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Citations de Andrea Camilleri (1009)


J'ai lu beaucoup de pièces et de poèmes consacrés à Jeanne d'Arc, et à chaque fois la Pucelle d'Orléans m'apparaissait sous les mêmes traits.
Les interprétations que les poètes et les dramaturges donnaient de son parcours pouvaient diverger, et de beaucoup, son visage pour moi était unique.
La même chose m'est arrivée au cinéma : à un moment, le visage d'Ingrid Bergman a disparu, remplacé par un autre.
Je veux parler du visage de Renée Falconetti, l'interprète principale du film muet de 1928 intitulé La passion de Jeanne d'Arc, dû au réalisateur danois Carl Theodor Dreyer.
Si ce film a marqué non seulement l'histoire du cinéma, mais l'art du vingtième siècle, il le doit aussi, selon moi, à l'interprétation bouleversante de la comédienne corse.
Tout tourne autour de l'interrogatoire de Jeanne mené, sous la houlette de l'évêque Cauchon, par des juges déterminés à l'accuser d'hérésie et à l'envoyer au bûcher.
Renée Falconetti, le crâne rasé, sans maquillage, filmée toujours en gros ou très gros plans n'est plus la meneuse d'armée victorieuse et inspirée, mais une jeune femme, dont les traits passent de la résignation à la fierté, de la peur à l'affirmation décidée de sa foi, du doute à l'extase, de la fatigue à l'angoisse, de la crainte à l'indignation, avec un art consommé qui redoublait leur expressivité.
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Dès qu’ils furent hors du pays du côté de Montereale, Gallo prit une route de terre en pleine campagne. Après quelques kilomètres, il tourna à gauche, entrant dans une draille pleine de bosses et de pertuis, qu’on se serait cru à bord d’un bateau par mauvais temps.
Malgré l’état de la route et la recommandation qui lui avait été faite, Gallo fonçait et Montalbano avait du mal à suivre.
Ce fut un long chapelet de jurons.
Au bout d’un quart d’heure, durant lequel ils n’avaient pas rencontré âme qui vive hormis un chien à trois pattes et un oiseau en vol, ils virent, avant un virage, un homme au milieu de la chaussée qui leur faisait signe de s’arrêter.
Ils coupèrent les moteurs, descendirent. L’homme s’était approché. C’était un paysan quinquagénaire, sec comme un coup de trique, grand, le visage recuit de soleil.
– Vous êtes monsieur Melluso ? lui demanda le commissaire.
– Oh que oui, c’est moi. Donato Melluso.
– Où est la voiture ?
– Juste après le virage.
La voiture brûlée était là, sur l’esplanade derrière un abreuvoir qui n’avait plus d’eau depuis une centaine d’années. Il n’y avait plus de plaque, on ne discernait pas la marque.
Sur ce qui avait dû être le siège arrière, il y avait une chose noire, un corps humain, tordu dans une position bizarre.
Homme ou femme ?
Montalbano s’approcha pour mieux voir, se pencha en avant et alors seulement lui arriva aux narines, la terrible, la collante odeur de chair brûlée.
Elle n’était pas forte, elle s’était en grande partie dissoute dans l’air, signe que la voiture était là depuis un moment, mais cela suffit pour que le commissaire ait une brusque envie de vomir.
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Et puis le commissaire était furieux contre lui-même parce que le fait d’avoir tenu entre ses bras ‘ne belle femme l’avait plongé dans une agitation d’adolescent. Comme si c’était la première fois que ça lui arrivait. Alors, quoi, la vieillesse pouvait-elle être une régression vers la jeunesse ? Mais non, éventuellement, c’était une progression vers l’imbécillité.
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- (...) Qu'on y réfléchisse au gouvernement. Si, maintenant, on permet que les usines soient occupées, nous autres industriels, nous ne pourrons que tirer les conclusions qui s'imposent : le gouvernement n'est absolument pas en mesure de faire face à ce dramatique développement de la crise.
- Cela me paraît un peu fort, observe Guido.
- Crois-moi, c'est comme ça qu'on les mène, en maniant le bâton et les pots-de-vin.
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À cheval donné, on ne regarde pas les dents.
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Diego est un quadragénaire riche, élégant, il a un visage beau quoiqu’un peu pâle, il est très mince et beaucoup plus petit que la moyenne. Et pourtant, on raconte que les femmes tombent à ses pieds, le préférant à de vigoureux culturistes et à de musculeux joueurs de foot.
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Il glissa dans sa poche la liste des trois patrons de casse automobile, appela Gallo et partit pour Montelusa dans une voiture de service.
Il mit une bonne heure à convaincre le proc’ Tommaseo de mettre sur écoutes les trois téléphones.
