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Citations de Antonio Skármeta (139)


Je suis petit, mais intelligent et rapide. Chez toi, la seule chose rapide, c'est la langue.
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- Cela fait plusieurs mois qu'un dénommé Mario Jiménez rôde autour de mon auberge. Ce monsieur s'est permis des insolences à l'égard de ma fille qui a à peine dix-sept ans.
- Que lui a-t-il dit ? [demanda Pablo Neruda]
La veuve cracha entre ses dents : - Des métaphores.
- Et alors ? Le poète avala sa salive.
- Et alors, Don Pablo, avec ces métaphores, il a rendu ma fille plus chaude qu'un radiateur.
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A l’époque qui correspondait chronologiquement au début de cette histoire – laquelle, comme les hypothétiques lecteurs ne manqueront pas de s’en apercevoir, commence dans l’enthousiasme et s’achève sous le signe d’une profonde dépression -, le directeur remarqua que mes incursions dans la vie de bohème avaient dangereusement perfectionné la pâleur de mon teint et décida de m’envoyer faire un reportage au bord de la mer, ce qui me vaudrait une semaine de soleil, d’effluves salins, de fruits de mer, de poisson frais et, en même temps, de contact fructueux pour mon avenir. Il s’agissait d’aller troubler la paix maritime de Pablo Neruda et de dessiner, pour les lecteurs débauchés de notre feuille, quelque chose qui serait comme – je cite – « la géographie érotique du poète » : en clair et en bon chilien, cela signifiait le faire parler, sur le mode le plus primaire possible, des femmes qu’ils s’étaient envoyées.
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Pris d’un mysticisme juvénile, il décida de ne recourir à aucune pratique manuelle pour soulager la fidèle et croissante érection qu’il dissimulait le jour […] et qu’il combattait la nuit jusqu’à la torture. Un romantisme bien pardonnable le faisait s’imaginer qu’à chaque fois qu’il frappait une métaphore, qu’il poussait un soupir, qu’il rêvait de la langue de la fille contre son oreille, entre ses jambes, il forgeait une force cosmique qui nourrissait son sperme. Ainsi pourvu d’hectolitres de cette substance bonifiée, viendrait le jour où il ferait léviter de bonheur Beatriz Gonzalez…
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Ici dans l'Ile, la mer, et quelle mer. A chaque instant hors d'elle même. Elle dit oui, et puis non, et encore non. Elle dit oui, en bleu, en écume, en galop. Elle dit non, et encore non. Elle ne peut se faire calme. Je me nomme mer, répète-t-elle en battant une pierre sans réussir à la convaincre. Alors, avec sept langues vertes de sept tigres verts, de sept chiens verts, de sept mers vertes, elle la couvre, la baise, la mouille et se frappe la poitrine en répétant son nom.
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- Vous radotez, grand-père. Tous les vieux ils deviennent casse-pieds et ils font braire leurs petits-fils.
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- Tu crois en Dieu ?
- Enfin, maman ! C'est une question à laquelle on répond à la fin de sa vie, pas quand on a dix-sept ans !
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A cet instant, Mario sut que l’érection qu’il avait si fidèlement contenue depuis des mois n’était qu’une vulgaire colline en comparaison de la cordillère qui surgissait de son pubis, du volcan dont la lave n’avait rien de métaphorique et qui commençait à se déchaîner dans son sang, à lui brouiller la vue et à transformer sa salive elle-même en une espèce de sperme.
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Et l’instant d’après, il rendit public un orgasme si fracassant, tumultueux, outrancier, extraordinaire, sauvage et apocalyptique, que les coqs crurent le jour levé et, crêtes turgescentes, se mirent à lancer des cocoricos, que les chiens confondirent ce hurlement avec la sirène du train de nuit venant du Sud et aboyèrent à la lune comme mus par un mot d’ordre incompréhensible, que le camarade Rodriguez occupé à barbouiller l’oreille d’une universitaire communiste avec la salive mugissante d’un tango de Gardel eut l’impression qu’une pierre tombale lui bloquait la gorge et lui coupait la respiration, et que Rosa veuve Gonzalez n’eut d’autres recours que de tenter, micro en main, de couvrir le hosanna de Mario en se lançant une fois de plus dans la Voile avec des trilles de chanteuse d’Opéra.
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-Comme un bateau tremblant sur mes mots ?
-C'est ça !
-Sais tu ce que tu viens de faire, Mario ?
-Quoi ?
-Une métaphore.
-Mais ça ne compte pas, elle m'est venue simplement par hasard.
-Il n'est pas d'autres images que celles qui sont dues au hasard, fils.
