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Citations de Plotin (99)


 Plotin
La beauté dans les êtres comme d'ailleurs dans tout le reste, c'est leur symétrie et leur mesure ; pour qui pense ainsi, l'être beau ne sera pas un être simple, mais seulement et nécessairement un être composé ; de plus le tout de cet être sera beau ; et ses parties ne seront pas belles chacune par elle-même, mais en se combinant pour que leur ensemble soit beau. Pourtant si l'ensemble est beau, il faut bien que ses parties soient belles, elles aussi ; certainement, une belle chose n'est pas faite de parties laides, et tout ce qu'elle contient est beau.

Ennéades, 1, 6, trad. Émile Brehier, Paris, Les Belles Lettres, 1989, p. 96.
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 Plotin
Toutes choses sont chargées de signes, et sage est celui à qui une chose peut en apprendre sur une autre.
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 Plotin
Le plaisir stable, c'est la sérénité.
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Souvent, je m’éveille de mon corps à moi-même. Je deviens extérieur aux choses, intérieur à moi ; je vois une beauté d’une miraculeuse majesté. Alors, j’en suis sûr, je participe à un monde supérieur. La vie que je vis, c’est la plus haute. Je m’identifie au Divin, je suis en lui.
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 Plotin
Aimer le Beau, c’est vouloir retrouver la patrie de l’âme perdue.
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PREMIÈRE ENNÉADE , LIVRE QUATRIÈME , DU BONHEUR

Si bien vivre (τὸ εὖ ζῇν) et être heureux (τὸ εὐδαιμονεῖν) nous semblent choses identiques, devons-nous pour cela accorder aux animaux le privilège d'arriver au bonheur? S'il leur est donné de suivre sans obstacle dans leur vie le cours de la nature, qu'est-ce qui empêche de dire qu'ils peuvent bien vivre? Car, si bien vivre consiste soit à posséder le bien-être, soit à accomplir sa fin propre . dans l'une et l'autre hypothèse les animaux sont capables d'y arriver : ils peuvent en effet posséder le bien-être et accomplir leur fin naturelle. Dans ce cas, les oiseaux chanteurs, par exemple, s'ils possèdent le bien-être et qu'ils chantent conformément à leur nature, mènent une vie désirable pour eux. Si nous supposons enfin que le bonheur est d'atteindre le but suprême auquel aspire la nature, nous devons encore dans ce cas admettre que les animaux ont part au bonheur quand ils atteignent ce but suprême : alors la nature n'excite plus en eux de désirs, parce que toute leur carrière est parcourue et que leur vie est remplie du commencement à la fin.
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Reviens à toi-même et regarde :

si tu ne te vois pas encore toi-même beau, fais comme le sculpteur d’une statue qui doit devenir belle, il enlève, il gratte, il polit, il nettoie, jusqu’à ce qu’il fasse apparaître un beau visage dans la statue.

Toi aussi, enlève tout ce qui est superflu, redresse ce qui est tortueux, nettoie ce qui est sombre, rends-le brillant, et ne cesse pas de sculpter ta propre statue, jusqu’à ce que resplendisse pour toi la divine splendeur de la vertu, jusqu’à ce que tu voies “la Sagesse debout sur son socle sacré“ (Platon Phèdre, 252d7 et 254b8).

Es-tu devenu cela ? As-tu vu cela ?

Est-ce que tu as avec toi-même un rapport pur, sans aucun obstacle à ton unification, sans que rien d’autre soit mélangé intérieurement avec toi-même ?

Es-tu devenu tout entier une lumière véritable, non pas une lumière de dimension ou de formes mesurables qui peut diminuer ou augmenter indéfiniment de grandeur, mais une lumière absolument sans mesure, parce qu’elle est supérieure à toute mesure et à toute quantité ?

Si tu te vois devenu cela, devenu toi-même une vision, prenant confiance en toi-même, remontant déjà vers le haut, tout en restant ici-bas, n’ayant plus besoin de guide, fixe intensément les yeux et regarde ! .
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 Plotin
La sensation se termine en imagination, et quand la première n'est plus, l'objet de la vision reste dans la seconde.

