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Critiques de Beata Umubyeyi Mairesse (222)
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Tous tes enfants dispersés

L'histoire :

Blanche a fui le Rwanda à l'époque du génocide des Tutsi pour rejoindre la France en 1994, pays natal de son père. Là bas elle a fini ses études, rencontré un homme et donné naissance à un fils. Des années après son départ elle décide de retourner en Afrique pour rendre visite à sa mère Immaculata, survivante du génocide. Mais les non-dits et le passé douloureux vont assombrir les retrouvailles.



Mon avis :

"Tous tes enfants dispersés" est un livre poignant.

En plus de délivrer un message fort, il est très bien écrit. La plume de Beata Umubyeyi Mairesse est remarquable, poétique et pudique. Elle nous raconte ici la vie d'une famille atypique : Immaculata la mère qui a élevé seule ses deux enfants nés de pères différents, Blanche l'aînée métisse qui s'est toujours sentie rejetée et Bosco l'enfant favori qui a souffert des secrets de famille et qui a combattu pendant le massacre. Une famille aimante mais écrasée par le poids des traditions : ce qui se dit, ce qui ne se fait pas... Et surtout avec son lot de souffrances. L'auteure dépeint des personnages forts, notamment celui de la mère Immaculata, un vrai roc ! Chaque membre de cette histoire est criant de réalisme, avec ses faiblesses et ses forces. Aux membres cités ci-dessus il faut rajouter celui de Stokely, fils de Blanche qui veut comprendre ses origines.

Les deux grands axes de ce roman sont le génocide, que l'auteure a vécu personnellement, et la relation mère-fille conflictuelle entre Blanche et sa mère. Le tout est écrit avec une pudeur intelligente, pudeur qui vient je pense du vécu de Beata Umubyeyi Mairesse. Elle donne la parole tour à tour à Blanche, Immaculata et Stokely qui nous confient leurs espoirs, leurs peurs et leurs doutes, le tout en voyageant dans le temps.

L'écriture comme je le dis plus haut, est belle et émouvante, le tout sans tomber dans l'apitoiement malgré les sujets durs traités. Ça m'a fait penser au style de Yasmina Khadra , écrivain que j'adore. Des mots qui font rêver, voyager et trembler.

C'est un livre que j'ai dévoré en deux jours seulement. Il amène à la réflexion sur la guerre, les liens familiaux mais aussi sur l'éducation et l'amour. Je vous le conseille surtout pour le talent de cette auteure qui sait raconter des histoires à la manière des plus grands conteurs.
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Tous tes enfants dispersés

Un vrai coup de cœur pour ce roman et ma première lecture pour cette saison des 68premièresfois.

C’est l’histoire de trois générations, trois points de vue, trois narrations : Immaculata, Blanche et Stokely.

C’est l’histoire d’une relation malhabile entre une mère et sa fille, une parole, un silence, des secrets.

C’est l’histoire d’un exil, de voyages, de retours. Le génocide Rwandais a fait de Blanche une plante exotique. Il y a ceux qui sont restés et ceux qui sont partis.

Blanche va se mettre à « l’ouvrage de sa mémoire, tisser une virgule entre hier et demain et retrouver le fil de sa vie ». (p28)

C’est l’histoire des répercussions de ces cent jours de génocide dans ce pays où le mot « paix » est synonyme de « vie » : les narrateurs posent un regard sur ce qui a été détruit. Les cœurs, les relations sont en lambeau.

Cette histoire est l’expression de la force de la maternité, de la transmission.

C’est également une belle histoire de résurrection : celle des mots et de la vie.

Ainsi, Les jacarandas coupés font des rejets

J’ai été transportée par la poésie de Neata Umubyeyi Mairesse, par la puissance des formules et des mots qu’elle emploie. C’est sensible. C’est juste très beau.
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Tous tes enfants dispersés

1994: le massacre des tutsis. Immaculata est restée au Rwanda, longtemps cachée dans une cave où elle meurt de faim et de soif, sa fille Blanche a fui en France; en 97, elle revient voir sa mère mais leurs relations sont difficiles car seule Immaculata a connu des horreurs indicibles et ne tient pas à en parler. le frère de Blanche a fait la guerre, celle des rwandais puis celle du Zaïre (Congo); il ne s'en remet pas. Frère et soeur ont la même mère mais deux pères différents. Au moment où elle attend Bosco, elle est en prison comme le père (je n'ai pas bien compris pourquoi) Blanche ne connait pas son père.

