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Critiques de Audre Lorde (24)
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Charbon

Audre Lorde est une femme noire et elle le revendique comme elle revendique son identité de lesbienne. Elle est en lutte et la poésie est un étendard qui proclame au monde les différentes facettes de sa personnalité.



« Je

Est le noir intégral, proféré

Depuis les entrailles de la terre. »



Dans ce recueil, elle raconte, l’amour, la vie, la famille ainsi que ses combats et mêle à la fois obstination et résilience.

Elle parle de ses sœurs noires qui ont perdu tout espoir. Sa sœur qu’elle imagine « méfiante comme une pierre ». Car il y a de la souffrance chez ses sœurs de couleur qui doivent développer leur aptitude à la survie.



« Par une nuit de pleine lune » est un poème sensuel sur l’amante et de cette chair « qui a faim »

« Et je serai la lune

Prononcée sur ta chair qui m’appelle. »



Elle qui est mère évoque aussi avec une simplicité émouvante l’enfant à naitre qui s’épanouit en elle



« Je t’ai fait naitre un matin juste avant le printemps

Ma tête résonnait comme un piston ardent

Mes jambes étaient des tours entre lesquelles

Un nouveau monde passait. »



La mort aussi fait irruption à travers l’évocation de celle qui s’en est allée.

« Nous n’avons plus droit à l’amour

Maintenant que tu es morte. »



L’éditeur nous propose à la fois la version originale et, à droite, la version en français, traduite par le collectif Cételle.

La poétesse et militante nous offre des morceaux de vie tout en dénonçant la discrimination dont sont victimes les femmes noires dans la société américaine. Je ne connais pas suffisamment sa vie pour savoir à quoi fait référence chaque poème mais j’ai été emportée par leur force.

Je n’avais encore jamais lu de poèmes d’Audre Lorde dont je découvre ici la puissance et la liberté de parole.



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Charbon

🩵Chronique🩵



« Je te parle comme parle une amie »



Je te parle Audre pour te dire merci pour le feu. Merci pour Charbon. Merci pour la poésie. La rencontre entre toi et moi est en soi, un événement. Je te parle comme parle une amie, puisque j’admire tout de toi, tes multiples facettes, ta complexité, les mots qui déferlent.



Certains mots me tiraillent le ventre. Certains mots viennent de la terre. Certains mots descendent du ciel. Certains mots parlent de souffrance.s. Certains mots parlent de lumière.s. Des mots me sont venus d’une guerrière hors-normes, et c’était toi. Des mots qui m’ont parlé de différence.s, de vents contraires, de mues.



Je te parle comme tu nous parles, avec aplomb, fermeté, engagement. Je voudrais que le monde soit capable d’entendre ta poésie, ce qui t’anime, ce qui te définit, ce qui te passionne, ce qui te fait vibrer. Je voudrais que le monde soit capable de comprendre que le silence ne protège pas. Je voudrais que l’on est plus d’amies comme toi: époustouflantes, vivifiantes, combattantes.



Certains mots me révèlent le feu. Certains mots descendent le long de nos gorges, comme du napalm. Certains mots sont des incendies à eux seuls. Certains mots m’apprennent, me rendent plus belle ta singularité, me parlent du mal de notre siècle. Tes mots m’ont parlé de l’intersectionnalité, de l’intime, de politique. Certains mots font Charbon, et là, les miens se taisent pour te laisser toute la place. Un temps suspendu pour comprendre, apprendre, aimer. Un temps pour dépasser le racisme, le sexisme, l’homophobie.

Mais je ne peux plus taire encore longtemps mon coup de cœur pour Charbon.



Je te parle comme parle une amie, puisque toi tu nous parles comme une survivante, une puissance, une poétesse. Tu as transcendé avec la poésie toutes les différences, et tu nous a montré comme c’était beau, l’alchimie de tes mots. Du Charbon, tu nous offres des diamants. Qui peut se targuer de savoir maîtriser la magie, ma chère Audre? J’ai bien entendu que notre alliance fera notre force. Je te parle comme à une amie, car tu l’es. Du moins, je l’espère car avec ce recueil, j’ai l’impression d’avoir un petit bout de toi, un morceau de feu, un joyau bleu qui m’est très précieux, et que je garde comme preuve, que la poésie brûle au-delà du temps et de l’espace…



« Certains mots

Me tourmentent. »
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Sister outsider

Série d'essais, d'entretiens, de discours prononcés au cours des années 1976-1983, Sister Outsider permet de toucher du doigt la pensée extrêmement novatrice d'Audre Lorde, celle d'une intersectionnalité avant l'heure.



Au fil des textes, en effet, se dessine tout un cheminement qui montre à quel point il est fondamental de prendre en compte toutes les inégalités - sociales, raciales, sexuelles... - pour énoncer, au contraire, une véritable théorie de l'égalité qui pourrait faire vraiment sens, et mener à une vraie égalité autre que celle de façade que nous côtoyons tous au quotidien, certain.e.s bien sûr plus que d'autres.



