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EAN : 9782266072489
282 pages
Pocket (12/09/1999)
  Existe en édition audio
4.08/5   32 notes
Résumé :
"Vous connaissez Vialatte? Vous aimez? Ces questions n'en étaient pas; elles n'en sont toujours pas; elles font partie d'un mot de passe. Une réponse affirmative permet de classer l'interlocuteur. Si l'on aime Vialatte, c'est qu'on pratique une région de la littérature qui va de Morand à Giraudoux. Encore faut-i! se méfier du diagnostic car on peut tomber sur un amateur de Vialatte qui déteste Morand et qui raffole d'Audiberti où, ce qui est le plus grave mais exist... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Paru fin 1978, "Dernières nouvelles de l'homme" est le premier recueil de chroniques d'Alexandre Vialatte, d'autres suivront chez cet éditeur, il y en aura une douzaine en tout si je ne me trompe.*

Dans sa préface, Jacques Laurent parle de l'oeuvre de Vialatte comme d'une oeuvre "notoirement méconnue", la formule est de Vialatte lui-même.

C'est qu'en effet, les "chroniques" paraissaient dans des publications largement diffusées et potentiellement touchaient plus d'un million de lectrices et lecteurs !
Mais qui parmi ce nombreux lectorat identifiait l'auteur ?

Heureusement, Julliard eut la bonne idée de publier les chroniques en volume, leur donnant un support digne d'elles et de leur auteur.

Ce premier volume comporte une introduction signée Ferny Besson très proche amie de Vialatte qui conclut ainsi en parlant du style d'écriture de son ami : "On ne saurait être à la fois plus lyrique, cocasse, intelligent, grave simple et complet. Purement musical et classique."

Un fort juste résumé de l'esprit des chroniques...



*Réédités en poche chez "Presse Pocket."
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le train du soir.

" Vingt fois j’ai voulu dire adieu à ma jeunesse. Vingt fois j’ai craint de me montrer ridicule. C’était trop tôt. La fois suivante, elle était partie. On ne saurait dire adieu trop vite à sa jeunesse. Elle s’en va sur la pointe des pieds.

L’homme entre dans le soir de sa vie comme dans un pays étranger. Les gares sont plus petites et plus rares. Les voyageurs deviennent moins nombreux. Ils ont changé de costume. On ne voit plus de bérets basques. Les quais sont de plus en plus déserts. Les affiches, dans les salles d‘attente, ne parlent plus des mêmes montagnes. Et sou­dain, au bout d’un tunnel, l’horizon lui-même a changé. Quels sont ces longs pays bleuâtres ? Des plaines s’éten­dent, qu‘on n‘avait jamais vues ; transfigurées par on ne sait quel reflet. Plus loin, au loin (mais à quelle distance exactement ? les distances trompent), plus loin, c‘est la terre de la mort.

Si l’on descend dans quelque ville, elle est paisible, provinciale, et pour ainsi dire tourangelle. On en aime la lenteur et la sérénité, le ciel vert (je ne sais comment dire), les parterres du jardin public. On ne savait pas qu‘on n’aimait plus que les fleurs.

La nuit tombe et, sur les étoiles, on voit se détacher un bicorne. Il coiffe quelque amiral de marbre ou quelque académicien de bronze. On cherche le nom : c’est le petit D., qui ne savait pas la géographie, ou le petit L…, qu‘on battait en grammaire. L‘amiral avait peur de l’eau, l’académicien solennel était sergent au 3° zoua­ves. Le premier de la classe est devenu comptable, le timide fut martyr dans l’Oubangui, le dernier a son por­trait dans tous les magazines : on cite ses traits, on admire ses pièces. Le sportif s’est fait pharmacien, l’Au­vergnat dirige trois brasseries. Les autres sont morts. Une large rue mal éclairée, où l’on distingue dans une vitrine des hommes blafards habillés en chasseurs, porte le nom d’un grand graveur dont on fréquentait la maison ; on garde encore dans un tiroir sa pipe, sa rosette, son monocle. On se rappelle des fêtes sur la Marne, des charmilles, des drapeaux, des barques, des enfants. C’est à pleurer. Plus loin, une inscription gravée rappelle le nom d’un écolier qui se fit tuer dans la Résistance. On le revoit, à l’étude du soir, par une fenêtre du collège, devant un gros dictionnaire latin.

