir à la source, de relire ou découvrir, ce que disaient vraiment Sénéque ou Cicéron. C'est par ce livre que j'ai lu Cicéron.
Commenter  J’apprécie          60
Bibliomanies

Une reflexion sur la manie d'accumuler des livres. Cela vous rappelle quelque chose? Il y a de fortes chances! N'est-ce pas un peu la définition de la LCA...





Ce livre regroupe des textes de différents auteurs qui jugent, s'interrogent sur cette "manie". Pour certains, c'est une déchéance, une dépense inutile, un manque de goût. Pour d'autre, c'est au contraire une élévation de l'âme, la possibilité de choisir son chemin. Vous devinerez à qui va mon coeur.





Néanmoins le regroupent de ces textes permet une vraie réflexion sur ce besoin, cette envie. On redécouvre certains auteurs. On en découvre d'autres. Certains textes m'ont agacée (Lucien de Samosate est franchement désagréable et redondant) d'autres m'ont beaucoup plus. Mais tous m'ont permis de me questionner sur le pourquoi du comment j'achète autant de livre et nourris ainsi une PAL pantagruélique. Pour le plaisir du choix, le plaisir de savoir qu'il me reste encore tant à lire et surtout pour le plaisir que cela me procure quand je sors d'une librairie avec une belle pile de livre tout neufs!





Un seul constat : ma PAL n'est pas prêt de maigrir!





Un très beau livre, dans une superbe édition (une belle couverture, un papier au toucher agréable) qui permet une réflexion intéressante sur le monde de la lecture.





Merci à Babelio et surtout aux éditions Ivres de Livres (une chouette maison d'édition avec des passionnés qui promet de belles lectures) !





Commenter  J’apprécie          60
L'ascension du mont Ventoux

En bateau sur le Ventoux

Aujourd’hui, une journée à randonner sur le mont chauve qu’est le Ventoux permet de prendre pleinement conscience de la démesure de l’entreprise de Pétrarque au XIVe siècle consistant à gravir le Géant de Provence, accompagné de son frère cadet Gherardo et de deux valets. Son expédition est relatée dans une lettre adressée au père Dionigi Roberti (Familiarum Rerum Libri, IV, 1) et datée du 26 avril 1336 qu’éditent de belle manière à petit prix les éditions Mille et une nuits. La missive est calquée sur la théorie de l’allégorie chère à Saint Augustin, maître à penser du père Dionigi Roberti et de son fils spirituel Francesco Petrarca. Autant dire que Pétrarque n’écrit pas « sur le vif » contrairement à ce qu’il prétend dans sa correspondance. Son écriture et sa pensée sont travaillées à la lettre. De cette menterie vénielle, on peut élargir le spectre des doutes et remettre en cause son ascension. Quasiment rien dans sa lettre ne laisse supposer qu’il soit parti à l’aventure. Les rares descriptions des paysages traversés sont si chiches qu’elles ne peuvent faire illusion. Un poète comme Pétrarque n’aurait pas manqué d’être impressionné par le désert lunaire du sommet, ses pierres gélives éclatées que la furia des vents fous projette parfois en pointes meurtrières. Comment aurait-il pu grimper jusqu’en haut alors qu’aucun chemin n’y menait ? Il lui aurait fallu littéralement tailler sa route, se repérer dans l’épaisseur des forêts, franchir des barres rocheuses, manger, boire (les sources sont presque inexistantes sur le mont Ventoux), vaincre la peur et l’effroi (le vide, les pierriers instables et les légendes racontaient que des monstres habitaient le sommet). L’ensemble lui aurait demandé de tels efforts qu’une journée n’aurait pas suffi. Or il prétend regagner Malaucène le soir même. Pourtant, certains détails sonnent juste à commencer par le village du départ, Malaucène, fort bien situé. Ensuite, ses tergiversations quant au choix des personnes l’accompagnant semblent authentiques. Pétrarque a probablement imaginé son expédition allégorique, la calquant sur les pérégrinations antiques. Peut-être a-t-il arpenté le piémont du Ventoux mais guère au-delà ? Sa vie en eût été bouleversée à l’instar de l’apparition angélique de Laure. Cela n’empêche pas les circuits de randonnée de proposer un itinéraire Pétrarque depuis Malaucène jusqu’au sommet ou encore François Morénas (1914-2006), grand défricheur et baliseurs de sentiers pédestres (1 500 km au compteur de sa mémoire) dans les monts du Vaucluse, pensant reconstituer le chemin probable de Pétrarque via la vallée des Alazards, la combe du Mont-Serein et l’arête ouest du Ventoux. Qu’importe l’affabulation de base pourvu qu’on ait l’ivresse des cimes : « On distinguait nettement, en revanche, sur la droite, les monts du Lyonnais ; sur la gauche, Marseille, Aigues-Mortes et la mer qui les baignait ». Le poète avait des visions. Comme Cendrars plus tard, Pétrarque nous a fait prendre le train pour les montagnes russes du Ventoux, une belle démesure en perspective.
Commenter  J’apprécie          50
Canzoniere