Pour ce faire, l'autrice s'appuie sur des exemples concrets, utilise des termes et des images qui choquent, qui interpellent, pour mieux faire prendre conscience à son auditoire - ou lectorat - de la réalité des faits qu'elle énonce précédemment. Ainsi, le propos est fort, circonstancié, il porte, et il est terriblement convaincant.



Pour une première rencontre avec l'autrice, c'est une réussite. M'est avis que cette première lecture va me permettre de cerner au mieux les prochaines, plus littéraires.
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Je transporte des explosifs on les appelle ..

À qui puis-je parler?

Honorer les femmes c’est encore parler d’elles

Il n’y aura pas de garantie d’écoute

Mais la poésie et le féminisme doivent avancer

C’est un danger et une promesse qui défient le monde

Imaginez des explosifs des mots partout transportés par des femmes plurielles exceptionnelles

Oseront-Elles franchir toutes les barrières que le patriarcat a mis devant elles

Trop souvent elles sont freinées déconsidérées quand ce n’est pas violentées ou tuées

Alors un peu de dynamite dans ce bordel

N’est-ce pas la réponse défensive évidente

Alors à qui pourraient-elles parler, ces poétesses?

Honorer la vérité c’est encore l’écrire la diffuser lui donner un corps des jambes pour qu’elle puisse vaquer rencontrer célébrer celles qui ont su créer la poésie féministe

Le monde a besoin d’elles puisque cette lumière dessine les contours de l’obscurité dans laquelle elles sont repoussées

Il nous faut cette éruption de mots dégoupillés

Il nous faut cette énergie redoutable et puissante qui désintègre la merde qu’ils auront laissé

Ce qu’il reste dans les voix de ces femmes

C’est des violences des silences spécifiques

Quand une femme parle

Elle n’abandonne rien de la douleur de sa complétude de son histoire de son amour

Elle habite une langue un mot son poème

Elle est aussi vie que mort

Cercle et cathédrale

Vague et soupir

Elle-même et autre

A qui maintenant pourrais-je parler

De mon émotion

Quand je les ai lu, elles, dans leurs luttes

Dans leurs créativités dans leurs intimes

Qui voudra entendre les coup sur mon cœur

A me pulvériser le palpitant dans cette heure calme

Que je ne voudrais oublier

Elles étaient brunes noires survivantes

Bombes hystoires libres guérilleres

24 poétesses féministes États-uniennes

Performantes

Consciences

Utiles

Apeurées triomphantes en colères

Et j’ai reçu leurs dévastations au fond de moi

Je les ai accueillies pour mieux les comprendre

Est-ce que mon amour aussi est spécifique?

L’amour sera toujours ma boussole

Entre ici ou là-bas

Je ne peux perdre mon nord

Puisque je suis amoureuse de la poésie

Surtout quand elle vibre aussi fort

Aussi terrible qu’elle soit j’entends mes sœurs

Comment je peux retenir cette révolution

Épidermique

Qui se joue dans nos fiertés féminines?

J’attends tout de la poésie

Qu’elle sauve le monde qu’elle transmute les femmes

Mais encore plus qu’elle soit engagée politique

Libre sensorielle nécessaire pour nous toutes

Je crois en son mouvement

Je veux qu’elle soit chant scène chose destinée couleurs vérités histoires exemple litanie pouvoir restes chemins ailleurs flottante monstre

À qui puis-je parler

Des milliers d’explosions que leurs mots

Ont fait en moi

Est-ce que ce coup de cœur est spécifique?

Oui.

À qui puis-je en parler?
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La licorne noire

En abordant ce recueil, on est tout de suite saisi par l'atmosphère militant, radical, combattant qui s'en dégage. L'autrice militante acharnée des droits civiques de la minorité noire, mais aussi de la cause féministe, lesbienne, et des mères élevant seule leurs enfants, nous emmène au travers de ce parcours polymorphe, dans un dithyrambique portrait des combats existentiels à mener pour se libérer des carcans multiples de l'oppression. Comme des petites histoires du quotidien, souvent triste et mélancolique, la poétesse construit un labyrinthe aux multiples sorties possibles, offrant dans ses mots, une poésie sensible et déterminée à la fois. Oxymore poétique énigmatique, cachant dans ses vers à double, triple lecture, des messages percutants incitant les opprimés, les victimes de discrimination à se bouger" les fesses" si elles veulent obtenir des droits et trouver leur place dans la société américaine. Par cette injonction poétique, l'autrice délivre un leitmotiv hyper simple, le combat, c'est tout le temps et n'attendez rien de vos "supposés" oppresseurs. Néanmoins, si la grande poétesse a du talent, un esprit guerrier pour faire triompher ses causes, elle laisse planer une ambiguïté, un doute, voir une certitude sur la non-universalité de sa lutte. Car, en utilisant parfois, une rhétorique aux consonances wokistes, elle assombrit la portée de ces vers, en refusant d'inclure l'ensemble des êtres humains dans un combat universel pour la tolérance.
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Je transporte des explosifs on les appelle ..

La poésie prend souvent la femme comme objet : c’est la Muse, celle qu’on aime, celle au sujet de laquelle, sans cesse, se construit un discours masculin. Il est donc particulièrement intéressant que les féministes se soient emparées de ce médium pour faire entendre un discours sur les femmes elles-mêmes.