ÉNNÉADES IV,3
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 Plotin
L'âme ne peut voir le beau que si elle est belle elle-même.
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 Plotin
Tu était déjà le Tout, mais parce que quelque chose s'est ajouté en toi en plus du Tout, tu es devenu moindre que le Tout par cette addition même. Tu t'agrandis donc en rejetant tout ce qui est autre que le Tout : si tu rejettes cela, le Tout sera présent.
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Si, parce que Dieu n'est aucune de ces choses [que vous connaissez], votre esprit reste dans l'incertitude, appliquez-le d'abord à ces choses, puis, de là, fixez-le sur Dieu. Or, le fixant sur Dieu, ne vous laissez distraire par rien d'extérieur : car Il n'est pas dans un lieu déterminé, privant le reste de Sa présence, mais Il est présent partout où il se trouve quelqu'un qui puisse entrer en contact avec Lui ; Il n'est absent que pour ceux qui ne peuvent y réussir. De même que, pour les autres objets, on ne saurait découvrir celui que l'on cherche si l'on pense à un autre, et que l'on ne doit rien ajouter d'étranger à l'objet qu'on pense si l'on veut s'identifier avec lui ; de même ici il faut être bien convaincu qu'il est impossible à celui qui a dans l'âme quelque image étrangère de concevoir Dieu tant que cette image distrait son attention ; il est également impossible que l'âme, au moment où elle est attentive et attachée à d'autres choses, prenne la forme de ce qui leur est contraire.

De même encore que l'on dit de la matière qu'elle doit être absolument privée de toute qualité pour être susceptible de recevoir toutes les formes ; de même, et à plus forte raison encore, l'âme doit-elle être dégagée de toute forme, si elle veut que rien en elle ne l'empêche d'être remplie et illuminée par la nature première. Ainsi, après s'être affranchie de toutes les choses extérieures, l'âme se tournera entièrement vers ce qu'il y a de plus intime en elle ; elle ne se laissera détourner par aucun des objets qui l'entourent ; elle ignorera toutes choses, d'abord par l'effet même de l'état dans lequel elle se trouvera, ensuite par l'absence de toute conception des formes ; elle ne saura même pas qu'elle s'applique à la contemplation de l'Un, qu'elle Lui est unie ; puis, après être suffisamment demeurée avec Lui, elle viendra révéler aux autres, si elle le peut, ce commerce céleste. C'est sans doute pour avoir joui de ce commerce que Minos passa pour avoir conversé avec Jupiter : plein du souvenir de cet entretien, il fit des lois qui en étaient l'image, parce que, lorsqu'il les rédigea, il était encore sous l'influence de son union avec Dieu. Peut-être même l'âme, dans cet état, jugera-t-elle les vertus civiles peu dignes d'elle , si elle veut demeurer là-haut; c'est ce qui arrive à celui qui a longtemps contemplé Dieu.

[En résumé,] Dieu n'est en dehors d'aucun être ; il est au contraire présenta tous les êtres, mais ceux-ci peuvent l'ignorer : c'est qu'ils sont fugitifs et errants hors de lui, ou plutôt hors d'eux-mêmes : ils ne peuvent point atteindre celui qu'ils fuient, ni, s'étant perdus eux-mêmes, trouver un autre être. (VI, 9)
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 Plotin
« Car on pourrait dès lors arriver à une notion du mal comme ce qui est non-mesure par rapport à la mesure, sans limite par rapport à la limite, absence de forme par rapport à ce qui produit la forme et déficience permanente par rapport à ce qui est suffisant en soi, toujours indéterminé, stable en aucune façon, affecté de toutes manières, insatiable, indigence totale. Et ces choses ne sont pas des accidents qui lui adviennent, mais elles constituent son essence en quelque sorte, et quelle que soit la partie de lui que tu pourrais voir, il est toutes ces choses. Mais les autres, ceux qui participeraient de lui et s’y assimileraient, deviennent mauvais, n’étant pas mauvais en soi. »