Pétrarquiana



Je connais la bible et aussi

les bons pères talmudistes

quelquefois un peu farceurs

qui plaisent à ma façon de penser,

moins à la façon dont j’ai vécu;

comme ces bons vieux taôistes,

j’aime à tsim-tsoumer

entre le tohou et le bohou

dans un universel tohu bohu,

quand le vieux du fleuve me dit

- enfin pas à moi - mais à Siddhârta

‘maître…’ et que le saint Bouddha

lui répond: ‘espèce d’âne,

tu aurais pu gagner vingt cinq années…’;

je retrouve aussi avec plaisir les Grecs

du vieux temps qu’ils aient écrit

de la philosophie ou des vers,

ou aussi de la science fiction;

je marche du désert

de Judée au Mont Parnasse,

et toujours je lis et traduis ce bon Will,

entre des matches de rugby et des single malt;

et puis je regarde ces peintres de la renaissance,

j’entre dans leur mains

et dans celles aussi de Shitao,

en étant la bouche du Byrd

ou le survivant d’Arnold;



Je sais l’écrire cette royauté

en quelques stances décasyllabiques;

sans en aucune ligne jamais retrouver

ni la grâce des renaissances poétiques,

ni l’ironie des athéniens cyniques;

alors il ne me reste plus qu’à gémir

puisqu’il est passé le temps des soupirs.







En vers sonnants sinon trébuchants,

je peux aussi faire de jolis sonnets,

qui selon mon caprice ou mon toupet,

avec des mots tout aussi hésitants



que les pas du bel et timide amant,

transi de froid et de peur au sommet,

d’où il voyait les lumières de Cadenet -

approximation utile pour l’instant -



lui le premier poète du Mont Ventoux,

qui fut aussi le premier alpiniste,

et dont tous un jour nous fumes jaloux:



l’amour pour Laure de ce latiniste,

qui connaissait les vers savants et doux,

un poète des mots, l’alchimiste.
Lien : http://holophernes.over-blog..
Commenter  J’apprécie          40
L'ascension du mont Ventoux

Pétrarque a séjourné en Vaucluse une bonne partie de sa jeunesse et y est revenu après un voyage de trois ans, en 1333. Trois années plus tard, rejoint par soin frère, ils entreprennent au printemps une randonnée de Malaucène au sommet du Ventoux. Si un chercheur anglais nie à l'auteur la possibilité de son ascension pour n'en faire qu'une métaphore morale et mystique, nous ne rentrerons pas dans ce débat !

Les descriptions des flancs de la montagne, du chemin emprunté et des efforts fournis suffit à notre bonheur. Car en effet, Pétrarque, toujours énamouré de Laure, entreprend cette ascension l'esprit plein de pensées pour sa muse, de Noves. De là, on voit bien le Ventoux, et d'en haut sans doute voit on bien aussi la résidence de l'être cher.

Le texte est court, saisissant, autant descriptif des paysages que de l'état intérieur du poète. Le style n'est pas forcément très poétique, à peine tend il un peu parfois vers le lyrisme et l'on sent parfois poindre la petite exagération propre au style.
Commenter  J’apprécie          30
L'ascension du mont Ventoux

