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Critiques de Alexandre Vialatte (103)
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Les fruits du Congo

A une époque ignorant les longues-vues et les télescopes, on regardait le soleil et les éclipses à travers un morceau de verre enfumé.

Les éblouissants « Fruits du Congo » font office d'une telle lentille à émerveillements : Alexandre Vialatte nous installe derrière la fenêtre d'un train en mouvement et nous montre défiler la vie, avec ses magnificences qui éclatent, palpitent et s'éteignent, ses couleurs vives et ses déceptions, ses grandeurs imaginées et ne cessant de rapetisser au fur et à mesure que l'adolescence s'éloigne ; des feux de Bengale qui s'abîment, comme tous les feux, sur la terre plate.

Le balancement de ce train entre une vie rêvée et un rêve vécu, entre Éros et Thanatos, nous hypnotise lourdement, nous fascine et contamine pour nous laisser soûls d'amertume et de mélancolie.



J'ai lu très lentement « Les fruits du Congo » et j'aurais voulu ne plus sortir de l'ivresse procurée par leurs alcools forts.

J'y vis des contrées fabuleuses, des processions et des rites à l'allure merveilleuse, que la vie prend soin de trahir et d'assagir, de figer et de ranger par la suite dans le tiroir à souvenirs magiques.

J'y vis, comme dans « Le Grand Meaulnes », toute une mythologie de l'adolescence, cet âge avant que la vie n'étrique les vastes champs des possibles dont il en restera tout au plus une poignée d'anecdotes carbonisées.

J'y vis deux garçons ulcérés gracieusement par le virus livresque, témoignant des pulsions bovariques et rongés par la soif de faire corps avec un fantasme.

J'y poursuivis ces deux adolescents pendant leur quinzième année, rendus siamois par un songe commun : qui aime qui à travers les yeux de l'autre ? Est-ce vraiment Fred L amoureux malheureux ou bien le narrateur-récitant qui nous transcrit l'histoire du premier, en en souffrant pareillement ?

J'y saisis, à travers leur regard, ce songe qui gangrène et nourrit l'âme en douceur, lui promettant de la brillance au milieu de la banalité, poussant le destin à s'accomplir pour tout lui reprendre.

J'y vis Dora et « la négresse » porteuse des fruits : artefacts plus réels que la réalité ; images chéries, irradiant de la légende et de l'exaltation ; des chimères constitutives et façonnant des vies ne sachant et ne voulant plus se défaire de leurs illusions originaires.

J'y aperçus l'étrangeté de la banalité et la banalité de l'étrange.

J'y suivis la rencontre des garçons, tel le baiser de la foudre, avec la Beauté – initiatrice perverse, qui se fait plaisir à rendre boiteux ses fidèles sujets, transfigurés à jamais.

J'y trouvai, dans les jeux de ces mômes, un nom à donner au hasard, à la (mal)chance, au coup de destin, à l'angoisse et au cafard : « M. Panado », un être « stupide, machinal, sordide et tatillon » (p. 404), capable « d'un tas de petites saletés mélancoliques qui feraient de la vie, si on n'aimait pas rire, une pauvre et répugnante misère » (p. 398).

J'y suivis aussi Vingtrinier, le rhétoricien tuant des mouches qui, au lieu de vivre, écrivait sa vie : et aussi insignifiant qu'il soit, le scribe-criminel dont tout le monde voudrait s'éloigner, Vialatte nous laisse comprendre qu'il gesticule, inquiétant, dans tout un chacun.

J'y trouvai des personnages comme ceux de Jacques Tati et d'Ingmar Bergman, comme sortis du manteau de Gogol et de la redingote de Flaubert, des insectes à élytres luisants, décrits minutieusement jusqu'à ce que le lecteur perde pied et glisse dans l'onirisme somptueux de ce roman baroque, composite, foisonnant de vie(s).



Roman sur la vérité (que l'on devrait écrire seulement entre guillemets, tout comme la réalité, d'après Nabokov), sur l'amitié et sur l'altérité, sur l'amour rêvé et le rêve vécu intensément, sur le soupçon d'un sentiment resté en état de pure potentialité – donc apte à façonner une psyché et toute une vie –, flamboyante variation musicale sur le thème du destin et du temps qui passe, « Les fruits du Congo » demeure un livre de l'indicible.