En elle-même, cette réappropriation rend cette anthologie passionnante en montrant de multiples facettes de l’expérience féministe. En effet, il y a parmi les autrices des femmes de diverses origines, des femmes racisées, des hétérosexuelles, des lesbiennes, des trans, etc. Mais ces poèmes sont aussi d’une grande beauté, tirant souvent leur force de leur simplicité, et leur façon de faire entendre clairement ce dont la société attend que ce soit tu, tout en préférant la vérité d’une expérience intime aux postures et aux grands discours, sans craindre la violence. Ainsi, « Monster » de Robin Morgan m’a semblé un chef d’œuvre : elle décrit, à partir d’un mot d’enfant, sa peur que son fils de deux ans apprenne à voir dans la féminité une altérité à détester et à dominer. Dans beaucoup de poèmes, on rêve d’un retour à un « avant » idéalisé : on pourrait y voir le souvenir d’une théorie longtemps en vogue selon laquelle les premières sociétés étaient matriarcales. J’y vois plutôt une nostalgie d’un état d’innocence, avant que s’insinue le discours patriarcal aliénant, qui fausse même le regard sur soi. Le travail poétique d’affirmation de soi et de la valeur de l’expérience féminine passe d’ailleurs plusieurs fois par la réappropriation de sa propre langue, avec l’insertions d’espagnol et de yiddish (l’on peut cependant regretter que ces passages n’aient pas été traduits).



C’est une édition explicitement féministe, avec des traductions notamment qui utilisent l’écriture inclusive. Cela me semble une démarche cohérente avec le propos du livre ; en revanche, j’ai vraiment tiqué quand, dans la biographie des autrices, les cavales de certaines, après des braquages de banque meurtriers, sont présentés presque comme une résistance politique (« elle entre dans la clandestinité »), et surtout quand il est question, deux fois, de la « mort d’un flic » et du « meurtre de flics ». Et ce n’est pas la même chose de tenir des propos très violents dans un poème et dans de telles notices. Ne peut-on faire entendre une voix féministe forte sans procéder à une telle déshumanisation ?



Enfin, j’ai moins aimé l’essai de Jan Clausen précédant l’anthologie proprement dite, pas toujours d’un grand intérêt. Tout d’abord, même s’il propose des pistes de réflexion intéressantes, il est assez répétitif, car semble réunir plusieurs articles. Il m’a semblé aussi trop verser dans les questions d’identité (pour caricaturer un peu : une féministe hétéro blanche a-t-elle autant de légitimité qu’une noire lesbienne ?), et les débats internes aux cercles de poétesses féministes américaines. L’autrice semble dans une situation inconfortable : d’une part, elle dénonce, avec beaucoup de précautions, le poids excessif du politiquement correct et des attentes politiques et non poétiques du public, mais d’autre part elle inscrit le plus possible son article dans ce système. Cela me semblait donc parfois assez futile – mais qui suis-je pour juger, moi le bourgeois blanc gay cisgenre ? Mieux vaut donc ses concentrer sur ce qui essentiel : les morceaux de bravoure poétiques de cette anthologie.

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Je transporte des explosifs on les appelle ..

Superbe anthologie de poétesses états-uniennes aujourd'hui mal connues pour la plupart (en tout cas en France). Le dossier introductif est très riche et instructif. Je ne savais pas que la poésie féministe avait eu une telle importance aux États-Unis au siècle dernier, et ça m'a donné envie d'en découvrir plus. A certains égards ça m'a fait penser aux lectures-performances de textes engagés de certain-es poéte-sses qu'organise Button Poetry. J'étais contente de découvrir des textes vifs et touchants dans ce livre, et de me dire que cette pratique est encore bien vivante aujourd'hui !
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Sister outsider

Je ne suis pas libre tant qu’une femme reste prisonnière, même si ses chaines sont différentes des miennes



Dans une courte préface Rina Nissim présente l’autrice, dont la traduction des œuvres en français est pour le moins déficiente. « Elle s’est ainsi fait connaître pour ses interventions devenues essais, écrits dans une prose poétique – une nouvelle manière d’exprimer sa pensée de femme engagée ». Audre Lorde est une immense écrivaine afro-étasunienne, une féministe traitant de l’ensemble des oppressions. « La nouvelle économie écrase les plus pauvres. Le sexisme et la discrimination basée sur le sexe concernent toujours notre société. Le racisme est toujours vivant. Les cibles changent selon les pays et les circonstances. Noirs, juifs, gitans, arabes… c’est pourtant toujours le même rejet » (Rina Nissim).



La préfacière souligne que « l’intérêt pour l’oeuvre d’Audre Lorde est aussi malheureusement actualisé par le « back-lash », réaction des dominants face aux tentatives de diminuer les inégalités ». Elle explique le N majuscule à Noir·e, « Ainsi, si la correction symbolique à coups de N majuscules à Noir-e-s dans les pages d’Audre Lorde vous choque, demandez-vous un instant pourquoi nous avons accepté tant de siècles d’esclavage et d’inégalités, de noir-e-s en minuscules ? ».