D’où sortent toutes ces choses ? D’un film ? De la mémoire ? On erre dans son présent comme dans un vieux musée. On s‘égare. Sur une petite place où clignote la lumière d’un restaurant jaunâtre, une statue (encore !) s’élève sous les tilleuls, qu’on discerne mal dans cette ombre. On l’éclaire avec une lampe torche. On retrouve le visage de son meilleur ami. Déjà…

Ils sont tous descendus pendant que le train était en marche. D’autres peuplent de longs cimetières. Un chat y passe, dans une allée, l‘après-midi.

Il faut reprendre le train du soir. Le pays est de plus en plus désert, les gares de plus en plus distantes. Et, un matin, les rails ayant changé de versant, on revoit, mais de si haut et de si loin, un bref instant, le pays de la vie, comme autrefois."
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L’enfance de l’homme, sans la Bibliothèque rose, ne serait qu’une aventure ratée.
L’homme n’a-t-il pas besoin de monstres et de loups ? Qu’est-ce de l’enfant? Nul ne connaît comme lui le plaisir d’avoir peur. Il a besoin du loup ; pis, de l’ombre du loup. Il lui faut des nains et des ogres ; des anges, du crime, et de la justice ; des diables et des loups garous. Comment, sans cet apprentissage, les reconnaîtrait-il dans la vie ? Il en a des frissons de plaisir. Il lui faut le vrai sous une forme très simple. Les contes le nourrissent de schémas ; plus tard il aura Mme Mac Miche, plus tard M. Pickwick, et enfin l’homme lui-même, la forme la plus drôle et la plus compliquée de toute la faune dont l’embryon est dans les contes.
Comment décrypterait-t-il l’homme, sans l’apprentissage progressif qui le fait passer par Perrault, puis par la comtesse de Ségur, par Dickens, par Shakespeare et par Alphonse Allais ?
Le conte d’enfants, c’est la vie décryptée. La comtesse de Ségur est une étape.