En France, elle vit avec Samora et ils ont un enfant, Stokely.

Trois générations en quête de leur histoire.

J'ai eu un peu de mal avec la construction: cela commence avec le premier retour au pays de Blanche en 97 mais sa mère est restée en 94 dans sa tête. Puis on remonte le temps jusqu'à la naissance de Bosco: enfant accident et la parole est à Immaculata et elle a des propos qu'on pourrait qualifier de féministes; ensuite, nouveau saut dans le temps, c'est Blanche qui écrit sur la naissance de son fils puis c'est de nouveau Immaculata qui parle de sa mère. Ensuite on revient sur l'enfance de Stokely qui aime...la musique des blancs! Samora en est contrarié, il pense que son fils devra subir le racisme et ne pourra s'imposer comme musicien quel que soit son talent. On revient à l'adolescence de Blanche puis sa rencontre avec Samora, tous deux métis: lui fils d'une bordelaise et d'un antillais qu'il n'a pas connu; elle fille de rwandaise et d'un blanc qu'elle n'a pas connu non plus. de nouveau, les chapitres défilent donnant la parole à I. , Blanche puis à Stokely. Ce dernier va tisser des liens avec sa grand-mère.

Un classique: Blanche est perçue comme blanche au Rwanda et noire en France. Une double culture n'est pas toujours un cadeau...

Un récit touchant, effrayant parfois même si l'autrice ne s'étend pas sur les violences qui ont été commises.

L'autrice vient de recevoir le Prix des Racines et des mots à Lille ce 5 décembre 2020 et coïncidence inattendue, l'autrice fuyant le Rwanda à 15 ans a été accueillie à Lille (le jury l'ignorait). Elle dédicacera son livre à la nouvelle librairie VO, rue Gustave Delory à Lille le 12 décembre.

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Tous tes enfants dispersés

Ouvrir un livre dont on sait qu’il trouve ses racines dans la mémoire du Rwanda des années 90 n’est jamais anodin et ne se fait pas sans une certaine appréhension mâtinée de la culpabilité d’être Français(e). L’atrocité des images évoquées, la violence des souvenirs convoqués figent les capacités intellectuelles de celui qui les reçoit dans l’horreur, l’empêchant de saisir, par-delà le sang et la chair meurtrie, l’amputation des âmes, la douleur héritée et transmise, la vie qu’il faut poursuivre lorsqu’on vous l’a laissée. Or, c’est l’une des grandes forces de Beata Umubyeyi Mairesse que de venir saisir son lecteur avec douceur mais fermeté et de le mener, d’une écriture sensible, élégante et affirmée entre les écueils de cette mémoire encore endolorie de plaies béantes, de rendre à ce pays une réalité, une proximité, une vie que l’on rechigne souvent à lui imaginer. A travers l’histoire de Blanche, sa narratrice, fille, femme, métisse, amoureuse et mère, elle nous invite à un voyage philosophique et presque apaisé qui tente de remonter aux sources de ces liens qui la font ce qu’elle est, avec cette douleur-là, inscrite quelque part, gravée pour toujours, portée pour toujours, mais qui ne saurait en aucun cas la définir entièrement. Au fil des pages, elle rassemble peu à peu ses souvenirs, les bons comme les mauvais, comme autant d’enfants dispersés aux quatre coins du monde et de l’Histoire, brossant au passage le portrait d’une femme qui semble familière, universelle et symbolique, une femme résolument inscrite dans sa lignée et dans la vie.
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Tous tes enfants dispersés

Beata Umubyeyi Mairesse s’est servi de son expérience puisqu’elle a fui le Rwanda en 1994 mais pour une fois j’ai senti la romancière bien plus que la chroniqueuse.

Ce récit est à trois voix. Blanche, la jeune métisse qui a fui en 1994 pour échapper au massacre, parle à sa mère. Immaculata, cette mère qui a par miracle échappé aux massacres, parle à son fils qui n’a pu supporter le quotidien au retour de ses années de guerre. Dans les derniers chapitres Stokely, le fils de Blanche né en France, voudrait comprendre.