Audre Lorde « Noire, lesbienne, féministe, guerrière, poète et mère » porte un regard aiguisé sur la société et adopte une écriture où ni la poésie ni l’érotisme n’est un luxe. [« J’ai peur, et pourtant je sais que mon silence ne me protégera pas de ma peur », avoue-t-elle, avant d’assener : « Votre silence ne vous protégera pas non plus ! »]. Le scandale n’est donc pas celui de ses mots mais de la non-édition à grande échelle de cette autrice unique et indispensable.



Quelques éléments choisis subjectivement dans cet ensemble de texte.



La poésie n’est pas luxe. Audre Lorde aborde, entre autres, la qualité de la lumière dont nous éclairons les changements souhaitables, les peurs qui gouvernent nos vies, l’intimité d’un examen attentif, le caché et le grandissant, les espaces du possible enfouis en nous, la poésie « en tant que sublimation révélatrice de l’expérience » ou « le chemin qui nous aide à formuler ce qui est sans nom, le rendant ainsi envisageable », le pont « par dessus notre peur de l’inconnu », la liberté, « La poésie cisèle la parole pour qu’elle exprime et guide cette exigence révolutionnaire, l’accomplissement de cette liberté »…



Transformer le silence en paroles et en actes. La poétesse parle de ce qui doit « être mis en mots, énoncé et partagé », du bénéfique de parler, « Je suis ici, debout, comme poète Noire lesbienne », de guerre « contre les tyrannies du silence », de la peur, « j’ai peur, car transformer le silence en paroles et en actions est acte de révélation de soi, et cet acte semble toujours plein de dangers », de visibilité, de la différence raciale, « Car pour survivre dans la bouche de ce dragon appelé amérique, nous avons dû apprendre cette première et vitale leçon : nous n’étions pas censées survivre. Pas en tant qu’êtres humains », des silences devant être brisés…



Audre Lorde propose d’égratigner la surface et discute du racisme, du sexisme, de l’hétérosexisme, de l’homophobie, de la notion de différence comme force humaine dynamique, de la nécessité de l’auto-définition, de front uni d’individus, de stérilisation forcée et d’interdiction d’avorter, de viol, des relations entre femmes Noires et hommes Noirs, de rivalité comme « face visible de notre propre rejet », du déni de soi déshumanisant, de menace fantasmée, de relations tronquées, de l’erreur de juger « que l’affirmation de l’autre est une attaque que l’on me porte », de lesbiennes, « Parmi ces quatre groupes, femmes Noires et femmes blanches, hommes Noirs et hommes blancs, les femmes Noires gagnent le salaire moyen le plus bas. Il s’agit d’une préoccupation vitale pour nous toutes, peu importe avec qui nous couchons »…



L’autrice parle de l’érotisme comme « source intarissable de stimulation et d’accomplissement », de pornographie, « la pornographie éliminant les véritables émotions, nie en bloc la force de l’érotisme », de la puissance des femmes perçue comme un danger, de partage et de non-partage, « Et utiliser l’autre sans son consentement, c’est en abuser »…



Je souligne le texte : Sexisme : le visage noir d’une maladie américaine. L’autrice indique que « le féminisme Noir n’est pas le visage noir du féminisme blanc ». Elle aborde les problématiques « spécifiques et légitimes » influençant les existences, « les femmes Noires, restent encore le groupe social, en termes de sexe et de race, le plus mal payé de la nation », l’enfermement des hommes Noirs dans des rôles qu’ils ne sont pas autorisés à remplir, le double standard étasunien, « Rendre la victime responsable de sa propre agression, c’est une des tactiques du Fabuleux-Double-Standart-Américain », la haine de soi et le narcissisme, le caractère oppressif des privilèges masculins, « Une oppression n’en justifie pas une autre », la « lutte centrale » contre le sexisme et la destruction des femmes noires « pour la libération Noire », le refus des abus au non de la soi-disant solidarité ou de la libération Noire, « Aucun homme Noir sensé ne peut justifier le viol et le meurtre de femmes Noires par des hommes Noirs comme s’agissant d’une réaction appropriée face à l’oppression capitaliste. Et la destruction des femmes noires par des hommes noirs traverse toutes les classes sociales »…



J’ai notamment été intéressé par la manière dont l’autrice traite de la communauté des femmes et du racisme de féministes blanches, la défiguration de l’histoire et de la mythologie – l’histoire écrite par les femmes blanches n’est pas la seule histoire -, le racisme – au sein de la communauté des femmes – comme force brutale dans l’existence des unes et non des autres, « L’oppression des femmes ne connaît aucune frontière ethnique ou raciale, c’est vrai, mais cela ne signifie absolument pas qu’elle est identique au sein de ces différences. Les ressources de notre antique pouvoir ne connaissent pas de limites non plus. Parler d’une différence tout en éludant les autres revient à déformer nos points communs comme nos différences »…