Il y a un âge qui exige Gribouille et le Général Dourakine. Il y a un âge où l’on a besoin qu’un général russe corpulent, avec du poil dans les oreilles et des favoris en broussaille, mange un poulet avec ses doigts dans une berline, pour s’ouvrir l’appétit avant le repas de midi. Où il faut des zouaves rassurants, des jardiniers zélés et des petites filles modèles (en pantalons bouffants qui descendent jusqu’aux pieds.
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L'école du soir, c'est l'école de la nuit, c'est le carnaval, c'est un théâtre d'ombres. On les voit passer dans la rue à travers la vitre embuée d'un de ces petits bistrots anonymes ou "il vaut mieux entrer en titubant si l'on ne veut pas se faire remarquer". Les feux des lampadaires et les flammes de l'alcool exagèrent sur les murs l'ombre des figurants, jusqu'à donner aux Pieds Nickelés des proportions de personnages shakespeariens. C'est l'école du souvenir et l'école de l'oubli où l'on ne se rappelle plus si l'on court après soi ou si l'on vole à sa rencontre, dans un sprint où l'on ne sait jamais si l'on se retrouve devant ou derrière. Où l'on se cravache éperdument pour se fuir ou se retrouver. L'école du soir, c'est la Nuit de Nerval, pleine de fantasmes et de fantômes. C'est la journée du noctambule. C'est la nuit qui prend toute la place. C'est le programme de la terre brûlée, en face de l'invasion de la vie avec ses monstres exigeants et monotones. Où chaque nuit devient une Grande Nuit où chaque soir devient un Grand Soir, une célébration solennelle.
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Pourquoi ne se suicide-t-on pas ?
Parce qu'il faut prendre le train, parce que quelqu'un appelle au téléphone, parce que la cloche sonne pour le dîner. Rousseau avait tenté vingt fois de se jeter dans l'étang de Montmorency.
"Pourquoi ne l'avez-vous pas fait ? lui demanda Diderot.
- J'ai mis la main dans l'eau... et je l'ai trouvée trop froide", lui dit Rousseau au bout d'un temps d'hésitation.
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L'Auvergne produit des ministres, des fromages et des volcans... La chèvre broute sur leur profil une espèce de pierre ponce poreuse, mais de faible valeur nutritive, qui donne à son lait un peu rêche un petit goût de secousse tellurique apprécié par les géologues .
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Videos de Alexandre Vialatte (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alexandre Vialatte
Emmanuelle Bayamack-Tam et son invité, Frédéric Boyer.
À l'occasion d'une grande journée dominicale qui célèbre à La Criée les 40 ans des éditions P.O.L, Oh les beaux jours ! a convié l'un des grands noms de ce catalogue, Emmanuelle Bayamack-Tam, qui publie aussi des romans noirs sous le nom de Rebecca Lighieri, et dont l'oeuvre, dense et d'une folle liberté, échappe à toute tentative de classification. Récemment couronnée par le prix Médicis pour La Treizième Heure, l'écrivaine reviendra sur les thèmes récurrents de ses romans : la métamorphose, qui parcourt son oeuvre, mais aussi le rapport au corps – notamment lorsqu'il se transforme à l'adolescence –, la famille et le nécessaire requestionnement du rôle qu'on lui alloue dans nos sociétés, la religion et l'appartenance à une communauté, la question du genre et des identités multiples…
L'entretien explorera également le style Bayamack-Tam, sa capacité à mêler les voix en explorant les genres littéraires (poésie, récit, chanson…) jusqu'à les renouveler, son art singulier et assumé de laisser infuser dans ses romans toutes les lectures qui l'ont «enfantée» en littérature. La conversation portera également sur une pièce de théâtre en cours d'écriture, dont nous sommes allés filmer les répétitions, et sur son goût pour le cinéma, en particulier pour les films de Pedro Almodóvar. Il sera aussi question du roman graphique qu'elle a écrit avec Jean-Marc Pontier, et bien sûr de Marseille, ville de ses origines présente dans nombre de ses romans, avec une interview exclusive d'une patronne de bar bien connue des Marseillais…
À ses côtés, pour évoquer la richesse de son travail et sa double identité littéraire, son éditeur, Frédéric Boyer, apportera un éclairage sur cette oeuvre sans pareille.

À lire (bibliographie sélective) — Emmanuelle Bayamack-Tam, « La Treizième Heure », P.O.L., 2022 (prix Médicis 2022). — Emmanuelle Bayamack-Tam, « Arcadie », P.O.L, 2018 (prix du Livre Inter 2019). — Emmanuelle Bayamack-Tam, « Je viens », P.O.L, 2015. — Emmanuelle Bayamack-Tam, « Si tout n'a pas péri avec mon innocence », P.O.L, 2013 (Prix Alexandre-Vialatte). — Emmanuelle Bayamack-Tam, « Une fille du feu », P.O.L, 2008. — Rebecca Lighieri, « Il est des hommes qui se perdront toujours », P.O.L, 2020. — Rebecca Lighieri, « Les Garçons de l'été », P.O.L, 2017. — Rebecca Lighieri, « Husbands », P.O.L, 2013. — Rebecca Lihieri et Jean-Marc Pontier, « Que dire ? », Les Enfants Rouges, 2019.
Un grand entretien animé par Chloë Cambreling et enregistré en public le 28 mai 2023 au théâtre de la Criée, à Marseille, lors de la 7e édition du festival Oh les beaux jours !
Podcasts & replay sur http://ohlesbeauxjours.fr #OhLesBeauxJours #OLBJ2023
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