Son corps entier frissonne.
À cause, peut-être, des solitudes amoncelées.
Emboîtées comme des poupées gigognes. La sienne propre à Gouri, d'homme singulier; celle de cette zone maudite, ce trou noir du monde; celle aussi de son espèce, humaine, et de son vaisseau terrestre qui s'est fichu là, au cœur de l'immensité.
À moins que le tressaillement ne soit qu'une affaire de fraîcheur nocturne, légère mais tout de même tenace pour l'homme astreint à l'immobilité.
« Il n’y a qu’à vivre, passer par ces instants. Rencontrer une femme sur la route, lui donner un bout de pain, sentir sans savoir les méandres d’un destin, partager la suite avec elle. Une nuit de guerre. Une nuit comme ça, entre un homme et une femme dans un camion, sur la banquette d’un camion, avec juste la promesse des heures sombres à traverser ensemble.
Il est exalté par cette chose simple, aussi humaine. » (p. 13)