Une lesbienne féministe noire, les enfants, l’apprentissage à dépasser ses propres peurs, l’acceptation des émotions, « Elever des enfants Noirs – filles et garçons – dans la bouche d’un dragon raciste, sexiste et suicidaire représente une entreprise périlleuse », le petit garçon et la honte face à soi. L’autrice a des mots justes pour décrire les relations, dire sans (se) cacher, refuser les approches simplistes de l’oppression, élaborer une perspective lesbienne féministe pour un monde futur. Sans oublier, « combien il est difficile et combien ça prend du temps d’être obligé de réinventer le stylo chaque fois que vous voulez écrire un message… »



Je souligne son entretien avec Adrienne Rich, les moyens secrets pour exprimer son émotion, l’importance de la communication non-verbale, les mots pour retranscrire les expériences, l’usage d’un pseudonyme, l’enseignement de la technique de survie, l’assassinat de Martin Luther King, la peur, « Et la première chose que j’ai déclarée à mes étudiant-e-s, c’était : « moi aussi, j’ai peur » », les effets du racisme, « le racisme ne déforme pas seulement les personnes blanches, qu’en est-il de nous ? », le parler de soi avant que les autres « ne parlent de vous », les processus d’apprentissage, Love Poem, « j’avais pris la décision de ne plus me soucier dorénavant de savoir qui savait, ou ne savait pas, que j’avais toujours aimé les femmes », les mutilations, le désir indompté de quelque chose de différent, les yeux jamais fermés devant la terreur, les différences creusées entre nous, le sentiment d’écrire au bord du gouffre, l’urgence, « L’entendement rend possible l’usage du savoir, voilà l’urgence, voilà l’effort, voilà le mouvement »…



Si le titre du texte « On ne démolira jamais la maison du maître avec les outils du maître ! » est souvent cité, la leçon ne semble pas avoir été retenue – dans toutes les facettes – par les différentes organisations militantes. L’usage des mots n’est pas neutre et certains mots du coté de la domination ne peuvent nous être utiles du coté de l’émancipation (en complément possible, sur des problématiques plus récentes, Alain Bihr : La novlangue néolibérale. La rhétorique du fétichisme capitalistehttps://entreleslignesentrelesmots.blog/2017/05/19/evidences-non-fondees-fausses-banalites-pour-un-morbide-cafe-du-commerce/ ; Olivier Starquit : Les mots qui puent https://entreleslignesentrelesmots.blog/2018/05/14/les-vampires-ne-supportent-pas-la-lumiere-du-soleil/ ; Anne-Marie Andrusyszyn : CEPAG : La campagne 2020 : « Les luttes sociales passent aussi par les mots » https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/07/30/cepag-la-campagne-2020-les-luttes-sociales-passent-aussi-par-les-mots/). L’autrice critique l’arrogance universitaire, « C’est faire preuve d’une arrogance toute universitaire que d’engager une quelconque discussion théorique féministe sans tenir compte des nombreuses différences qui existent entre femmes, et sans une contribution significatives des femmes pauvres, des femmes Noires et du Tiers-Monde, et des lesbiennes », l’oubli des lieux d’énonciation. Elle discute de la possible liberté de mettre « je » devant être, « C’est là toute la différence entre la forme passive et la forme du verbe être », de l’interdépendance des différences, d’apprentissage à faire cause commune, des manifestations quotidiennes de l’esclavage sexuel et de la prostitution, de la demande invraisemblable (« Accaparer les opprimés avec les préoccupations de leur maître, c’est une arme bien rodée des oppresseurs ») aux femmes de « combler le fossé de l’ignorance masculine ».



Audre Lorde termine ainsi ce beau texte : « Le racisme et l’homophobie forment la véritable trame de nos existences en tout lieu et en toute heure. J’exhorte chacune d’entre nous présente ici à descendre au plus profond d’elle-même pour atteindre la terreur et le dégout de toute différence qui s’y terre. Et de voir quel est son visage. Alors seulement, le personnel comme le politique pourront commencer à éclairer tous nos choix ».



La notion de différence repensée par les femmes, « âge, race, classe sociale et sexe », le joug de l’oppression systématique, les rescapé·es des groupes opprimés, les comportements des oppresseurs et leurs exigences, « A chaque prétexte de dialogue, ceux qui tirent profit de notre oppression exigent que nous partagions notre savoir avec eux. En d’autres termes, c’est aux opprimé-e-s qu’incombe la responsabilité de faire prendre conscience aux oppresseurs de leurs erreurs ». L’autrice en souligne une conséquence : « Les oppresseur-e)s conservent ainsi leurs prérogatives et fuient la responsabilité de leurs actes ». Elle discute de la notion de différence, des préjugés, des politiques de division, « Trop souvent, au lieu d’utiliser notre énergie pour discerner et explorer ces différences, nous la gaspillons à prétendre que de telles différences dressent des barrières insurmontables ou bien n’existent pas », des normes mythiques, des faux semblant d’homogénéité de l’expérience, de contrôle social à travers le « fossé entre les générations », de la difficulté pour des femmes blanches à considérer les femmes Noires « comme des femmes à part entière », de privilège de la peau blanche, de l’aveuglement des « personnes de Couleur » par la « menace de la différence », « On confond souvent besoin d’unité et besoin d’homogénéité, et on pense à tord qu’une perspective féministe trahit nos intérêts communs en tant que peuple », des rimes contre les femmes, des crimes contre les lesbiennes, d’hétérosexisme et d’homophobie et leur écho particulier chez les femmes Noires, de « cette partie de l’oppresseur enfouie au plus profond de chacune de nous ». Elle nous rappelle que « c’est de notre capacité à construire des relations humaines égalitaires qui conditionne notre survie future »…