Beaucoup de thèmes dans ce roman, la nostalgie du pays de l’enfance, une histoire familiale compliquée avec ses secrets et ses non-dits, des problèmes de transmission, de négritude, d’exil. C’est la difficulté de vivre entre deux monde, deux civilisations. L’enfant né en France est à la recherche de ses origines très cosmopolites. L’auteure parle aussi des difficultés de reconstruction du pays et des marques indélébiles du génocide sur les Rwandais. Le ton est juste, l’écriture sobre et distanciée.

C’est poignant et ça fait réfléchir de lire sous la plume de Beata Umubyeyi Mairesse que le rêve d’Immaculata c’est que sa fille métisse épouse un blanc de blanc pour que la descendance se dilue de plus en plus.
Lien : https://ffloladilettante.wor..
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Tous tes enfants dispersés

Que lire après ça?! J'ai terminé ce roman il y a quelques jours déjà mais j'y reviens sans cesse, incapable que je suis de passer à autre chose. Il s'agit d'un roman au sujet grave certes mais d'une sensibilité et d'une humanité bouleversantes. Ma dernière lecture de l'année et assurément l'une des plus belles!



Avec Tous tes enfants dispersés (2019), l'auteure franco-rwandaise Beata Umubyeyi Mairesse signe un premier roman d'une force et d'une beauté inouïes autour des questions de l'exil, de l'identité, de la mémoire et de la filiation avec en toile de fond le génocide des Tutsi du Rwanda.



Tous tes enfants dispersés est un roman d'apprentissage d'une grande profondeur et richesse dans lequel l'auteure, elle-même métisse et survivante du génocide, raconte les ravages de l'Histoire sur trois générations d'une famille métissée et dispersée. Si le génocide rwandais se trouve bel et bien au coeur de l'histoire de cette famille, il ne s'agit pas d'un roman sur le génocide mais bien sur la façon dont ses membres tentent de « soulever le couvercle du chagrin », de se reconstruire et de se retrouver après une telle tragédie.



La suite sur mon blog.
Lien : https://livrescapades.com/20..
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Tous tes enfants dispersés

"Une famille qui ne se parle pas est une famille qui meurt." Proverbe rwandais, "Les proverbes en kinyarwanda"



"C'est l'heure où la paix se risque dehors. [...] la paix, minuscule, clandestine, sait qu'il n'y a plus sur les sentiers aucune âme qui vive capable de la capturer. Alors, elle sort saluer les herbes hautes qui redressent l'échine sur les collines, saluer les oiseaux qui sont restés toute la journée la tête sous l'aile pour ne pas assister, pour ne pas se voir un jour sommés de venir témoigner à la barre d'un quelconque tribunal qui ne manquera pas d'arriver, saluer les fleurs gorgées d'eau de la saison des pluies qui peinent à exhaler encore et malgré tout un parfum de la vie là où la puanteur a tout envahi."



Voilà 25 ans, au Rwanda, était perpétré le génocide contre les Tutsi qui allait faire près d'un million de morts en quelques mois. Beata Umubyeyi Mairesse est née à Butare qu'elle a fui avant les massacres, à l'âge de 15 ans.



"Tous tes enfants dispersés" est un premier roman qui ne joue pas les voyeurs turpides. En disant le moins possible des carnages de ce conflit ignoble entre Tutsi et Hutu, il déjoue le piège de l'abjection. "Tous tes enfants dispersés" n'est pas un récit de destruction, de décomposition, d'anéantissement ; il est au contraire celui de l'après, celui de la douloureuse reconstruction de ces familles dévastées, des retrouvailles entre ceux qui, d'une manière ou d'une autre, en ont réchappé, des "retrouvailles de coeurs en lambeaux".



Ce récit choral donne à entendre trois générations : Immaculata la mère, Blanche sa fille et enfin, plus tard, Stokely son petit-fils. Un tissage de voix fragiles qui s'évitent tout en se faisant écho, chacune emmurée dans un chapitre frappé à son nom ; des voix qui, entre passé et présent, racontent, dans leurs creux et leurs silences, leurs cris parfois, l'histoire d'une famille dispersée.



Restés au pays, Immaculata a survécu au pire et Bosco, le fils qu'elle a eu avec un démocrate hutu, est revenu du front, sauf, mais traumatisé. Blanche, sa fille conçue avec un expatrié français, a été contrainte à l'exil et a trouvé refuge en France dès que les combats ont commencé.



