Citations de Anne-Laure Bondoux (1155)
Mais savez-vous que le lecteur se contrefiche de la réalité, il veut juste que cela l’intéresse.
Bien sûr, Nine a hurlé à cause de la fête du lycée qu'elle va rater. Tant pis. L'heure n'est pas à la fête. L'heure est à la vérité. Et la vérité les attend au bout de ce chemin tout juste praticable.
Eh oui, les hommes manquent terriblement quand on arrive pas à ouvrir son bocal de cornichons, ou pire son pot de belle gelée de coings.
J'aimerais vous aider, mais je ne suis pas très compétent en dégâts des eaux. Je sais les provoquer mais pas les arrêter.
Au fait, connaissez-vous la définition d'un ami ? C'est quelqu'un que vous pouvez appeler à 3 heures du matin pour lui dire : j'ai fait une très grosse bêtise, peux-tu venir avec une bâche et une pelle ? Et il vient.
Savez-vous qu'il existe de par le monde quantité d'écrivains dont le seul tort est de n'avoir jamais rien écrit ? J'ai la conviction qu'on croise au quotidien ou presque des Proust, des Kafka, des Faulkner qui ne le savent pas et qui restent agents immobiliers, professeur de judo ou moniteurs d'auto-école. J'exagère à peine. A l'inverse, je connais pas mal d'écrivains qui sont les seuls à penser qu'ils le sont, mais c'est un autre sujet.
La matière première de l'écriture doit venir de là, non ? De ces trous de l'âme d'où s'écoulent nos souffrances.
J'essaie de vous imaginer dans votre grande baraque bordélique, avec six mômes accrochés à vos basques, et vos multiples épouses en train de vous pourchasser!
Comment avez-vous-vous pu écrire au milieu de toutes ces contraintes familiales?
Votre seconde femme m'a fait éclater de rire! C'est vraiment comique de se représenter un écrivain comme vous en compagnie d'un bonnet de nuit... ou d'une odieuse castratrice, choisissez.
Dans la vie, quand vous êtes inséparable avec quelqu'un, ça vous rend très heureux. Il suffit de tomber sur la bonne personne, et ça, c'est le hasard qui le veut, ou bien Allah si on y croit.
Certaines choses se produisent quand on regarde longtemps la mer. Le ciel, par une nuit claire et sans nuage, peut avoir le même effet, mais il faut se concentrer de longues minutes sur les étoiles, se représenter les soleils, les planètes, leur rondeur, et cela demande beaucoup d'imagination. Avec la mer, l'immensité est là, devant soi, tangible. Et alors, certaines choses se produisent.
Ceux qui travaillaient encore se levaient chaque matin aussi fatigués que la veille, et s'endormaient chaque soir sans révolte. Telles des bêtes engourdies par le froid, nous retenions notre souffle et les battements de nos cœurs : nous ne vivons plus qu'à moitié.
Vous en conclurez, à raison, que je me sens davantage à mon aise avec vous, qui êtes loin dans vos montagnes, et totalement dématérialisé. Aucun risque que vous puissiez me voir : je peux donc me montrer.
Je vous envoie quelques grains de sel d’Oléron, Pierre-Marie : de celui qu’on trouve au bord des marais, mais aussi au bord des paupières, certains soirs, quand la lumière au couchant enveloppe les choses d’une douceur insupportable.
-Tu t'en sortiras toujours, maman.
Rose-Aimée a pris ma main dans la sienne. Elle l'a serrée très fort et j'ai senti passer, entre elle et moi, comme un courant électrique puissant, une onde chargée d'un incroyable désir de vivre que rien ne pourrait empêcher. Pas même le chômage. Pas même la pauvreté. Pas même la solitude.
- Toi aussi, Conso, m'a dit Rose-Aimée. Quoi qu'il arrive, tu t'en sortiras toujours.
Mon cher Pierre-Marie,
Toi et moi, on se connaît depuis assez longtemps pour que je n’y aille pas par quatre chemins : tu m’emmerdes. Oui, tu m’emmerdes avec tes foutus signes, tu m’emmerdes avec Véra et avec tes histoires qui tournent en rond.
Chuter, choir, flancher, trébucher, n'arrivait pas par hasard mais pratiquement toujours à un moment où les gens se trouvaient intérieurement privés de leurs repères, et déséquilibrés.
Connais-tu la différence entre l'amour et le meurtre? Il n'y en a pas. Dans les deux cas, la même question se pose : que faire du corps, après?
Tu crois qu'il faut toujours perdre une part de soi pour que la vie continue ?
Il y a des métamorphoses très discrètes (...). Celles qui se passent dans notre âme, par exemple, ne sont pas toujours visibles.
Ici c’est toujours comme ça. On dirait que le jour ne va jamais revenir, dit Titania. Mais tu verras, l’aube sera grandiose.
À 50 ans, je me dis qu'on n'est parfois rien de plus qu'un petit garçon dans un costume de grande personne.