Un chef-d'oeuvre.
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Les fruits du Congo

Vialatte, c’est la magie de l’adolescence, plus près de Meaulnes et de ses rêveries romantiques que des gamins déjà accro aux paradis superficiels et l’appât des biens illusoires.



C’est un monde de doux dingues, qui trouvent leur bonheur au sein de sociétés secrètes nourries de mythologie et de fantasmes. Les décors prennent vie et se dressent parés d’une histoire digne de contes et légendes d’un univers imaginaire.



Mais même dans un conte de fées, il arrive que la réalité rattrape et dépasse la fiction, brouillant les pistes à un point que ni le héros ni le lecteur ne parvienne à faire la part de choses. Et c’est un double meurtre qui vient semer le doute au coeur d’une histoire d’amour.



Les personnages multiples, réels mais avec une grande part de romanesque, se mêlent à d’autres, plus énigmatiques , dont le fameux Mr Padano, qui occupera tout un chapitre consacré à son ubiquité



Vilalatte c’est aussi la mélodie d’une prose envoutante, , parfois pléthotrique, mais toujours magique.



Alors, lorsque le doute survient, se laisser porter par les phrases et ce qu’elles cachent, pour un moment d’onirisme unique .
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Battling le ténébreux, ou, La mue périlleuse

Dès les premières lignes, la mélodie et la fluidité de la langue est saisissante : c’est un flux harmonieux qui nous incite à découvrir les aventures ces lycéens en pleine révolution hormonale. Jouant les rôles des adultes qu’ils ne sont pas encore, avec la désinvolture de circonstance, ils apprennent les codes d’une vie sentimentale, parfois docile, parfois subie.



Battling est au coeur de l’histoire. Battling, autrement dit Fernand Larache, élève dans un lycée de province. De jolies femmes font des apparitions remarquées dans les cercles étroits de la petite ville, où l’on vit dans le calme des ragots en se remettant des pertes de la guerre passée, sans savoir qu’une autre suivra.



Analyse fine des passions adolescentes, d’autant plus douloureuses qu’elles sont sans filtre, faisant fi de toute raison. Sans compter le désir augmenté par la concurrence des autres jeunes aspirants à l’amour;





Grand plaisir de lecture pour ce roman du début du vingtième siècle.


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Les fruits du Congo

Vialatte ! J'en avais entendu l'éloge du temps que j'étais curiste dans une petite ville thermale d'Auvergne. Le docteur Dedet, le talentueux écrivain devrais-je dire, celui de la Mémoire du fleuve, me semblait davantage attiré par les lettres que par les caprices de mon dolichocôlon. Il m'enjoignit d'aller aux eaux et doctement, me prescrit la lecture d'Alexandre Vialatte, le régional de la station qui livrait ses chroniques à La Montagne (journal local), non sans les clore chacune par : "Et c'est ainsi qu'Allah est grand".



Outre une rencontre avec Battling le ténébreux, son ordonnance insistait sur des prises régulières de Fruits du Congo.

Cependant, la posologie sut attendre...



Beaucoup d'années plus tard, oublié sur un rayonnage, je retrouvai l'ouvrage, "Il était là, pareil à la vie indulgente."



Les comparaisons sont souvent vaines, stupides ou stériles ; tout de même, il me semble que lire Vialatte c'est comme lire à la fois les trois Jacques : Sternberg, Audiard et Prévert plus Blondin, Fallet, un peu Anouilh et beaucoup Giono (Jean le Bleu). Avouons que c'est là prendre un plaisir de lecture avantageux...



La poésie, la tristesse, la mélancolie le disputent au baroque, à la truculence, à l'humour en une sorte de faconde, véritable hymne, envers et contre tout, à la vie, "là où le meilleur vaut le pire", cependant qu'implacable et inéluctable le fatum menace toujours :

"Le destin passe dans nos vies avec des semelles de feutre. Il se cache en ne se masquant pas. Ce qui empêche de l'identifier, ce sont ces gestes si quotidiens, cette absence de mystère et de cérémonie. On ne le reconnaît qu'une fois passé. Il faut donc excuser les enfants romanesques qui s'attendent à le voir venir entouré de foudres et d'éclairs, de ne pas sentir quand il arrive, quand sa main saisit leur poignet sous leur pèlerine de collégien, d'un geste qui laissera des traces."