Trouvé sur Dedefensa.org, article consacré au recadrage récent de la Douma russe concernant les opérations de changement de sexe.
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Il faut donc nous hâter de sortir d'ici-bas, nous détacher autant que nous le pouvons du corps auquel nous avons le chagrin d'être encore enchaînés, faire nos efforts pour embrasser Dieu par tout notre être, sans laisser en nous aucune partie qui ne soit en contact avec Lui. Alors, l'âme peut voir Dieu et se voir elle-même, autant que le comporte sa nature ; elle se voit brillante de clarté, remplie de la lumière intelligible, ou plutôt elle se voit comme une lumière pure, subtile, légère ; elle devient Dieu, ou plutôt elle est Dieu. Dans cet état, l'âme est donc comme un feu resplendissant. Si elle retombe ensuite dans le monde sensible, elle est plongée dans l'obscurité.

Mais pourquoi l'âme qui s'est élevée là-haut n'y demeure-t-elle pas? C'est qu'elle n'est pas encore tout à fait détachée des choses d'ici-bas. Mais un temps viendra où elle jouira sans interruption de la vue de Dieu : c'est quand elle ne sera plus troublée par les passions du corps. La partie de l'âme qui voit Dieu n'est pas celle qui est troublée [l'âme irraisonnable], mais l'autre partie [l'âme raisonnable] ; or elle perd la vue de Dieu quand elle ne perd pas cette science qui consiste dans les démonstrations, dans les conjectures et les raisonnements. Dans la vision de Dieu, en effet, ce qui voit n'est pas la raison, mais quelque chose d'antérieur, de supérieur à la raison ; si ce qui voit est encore uni à la raison, c'est alors comme l'est ce qui est vu. Celui qui se voit, lorsqu'il voit, se verra tel, c'est-à-dire simple, sera uni à lui-même comme étant tel, enfin se sentira devenu tel. Et même il ne faut pas dire qu'il verra, mais qu'il sera ce qui est vu, si toutefois on peut encore distinguer ici ce qui voit et ce qui est vu, et affirmer que ces deux choses n'en font pas une seule ; mais cette assertion serait téméraire : car dans cet état, celui qui voit ne voit pas à proprement parler, ne distingue pas, ne s'imagine pas deux choses ; il devient tout autre, il cesse d'être lui, il ne conserve rien de lui-même. Absorbé en Dieu, il ne fait plus qu'un avec Lui, comme un centre qui coïncide avec un autre centre : ceux-ci en effet ne font qu'un en tant qu'ils coïncident, et ils font deux en tant qu'ils sont distincts. C'est dans ce sens que nous disons ici que l'âme est autre que Dieu. Aussi ce mode de vision est-il fort difficile à décrire. Comment en effet dépeindre comme différent de nous Celui qui, lorsque nous le contemplions, ne nous apparaissait pas comme autre que nous-mêmes, mais comme ne faisant qu'un avec nous ?