Le roman s'ouvre sur le retour-surprise de Blanche à Butare en 1997, trois ans après que les combats ont cessé. Mais peut-on reprendre le fil de la vie familiale là où on l'a laissé, alors que l'on revient lestée d'une nouvelle existence commencée ailleurs, sur un autre continent ?



"[…] dans ma tête mes pensées chiffonnées étaient semblables à un drap blanc fatigué de la longue nuit de mon absence, dans les replis duquel je cherchais une aiguille pour reprendre mon ouvrage de mémoire. Mais n'est-ce pas pour cela que j'étais revenue ici, pour tisser une virgule entre hier et demain et retrouver le fil de ma vie ?"



Il est des blessures qui ne sont pas l'oeuvre des armes. Cet exil contraint, censé protéger, a ouvert une plaie, et les mots tus ne peuvent suturer sa béance.



"Qu'est-ce qui avait changé ici ? Moi. le regard nostalgique et amer que je posais sur toute chose. Ce qui avait été déchiqueté. Je n'étais pas sûre d'avoir la force de reconstituer notre relation avec toi après trois longues années de silence entrecoupées de conversations téléphoniques maladroites et de courtes lettres sibyllines."



Des silences auxquels vient se surimprimer la culpabilité d'avoir abandonné les siens, une culpabilité augmentée des reproches du demi-frère qui brisent ce qu'il restait d'affection :



"À moins que je m'excuse d'être là aujourd'hui ? Moi qui n'avais rien vécu de tout ça, qui ne pouvais pas, ne pourrais jamais savoir réellement ce que vous aviez traversé."

"Entre nous, confie Blanche, se dressaient sept ans : ses deux guerres, celle du Rwanda puis celle du Zaïre, ma défection vers la France. La France qu'il me reprochait."



Le récit de ce retour sera différé d'une centaine de pages consacrées à la vie de Blanche en France, à son mariage avec Samora venu lui aussi d'un ailleurs, les Antilles, à la naissance de leur fils Stokely. Ces pages accueilleront aussi la parole qu'Immaculata porte à Bosco.



Comment "réparer les coeurs" ? comment faire à nouveau "frissonner les feuilles des souvenirs, éparpiller les poussières de regrets sans ménagements" ? Ce sera à la troisième génération, à Stokely, de tisser "à l'envers" des liens avec sa grand-mère, laissant Blanche "interloquée par la fluidité de leur relation, comme s'ils s'étaient toujours connus. Une évidence". Car, entre ces deux-là, il ne peut y avoir de place pour le ressentiment, seulement un espace pour que s'épanouissent, comme les fleurs bleues du jacaranda, les mots trop longtemps retenus.



Ce roman, à dimension autobiographique évidente, parle du difficile retour au pays natal après un exil forcé, de ce que cela suppose d'abandons et de renaissances : ceux d'une famille certes, mais aussi d'une culture, d'une identité, ce "costume de papier que la première pluie peut emporter", d'une langue.



"Posséder complètement deux langues c'est être hybride, porter en soi deux âmes, chacune drapée dans une étole de mots entrelacés, vêtement à revêtir en fonction du contexte et dont la coupe délimite l'étendue des sentiments à exprimer. Habiter deux mondes parallèles, riche chacun de trésors insoupçonnés des autres, mais aussi, constamment, habiter une frontière."



Beata Umubyeyi Mairesse, en faisant des choix narratifs judicieux, signe un premier roman remarquablement écrit, dense et fragile, celui des mots ravalés sur des douleurs indicibles, celui d'un traumatisme écrasant, celui de la lente acceptation d'une identité métissée, celui d'une famille-phénix comme il existe un "pays-phénix".



"Tous tes enfants dispersés" est superbe, intime, sensible, d'une douceur, oui, d'une douceur que l'on n'attendait pas ; un roman qui "soulève délicatement le couvercle du chagrin" pour trouver l'apaisement.



"Entre les mots et les morts, il n'y a qu'un air, il suffit de le cueillir avec ta bouche et de veiller à composer chaque jour un bouquet de souvenance."