Cette nostalgie d'une adolescence en allée, il convient de la conduire lentement afin d'y distiller sans mesure un style subtil, inattendu dans lequel le zeugma se livre généreux et fantasque tandis que l'oxymore s'excuserait presque de tant d'audace. Il ne faut pas craindre de s'abandonner et se perdre au sein d'un univers fantastique, parfois surréaliste à l'instar de celui du Grand Meaulnes.



Cette oeuvre appellerait une création cinématographique mais quel réalisateur aurait été ou serait assez inconscient pour s' aventurer dans ces dédales de l'imaginaire et du merveilleux : Philippe de Broca , Michel Deville, Jean-Pierre Jeunet ?



Et si tout cela devait se traduire dans l'image d'un peintre peut-être Aristide Caillaud aurait-il su brosser une juste vision de cet exotisme enchanteur, fut-il provincial.



Mais trêve de synesthésie...

Puisque c'est ainsi que Vialatte est grand !

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Les fruits du Congo

Les lecteurs de Vialatte, sont, en général, des gens gentils et bien élevés.

Enfants, ils collectionnaient les pipes en terre cuite de tir forain, les oursins fossiles et les timbres poste de pays lointains.



Devenus grands, ils lisent de très bons livres comme : "Les fruits du Congo", roman inclassable sur l'adolescence, plein d'enchantements, de poésie et, où la cocasserie n'est jamais gratuite car elle est une partie du plan mystérieux du fabuleux auvergnat.



Lire Vialatte, c'est accéder à la magie d'une prose souvent drôle, toujours inventive et poétique.



Tentez l'expérience, elle en vaut la peine !
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L'éléphant est irréfutable

J'ai un problème. Rassurez-vous, ne partez pas, mon intention n'est pas de vous accabler avec mes soucis petits ou grands !

Je parle d'un problème de lecture, voilà : depuis quelques temps, dès que je commence un livre, au bout de quelques pages, ou au mieux de quelques chapitres, j'ai envie de le laisser pour en commencer un autre...qui connait le même sort!

Embarras du choix peut-être, si j'en crois ma bibliothèque virtuelle Babelio, j'ai plus de 700 (sept cent) "Livres à lire" !

Toujours est-il que je n'avance pas dans mes lectures.

La solution de facilité, serait de rester un temps SANS LIRE!

Inimaginable direz-vous ? Nous sommes d'accord !

Une alternative se présente cependant sous la forme de textes courts...

Et là, c'est l'illumination !

Les chroniques de Vialatte bien sûr ! Et qui plus est des chroniques inédites (pour moi) puisque voilatipa, que je m'aperçois que j'ai un recueil que je n'ai pas encore lu alors que je l'ai depuis vingt ans !

J'ai déjà eu l'occasion dans mes billets de dire toute la satisfaction que me procure la lecture de l'oeuvre de Vialatte, je réitère, persiste et signe !

Les "célèbres" chroniques sont un bonheur, une gourmandise, du bonbon pour l'esprit..!

Ce volume (lecture en cours) n'échappe pas à cette enthousiaste définition et je le répèterai donc : lisez Vialatte, c'est un remède à bien des maux!
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Bestiaire

Bestiaire, ou un florilège autour du thème des animaux, mais pas uniquement nos "frères inférieurs", puisqu'on trouve aussi dans ces pages : le russe, l'Homme, la Femme !



Des textes parfois très courts, extraits des célèbres (?) "Chroniques" qu'a tellement vantées Desproges (un homme de goût)



Pour le lecteur assidu de Vialatte (un autre genre d'oiseau rare, je le crains) ce livre n'est qu'une confirmation du talent de l'auvergnat amateur de proverbes bantous.



Pour les autres, une belle occasion de découvrir une fabuleuse plume !
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Pas de H pour Natalie

De son vivant, Alexandre Vialatte (1901-1971) était connu pour des romans comme "Battling le ténébreux" ou "Les fruits du Congo", les lettrés le savaient aussi être le découvreur et traducteur de Kafka.



Il fallut cependant attendre 1978, soit sept ans après son décès pour qu'un éditeur (Julliard) commence à publier en recueil ses fameuses chroniques, essentiellement parues dans le quotidien "La montagne".



Ces volumes aux titres qui peuvent laisser songeur : "Profitons de l'ornithorynque", "L'éléphant est irréfutable","Antiquité du grand chosier", préfacés par des auteurs tels que Pierre Daninos, Jacques Laurent ou Claude Duneton, permirent enfin aux lecteurs de découvrir tout le talent de Vialatte.