C'est là sans doute ce que signifie la défense qu'on fait dans les mystères d'en révéler le secret aux hommes qui n'ont pas été initiés : comme ce qui est divin est ineffable, on prescrit de n'en point parler à celui qui n'a pas eu le bonheur de le voir. (VI, 9)
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12. Et les âmes humaines qui aperçoivent leur image, comme si c'était dans le miroir de Dionysos, viennent s'installer ici après s'être précipitées de là-haut, sans pour autant être aucunement séparées du principe qui est le leur, l'Intellect. Car elles ne sont pas venues avec l'Intellect : en réalité, elles sont allées jusqu'à [5] la terre, mais leur tête est restée solidement fixées en haut dans le ciel. Elles sont descendues plus bas, parce que leur partie intermédiaire était obligée de prodiguer leurs soins à ce jusqu'à quoi elles s'étaient portées, et qui avait besoin de soins. Mais Zeus le père, compatissant à la souffrance de ces êtres, rend mortels les liens qui les font souffrir et leur accorde des périodes de repos en les rendant libres de corps pendant certaines périodes de temps [10], pour leur permettre à elles aussi de se retrouver là-bas où reste toujours l'âme du monde qui, elle, ne se tourne en aucune façon vers les choses d'ici-bas. Car ce que l'âme du monde possède, c'est l'univers qui existe déjà, à qui il ne manque ni ne manquera rien, et qui est assujetti à des cycles temporels dont les limites sont fixées de toute éternité suivant des rapports d'alternance établis.
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I. Puisque celui qui s’élève à la contemplation du monde intelligible, et qui conçoit la beauté de l’Intelligence véritable, peut aussi, comme nous l’avons reconnu, saisir par intuition le principe supérieur, le père de l’Intelligence, essayons de comprendre et de nous expliquer à nous-mêmes, autant que nos forces nous le permettent, comment il est possible de contempler la beauté de l’Intelligence et du monde intelligible. Figurons-nous deux marbres placés l’un à côté de l’autre, l’un brut et sans aucune trace d’art, l’autre façonné par le ciseau du sculpteur qui en a fait la statue d’une déesse, d’une Grâce ou d’une Muse, par exemple, ou bien celle d’un homme, non de tel ou tel individu, mais d’un homme dans lequel l’art aurait réuni tous les traits de beauté qu’offrent les divers individus. Après avoir ainsi reçu de l’art la beauté de la forme (εἴδους ϰάλλος (eidous kallos)), le second marbre paraîtra beau, non en vertu de son essence qui est d’être pierre (sinon, l’autre bloc serait aussi beau que lui), mais en vertu de la forme qu’il a reçue de l’art. Or celle-ci ne se trouvait pas dans la matière de la statue. C’était dans la pensée de l’artiste qu’elle existait avant de passer dans le marbre, et elle existait en lui, non parce qu’il avait des yeux et des mains, mais parce qu’il participait à l’art. C’est donc dans l’Art qu’existait cette beauté supérieure : elle ne saurait s’incorporer à la pierre ; demeurant en elle-même, elle a engendré une forme inférieure, qui, en passant dans la matière, n’a pu ni conserver sa pureté, ni répondre complètement à la volonté de l’artiste, et n’a plus d’autre perfection que celle que comporte la matière. Si l’Art réussit à produire des œuvres qui soient conformes à son essence constitutive (sa nature étant de produire le beau), il a encore, par la possession de la beauté qui lui est essentielle, une beauté plus grande et plus véritable que celle qui passe dans les objets extérieurs. En effet, comme toute forme s’étend en passant dans la matière, elle est plus faible que celle qui demeure une. Tout ce qui s’étend s’éloigne de soi-même, comme le font la force, la chaleur, et en général toute propriété ; il en est de même de la beauté. Tout principe créateur est toujours supérieur à la chose créée : ce n’est pas la privation de la musique, mais c’est la musique même qui crée le musicien ; c’est la musique intelligible qui crée la musique sensible. Si l’on cherche à rabaisser les arts en disant que pour créer ils imitent la nature, nous répondrons d’abord que les natures des êtres sont elles-mêmes les images d’autres essences ; ensuite que les arts ne se bornent pas à imiter les objets qui s’offrent à nos regards, mais qu’ils remontent jusqu’aux raisons [idéales] dont dérive la nature des objets ; enfin, qu’ils créent beaucoup de choses par eux-mêmes, et qu’ils ajoutent ce qui manque à la perfection de l’objet, parce qu’ils possèdent en eux-mêmes la beauté. Phidias semble avoir représenté Jupiter sans jeter nul regard sur les choses sensibles, en le concevant tel qu’il nous apparaîtrait s’il se révélait jamais à nos yeux.
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7. Nous-mêmes et ce qui est nôtre remontons en effet vers l'être, et nous nous élevons vers l'Un et son premier rejeton, et nous intelligeons les intelligibles, sans passer par des images ou des empreintes d'eux ; si tel n'est pas le cas, c'est que nous devenons les intelligibles. Si donc nous avons part à la connaissance véritable, [5] nous sommes les intelligibles ; nous ne les recevons pas, mais nous sommes en eux. Et puisque les autres aussi, et pas seulement nous, devenons les intelligibles, nous devenons les intelligibles tous autant que nous sommes. Par conséquent, c'est en s'unissant à tous que tout ensemble nous sommes les intelligibles. Nous sommes donc à la fois toutes choses et une seule.