Dès qu’on parlait d’écoutes, le proc’ courait aux abris.
Et s’il arrivait qu’un braqueur, un casseur ou un maquereau soit ai très proche d’un député ? Ça finirait sûrement très mal pour le magistrat.
C’est pour cela que le gouvernement venait de faire ‘ne loi interdisant les écoutes mais, par chance, elle n’était pas encore votée.
Il s’en retourna satisfait au commissariat.
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La veille au soir, Livia, et c’était là le motif particulier, s’était, par jalousie, énormément engatsée contre lui, gâchant ainsi le plaisir que lui avait procuré sa venue.
Ça s’était passé comme ça.
Le téléphone avait sonné et elle était allée arépondre.
Mais à peine avait-elle prononcé « allô » qu’une voix féminine avait dit à l’autre bout de la ligne :
– Excusez-moi, je me suis trompée.
Et la communication avait été ‘mmédiatement coupée.
Et alors Livia s’était aussitôt fourré dans le crâne que c’était ‘ne femme qui le fréquentait, lui, que ce soir-là elle avait rendez-vous et qu’elle avait reposé le combiné en entendant qu’elle, Livia, était à la maison.
« Je vous ai pris les doigts dans la confiture, hein ? »
« Quand le chat n’est pas là, les souris dansent ! »
« Loin des yeux, loin du cœur ! »
Il n’y avait pas eu moyen de la faire changer d’idée, la soirée avait tourné à l’engueulade passque Montalbano avait mal réagi, écœuré par le déluge inépuisable d’expressions toutes faites que Livia débitait, plus encore que par ses soupçons.
Et maintenant, Montalbano espérait que Livia dirait une quelconque connerie qui lui donnerait la possibilité de se prendre sa revanche dans les grandes largeurs.
Il fut pris d’une violente envie de se fumer une cigarette, mais il se retint. D’abord, passque si Livia rouvrait l’œil et le surprenait à fumer dans la chambre à coucher, ça ferait un ramdam de tous les diables. Ensuite passqu’il craignait que l’odeur la réveille.
Deux heures plus tard, il lui vint tout à coup une violente crampe au mollet gauche.
Pour la faire disparaître, il acommença par balancer la jambe d’avant en arrière et ce fut ainsi que, pied nu, il donna par inadvertance un grand coup au rebord extérieur de lit de bois.
Malgré la forte douleur, il aréussit à garder pour lui l’avalanche de jurons qui allait lui échapper.
Mais le coup contre le lit produisit son effet, car Livia soupira, bougea un peu et parla.
Distinctement, la voix nullement empâtée, elle dit juste après une espèce de gloussement :
– Non, Carlo, par derrière, non.
Pour un peu, Montalbano tombait de sa chaise. On t’en demandait pas tant, santantó, saint Antoine !
Montalbano se serait bien contenté de quelques paroles confuses, le minimum indispensable pour bâtir un jésuitique échafaudage d’accusations basées sur rien.
Mais Livia avait dit une phrase très claire, putain !
Comme si elle était parfaitement réveillée.
C’était ‘ne phrase qui pouvait faire penser à tout, y compris au pire.
Pour commencer, elle ne lui avait jamais parlé d’un type appelé Carlo. Pourquoi ?
Et puis, c’était quoi, ce truc qu’elle ne voulait pas que Carlo lui fasse par derrière ?
Et par conséquent : par derrière, non, mais par devant, oui ?
Il commença à avoir des sueurs froides.
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La parole d’honneur, ce sont les hommes qui la donnent. Mais vous n’êtes pas un homme, vous êtes une demi-épave !
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Gendarmes et voleurs avaient ceci en commun quand ils fouillaient un appartement : un tremblement de terre aurait certainement laissé les choses plus en ordre.
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Mais Livia avait dit une phrase très claire, putain !
Comme si elle était parfaitement réveillée.
C’était une phrase qui pouvait faire penser à tout, y compris au pire.
Pour commencer, elle ne lui avait jamais parlé d’un type appelé Carlo. Pourquoi ?
Et puis, c’était quoi, ce truc qu’elle ne voulait pas que Carlo lui fasse par-derrière ?
Et par conséquent : par-derrière, non, mais par-devant, oui ?
Il commença à avoir des sueurs froides.
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Quelqu’un qui se met soudain à parler dans le sommeil ne peut dire que des choses vraies, des vérités qu’il garde en dedans de lui. Il n’avait pas souvenir d’avoir lu qu’on puisse dire dans le sommeil des menteries, ou une chose pour une autre, passque, quand on dort, on est privé de défenses, désarmé et innocent comme un minot.
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Un fils qui n’était pas son fils mais qui aurait pu (dû) l’être, doit être plus gâté qu’un fils qui est un fils. Raisonnement vasouillard, d’accord, mais raisonnement quand même.