Un recueil comme "Pas de H pour Natalie", ne se lit pas d'une traite comme un roman. Il se déguste avec gourmandise, comme une boite de bonbons littéraires à la fois doux, subtils et acidulés.



Car, comme le disait l'auvergnat pour conclure ses chroniques : "C'est ainsi qu'Allah est grand."
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L'Oiseau du mois

Saviez-vous que :



"La chauve-souris et la marquise de Pompadour ont en commun la mamelle pectorale "

"Que l'auvergnat s'acclimate partout même dans la perfide Albion ."

"Que la sorcière quand elle est en groupe, vole sur son balai en formation comme les oies sauvages. "



Non ?



Alors, découvrez le, et encore beaucoup d'autres choses étonnantes, absurdes et poétiques, en lisant ce petit livre illustré par Albert Lemant, qui reprend les douze chroniques parues entre janvier1968 et janvier 1969 dans "Arts ménagers".



Un vrai petit bonheur, comme tous les recueils des fameuses chroniques de Vialatte que Desproges citait souvent, et qui l'ont manifestement influencé..!
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Almanach des quatre saisons

Lire et relire Vialatte est toujours pour moi source de ravissements.



L'auteur de Battling le ténébreux, n'avait pas son pareil pour trouver dans la plus commune des choses, un biais d'humour et de poésie pour l'évoquer.



Ainsi, entre mille autres merveilles nous apprenons que le lion est : "un vertébré d'un beau roux qui a la couleur du lièvre, avec l'oreille plus courte et la crinière plus forte".



Cher Alexandre pour qui la plus modeste forme de sagesse populaire était une inspiration divine !



Lisez, relisez, découvrez l'oeuvre de Vialatte, les chroniques surtout, qui regorgent de pépites au détour de chaque phrase.



Un vrai bonheur de lecture, je vous l'assure !
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La porte de bath rahbim

Ce receuil de chroniques- ces fameuses chroniques de Vialatte dont parlait Desproges, et dont Transparaissent les influences dans ses propres chroniques- paru en 1986, porte un titre énigmatique.



Qu'est ce que cette porte de Bath-Rabbim?

Dans sa préface, Ferny Besson, amie intime de Vialatte nous éclaire :

"Cette énigmatique porte de Bath-Rabbim a obsédé Vialatte sa vie durant. Pour lui, ceux qui la passent sont les poètes, les créateurs..."



Vialatte parlait merveilleusement des créateurs dans ses chroniques : écrivains, dramaturges, peintres, cinéastes et parfois quidam touché par la grâce...!



Vialatte lui même était touché par la grâce, son écriture a quelque chose d'enchanté et d'enchanteur, tant -et je cite à nouveau Besson : "L'émerveillement est le clef de tout ce qui intéresse ou émeut Alexandre Vialatte. L'emerveillement est la clef de tout ce qu'il écrit."



Je l'ai déjà écrit, mais je ne crains pas de le répéter : Partagez l'émerveillement, passez la porte de Bath-Rabbim : Lisez Vialatte !

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Mon Kafka

Décidemment, je trouve que la prose d'Alexandre Vialatte a quelque chose de magique.



Dans le premier des textes ici réunis, il parle de neige, et voilà que je me sens nostalgique de la neige qui n'est pas tombée en Normandie l'hiver dernier.



Si il est question de neige, c'est qu'il est question d'un hiver allemand au milieu des années 20.

Vialatte est en poste dans cette Allemagne du premier après-guerre, il écrit pour un journal :" la Revue rhénane", c'est là qu'il publie ses premières traductions de Kafka, qu'il vient de découvrir, et dont il a décidé d'être "le prophète étonné".



Car, il faut le savoir, et surtout ne pas l'oublier : c'est Alexandre Vialatte qui a fait connaitre au public français et plus largement francophone, l'oeuvre si singulière de Franz Kafka.



Ce livre rassemble des textes, souvent inédits que Vialatte a consacré à l'auteur de "La métamorphose".

Ce sont des textes enthousiastes et inquiets, Vialatte craignant toujours de na pas rendre justice à l'écrivain praguois qu'il adule.



L'édition parue aux éditions "Les belles lettres", est complétée par les chroniques "Khafkaesques" déjà publiées dans différents recueils.