Si la peur et le silence ne protègent pas, l’usage de la colère contribue à la réponse des femmes au racisme. « Ma réponse au racisme est la colère. J’ai vécu avec cette colère, en l’ignorant, en m’en nourrissant, en apprenant à m’en servir avant qu’elle ne détruise mes idéaux, et ce, la plus grande partie de ma vie. Autrefois, je faisais tout cela en silence, effrayée par le poids d’un tel fardeau. Ma peur de la colère ne m’a rien appris. Votre peur de cette colère ne vous apprendra rien, à vous non plus ». Audre Lorde parle du sens et de l’utilité de la colère, des projecteurs utiles pour grandir, de la nécessaire prise en considération des besoins et des conditions de vie des « autres femmes », des femmes assiégées, de la différence entre la colère et la haine, de l’apprentissage « à orchestrer ces fureurs afin qu’elles ne nous détruisent pas », de la culpabilité et de la faiblesse, de l’ignorance, des remparts contre tout changement, de la douleur de la colère « mais elle m’a aussi permis de survivre », des yeux dans les yeux, de la rage, d’une flamme toujours haute et brillante, « Et un jour, si nous nous disons la vérité, ce changement deviendra inéluctable »…



Il est des autrices qui illuminent le temps. Il est des livres qui nous tendent un miroir et plus qu’une main. Audre Lorde nous saisit par la puissance de ses mots, par ses analyses sans concessions du sexisme, du racisme, de l’homophobie. « Oui, je suis Noire et Lesbienne, et ce que vous entendez dans ma voix, c’est de la rage, pas de la souffrance. De la colère, pas de l’autorité morale. Il y a une différence ». Et aussi par le désir, l’érotisme, la poésie, l’écriture.



Je l’écris une seconde fois. Le scandale n’est donc pas celui de ses mots mais de la non-édition à grande échelle de cette autrice unique et indispensable.
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La licorne noire

Une amie m'a fait découvrir cette poétesse et je l'en remercie vivement. Ce recueil est incroyable, à chaque page, le lecteur est transporté ailleurs, à l'intérieur de soi ou bien loin très très loin. C'est magnifique.

Chaque soir, je lis quelques poèmes et je voyage partout. Splendide, cette poétesse est extraordinaire, je n'en dis pas plus, il faut absolument la découvrir par vous même.

Les poèmes sont plein d'amour, de tendresse, de sensualité, d'érotisme, de luttes, de fureur, de liberté, de spiritualité.

Audre Lorde est une brillante poétesse féministe mais surtout une vraie guerrière !
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Je transporte des explosifs on les appelle ..

Au-delà de ce titre un peu trop explicite pour moi, ce recueil de poèmes américains et féministes est une belle découverte. Des autrices diverses, avec des styles complètement différents, abordent les thèmes qui les touchent, cherchent leur place dans le monde.

La longue introduction de Jan Clausen, elle-même poétesse, permet de cerner ce que serait une poésie féministe. Elle montre ine traduction féministe américaine résolument tournée vers la poésie, alors que la période des 70s en France était plutôt marquée par des romancières féministes. L'autrice explique pourquoi la poésie est un genre pertinent (une forme courte, en lien avec les contraintes matérielles), et comment elle rend compte de l'expérience des femmes, abolissant la frontière entre le personnel et le politique.

Jan Clausen épluche aussi les préjugés sur la poésie féministe, les décortique : elle serait utile (car politique), elle serait accessible (pour être lisibles par toustes), ce serait un processus collectif (au-delà de l'ego), la critique serait hors de propos, le monde de la littérature féministe serait clos sur lui-même...

Elle pose de très bonnes questions. Comment conserver une vision critique, exiger une qualité littéraire, quand un genre devient un outil de lutte au-delà de la littérature ?

Ce recueil peut être lu pour son introduction très riche, ou abordé en butinant directement les poèmes d'Audre Lorde, Adrienne Rich, Gloria Anzaldúa, bell hooks, Dorothy Allison... et tant d'autres autrices précieuses à découvrir.
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Je transporte des explosifs on les appelle ..

La première partie - un essai de Jan Clausen - est intéressante et met en exergue l’importance de la poésie dans le mouvement féminisme des États-Unis.



Néanmoins, j’ai de loin préféré le recueil de poèmes de la deuxième moitié. Les mots pulvérisent et sont un cri de liberté.
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Charbon

De la noirceur luminescente du charbon, Aurdre Lorde tire la pluralité de facettes d’un symbolisme flamboyant, simple et quotidien, hanté et militant, libre et amoureux. On pourrait presque dire seulement ceci : Charbon touche, fait résonner l’obstiné opacité des jours, réticence et résistance que laissent aussi entendre ces fragments de vie, dépouillés, saturés des présences qui hantent l’autrice. Un premier recueil d’une rare puissante tant il parvient à suggérer qu’une parole politique est avant tout une manière d’être au monde.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Je transporte des explosifs on les appelle ..

