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La Neuvième Heure de Alice McDermott et Cécile Arnaud aux éditions Quai Voltaire
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Les inséparables de Julie Cohen et Josette Chicheportiche aux éditions Mercure de France
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Taxi Curaçao de Stefan Brijs et Daniel Cunin aux éditions Héloïse d?Ormesson
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Le sillon - Prix Renaudot 2018 de Valérie Manteau aux éditions le Tripode
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Tombée des nues de Violaine Bérot aux éditions Buchet Chastel
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Le Mars Club - Prix Médicis étranger 2018 de Rachel Kushner aux éditions Stock
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Les fureurs invisibles du coeur de John Boyne aux éditions JC Lattès
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Pour un homme, il est parfois plus douloureux de contempler ce qui aurait pu être, que de vivre avec ce qui est.
Mon frère s'était lancé dans un grand discours, pendant que ma mère remplissait les assiettes. Nous étions assises toutes les deux, la tête levée vers lui. C'était là le langage des hommes timides, me dis-je, des hommes trop seuls avec leurs lectures et leurs idées - sur la politique, la guerre, les pays lointains, les tyrans. Des hommes qui préféraient enfouir la tête là-dedans plutôt que de voir le simple chagrin d'amour d'une femme.
Au cours des trente-sept ans qu'elle avait passés dans cette ville, sœur Saint-Sauveur s'était constitué un réseau de gens capables de contourner les nombreuses règles et règlementations - les règles de l'Eglise , les règlements municipaux...
Elle ferait enterrer le mari de cette femme à Calvary. Si tout se passait bien, elle réussirait.
Aucune des soeurs, à cette époque, ne parlait de sa vie avant le couvent, dans ce qu'elles appelaient dédaigneusement le monde. Prononcer ses voeux signifiait laisser tout le reste derrière soi : la jeunesse, la famille et les amis, tout l'amour qui n'était qu'individuel, tout ce qui dans l'existence nécessitait un regard en arrière. La coiffe blanche qu'elles portaient comme des oeillères faisait plus que limiter leur vision périphérique. Elle rappelait aux soeurs qu'elles devaient regarder uniquement leur tâche en cours.
On entendait de l'eau couler dans une autre chambre, une porte qui se fermait quelque part à proximité et des voix sèches dans le hall. Le monde ordinaire poursuivait sa course, se refermant sur le bonheur aussi promptement qu'il avançait pour guérir le chagrin.
" La vie d'une soeur soignante est l'antidote aux ambitions du diable. Une vie pure et immaculée.
Tous les matins, nous envoyons des sœurs immaculées de part les rues, n'est -ce pas ?
Un tissu propre à appliquer sur le Monde Souffrant ."
Les deux soeurs qui avaient apporté les provisions, Soeur Lucy et une jeune religieuse dont elle ne se rappelait pas le nom, étaient toujours là, assises côte à côte sur le sofa, endormies dans leurs capes noires bouffantes telles deux mouettes sur un quai.
Le plaisir, c'est le plaisir.
Un reste de fraises, les mains d'un jeune homme, un nouveau-né dans les bras ou le visage changeant d'un enfant qu'on a mis au monde. Des lèvres posées sur la joue familière, râpeuse, d'un époux. Une langue sur la dernière coulure de caramel dans un pot vide. Le plaisir, c'est le plaisir.
Il retira sa casquette et lissa ses cheveux en arrière, ce qu'il en restait. Son pauvre crâne dégarni la remplit d'une pitié émue, d'une affection bienveillante. C'était le crâne délicat d'un nouveau-né ; un rappel qu'il n'était pas jeune.
En automne, l'air frais avait un goût d'acier, comme s'il s'était imprégné de l'odeur des grilles de métro et de la clôture de l'école et des rubans noirs en fer forgé qui gardaient la partie inférieure des deux grandes fenêtres de la chambre de Momma. Dans la pénombre, les enfants assis près de la fenêtre, regardaient les gens dans la rue et, tandis que Tante Veronica passait, le tintement des glaçons dans son verre leur parut un accompagnement musical à sa ballade au crépuscule : quelques notes fragiles, haut perchées qui, sur scène, pouvaient annoncer un tour de prestidigitation, une pluie d'étoiles.