Pétrarque en randonneur ! L'un des grands plaisirs de la vie consiste à glisser un livre dans un sac ou dans la sacoche du vélo, à grimper jusqu'à un point de vue, à s'y installer confortablement, le livre à la main. Le regard balance alors des espaces lumineux du paysage aux explorations imaginaires de l'écrit. Ce moment de plénitude, souvent rêvé, on le retrouve exactement décrit dans ce court texte de Pétrarque, pris par hasard à l'étal d'un kiosque de gare. le poète escalade le Mont Ventoux au XIVème siècle pour y lire au sommet Saint Augustin dans un format "de poche", « un volume gros comme le poing », dit-il. Concordance des temps ! Aimable allégorie de la vie de l'esprit, qui élève plus encore que la difficile ascension du randonneur, dont on accompagne cependant les efforts. Instants de grâce...
Lien : https://diacritiques.blogspo..
Commenter  J’apprécie          30
Bibliomanies

our faire court, l'idée générale qui ressort de ces textes (en tout cas ce que j'en ai retenu) est que les bibliomanes préfèrent dans leur ensemble posséder une bibliothèque plutôt qu'un savoir, paraitre (instruit, érudit) plutôt qu'être. Soit. (ceci dit le sujet mériterait peut-être débat...)

Ce qui m'a gêné dans ma lecture c'est qu'une fois les premiers textes lus, j'ai eu l'impression de relire sans cesse la même chose, les mêmes arguments mais dans un style différent (différence d'époque oblige) d'où une certaine lassitude.... N'y avait-il pas moyen de trouver des auteurs avec un discours opposé ? Le recueil y aurait sans doute gagné en intérêt.

Au final, une lecture très culturelle mais pas très récréative (sauf peut-être le texte de Paul Lacroix et ses catégories de bibliomanes).


Lien : http://www.quartier-livre.fr..
Commenter  J’apprécie          30
Bibliomanies

« Ivres de Livres », libraire-éditeur à Strasbourg, nous offre, avec « Bibliomanies », une passionnante anthologie sur le thème de cette pathologie que l'on nomme bibliomanie ou encore bibliolâtrie.

On y verra que cette curieuse maladie faisait déjà parler d'elle dès l'Antiquité et fut brocardée par des auteurs aussi illustres que Sénèque et Lucien de Samosate.

Plus tard, au Moyen-Âge, c'est le poète Pétrarque qui tourne en ridicule ces vaniteux bibliomanes qui pensent qu'accumuler chez eux un nombre incalculable de livres leur donnera une aura de sapience et de respectabilité : « Assurément, si l'abondance de livres faisait des savants ou des gens de bien, les plus riches seraient les plus savants de tous et les meilleurs, tandis que nous voyons souvent le contraire. »

Mais c'est après l'invention de l'imprimerie et la propagation à grande échelle des écrits que commence l'âge d'or des bibliomanes. Après les vaniteux cités plus haut, vont arriver les collectionneurs qui seraient prêts à tuer père et mère ou à s'amputer d'un bras pour acquérir une édition rare ou compléter leur collection regroupant tout ce qui a pu être édité sur tel auteur ou tel sujet, quel qu'il soit.

L'anthologie ici proposée fait la part belle à ces bibliophiles avec, entre autres, « Le Bibliomane » de Charles Nodier, « L'Enfer du bibliophile » de Charles Asselineau, sans oublier le célèbre « Bibliomanie » de Gustave Flaubert.

Il est regrettable de constater, à la lecture de cet ouvrage et au travers des écrits des onze auteurs qui le composent, que pas un seul de ces bibliomanes, bibliophiles et bibliolâtres ne s'intéressent à ce qui est contenu dans leurs « chers » livres. La curiosité, l'envie d'apprendre, l'amour de la littérature et des belles-lettres sont en effet complètement étrangers à ces individus. Leur frénésie compulsive est motivée par l'ambition, la soif du « paraître », l'appât du gain motivé par la rareté et la cherté des ouvrages convoités. Ce que renferment ces livres n'a finalement pour eux que peu d'importance comparé à leur valeur marchande et au prestige que peut acquérir leur possesseur. Ces personnages sont à mettre au même niveau que ces collectionneurs de toiles de maître qui acquièrent pour des sommes faramineuses des œuvres d'art qui, une fois en leur possession, végèteront dans un coffre-fort en attendant d'être revendues lorsque les coûts du marché de l'art permettront de réaliser un bénéfice substantiel.