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Chez nous, en Sicile, parler latin signifie parler clairement.
— Et quand vous voulez parler de manière obscure ?
— Nous parlons en sicilien, Excellence. (p. 41 )
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Ce sinistre individu, en changeant le "m" de mon nom en "p", se livre en fait à une allusion sournoise. Eh oui, car chez nous Parascianno (ou parfois paparascianno) désigne le barbagianni, l'effraie. Et vous savez comme moi que c'est aussi le surnom habituellement donné à une personne qu'on considère comme vieille et barbante.
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Tu t'es fait monter en grade tout seul, hein ? demanda Livia après avoir observé un long silence. Du grade de commissaire à celui de Dieu, un dieu de quatrième ordre, mais un dieu.
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Par tête d'espion, le commissaire entendait une tête parfaitement anonyme, de celles que même si tu l'as eue devant toi une journée entière, le lendemain, tu te l'arrapelle plus. Les têtes à la James Bond ne sont pas des têtes d'espion, passque une fois que tu les as vues, tu ne les oublies pas et ça signifie un grand danger de repérage par les adversaires.
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De l'interrogatoire auquel ont été soumis dans la journée d'aujourd'hui dimanche 23 mars, tous ceux, hommes aussi bien que femmes, qui en qualité de figurants avaient pris part aux Funérailles, rien n'a émergé qui pourrait en quelque manière éclairer la disparition du comptable Patò.
Concernant l'épisode de fornication survenu entre un certain Abbate Giovanni et une certaine Fantauzzo Margherita, j'attends vos lumières pour procéder aux termes de la loi. Même si je comprends combien la chose peut paraître passablement difficile étant donné que ces deux personnes sont majeures, étaient réciproquement consentantes, n'ont rien volé chez les Curtò, sa blessure, la princesse se l'est faite elle-même en tombant à la suite de son évanouissement, et qu'on ne peut soutenir qu'ils se livraient à des actes obscènes dans un lieu public. Et alors ? La seule chose à faire serait d'informer don Spiridione Randazzo parce que sacrilège, sûrement, il y a eu.
Je signale qu'à la Délégation s'est présenté le Maréchal des Carabiniers Royaux Giummàro Paolo lequel, avec des manières hautaines et désagréables, m'enjoignait de faire immédiatement démonter l'estrade qui avait servi pour la représentation, en assurant qu'elle gênait l'entrée des carrosses par la grande porte du palais Curtò et que le marquis s'en était grandement plaint auprès de lui.
Le comportement d'acquiescement servile du Maréchal à l'égard du marquis Curtò m'irritait énormément mais, n'en laissant cependant rien paraître, je répondis avec urbanité que la tribune m'était encore indispensable pour la poursuite des enquêtes. Ce qu'entendant, le Maréchal se mettait à ricaner et s'éloignait sans saluer personne.
Je signale par ailleurs qu'ayant entrevu que le portail de la filiale de la Banque de Trinacria était à moitié ouvert, j'y entrai et y rencontrai le Caissier principal, le comptable Tortorici Vitantonio, lequel m'informait que dans le bureau du Directeur se trouvait l'Inspecteur Général de la Banque pour les vérifications nécessaires.
Le soussigné ayant demandé à Tortorici de pouvoir assister aux opérations de vérification et de contrôle, ce dernier m'invitait en haussant les épaules à en parler avec l'Inspecteur Général. Lequel fermement rejetait mes demandes réitérées en assurant que pour cela, je devais lui présenter une autorisation en règle fournie par le Tribunal Royal de Montelusa.
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Le ciel était clair et serein, et déclarait sans détour son intention de le rester jusqu'au soir, il faisait presque chaud. Les glaces baissées n'empêchaient pas qu'à l'intérieur de l'habitacle stagnât un délicieux parfum qui filtrait des paquets grands et petits qui s'entassaient littéralement sur le siège arrière. Avant de partir, Montalbano était passé au café Albanese, où ils faisaient les meilleurs gâteaux de tout Vigàta et il avait acheté vingt cannoli qui venaient juste d'être faits, dix kilos de douceurs, tetù, taralli, viscotti regina, mostazzoli de Palerme, biscuits de garde, fruits en pâte d'amande et pour couronner le tout, une très colorée cassata de cinq kilos.
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Certaines canantes peuvent être enceintes de huit mois et on ne remarque toujours rien, quand d’autres à deux mois de grossesse sont aussi rondes que si elles allaient accoucher d’un instant à l’autre.
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Andrea Camilleri est né en Sicile en 1925. Il s'est mis au polar sur le tard, avec un très grand succès. C'était en :

1985
1992
1994
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