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Mène ta vie comme tu le veux. Il y aura toujours quelqu'un pour t'imposer des limites. Ne t'en donne pas toi même.
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Je peux m'imaginer qu'il n'y a rien de rien, mais si je suis en train de penser qu'il n'y a rien de rien, c'est que moi je suis, parce que pour penser qu'il n'y a rien de rien, quelqu'un est bien obligé de le penser.
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Les nouveaux venus s’installèrent sur deux sièges face au bar et virent s’avancer à leur rencontre, longeant l’autre coté du comptoir, une fille de dix-sept ans environ, la chevelure châtain emmêlée par la brise, des yeux marron tristes et assurés, ovales comme des prunes, un cou glissant vers des seins malicieusement comprimés dans la chemisette blanche trop petite de deux tailles, les deux pointes agressives cachées sous le tissu, avec une ceinture comme on en met pour danser le tango jusqu’à épuisement du vin et de la nuit. Il y eut un bref répit, juste le temps nécessaire pour que la petite sorte de derrière le bar et aborde le plancher de la salle, et ils eurent la révélation de la partie de son corps qui supportait ces attributs : le secteur au-dessous de la ceinture s’ouvrait par une paire de hanches étourdissantes moulées dans une mini-jupe appelant l’attention sur les jambes, se prolongeait par des genoux cuivrés et se terminait en une lente danse de pieds nus, agrestes et ronds ;
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D’une passe de toréador, il défit le tablier de Beatriz, lui prit allègrement la taille et engouffra son pieu entre ses cuisses, ce qui sembla lui plaire à en juger par les abondants soupirs qu’elle laissa échapper comme par la sève abondante qui lui lubrifiait la coquille. La langue dans son oreille mouillée et les mains agrippées à ses fesses, il la maintint debout dans la cuisine sans plus se soucier de lui retirer sa mini-jupe.
- On va nous voir, mon amour, haleta la jeune femme, en se plaçant de façon à ce que l’engin la pénètre à fond.
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- Je parle sérieusement. Allons au bar, prenons un verre et jetons un coup d'œil sur l'objet de ton amour.
- Elle va mourir de saisissement quand elle nous verra arriver tous les deux. Pablo Neruda et Mario Jimenez buvant ensemble à l'auberge ! Elle meurt !
- Ce serait trop triste. Au lieu de lui écrire un poème, il faudrait lui confectionner une épitaphe.
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- Elle s'appelle Beatriz.
- Diantre, Dante!
- Quoi, don Pablo?
- Il y avait une fois un poète qui était tombé amoureux d'une certaine Béatrice. Les Béatrice provoquent des amours incommensurables.
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Mario fit glisser la mini-jupe rétive et la végétation odoriférante de sa chatte vint flatter ses narines à l’affût. Alors la seule inspiration qui lui vint fut de l’oindre de la pointe de sa langue. A cet instant précis, Beatriz poussa un cri profond, halètement, sanglot, défaite, gorge, musique, fièvre, qui se prolongea plusieurs secondes durant lesquelles son corps tout entier trembla, au bord de l’évanouissement. Elle se laissa glisser sur le plancher, puis après avoir posé un doigt silencieux sur la lèvre qui l’avait léchée, elle le porta à la toile grossière du pantalon du garçon pour palper la grosseur de son dard et elle lui dit d’une voix rauque :
- Tu m’as fait jouir, idiot.
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Au Chili, tout le monde est poète. Tu seras plus original en restant facteur
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Il y eut un bref répit, juste le temps nécessaire pour que la petite sorte de derrière le bar et aborde le plancher de la salle, et ils eurent la révélation de la partie de son corps qui supportait ces attributs : le secteur au-dessous de la ceinture s'ouvrait par une paire de hanches étourdissantes moulées dans une mini-jupe appelant l'attention sur les jambes, se prolongeait par des genoux cuivrés et se terminant en une lente danse de pieds nus, agrestes et ronds ; puis de là, la peau réclamait que l'on revienne sur chaque parcelle, jusqu'à ses yeux couleur café qui avaient su passer de la mélancolie à la malice en posant leur regard sur la table des hôtes
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" Pour que tu connaisses quelque chose de la musique de la France, je t'envoie un enregistrement datant de 1938 : je l'ai trouvé qui sommeillait chez un marchand de disques d'occasion du quartier Latin. Que de fois l'ai-je chanté dans ma jeunesse ! J'avais toujours voulu l'avoir et je ne l'avais jamais retrouvé. Il s'appelle J'attendrai, il est chanté par Rina Ketty et les paroles disent : " J'attendrai toujours, le jour et la nuit, ton retour ". "
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