Ainsi, ces bibliomanes qui aiment à se targuer du nombre colossal d'ouvrages en leur possession, de leur rareté et de leur valeur, ne sont finalement que des collectionneurs comme les autres, mais qui, malheureusement, sont loin d'être aussi modestes qu'un philatéliste ou un collectionneur de capsules de bières. Ce faux sentiment de supériorité du bibliomane lui vient du prestige qui est encore aujourd'hui accolé au livre, symbole du savoir, de la sagesse et de l'érudition. Aujourd'hui encore, à l'heure du numérique, le livre reste associé à ces notions de savoir et de sapience. N'a-t-on pas encore vu récemment un président de la République, pour sa photographie officielle suite à son arrivée au pouvoir, poser devant un mur de livres alors qu'il est connu et avéré que cet homme politique préfère de loin parader en arborant des objets clinquants et voyants plutôt que de s'adonner à la lecture dans le silence et la solitude ? Les livres sont en effet des objets impressionnants, redoutables et presque magiques pour des individus qui ne se donneront jamais la peine de lire. En posséder quelques uns ou plusieurs milliers, c'est devenir à coup sûr dans le regard de certains un personnage hors du commun, un philosophe, un prophète, un excentrique qui détient les arcanes du savoir.

C'est ce sentiment erroné qui fait que les bibliomanes, bibliophiles et autres bibliolâtres ne sont après tout que des imposteurs qui ne vibreront jamais pour la tournure poétique d'une phrase, pour la justesse d'une métaphore ou pour l'émotion suscitée par un récit. Ils ne resteront que d'avides collectionneurs motivés uniquement par le potentiel financier de leurs acquisitions et par le faux sentiment de respectabilité qu'elles leur procurent.

En cela, les onze auteurs représentés dans cette anthologie ne se sont pas trompés et ont su représenter tous les travers et tous les ridicules de ces faux érudits en proie à la convoitise et à la vanité de leur passion.
Lien : http://lebibliomane.blogspot..
Commenter  J’apprécie          30
Mon secret



Né à Arezzo en 1304, Pétrarque occupera différentes fonctions officielles et connaîtra l’errance toute sa vie. Chantre de l’amour galant et adorateur de Laure, il reste avant tout pour ses contemporains un érudit découvrant des manuscrits, auteur de plusieurs études historiques (Rerum memorandum, 1344) et philosophiques (De vita solitaria, 1346-1356 ; De dio religiosorum). Adulé de son vivant[1], il fera l’objet d’un véritable culte après sa mort, en 1374 à Padoue, et particulièrement en France, puisque Maurice Scève et la Pléiade (Ronsard, Du Bellay…) le considéreront comme un maître incontesté. Aujourd’hui le pétrarquisme ne fait plus à proprement parler école. Néanmoins la beauté des Canzoniere et la richesse de réflexion du génie italien ont traversé les siècles : nombre de lecteurs continuent à apprécier une œuvre constamment retraduite et re-commentée, comme en témoigne l’essai de Denis Montebello, consacré au fameux Secretum.

En 1351, Pétrarque se trouve dans le Vaucluse. Éprouvé par les tourments de l’exil, par la mort de Laure, sa Muse, l’homme achève la rédaction de "Secretum meum", conversation imaginaire entre Saint Augustin et le poète lui-même, à l’instar de "La Consolation de la philosophie" de Boèce ou du "Banquet" de Dante, autre Florentin banni. Écrit en latin, riche d’une vaste culture antique, "Mon Secret" évoque à la fois le deuil amoureux, la révélation mystique et les doutes de l’humaniste, qui considère sa propre douleur comme une source d’enrichissement intérieur, en opposition à toute la tradition médiévale.



