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Citations de Annie Ernaux (2877)


Larmes, silence et dignité, tel est le comportement qu’on doit avoir à la mort d’un proche, dans une vision distinguée du monde. Ma mère, comme le voisinage, obéissait à des règles de savoir-vivre où le souci de dignité n’a rien à voir.
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Sauver quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais.
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Au loin, j'avais épuré mes parents de leurs gestes et de leurs paroles, des corps glorieux. J'entendais à nouveau leur façon de dire " a " pour " elle ", de parler fort. Je les retrouvais tels qu'ils avaient toujours été, sans cette " sobriété " de maintien, ce langage correct, qui me paraissaient maintenant naturels. Je me sentais séparée de moi-même.
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Peut-être sa plus grande fierté, ou même, la justification de son existence : que j’appartienne au monde qui l’avait dédaigné.
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Un dimanche, à Fécamp, sur la jetée près de la mer, nous marchions en nous tenant par la main. D’un bout à l’autre nous avons été suivis par tous les yeux des gens assis sur la bordure de béton longeant la plage. A. m’a fait remarquer que nous étions plus inacceptables qu’un couple homosexuel.
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Il (le progrès) était dans le plastique et le formica, les antibiotiques et la Sécurité sociale, l’eau courante sur l’évier et le tout-à-l’égout, les colonies de vacances, la continuation des études et l’atome.
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Me voir laisser de la nourriture dans l'assiette lui faisait deuil. On aurait pu ranger la sienne sans la laver.
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Nous habitions un pavillon dans un lotissement neuf, au milieu d'une plaine. Les commerces et les écoles étaient à deux kilomètres. On ne voyait les habitants que le soir. Pendant le week-end, ils lavaient la voiture et montaient des étagères dans le garage. C'était un endroit vague et sans regard où l'on se sentait flotter, privé de sentiments et de pensée. Elle ne s'habituait pas à vivre là. L'après-midi, elle se promenait rue des Roses et des Jonquilles, des Bleuets, vides.
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Plus que ma grand mère, mes tantes, images épisodiques, il y a celle qui les dépasse de cent coudées, la femme blanche dont la voix résonne en moi, qui m'enveloppe, ma mère. Comment à vivre auprès d'elle, ne serais-je pas persuadée qu'il est glorieux d'être une femme, même que les femmes sont supérieures aux hommes.
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S'élever, pour elle, c'était d'abord apprendre et rien n'était plus beau que le savoir. Les livres étaient les seuls objets qu'elle manipulait avec précaution. Elle se lavait les mains avant de les toucher.
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Il n’osait plus me raconter des histoires de son enfance. Je ne lui parlais plus de mes études. Sauf le latin, parce qu’il avait servi la messe, elles lui étaient incompréhensibles et il refusait de faire mine de s’y intéresser, à la différence de ma mère. Il se fâchait quand je me plaignais du travail ou critiquais les cours. Le mot « prof » lui déplaisait, ou « dirlo », même « bouquin ». Et toujours la peur OU PEUT-ETRE LE DÉSIR que je n’y arrive pas.

Il s’énervait de me voir à longueur de journée dans les livres, mettant sur leur compte mon visage fermé et ma mauvaise humeur. La lumière sous la porte de ma chambre le soir lui faisait dire que je m’usais la santé. Les études, une souffrance obligée pour obtenir une bonne situation et ne pas prendre un ouvrier. Mais que j’aime me casser la tête lui paraissait suspect. Une absence de vie à la fleur de l’âge. Il avait parfois l’air de penser que j’étais malheureuse.

 Devant la famille, les clients, de la gêne, presque de la honte que je ne gagne pas encore ma vie à dix-sept ans, autour de nous toutes les filles de cet âge allaient au bureau, à l’usine, ou servaient derrière le comptoir de leurs parents. Il craignait qu’on ne me prenne pour une paresseuse et lui pour un crâneur. Comme une excuse : « On ne l’a jamais poussée, elle avait ça dans elle. ». Il disait que j’apprenais bien, jamais que je travaillais bien. Travailler, c’était seulement travailler de ses mains.
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Je voyais cette acculturation, particulièrement réussie dans mon cas puisque mon grand-père paternel ne savait pas lire, que mon père avait été garçon de ferme, ouvrier, cafetier, et que je venais d'être admise prof de lettres. Je plongeais dans le gouffre de la séparation définitive avec mon père. Sans possibilité de me racheter.(....) Beaucoup plus tard, la sociologie m'apprendra que ma situation est celle des "transfuges de classe".

(p62)
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Les fesques à demi effacées de Santa Croce me bouleversaient en raison de mon histoire qui deviendrait un jour comme elles, des lambeaux décolorés dans sa mémoire et dans la mienne.
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Annie Ernaux
Quand on organise des manifestations monstres, ça me fait penser aux processions qu’on organisait, autrefois, pour qu’il pleuve…

Interview du BilbioObs (15/12/2011)
http://bibliobs.nouvelobs.com/romans/20111209.OBS6413/annie-ernaux-je-voulais-venger-ma-race.html
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“La dignité ou l’indignité de ma conduite, de mes désirs, n’est pas une question que je me suis posée en cette occasion, pas plus que je ne me la pose ici en écrivant. Il m’arrive de croire que c’est au prix de cette absence qu’on atteint le plus sûrement la vérité”
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Le sexe était le grand soupçon de la société qui en voyait les signes partout,, dans les décolletés, les jupes étroites, le vernis à ongles rouge, les sous-vêtements noirs, le bikini, la mixité, l'obscurité des salles de cinéma, les toilettes publiques, les muscles de Tarzan, les femmes qui fument et croisent les jambes, le geste de se toucher les cheveux en classe, etc. Il était le premier critère d'évaluation des filles, les dépatargeaient en " comme il faut" et " mauvais genre".
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Je suis entrée comme élève-maîtresse à l'école normale de Rouen. J'y étais nourrie avec excès, blanchie, un homme à toutes mains réparait même les chaussures. Tout gratuitement. Il éprouvait une sorte de respect pour ce système de prise en charge absolue. L'État m'offrait d'emblée ma place dans le monde. Mon départ de l'école en cours d'année l'a désorienté. Il n'a pas compris que je quitte, pour une question de liberté, un endroit si sûr, où j'étais comme à l'engrais.
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Avoir reçu les clés pour comprendre la honte ne donne pas le pouvoir de l'effacer.
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Ce récit serait donc celui d'une traversée périlleuse, jusqu'au port de l'écriture. Et, en définitive, la démonstration édifiante que, ce qui compte, ce n'est pas ce qui arrive, c'est ce qu'on fait de ce qui arrive.
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Etre crâneuse est un trait physique et social, détenu par les plus jeunes et les plus mignonnes qui habitent le centre-ville, ont des parents représentants ou commerçants. Dans la catégorie des pas crâneuses figurent les filles de cultivateurs, internes, ou demi-pensionnaires venant à vélo de la campagne avoisinante, plus âgées, souvent redoublantes. Ce dont elles pourraient se vanter, leurs terres, leurs tracteurs et leurs commis, n'a, comme toutes les choses de la campagne, aucun effet sur personne. Tout ce qui ressortit à la "cambrousse" est méprisé. Injure : "Tu te crois dans une ferme" ! (p.92-93)
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