Lire cet ouvrage,c'est côtoyer deux grands auteurs.
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Antiquité du grand chosier

Jamais rassasié de lectures, j'ai l'embarras du choix pour tenter d'étancher ma soif inextinguible de littératures (pluriel volontaire et de rigueur).



J'ai jeté mon dévolu sur une petite bibliothèque vitrée héritée de mon oncle. C'est un meuble bon marché des années soixante, mais il a pour moi une valeur sentimentale ; mon oncle y rangeait sa collection de San-Antonio.



Aujourd'hui j'y ai rassemblé quelques uns de mes auteurs préférés : Lovecraft, y côtoie Céline, qui voisine avec Audiard, et bien sûr, j'y garde les livres d'Alexandre Vialatte.



Tout ce préambule ne me parait pas superflu, il faut une petite mise en situation pour pouvoir parler du génial auvergnat.

Les chroniques de Vialatte, comme celles ici réunies, se dégustent comme un met rare et fin, il faut prendre le temps d'en découvrir les saveurs, les arômes cachés.



Si vous n'avez encore jamais lu les chroniques, que vantait en son temps le grand Desproges, je vous y invite une fois encore, mais attention, comme l'écrit René de Obaldia dans sa préface : " ne pas dépasser la dose prescrite ; il faut se garder de dévorer d'un coup le volume. Savourons plutôt telle ou telle période au gré de l'humeur, de l'esprit capricant."
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Bananes de Königsberg

Ce livre au titre une fois encore énigmatique , je rappelle quelques titres d'autres recueils de chroniques de Vialatte : "Profitons de l'ornithorynque", "Les champignons du détroit de Behring", se divise en trois grandes parties :



1-Le carnaval rhénan

2-Les fakirs à la svastika

3-Ces messieurs de Lunebourg.



La première partie présente un Vialatte germanophile, qui pense que la culture et les arts peuvent faciliter le rapprochement et la réconciliation des allemands et des français, après la grande hécatombe de la première guerre mondiale, il y œuvre avec enthousiasme au sein de la "revue rhénane".



La deuxième partie, la plus courte, voit Vialatte s'alerter de la montée du nazisme ; il ne semble guère entendu quand il prédit la guerre qui menace



La troisième est consacrée aux recensions par Vialatte des procès de criminels de guerre nazis, qui ne semblent pas prendre la mesure de ce qui leur est reproché.



Alexandre Vialatte, ami des arts, des hommes, des bêtes, des choses, découvreur et premier traducteur français de Kafka a vu ses espoirs et ses rêves fraternels et pacifistes s'effondrer.



C'est de cela dont il est question dans ces "bananes de Königsberg", une désillusion qui vient, d'abord insidieusement puis qui éclate et laisse des blessures...



Cela aussi, Vialatte savait bien l'exprimer, car comme l'écrit son amie Ferny Besson dans sa préface : "Ces "Bananes de Königsberg" éclairent et nuancent l'apparence de frivolité qu'Alexandre Vialatte s'est amusé, presque toujours, à donner de lui-même. Elles affirment qu'il est aussi un écrivain profond."

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Les amants de Mata Hari

Court roman ou longue nouvelle (à peine 90 pages), "Les amants de Mata-Hari", fait partie des textes de Vialatte publiés à titre posthume, une fois que sa postérité fut enfin établie.



On y retrouve des thèmes chers à l'auteur de "Battling le ténèbreux" : l'amitié d'un groupe d'adolescents, les amours romanesques et parfois contrariées, les rêves de voyages et d'aventures.



Débutant d'une manière légère, où le style élégant et imagé de Vialatte fait merveille, le texte, dans les dix dernières pages devient dramatique, pour ne pas dire tragique !



C'est que les rêveries des jeunes gens imaginatifs bercés de romans et de poésie ne résistent guère au temps qui passe.



Encore un très beau texte d'un auteur qui gagne décidemment à être connu !
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Chroniques des immenses possibilités

Ha ! Les chroniques de Vialatte, l'humanité se divise en deux parties : les gens qui ne les ont jamais lu et les autres..!



Je me flatte de faire partie des 0,000001 % (environ)

qui constituent la deuxième catégorie.



Il ne tient qu'à vous de rejoindre ce club ouvert à toute personne aimant la langue française, l'humour jovial, l'érudition, le tout dans le bon ton, j'entends par là, sans malice ni vulgarité.