Commenter pareil livre constitue une fameuse gageure. Denis Montebello s’y est attelé, a révélé les mécanismes propres à un texte souvent obscur pour le non-initié, entre conversation philosophico-théologique et autobiographie dialoguée. Traducteur de l’'Ascension du Mont Ventoux', et la Lettre à la postérité, l’auteur du Sentiment océanique se livre là à une belle exégèse, nous prend par la main pour s’aventurer dans la forêt du sens, débroussailler l’obscur maquis du texte, procédant d’une démarche rigoureuse, sans pour autant céder à la pesanteur ou au ton péremptoire de certains érudits. « Détective littéraire » pour reprendre l’expression d’Alberto Manguel[2], l’écrivain éclaire, ou tente d’éclairer les références historiques et/ou spirituelles, mais n’émet que des hypothèses, balise un chemin éventuel, non définitif ou figé. Reconstituant patiemment le parcours de Pétrarque à partir d’allusions, de non-dits, de clins d’œil, il justifie d’ailleurs son activité dans l’essai, et revendique la notion de jeu, soit la possibilité d’aborder la prose de Pétrarque de façon à la fois sérieuse et humoristique, dans une sorte de complicité bienveillante avec le lecteur, un rapport d’égal à égal : « Le poète est inspiré. Sa parole est oracle. Il faut un prêtre pour l’interpréter. Un truchement. Qui soit guide autant qu’interprète » (p. 23). La drôlerie, le parti pris ludique rendent ainsi Mon secret accessible, notamment lorsque D. Montebello évoque les « fils de pub » ou autres éléments contemporains, à côté de Cicéron ou de Virgile. Souple et imagée, parfois audacieuse, la langue du guide en question épouse les courbes de cet émouvant "Secret", écrit au XIVème siècle, et pourtant si actuel.



Article d'Etienne Ruhaud parue dans "Diérèse".
Lien : https://pagepaysage.wordpres..
Commenter  J’apprécie          20
L'ascension du mont Ventoux

C’est une lettre, sûrement la plus connue et la plus belle. L’Ascension du Mont Ventoux de Pétrarque, comme beaucoup des livres de l’auteur ne cesse de nous amener à mille réflexions. Il a 32 ans en 1336 lorsqu’il envoie cette lettre à son confesseur pour lui narrer son ascension du mont. C’est dans la splendeur des paysages du Vaucluse que le jeune auteur vit un pic de spiritualité. L’ascension devient alors allégorique. Plus il monte sur le mont, plus il comprend la signification nouvelle de ce que l’on appelle « béatitude ».

J’ai adoré lire cette lettre car, il ne faut pas s’y méprendre, elle ne parle pas que de Dieu. On y découvre et redécouvre la beauté de l’écriture de Pétrarque vacillant entre humour et romantisme bucolique. C’est un texte humain qui nous élève dans notre pensée et qui pourrait caractériser n’importe quelle personne au commencement d’une randonnée. On y retrouve la douleur, les courbatures, l’envie d’abandonner pour finalement persister et atteindre son but ultime, en être fier. Les errements de l’auteur donnent à sa plume une grande particularité. Même si Mon Secret est pour moi le meilleur écrit de Pétrarque, l’Ascension du Mont Ventoux est un vrai bijou de la littérature épistolaire.
Commenter  J’apprécie          20
Bibliomanies

12 auteurs pour 12 textes qui traitent d'un seul et même sujet: la bibliomanie. On se penche ici sur le cas de personnes pour qui la collection, l'accumulation de livres est une manie, une addiction. On nous explique que les bibliomanes sont des gens "vils" pour qui l'apparence est plus importante que la science. Je schématise mais le concept défendu c'est qu'il vaut mieux avoir peu de livres avec un contenu intéressant plutôt qu'une abondance de livres dont on n'est pas capable de parler et qui sont là uniquement pour décorer les murs.



Les textes sont présentés de manière chronologique mais malheureusement, malgré notre progression au travers des siècles, on a le sentiment de lire et de relire encore une fois la même chose. Passées les premières pages et les premières argumentations, j'ai eu l'impression de tourner en rond, je n'ai pas trouvé que l'accumulation de textes nous faisait avancer ou réfléchir sur le sujet. La bibliomanie est décrite comme inutile voire absurde, pourquoi pas mais bon les mecs, faudrait peut-être se renouveler un peu non?!



Je regrette également que chaque texte ne soit pas accompagné d'une petite "notice explicative" sur l'auteur afin de pouvoir le situer dans son contexte. D'autant plus que certains me sont totalement inconnus.



En bref, un sujet intéressant mais un assemblage lassant.
Lien : http://cestdurdetreunetortue..
Commenter  J’apprécie          20
L'ascension du mont Ventoux

Courte lettre adressée par le poëte à son père; il y explique son ascension du mont Ventoux avec son frère, et le profit qu'il en a tiré pour se consacrer à la vie de l'âme. Le texte, très court, contient également plusieurs réflexions sur le christianisme, et plus particulièrement sur Saint Augustin. C'est écrit dans un langage parfaitement accessible, et d'une grande modernité.
Commenter  J’apprécie          11




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Pétrarque (286)Voir plus


{* *}