Ainsi, lorsque nous ne tournons pas notre regard vers ce dont nous dépendons, nous ne savons pas que nous sommes un ; [10] c'est comme si nous avions plusieurs visages tournés vers l'extérieur mais attachés à une tête tournée vers l'intérieur. Mais si l'on peut se retourner, soit de son propre chef, soit parce qu'on a eu la chance d'avoir les cheveux tirés par Athéna elle-même, on verra dieu, soi-même et l'univers. Dans un premier temps, on ne se verra pas semblable à l'univers. Mais par la suite, parce qu'on ne trouve pas de point où, en s'arrêtant, pn puisse se fixer une limite [15] et dire "jusque-là c'est moi", et parce qu'on cesse de s'exclure de la totalité de l'être, on ira soi-même vers l'univers tout entier, n'avançant vers aucun point, mais en demeurant là même où l'univers se dresse.
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Si tu ne vois pas encore ta propre beauté, fais comme le sculpteur d’une statue qui doit devenir belle : Il enlève ceci, il gratte cela, il rend tel endroit lisse, tel autre il nettoie, jusqu’à ce qu’il fasse apparaître le beau visage de la statue. De même, toi aussi enlève tout ce qui est superflu, redresse ce qui est oblique, purifiant tout ce qui est ténébreux pour le rendre brillant, et ne cesse de sculpter ta propre statue jusqu’à ce que brille en toi la clarté divine de la vertu (…).
Si tu es devenue cela(…), n’ayant plus intérieurement quelque chose d’étranger qui soit mélangé à toi (…) si tu te vois devenue ainsi (…), regarde en tendant ton regard, car seul un tel oeil peut contempler la beauté.
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Qu'y a-t-il donc de meilleur que cette Vie souverainement sage, exempte de faute et d'erreur ? Qu'y a-t-il de meilleur que l'Intelligence qui embrasse tout ? Qu'y a-t-il de meilleur en un mot que la Vie universelle et que l'Intelligence universelle ? Si nous répondons que ce qui est meilleur que ces choses est le principe qui lésa engendrées, si nous nous contentons d'expliquer comment il les a engendrées et de montrer qu'on ne peut découvrir rien de meilleur, au lieu d'avancer dans cette discussion, nous pesterons toujours au même point. Cependant, nous avons besoin de nous élever plus haut. Nous y sommes obligés surtout par cette considération que le principe que nous cherchons doit être conçu comme l'Absolu dans une souveraine indépendance de toutes choses : car, les choses sont incapables de se suffire chacune à elle-même ; ensuite, toutes ont participé de l'Un, et, puisqu'elles ont toutes participé de l'Un, nulle d'elle n'est l'Un. Quel est donc ce principe dont toutes choses participent, qui fait que l'Intelligence existe et est toutes choses ? Puisqu'il fait que l'Intelligence existe et est toutes choses, qu'il rend le multiple qui est en elle absolu par la présence de l'unité, qu'il est ainsi principe créateur de l'essence et de l'existence absolue, il doit, au lieu d'être l'essence, être supérieur à l'essence même aussi bien qu'à l'existence absolue.