L'essai de la poétesse et militante lesbienne Jan Clausen datant de 1982, compose la première partie du livre et dresse un état des lieux de la poésie féministe étasunienne : le développement de "l'activisme créatif", le choix spécifique de la poésie comme médium d'expression mais aussi les conditions de création, de publication et de diffusion de ces oeuvres. Cette réflexion quoi que très personnelle, l'autrice étant elle-même concernée par son sujet, porte un regard distancé et critique sur certains aspects de la poésie féministe.

S'en suit, une anthologie de poèmes publiés entre 1969 à aujourd'hui, proposée ici dans une édition bilingue, qui est vraiment agréable tant pour la musicalité que pour le sens des textes. Vous y trouverez des poétesses d'origines, d'âges et de sexualités différentes portant un regard et des voix multiples sur la condition de femmes. Tantôt en colère, résignées, enflammées, blessées, leurs mots résonnent profondément en nous. Personnellement je relirai souvent cinq poèmes qui m'ont particulièrement touché : Monster de Robin Morgan, Leftovers-What is left de Assata Shakur, A litany for a survival de Audre Lorde, Plain english de Nellie Wong, Hijab scene #7 de Mohja Kahf.

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Zami : Une nouvelle façon d'écrire mon nom

Dans cet ouvrage, Audre Lorde nous raconte son enfance auprès de ses deux sœurs, plus âgées, et de parents assez stricts jusqu’à la fin de sa vingtaine, alors qu’elle vient d’obtenir son diplôme universitaire.



Audre Lorde a commencé à parler très tard, vers 4 ans, car avant cela cette petite fille si myope qu’elle avait été déclarée aveugle ne savait pas comment communiquer avec les autres. Une fois qu’elle a reçu sa paire de lunettes, son monde s’est considérablement éclairci et elle a très rapidement appris à parler, à lire et à écrire.



De son enfance, Audre Lorde nous parle surtout de sa solitude, de sa relation douloureuse avec ses soeurs, du racisme subi dans son école catholique et de son impossibilité d’obtenir un semblant d’intimité.



Vient ensuite l’adolescence, la rébellion face à l’autorité parentale, les premières amitiés et les premiers émois amoureux. Audre est confrontée au deuil et à la violence assez jeune, ce qui a visiblement marqué ses écrits.



A 17 ans, elle quitte le domicile familial. Elle raconte alors ses galères pour trouver de l’argent car elle souhaite voyager et étudier. Elle est très libre pour son époque, c’est assez incroyable ! Elle raconte également ses différents amours, elle qui s’était pourtant juré que plus jamais elle ne reprendrait le risque d’aimer. Les pages où elle nous décrit ses relations amoureuses sont absolument sublimes. Elle décrit l’amour charnel avec énormément de poésie. Et même si certaines scènes sont particulièrement explicites, elle y ajoute juste ce qu’il faut de pudeur pour ne pas nous transformer en voyeur⋅ses.



Elle témoigne aussi de ce qu’est la réalité d’une femme noire et lesbienne dans le New-York des années 50 : ne jamais se sentir comprise, même par les gens qu’elle aime, car assez peu représentée, qu’importe où elle va.

Dans cet ouvrage, elle aborde également des questions plus politiques [même si, on est d’accord, l’intime est politique] qui apparaissent en toile de fond : la traque contre les communistes, les avancées de la lutte pour les droits civiques, la dangerosité des avortements clandestins, la gestion de la santé mentale, etc.
Lien : https://www.maghily.be/2021/..
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Contrechant

Si tu aimes la poésie, les luttes intersectionnels, les voix fortes, les femmes inspirantes, je te conseil, au rayon poésie, "Contrechant Anthologie de poésie" d'Audre Lorde.



Audre Lorde est une poétesse incontournable des luttes intersectionnelles !

Engagée, inspirante, sensuelle ou enflammée la poésie de Audre Lorde est nécessaire et touchante. Ce recueil est un cheminement dans sa vie de femme, noire, lesbienne, féministe, mère et poétesse.



Elle y parle de ses luttes, de sa poésie qui cherche a "transformer le silence en paroles et en actes".



Comme le disent si bien les éditions Les prouesses " Il est urgent de lire les poèmes d’Audre Lorde, de les apprendre par cœur, de les déclamer, de les transmettre."



Cette lecture m'a chamboulée et je n'ai qu'une envie, m'y replonger. Les illustrations de Maya Mihindou sont à la fois fortes et douce et s'insèrent dans cet Anthologie aussi sûrement que les mots.
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Contrechant

Du noir sur du blanc, tout en simplicité. Quelques touches d’un doré profond. Des femmes, souvent nues, ouvertes au monde, observatrices plutôt qu’observées. Le tout, pour une expérience sensorielle décuplée qui habille les mots de la poétesse.
Lien : https://actualitte.com/artic..
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Sister outsider

Audre Lorde, poétesse, femme noire,mère, lesbienne et guerrière



Née en 1934 à New-York de parents originaires de la Grenade, Audre Lorde comprend très jeune que son sexe, mais aussi sa couleur de peau seront sources de violence et de discrimination. A cela s’ajoute son orientation sexuelle.