"Tous tes enfants dispersés" n'a pas à rougir de la comparaison que de nombreux lecteurs ne manqueront pas de faire avec "Petit Pays" de Gaël Faye. Je lui souhaite la même reconnaissance et le même parcours, car il faut "[laisser] ceux qui sont assez solides écrire leurs histoires, dont je sais mieux que toi combien elles sont nécessaires à l'humanité."



Une réussite, je vous dis.



Premier roman, lu pour la session automne des #68premieresfois.
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Tous tes enfants dispersés

Un beau roman simplement.

Les personnages qui se cherchent, qui se rappellent les moments doux comme les plus horribles. Le génocide du Rwanda, un drame historique parmi tant d'autres malheureusement.

L'auteure met tous ses souvenirs dans ce qu'elle a vécu et c'est touchant.

Néanmoins, le texte est pesant car il y a beaucoup de références à l'histoire du Rwanda et de ses différents peuples. Il est parfois difficile de suivre le fil du livre. Il y a aussi beaucoup de proverbes, très beaux, mais empruntés.

Un roman trop "historique" pour moi...


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Consolée

Je ne connaissais pas cette auteure. Je l'ai découverte grâce à l'émission d' Augustin Trapenard. J'ai trouvé son roman "Consolée" éblouissant , tellement lourd en émotion et tellement bien écrit. Plusieurs thèmes y sont abordés: celui de la colonisation en Afrique , de la maltraitance des enfants enlevés à leur famille, à leur terre, de leur souffrance et des séquelles qu'ils gardent à vie. Est aussi traité le thème du racisme et de l'intolérance, de la viellesse, et de la solitude! C'est un des meilleurs livres que j'ai lu et je le recommande absolument.
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Le Convoi





Un témoignage fort, puissant qui retrace le parcours de Beata pour échapper au genocide au Rwanda.



Beata Umubyeyi Mairesse et sa mère seront sauvé in extremis du génocide des Tutsi au Rwanda le 18 juin 1994...Le convoi humanitaire organisé par l'ONG sera leur échappatoire à un destin tragique.



Plusieurs années après, alors rentrée en France, elle éprouvera le besoin de coucher ses maux sur papier, et de retrouver à l'aide de photos, les enfants comme elle qui ont été sauvé lors du convoi dont elle a fait parti, et des autres convois aussi...



Un travail de recherches, une enquête pour retracer et comprendre l'histoire des enfants des convois, et peut-être retrouver leurs sauveurs.



Une lecture qui m'a beaucoup plu, et qui m'a ouvert les yeux sur le genocide au Rwanda, sujet que je ne connaissais pas tant que cela, mais qui m'a intéressé.

Une écriture fluide, immersive et touchante au côté de cette adolescente et sa mère..



Vous connaissez?
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Consolée

Beata Umubyeyi Mairesse aborde plusieurs sujets importants, avec un regard qui m'a paru fin et juste. Intégration des premières générations d'immigré(e)s, problématiques différentes mais pas plus simples pour la génération suivante, scandale des enfants métisses enlevés à leurs parents noirs au Rwanda dans les années 1950, prise en charge des personnages âgées d'origine étrangère dans les ephad... Tout cela mériterait d'être abordé plus souvent d'ailleurs. Mais l'autrice m'a semblé ici chercher à être très exhaustive au détriment de l'émotion. J'ai trouvé le tout trop didactique. Pas démonstratif, mais trop objectif et plus analytique qu'empathique. Un livre intéressant donc mais loin d'être marquant.
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Le Convoi

Après avoir écrit des romans et des recueils de nouvelles, Beata Umubyeyi Mairesse passe ici de la fiction au récit et nous donne un témoignage bouleversant de ce qu'elle a pu vivre, il y a trente ans, lors du génocide des Tutsis au Rwanda.



Dans « Le convoi », elle rassemble, non sans embûches, les images et les reportages qui ont été rapportés par les journalistes et les humanitaires occidentaux. Tout en exprimant sa reconnaissance d'avoir été sauvée lorsqu’elle avait quinze ans par un convoi de Terre des hommes, elle identifie les erreurs qui ont été commises lorsqu’il est venu le temps de raconter ce qui s’est passé.