Vous pourrez, qui sait, vous aussi y trouver la grandeur consécutive d'Allah qui venait conclure chaque chronique.
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Dernières nouvelles de l'homme

Paru fin 1978, "Dernières nouvelles de l'homme" est le premier recueil de chroniques d'Alexandre Vialatte, d'autres suivront chez cet éditeur, il y en aura une douzaine en tout si je ne me trompe.*



Dans sa préface, Jacques Laurent parle de l'oeuvre de Vialatte comme d'une oeuvre "notoirement méconnue", la formule est de Vialatte lui-même.



C'est qu'en effet, les "chroniques" paraissaient dans des publications largement diffusées et potentiellement touchaient plus d'un million de lectrices et lecteurs !

Mais qui parmi ce nombreux lectorat identifiait l'auteur ?



Heureusement, Julliard eut la bonne idée de publier les chroniques en volume, leur donnant un support digne d'elles et de leur auteur.



Ce premier volume comporte une introduction signée Ferny Besson très proche amie de Vialatte qui conclut ainsi en parlant du style d'écriture de son ami : "On ne saurait être à la fois plus lyrique, cocasse, intelligent, grave simple et complet. Purement musical et classique."



Un fort juste résumé de l'esprit des chroniques...







*Réédités en poche chez "Presse Pocket."

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Badonce et les Créatures

Si Alexandre Vialatte a acquis une certaine renommée pour ses fameuses "chroniques", il reste encore méconnu pour l'essentiel de sa création littéraire.



Badonce et les créatures, propose seize courtes nouvelles, genre que Vialatte a peu pratiqué.



On retrouvera dans ces textes des thématiques chères à l'auteur de "Battling le ténébreux" comme l'enfance, le passage à l'âge adulte.



Ce qui est assez remarquable avec Vialatte,c'est sa capacité à s'émerveiller de petites choses du quotidien, ce qui se retrouve dans ses chroniques, et sa bienveillance pour l'humain.

Une bienveillance frivole et joyeuse, sans leçon ni morale, en clair, une joie de vivre et une joie à dépeindre la vie.
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Dires étonnants des astrologues

"Dires étonnants des astrologues", et dires étonnants de Vialatte.

Saviez-vous que :



-Que l'homme du muguet : "fait la chasse aux carpocapses. Cueille la polémoine, et sème le chou de Bruxelles" ?



-Que : "des spéléologues très savants trouvent dans le sable argentifère, une clavicule de mouton qui permet de reconstituer le squelette du premier homme" ?



-Que : "Quand le soleil est vertical, l'homme corpulent ne voit plus son ombre" ?



-Que: "Pour les fillettes nées sous le signe du lion, il n'est pas rare qu'elle épousent un monarque, un comptable, un maître d'hôtel ou même parfois le patron du brasserie importante"?



-Que : "Les hommes nés en décembre, meurent généralement dans des naufrages célèbres, soit en Mer Noire, soit dans l'Atlantique Nord, pendant que la musique de l'orchestre joue l'hymne national sur ce qui dépasse encore"?



Et encore, cent autres choses cocasses, spirituelles, poétiques, savantes.



Ce petit livre rassemble douze textes-un par mois- et il est une bonne entrée en matière pour qui voudrait découvrir l'esprit des célèbres "chroniques".
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Critique littéraire

Outre ses chroniques, désormais notoirement méconnues comme l'ensemble de son oeuvre, Vialatte écrivit nombre de billets et de critiques littéraires.



L'éditeur Arléa eut en 2010, l'heureuse idée d'en proposer un florilège sous la forme du présent volume.

Classés par ordre alphabétique, quarante deux auteurs sont passés en revue.

Vialatte en parle avec une acuité et une justesse qu'il faut saluer.

Souvent avec ironie, mais jamais avec fiel -car cet auvergnat ne faisait point preuve de malice- Vialatte peint des portaits frappants de ses frères et soeurs de plume.



Oui, acuité et justesse : j'en veux pour preuve, les pages consacrées à Louis-Ferdinand Céline, Vialatte le dépeint sans concessions ni méchanceté, il parle de l'homme et de l'auteur sans rien omettre ni mettre en exergue de celui qu'il présente comme un monstre sacré -aussi sacré que monstre !-



Je l'ai déjà dit ailleurs et le répète ici, il FAUT lire Vialatte, c'est un auteur dont le talent vous illumine et, qui sait, vous rend peut-être un peu meilleur...

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