Amoureuse des mots, l’écrit et la poésie sont des éléments essentiels de sa vie. Enfant elle exprime ses émotions par des poèmes, avant de saisir en quoi les mots ont un sens et une portée salvatrice pour dire l’indicible.  » La poésie n’est pas un luxe » écrit-elle, mais accessible à toutes et tous, un outil vital pour retrouver du sens et exprimer son ressenti face au racisme, au sexisme, au classisisme. Militante féministe des droits civiques, ses écrits sont pionniers dans la vision intersectionnelle qu’elle donne aux discriminations qui touchent les populations les plus fragilisées, les femmes pauvres des minorités.

Luttant pendant plus de vingt ans contre le cancer, avant d’y succomber à l’âge de 58 ans, Audre Lorde laisse une oeuvre lumineuse, visionnaire et incontournable.



Sister Outsider, des écrits comme un phare dans la nuit



La grande particularité d’Autre Lorde dans ses réflexions et luttes sociétales est la part de personnel et d’émotionnel qu’elle s’autorise à laisser transparaître. Ce recueil est une compilation d’essais, de textes de conférences et entretiens retranscrits entre 1976 et 1983. Elle y décortique brillamment ce que c’est que d’être une femme noire lesbienne dans une société sexiste, raciste et homophobe, dans les dimensions les plus intimes aux plus politiques, et trace une pensée qui ne renie aucune des multiples facettes et contradictions que cela implique.

Elle aborde aussi l’incompréhension que cela a suscité parfois, notamment avec les mouvements féministes composés de femmes majoritairement blanches et dans lesquels elle ne s’est jamais sentie totalement inclue.

Malgré cette expérience, Audre Lorde en appelle à toutes les femmes pour être solidaires et se soutenir malgré les différences. Elle convoque la force du féminin, de la poésie pour créer un monde aux valeurs opposées au patriarcat et à la masculinité toxique.

Chaque texte est un bonbon que l’on déguste, une invitation vibrante à croire en soi, pour survivre, lutter. Un trésor d’inspiration sorore à offrir, à lire à partager.

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Je transporte des explosifs on les appelle ..

Au-delà du titre fabuleux et de sa superbe couverture signée Maya Mihindou, ce recueil bilingue de poèmes offre une immersion dans la finesse d’écriture de femmes telle que Robin Morgan, Dorothy Allison, Alice Walker, Paula Gunn Allen et bien sûr, Audre Lord. Cette anthologie fait résonner leur voix, leur combat, leur acharnement et toute la complexité de leur écriture. C’est Jan Clausen qui ouvre le livre sur un essai, brillant et fouillé, qui met en lumière l’importance de la poésie au sein des mouvements féministes aux Etats-Unis dans les années 1970 – 1980 . La poétesse nous raconte l’histoire des premières années du “mouvement de la poésie féministe”, ses actrices, ses lieux, ses moyens de diffusion, ses questionnements, son évolution et propose des pistes de réponse.

Un livre qui souligne l’importance de la poésie dans le monde des luttes et l’efficacité de son pouvoir de diffusion. L’écriture, pour les femmes, a souvent été une arme ; elle continue de l’être, et quand elle se fait poétique, elle devient explosive ! je vous parle d'Audre ici
Lien : https://blog.fnac.ch/livres/..
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Zami : Une nouvelle façon d'écrire mon nom

J'ai profondément aimé le témoignage et la femme qu'on devine.

Je salue le courage qu'il a fallu à Audre Lorde pour ne rien céder à ses désirs, à sa colère face à l'injuste.

J'ai adoré la première partie, et le personnage de la mère qui porte le mieux toute la douleur de l'exclusion, et toute la noblesse à sa résistance.

J'ai moins aimé ce que j'ai perçu comme une perte du souffle et de la langue dans la seconde partie (à partir du moment où elle quitte sa famille). Les souvenirs sont tour à tour trop précis (la description du travail à l'usine) et puis trop lacunaires. Comme si la distance était encore trop proche pour dégager des souvenirs ce qui constituerait une ligne narrative. Et ne parviendrait pas à attendre ce récit mythique auquel il est fait allusion dans la préface.

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Contrechant

Un travail qui a donné une anthologie personnelle, publiée juste avant sa mort, en 1992, à seulement 58 ans. Et qui vient de paraître pour la première fois en français sous le titre Contrechant, à l’initiative de la jeune maison d’édition féministe bas-alpine les Prouesses, déjà repérée pour sa publication de nouvelles d’Alexandra Kollontaï. L’ensemble est traduit par le collectif Cételle, réunion de chercheuses de l’université de Nice autour de la littérature d’Audre Lorde.
Lien : https://www.liberation.fr/cu..
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