Elle porte une réflexion profonde, juste et nuancée sur la mémoire collective, sur les gestes et les mots qui permettent aux récits de s'inscrire correctement dans l'Histoire. Après trente ans, son livre est une invitation à l'empathie et à l'écoute, car suite à l’innommable, il est essentiel de donner enfin la place aux voix des survivants et des survivantes.



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Consolée

Consolée est le roman que j’ai reçu dans ma Sipour Box de février. Encore merci à Laura pour l’envoi de cette box et donc de ce roman car sans lui, je suis persuadée que je n’aurais jamais lu Consolée !



Ramata est en pleine reconversion professionnelle : à la suite d’un burn-out, elle décide de se former à l’art-thérapie. Pour valider son diplôme, Ramata doit effectuer un stage et c’est ainsi qu’elle se retrouve à l’EPHAD des Oiseaux. Très vite, elle est attirée par Astrida, une patiente dont la mémoire vacille : cette dernière perd l’usage de son français et s’exprime dans sa langue maternelle, que personne ne comprend à l’EPHAD. Bien décidée à trouver un moyen pour communiquer avec cette patiente, Ramata, aidée de la psychologue de la structure, retrace la vie d’Astrida.



Dans ce roman, l’autrice a fait le choix d’alterner les histoires de trois femmes : Astrida, qui se retrouve donc isolée aux Oiseaux à cause de son français qui s’éteint ; Ramata qui veut découvrir d’où vient Astrida pour réussir à communiquer avec elle ; et Consolée, une petite Rwandaise qui, dans les années 50, a été retirée de sa famille pour être élevée dans un orphelinat catholique puis adopter par un couple belge. Trois histoires, qui nous font voyager dans le temps, mais aussi du Rwanda à la France et la Belgique et qui se rejoignent, d’une très jolie façon.



L’autrice met avant plusieurs sujets très forts dans ce roman, des sujets sur lesquels il est important d’écrire comme la difficulté d’intégration de certains immigrés, avec cette injonction de ne pas faire de vagues afin d’être acceptés. Mais avec la fille de Ramata, on se rend compte que l’intégration est loin d’être facile et que le racisme est encore très fort. L’autrice aborde également le sujet du déracinement culturel, mais aussi la place de nos aînés dans les EPHAD. Ce sont des thématiques abordées avec justesse.



Au fil des chapitres, je me suis attachée à ces femmes, que j’ai trouvées très fortes et inspirantes. J’ai appris des choses sur l’histoire des enfants « mulâtres », des enfants dont je n’avais absolument aucune idée de ce qu’ils avaient vécu. C’est un très beau roman qui interroge sur les origines et la difficulté de trouver sa place lorsqu’on est d’ici et d’ailleurs…

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Le Convoi

J'ai eu beaucoup de mal à écrire cet avis, à mettre mes idées en ordre, je suis d'avance désolée si c'est un peu confus et que ça part dans tous les sens.



Il y a trente ans, Beata Umubyeyi Mairesse échappe à la mort avec sa mère. Elle est une adolescente qu'on extirpe de l'enfance par la violence des hommes. Elles passent la frontière grâce à une opération de sauvetage menée par des humanitaires : un convoi, Terre des Hommes.

Depuis trente ans, Beata Umubyeyi Mairesse est une survivante tutsi.



Après avoir écrit plusieurs fictions qu'elle définit inspirées de faits réels mais avec la lucidité de créer une mise à distance autant pour elle, autrice que pour son lecteur, Beata Umubyeyi Mairesse, se lance dans un processus d'écriture de reconstitution de la vérité des victimes du génocide des Tutsi qui a eu lieu en 1994 au Rwanda.



Intervenant régulièrement pour de la sensibilisation et de la prévention, pour « raconter son histoire », la légitimité de son statut de survivante est souvent remise en cause, parfois avec même avec négation, comme cette éditrice qui lui rappelle avec un racisme décomplexé comme on en voit encore trop, qu'il y a déjà une écrivaine rwandaise dans la sphère littéraire française…comme s'il n'y avait pas de place pour d'autres écrivains et écrivaines africains.



Au détour d'une conversation, des amis lui rappellent qu'ils les ont vues, elle et sa mère, dans un reportage diffusé sur la BBC. Point de départ d'une longue investigation pour retrouver ce documentaire qui l'a mène à se souvenir, à définir ce qu'est une survivante, une victime et à rendre hommage à l'importance de leurs parole. Elle retrouve des photographies de ceux et celles qui ont pensées, organisées, aidées aux passages des convois de la vie.



