Citations de Alfred de Musset (1297)
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux
Et j' en sais d' immortels qui sont de purs sanglots.
Les uns disaient : Ce qui a causé la chute de l’empereur, c’est que le peuple n’en voulait plus ; les autres : Le peuple voulait le roi ; non, la liberté ; non, la raison ; non, la religion ; non, la constitution anglaise ; non, l’absolutisme ; un dernier ajouta : Non ! rien de tout cela, mais le repos.
Je voudrais qu'une jeune fille fût une herbe dans un bois, et non une plante dans une caisse.
A Madame G..
Dans dix ans d'ici seulement
Vous serez un peu moins cruelle,
C'est long, à parler franchement,
L'amour viendra probablement
Donner à l'horloge un coup d'aile.
Votre beauté nous ensorcelle,
Prenez-y garde cependant ;
On apprend plus d'une nouvelle
En dix ans.
Quand ce temps viendra, d'un amant
Je serai le parfait modèle,
Trop bête pour être inconstant,
Et trop laid pour être infidèle
Mais vous serez encor trop belle
Dans dix ans.
A LA POLOGNE
Jusqu'au jour , Ô Pologne! où tu nous montreras
Quelque désastre affreux comme ceux de la Grèce .
Quelque Missolonghi d'une nouvelle espèce ,
Quoi que tu puisses faire , on ne te croira pas .
Battez-vous et mourez braves gens - l'heure arrive .
Battez-vous ; la pitié de l'Europe est tardive ;
Il lui faut des levains qui ne soient point usés .
Battez-vous et mourez , car nous sommes blasés .
LE COMTE. Expliquez-vous, je vous en prie.
LA MARQUISE. Ah ! pas du tout ; ce sont vos affaires.
LE COMTE, se rasseyant. Je vous en supplie, marquise, je vous le demande en grâce. Vous êtes la personne du monde dont l'opinion a le plus de prix pour moi.
LA MARQUISE. L'une des personnes, vous voulez dire.
LE COMTE. Non, madame, je dis : la personne, celle dont l'estime, le sentiment, la...
LA MARQUISE. Ah ! Ciel ! vous allez faire une phrase.
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Lorsque la jeune fille à la source voisine
A sous les nénuphars lavé ses bras poudreux,
Elle reste au soleil, les mains sur sa poitrine,
A regarder longtemps pleurer ses longs cheveux.
Elle sort, mais pareille aux rochers de Borghèse,
Couverte de rubis comme un poignard persan,
Et sur son front luisant sa mère qui la baise
Sent du fond de son cœur la fraîcheur de son sang.
Alfred de Musset
Mars
"Ah! Que mars est un joli mois!
C'est le mois des surprises.
Du matin au soir dans les bois,
Tout change avec les brises.
Le ruisseau n'est plus engourdi,
La terre n'est plus dure:
Le vent qui souffle du midi
Prépare la verdure.
Le rossignol n'est pas venu
Rempli de douces notes,
Mais déjà sur le hêtre nu
Résonnent les linottes .
Par- dessus la haie en éveil,
Fier de ses fleurs écloses,
On voit le pêcher au soleil
Ouvrir ses bourgeons roses.
Gelée et vent, pluie et soleil ,
Alors tout a des charmes,
Mars a le visage vermeil
Et sourit dans ses larmes. "
La bouche garde le silence
Pour laisser parler le coeur.
(" La nuit de mai")
Une larme a son prix; c'est la soeur d'un sourire
Avec deux yeux bavards parfois j'aime à jaser;
Mais le seul vrai langage, au monde ,est un baiser.
( " Poésies nouvelles")
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux
Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.
MARIANNE. – Encore ici, seigneur Octave ? et déjà à table ? C’est un peu triste de s’enivrer tout seul.
OCTAVE. – Le monde entier m’abandonne ; je tâche d’y voir double, afin de me servir à moi-même de compagnie.
MARIANNE. – Comment ! pas un de vos amis, pas une de vos maîtresses qui vous soulage de ce fardeau terrible, la solitude ?
OCTAVE. – Faut-il vous dire ma pensée ? J’avais envoyé chercher une certaine Rosalinde, qui me sert de maîtresse ; elle soupe en ville
comme une personne de qualité.
MARIANNE. – C’est une fâcheuse affaire sans doute, et votre cœur en doit ressentir un vide effroyable.
OCTAVE. – Un vide que je ne saurais exprimer, et que je communique en vain à cette large coupe. Le carillon des vêpres m’a fendu le
crâne pour toute l’après-dînée.
LES MONTAGNARDS : — Eh ! quel homme ici-bas n'a son déguisement ?
Le froc du pèlerin, la visière du casque,
Sont autant de cachots pour voir sans être vu.
Et n'en est-ce pas un souvent que la vertu ?
Vrai masque de bouffon, que l'humble hypocrisie
Promène sur le vain théâtre de la vie.
Mais qui, mal fixé, tremble, et que la passion
Peut faire à chaque instant tomber dans l'action.
LA COUPE ET LES LÈVRES, Acte V, Scène 3.
Je suis perdu vois-tu.
Je suis noyé, inondé d'amour.
Je ne sais plus si je vis, si je mange,
si je respire, si je parle.
Je sais que je t'aime
O mon enfant ! Sais-tu quel nom elles murmurent quand les sanglots qui sortent de leurs lèvres font trembler l'hostie qu'on leur présente ? Elles qui s’assoient près de toi avec leurs têtes tremblantes pour verser dans ton oreille leur vieillesse flétrie, elles qui sonnent dans les ruines de ta jeunesse le tocsin de leur désespoir, et qui font sentir à ton sang vermeil la fraîcheur de leur tombe, sais-tu qui elles sont ?
Les grands artistes n'ont pas de patrie.
On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois ; mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. (2 dernières phrases empruntées à George Sand)
« À quoi sert de se quereller quand le raccommodement est impossible ?
Le plaisir des disputes, c’est de faire la paix » ….
Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches, méprisables et sensuels; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice crée par mon orgueil et mon ennui.
CLAUDIO - Je crois que Marianne a des amants.
TIBIA - Vous croyez, monsieur ?
CLAUDIO - Oui ; il y a autour de ma maison une odeur d’amants ; personne ne passe naturellement devant ma porte ; il y pleut des guitares et des entremetteuses.
TIBIA - Est-ce que vous pouvez empêcher qu’on donne des sérénades à votre femme ?
CLAUDIO - Non ; mais je puis poster un homme derrière la poterne, et me débarrasser du premier qui entrera.
Acte I