Citations de Anne-Laure Bondoux (1155)
Si je suis croyant ? Je ne crois pas.
Dans ce monde, sur cette terre perdue, seuls les morts connaissaient le repos. Les vivants, eux, n'avaient qu'à serrer les dents pour supporter l'existence.
Un jour, il demanda s'il pouvait rendre visite à Angel en prison. On lui expliqua que ce n'était pas possible. Le règlement du quartier des condamnés à mort ne prévoyait pas la visite d'un enfant. Et puis, il ne fallait plus qu'il aime cet homme, cet assassin. Ce n'était pas normal.
Alors, Paolo alla s'enfermer dans sa chambre. Il ne comprenait pas quel sens cela avait, tout ça. Il se prit la tête entre les mains et attendit, attendit, attendit. À force d'attendre, peut-être que son cœur allait s'arrêter de battre, de lui-même, comme une mécanique usée ? Comment faire, sinon, pour cesser d'aimer quelqu'un ?
Quand je lis, je deviens sourd et aveugle au reste du monde. Quand je lis, l'univers se déploie, je sens passer à travers moi des siècles d'histoire, des géographies lointaines, la lame glacée du chagrin et l'incandescence de l'amour. Tout est plus intense, plus intéressant. Difficile alors de revenir aux choses ordinaires.
Il y avait tant de raisons de pleurer, après tout ! Cette cruche brisée, le froid, la faim, l'abandon, l'exil, les naufrages, les mères qui s'en allaient un beau jour au bras de leurs amants, les pères qui donnaient des bourses pleines d'or en croyant faire plaisir, les nuits face à la mer de Valparaíso, l'absence des femmes, les rêves inaccessibles, les poèmes fabuleux dont on ne se souvient plus, les enfants trahis, les renards morts, la peur de vivre, tout cela et bien d'autres choses encore constituaient un ensemble infini de raisons valables pour se sentir triste.
Valentine entendait déjà les commentaires de sa mère au sujet des poches qu'elle avait sous les yeux :"Dis donc, on pourrait mettre une colonie de kangourous, là-dedans. Tu es sûre que ça va ?"
Mais la vie est un enchaînement, et tout se tient.
J'ai reçu votre message comme on reçoit un bonbon.
Je l'ai posé sur ma langue, et je l'ai laissé fondre doucement durant toute la journée d'hier, au gré de mes promenades.
Mais ce soir là, je n'ai plus la force de résister. Je bascule dans un gouffre noir. Je fais une chute vertigineuse vers le fond, à l'intérieur de moi-même, là où gisent les choses oubliées. A l'endroit exact de mes peurs. C'est un naufrage.
Tu sais à quoi m’a fait penser le courrier officiel de ton éditeur que tu as osé me joindre l’autre Jour? Aux mots d’excuses que mes élèves de cinquième bidonnaient quand ils n’avaient pas fait leurs devoirs. Sauf qu’eux, je les trouvais attendrissants.
De : Max
A : Pierre-Marie
Vieille branche,
[…]
Tu as raison de te sentir en danger maintenant que Lisbeth P. Destivel te rôde autour. Je la connais suffisamment pour te dire que c’est une enragée. « Solaire » elle ? Peut-être ! Mais à mon avis, c’est une façon politiquement correcte de dire qu’elle a le feu au cul. Depuis qu’elle est veuve, tous les retraités du Mans tremblent de trouille, mon pauvre. Même moi qui aime la gaudriole (tu me connais), je n’en mène pas large. Alors maintenant qu’il est trop tard pour la retenir, je suis sincèrement embêté pour toi. As-tu fait creuser un abri antiatomique dans ton jardin, en même temps que ta piscine ? Si oui, tu as été bien inspiré. Sinon, prends une pelle dès ce soir, et creuse. Ou alors ton grand-père de Verdun t’a légué un vieux fusil : c’est le moment ou jamais de le descendre du grenier. Bref, tu piges : trouve le moyen d’éviter cette tarée, à moins que tu veuilles mourir comme Félix Faure.
L’art peut transcender, sublimer, nos malheurs devenant notre matière première.
Savez-vous qu’il existe de par le monde quantité d’écrivains dont le seul tort est de n’avoir jamais rien écrit ?
Au fait, connaissez-vous la définition d'un ami ? C'est quelqu'un que vous pouvez appeler à trois heures du matin pour lui dire : je crois que j'ai fait une très grosse bêtise, peux-tu venir avec une bâche et une pelle ? Et il vient.
Mon vélo littéraire est au garage, sur sa cale, pneus dégonflés, chaîne sautée, et moi je suis à côté et je pédale. Je ne sais pas si c’est dans le vide ou sur un autre vélo inconnu, mais je pédale. (...) je suis dans le brouillard à propos de mon écriture.
Ceci dit, la littérature n’est que mensonge, enfin invention, ce qui est la même chose, l’invention étant un mensonge avoué par avance, non ?
Elle sait qu'il ne faut pas briser mes rêves, sinon, je vais encore perdre un morceau de mon cœur, et à force il n'en restera que des miettes.
Je sais seulement que j’ai trop pleuré sur elle. Aujourd’hui je ne veux plus qu’elle me gâche l’existence. J’ai besoin de vivre ma vie, de danser, d’être légère et libre. De déployer mes ailes, sans elle. Et toi aussi sûrement. Je t’embrasse.
Il n'y a pas de héros dans notre histoire. Seulement des hommes que la violence du monde laisse sans voix.
Dans cette histoire comme dans d'autres, c'est elle qui dicte les règles, c'est elle qui donne le tempo.