Citations de Alexis Salatko (59)
« Nous faire ça à nous ! » La voix de ma grand-mère me fendait les tympans, aussi tranchante que le scalpel en train d’inciser les cadavres d’école. Par ce « nous » outragé, elle désignait les Radzanov uniquement, transformant une défaite historique en offense personnelle.
Si nous avions tous su, nous n'aurions pas affiché nos opinion dans un pays où c'est devenu un delit d'en avoir.
Ce train desservira les gares d'Evreux, Bernay, Lisieux, Mezidon, Caen, Bayeux, Lison, Carentan et Valognes.
Refrain magique des hauts-parleurs que les enfants de la presqu'île, pour ne pas perdre l'Ouest, reprennent tous en choeur ...
Django l'écoutait d'une oreille distraite en se curant les dents avec une allumette. De temps à autre, il lâchait un "c'est dur" mais uniquement pour alimenter la conversation. La vérité est que la vie des autres, des visages pâles, le laissait froid. Il avait ses propres codes de pensées. Une perception des choses et des gens dénuée de compassion. Son cerveau ne fonctionnait pas comme celui des gadgé. La bonté, la pitié, la miséricorde n'entraient pas dans ses circonvolutions. En revanche, il n'interdisait à personne d'en avoir pour lui.
On a oublié l'auteur du Voyage. on ne retient que le monstre qui s'est acharné sur les juifs. Dans cinquante ans, de nous on dira encore : ils ont choisi le mauvais camp, sans vouloir reconnaître tout ce que nous avons apporté à la langue française.
Ce soir, en dépit de leurs promesses de ne plus s'appeler, ils récidiveraient et durant des heures se susurreraient des serments merveilleux, car l'amour, c'est bien connu, rend idiot.
L'être le plus important de la vie de Jules,c'était Jules
Les Tartares étaient là.L'invasion avait commencé, justifiantl'attente de toute une vie.Ils avaient pris d'assaut silencieusement ma forteresse intérieure,s'attaquant à la première rangée de sentinelles;bientôt chaque cellule de mon sang serait phagocytée.
En vérité, monsieur fabulera, mentira, travestira car monsieur pense qu'une invention plaisante en dit plus long qu'une vérité sans intérêt ...
Mais à quoi rêve une ville lorsque, sa gloire enfuie, elle s'endort doucement sous l'ennui ? ...
Alors, pour se défouler, ils ramassaient leur poêle à frire (banjo-guitare) et en mettaient un bon coup. C’était une tradition chez les Tziganes. Ils jouaient à l’oreille, sans savoir déchiffrer les notes. Les instruments à cordes n’avaient pas de secret pour eux. Luth, cithare, mandoline. Jean-Baptiste Weiss, le père de Django, les rafistolait, ses sept oncles en jouaient dans les musettes aux côtés de maîtres à valser comme Poulette Castro et Gusti Malha. C’était là que Django avait appris, en écoutant caché sous les zincs des bistros, puis en imitant durant ses punitions. Ses extrasystoles auriculaires l’avaient repris. La musique qu’il créait, elle sortait bien de ce cœur à contretemps autant que de cette tête qui pensait à aller vite, à ne pas lambiner en route.
Quoi qu'il en soit, papa m'avait préparée à tout sauf à cela, je veux dire à sa mort en pleine vie. Ou alors, je n'avais rien compris à sa pédagogie, cette fameuse science de l'effacement qu'il cultivait parfois à l'excès.
Je continue à penser que la vie est un mal incurable dont on ne guérit qu'une fois mort et penser à cette mort comme une délivrance m'apporte un apaisement dont tu n'as pas un milliardième d'idée...
- Vous connaissez Horowitz ? s’étonna ma mère.
- Non, mademoiselle, Horowitz NOUS connaît !
Maman n’avait pas d’instruction, ce qui constituait aux yeux de sa belle-mère un défaut rédhibitoire, aggravé par ce crime de lèse-Anastasie : « Elle m’a pris mon fils ! »
- On se voit tout à l'heure ? dit Jules.
- J'ai un rencard avec des copains.
- Alors salue les copains.
- On peut dîner ensemble si t'es libre...
La journée passa en un éclair, ne laissant aucun répit à Jules. A 20, heures il décida de tourner une scène de nuit qui n'était pas prévue au programme.
Et, emporté par son tempo, il en oublia Joe.
Joe avait été très ému par l'assassinat de Gandhi. Il avait épinglé au-dessus de son lit une photo du Mahatma, celle où il rend visite aux intouchables.
- Plus tard, je veux aider les pauvres, papa.
-C'est bien... Mais pour ça il faut manger un peu plus. -Gandhi était végétarien et il jeûnait un jour sur deux.
-Je sais, mais toi, tu dois grandir et être fort si tu veux défendre les plus faibles.
-À l'école, les autres m'insultent parce que je suis juif et que j'ai des amis noirs.
- Ne te laisse pas faire. Si on te frappe, frappe à ton tour. Je vais t'apprendre à te battre.
-Non, Gandhi était non violent. Il parlait, il écrivait, c'est tout.
-Alors continue à écrire. C'est bien.
(...) Joe a un climat dans la voix.
Mon cœur de cible, ce sont les pousseuses de landaus qui se pâment devant la variété nunuche...Si j'étais pas le fils de mon père, personne ne me prêterait attention et tu ne m'aurais jamais rencontré.
Pour toi, un verre est fait pour y tremper les lèvres, et moi pour y noyer mon angoisse.