En avons-nous assez dit, et pouvons-nous nous arrêter ici ? Ou bien notre âme sent-elle encore davantage les douleurs de l'enfantement ? Qu'elle enfante donc, en s'élançant vers l'Un, pleine des douleurs qui la tourmentent. Non, tâchons plutôt de la calmer par quelque charme magique, s'il en est d'efficace contre de pareilles douleurs. Mais, pour charmer l'âme, il suffit peut-être de répéter ce que nous avons déjà dit. A quel autre enchantement pourrions-nous encore recourir ? S'élevant au-dessus de toutes les vérités dont nous participons, cet enchantement nous échappe dès que nous voulons parler ou même penser. Car, pour exprimer quelque chose, la raison discursive est obligée d'aller d'une partie à l'autre, de parcourir successivement les différents éléments de l'objet ; or, qu'y a-t-il à parcourir successivement dans ce qui est absolument simple ? Il suffit de l'atteindre par une sorte de contact intellectuel. Or, au moment où l'on touche l'Un, on ne doit ni pouvoir en rien dire, ni avoir le loisir d'en parler ; ce n'est que plus tard qu'il est possible d'en raisonner. On doit croire qu'on l'a vu quand une lumière soudaine a éclairé l'âme : car cette lumière vient de Lui, est Lui-même.

Il faut croire qu'il est présent, lorsque, comme un autre dieu, il illumine la maison de celui qui l'appelle : car elle est obscure s'il ne vient l'illuminer. L'âme est donc sans lumière quand elle est privée de la présence de ce Dieu ; illuminée par lui, elle a ce qu'elle cherchait. Le vrai but de l'âme, c'est d'être en contact avec cette lumière, de voir celte lumière à la clarté de cette lumière même, sans le secours d'une lumière étrangère, c'est de voir ce principe à l'aide duquel elle voit. En effet, c'est le principe par lequel elle est illuminée qu'elle doit contempler, comme on ne contemple le soleil que par sa propre lumière. Mais comment y arriver ? Retranche toutes choses. (V, 3, 17)
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En disant que la vertu est une harmonie et le vice un manque d'harmonie, ne soutiendrons-nous pas une opinion acceptée des anciens et, surtout, un raisonnement nous faisant avancer insensiblement vers ce que nous recherchons ? Si en effet la vertu n'est que l'accord des parties de l'âme les unes avec les autres, accord conforme à la nature, et que le vice [10] manque de cette harmonie, il n'y aura rien qui vient s'ajouter, ni qui vient d'autre chose, mais chaque partie vient en quelque sorte, telle qu'elle est, s'ajouter aux autres, et elle n'y vient pas, quand l'harmonie fait défaut. C'est comme des choreutes qui dansent et qui chantent ensemble, même si c'est à tour de rôle, chacun chantant alors que les autres se taisent, [15] et chacun chantant sa partie ; il faut non seulement chanter ensemble, mais encore que chacun chante sa partie avec le talent requis en chantant avec son propre talent artistique. Dès lors, dans le cas de l'âme aussi, il y a harmonie quand chaque partie réalise la fonction qui lui revient. Il faut assurément qu'avant l'harmonie de l'âme il y ait une vertu pour chaque faculté, et de même, à l'inverse, [20] un vice qui précède le manque d'harmonie des parties en elles. (26, III, 6, 2).
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TOUTES LES ÂMES FORMENT-ELLES UNE SEULE ÂME ?

De même que l’âme de chaque animal est une, parce qu’elle est présente tout entière dans tout le corps, et qu’elle est ainsi réellement une, parce qu’elle n’a pas une de ses parties dans un organe, une autre dans un autre organe ; de même que l’âme sensitive est également une dans les êtres qui sentent, et que l’âme végétative est partout tout entière dans chaque partie des végétaux ; de même, mon âme et la tienne n’en font-elles qu’une, toutes les âmes n’en font-elles qu’une, et l’Âme universelle, présente dans tous les êtres, est-elle une parce qu’elle n’est pas divisée à la manière d’un corps, mais qu’elle est partout la même ? — Pourquoi, en effet, l’âme qui est en moi serait-elle une, et l’Âme universelle ne serait-elle pas une également, puisqu’elle n’est pas plus que la mienne une étendue matérielle ni un corps ? Si mon âme et la tienne procèdent de l’Âme universelle et que cette Âme soit une, mon âme et la tienne ne doivent faire qu’une âme. Si l’on suppose que l’Âme universelle et la mienne procèdent d’une Âme une, toutes les âmes dans cette hypothèse ne font encore qu’une âme. Il faut donc examiner en quoi consiste cette Âme qui est une.
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