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Citations de Anna Enquist (201)


Je ne sais pas non plus quoi dire. Ressentir. C'est quand même formidable qu'elle se réhabitue à l'instrument, ça me fait plaisir qu'elle recommence à jouer ! Oui. Non pas vraiment. C'est de la trahison. En douce, derrière mon dos, elle devient autonome. Sans avoir besoin de moi. ça, j'ai énormément de mal à le supporter. Comme un gamin. En plus, je ne le veux pas. Je veux être grand seigneur, applaudir à son indépendance. Mais au lieu de ça, je pleurniche. (p. 263)
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La plupart du temps, les gens sont capables de surmonter une première blessure, ils parviennent en général à reconstruire un semblant de vie, avec les moyens du bord.ça leur prend beaucoup d'énergie, mais ils se débrouillent. Par contre, au deuxième choc, ça ne marche plus: ils décompensent et ne peuvent plus fonctionner normalement. Le conférencier nous a donné comme exemple le cas des rescapés des camps qui, après la guerre, réussissaient à tenir en travaillant très dur. Mais à la retraite, privés de leur emploi, c'en était fini et ils tombaient malades, ils perdaient la tête, ou bien ils mouraient. Donc, au premier traumatisme, on se relève tant bien que mal et au deuxième, on s'effondre. (...) (p. 135)
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C'est un peuple [Les Hakkas ] de cultivateurs, leurs femmes n'ont jamais eu les pieds bandés car il fallait bien qu'elles puissent travailler la terre. (p. 143)
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Rien ne reste jamais pareil, se dit Jochem en pivotant lentement sur lui-même pour embrasser du regard son nouvel atelier. On a beau tenter de maintenir les choses en l’état, tout change. Ici, j’ai des fenêtres, même si je les cache derrière de belles jalousies à la mode, histoire de recréer en trompe-l’œil ce repaire à moitié enterré où je me sentais chez moi. J’ai des murs badigeonnés en blanc, des étagères flambant neuves, des surfaces de travail en inox et des placards à portes coulissantes. Mais je me bats, je résiste à coups de vieilleries rapportées de là-bas : casseroles stratifiées de colle sèche, ciseaux à bois usés au manche, moules antédiluviens, chiffons sales… Pour faire oublier le neuf, je mets du vieux partout. Peine perdue : c’est quand même différent. Le plafond est plus haut, la lumière des néons plus forte. Au-dessus de l’établi, j’ai une lampe articulée pour bloc chirurgical. Le tiroir, qui est toujours aussi pénible à ouvrir qu’avant, contient des miroirs de dentiste et des pointes à âme, entre les pinceaux crasseux et les morceaux de résine.
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Quatre femmes leur ont succédé sur le court. Elles ont emmené les enfants à l'école, pense Drik, et maintenant elles se défoulent entre copines. Travailler? Pas question! Elles ont fait des études universitaires coûteuses, pour, finalement, jouer à la balle et ricaner ici.
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Leur capacité de pardon est puissant. Moi, je ne pardonne pas. J'espère que cette jeune fille n'est pas là, que je ne serais pas obligée de la voir. Je le hais et je l'aime, mais eux, ils n'en sont pas capables. Leur besoin de bâtir une histoire est si grand qu'ils ne peuvent s'arrêter au contenu de chaque mot individuel. il faut de la cohérence. Moi je suis fragments. Moi, je suis débris.
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Aucune thérapie n'est possible avec des gens gravement amoureux, .
pense Drik. Cela ressemble à une psychose, ils n'ont qu'un seul sujet de conversation, s'en écarter est impossible. C'est l'heure, Dieu Merci, je peux conclure!......
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Les quelques fois où Anna Magdalena lui avait parlé de l’enfant mort et avait essayé de le consoler, il lui avait imposé le silence. Il devait se concentrer, disait-il, il travaillait à une grande œuvre. [...] Pendant un an et demi, Bach s’enferma avec la musique qui devint un véhicule de son désespoir. [...] Il gardait son fils auprès de lui quand il était plongé dans les variations, il ne devenait pas fou de désespoir tant qu’il composait ; il œuvrait à un monument funéraire retentissant pour l’enfant perdu. Il prenait soin de lui.
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Les percussionnistes ne font pas grand cas du temps, ils n'en font pas un problème philosophique. Ils écoutent la pulsation, ils produisent des rythmes à partir de là,ils traduisent ce qu'ils ressentent en mouvements. Leur activité consiste à attendre et frapper, attendre et frapper, frapper.
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Les autres font de leur mieux pour nous aider. ça ne sert à rien de se fâcher. C'est juste que j'ai du mal à supporter toutes ces conneries sur le deuil, ça me donne l'impression qu'il faut se dépêcher, comme si c'était juste un boulot qu'il fallait avoir terminé au bout d'un certain temps. Mais ça ne marche pas comme ça. (p. 191)
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Comment a-t-on fait pour se désintéresser autant de la musique ? Elle-même ne peut se passer de musique "classique". Si elle ne pouvait pas pratiquer, elle serait perdue, c'est sûr. Dans sa tête, il y a toujours un thème ou une ligne d'accords, même quand elle est au travail. Les mots la fatiguent, la musique lui apporte le repos. (p. 19)
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C'est fou comme les gens peuvent abuser les uns des autres, avec les meilleures intentions du monde. Mais chacun les siennes. Et lui, qu'est-ce qu'il cherchait en moi ? Le réconfort ? Un rafistolage de son estime à soi ? Autant de cadeaux qu'il ne pouvait pas accepter, dont il se débarrasse à présent. (p.186)
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Les instruments qu'ils s'apprêtent à entendre sortent tous les trois de son atelier, a-t-il fait valoir à sa femme. Elle peut tout de même montrer un peu d'intérêt pour son travail, écouter les sons qu'il a contribué à faire naître ? (p. 31)
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Jouer. Jouer du piano aidait. Par une étude répétitive pénible, en étant aussi attentive que possible, la pianiste blessée tissait les connexions entre les deux hémisphères cérébraux. [...] Les destructions qu’avait causées le traumatisme restaient visibles, comme des témoins silencieux. En jouant du piano, on construisait une passerelle, une construction bancale de planches qui vous permettait de circuler parmi les décombres et d’avoir un aperçu du territoire violé.
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Pourquoi une mélodie qui monte puis descend provoque-t-elle tant de tristesse ? Est-ce qu’on était plus avancé quand on le savait ? Inspirer avec espoir, souffler avec déception. Monter la colline puis, fatalement, la redescendre. Recevoir une chose puis devoir y renoncer. La vie, quoi.
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"Lou et lui étaient des copains. Tout ce qu’ils avaient traversé ensemble était si important, si particulier-on ne pouvait le partager avec un autre. Pas elle. Ce secret glacé dont ils ne parlaient jamais appartenait à eux seuls" p99 (édition de poche)
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C'est parce que je m'occupe de tout cela qu'il peut partir. C'est parce que j'en suis capable qu'il peut revenir.
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C’était merveilleux de vivre ici, disait Nico. Plus d’un pourrait leur envier cette vaste maison ancienne en bordure des dunes, entourée d’un bon morceau de terrain. Il ne voyait pas que ce sol ne produisait quasiment rien.
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Le but de la musique est d'imiter la nature, estimait-il. Non, pas les montagnes, les ruisseaux et les arbres, mais la nature humaine. La vie émotionnelle. Les états d'âme.
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Il me faut absolument quelqu'un à haïr parce que la haine coule en moi comme un poison, il faut que ça sorte, que ça s'en aille quelque part.
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