Beata Umubyeyi Mairesse s'interroge sur la forme du récit, sur les assignations et les injonctions paradoxales des uns et des autres dont elle ne sait quoi faire. À sa légitimité en tant que rescapée privilégiée. Parce qu'il est nécessaire de rappeler qu'il est essentiel de raconter pour préserver la mémoire.



La force de ce récit est autant dans la démarche que dans les intentions : remettre au coeur du récit la parole des victimes du génocide des Tutsi. S'interroger sur les conséquences traumatiques d'un récit, raconter une histoire collective tout autant qu'intime. D'ailleurs, tout au long du récit qu'elle déroule avec énormément d'émotion et de courage, elle ne peut pas cesser de s'interroger sur les liens avec le génocide de la Shoah ! Et mettre en lien et opposition les Convois de la mort à ceux des Convois de la Vie.



L'emploi du Je, de la premier personne, écrit son passé au présent pour abolir les distances entre la jeune d'aujourd'hui et l'adolescente du passé.



Dans la troisième partie, elle s'interroge sur le photojournalisme, porteur de la toute puissance du monde Occidental, en s'appuyant sur l'analyse très juste de Susan Sontag dans notamment Dans la Douleur, sur ce que voit l'autre, le photographié, la victime photographiée. Les institutions qui bloquent l'accès d'une partie de vie, de mémoire aux victimes, ce qui leur est de droit, devrait leur appartenir. Les gens utilisent les mots à la lègère. L'autrice nous rappelle l'importance de l'utilisation des mots, comme par exemple définir le génocide des tutsi comme génocide du Rwanda…c'est problématique car ça fausse la perception de la réalité. Les légendes qui accompagnent les photographies des victimes sont l'interprétation des photographes et des journaux et ont une responsabilité très lourdes sur la manière dont les victimes et l'histoire sont perçues, elle devient leur histoire officielle. Ce qui est extrêmement problématique car c'est une vérité étonnée.



C'est une des raisons qui prouvent qu'il est essentiel que les victimes d'hier racontent leur vérité, qu'il légende leur histoire avec leur langage loin de la silencialisation que le photojournalisme a pu créer.



Elle s'interroge sur les limites et les déboires de l'humanitaire. Mais surtout elle rappelle qu'il est important que les récits des victimes soient au centre de la mémoire collective qui se construit dans le monde, depuis 1994, que ces victimes soient entendus. Dans la troisième partie, elle récolte les souvenirs et les témoignages d'autres survivants et survivantes qu'elle retranscrit.



Alors oui c'est un ouvrage qui marque sur la capacité de l'Homme à être horrifique et tortionnaire, j'ai encore en tête les coups de machette, l'injustice, leur peur et leur humiliation à être considéré comme des cafards, cette femme enceinte détruite et découpée…mais c'est aussi un ouvrage qui appelle à la vérité, à la résilience, à l'humanité. Cet ouvrage m'a bouleversé, m'a fait prendre conscience à quel point je suis ignorante, peu informée et que je manque cruellement de curiosité quant à l'histoire du monde. Je crois que cet ouvrage m'a ouvert les yeux sur mon rapport au monde et à l'importance du témoignage.



**Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices ELLE - lauréat du mois de janvier dans la catégorie Non-Fiction

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Le Convoi

Le génocide des Tutsis au Rwanda a 30 ans … Que reste-t-il dans nos mémoires de cet événement tragique, alors que la guerre éclate à nouveau, que la mort rôde et tue des innocents ?

Beata Umubyeyi Mairesse a 15 ans lorsqu'elle fuit son pays avec sa mère grâce à un convoi humanitaire organisé par l'ONG suisse Terre des hommes. Des années plus tard, elle se lance dans une enquête minutieuse afin de reconstituer les événements de cette journée et peut-être de retrouver les personnes qui lui ont sauvé la vie.

Sur les traces des reporters de la BBC qui ont filmé le convoi, des humanitaires de l’ONG mais également des autres enfants rescapés, elle va écrire un récit aussi captivant que bouleversant. Dans la reconstitution des faits, pour elle c’est une véritable thérapie, mais c’est également un devoir de mémoire, une transmission pour les générations à venir. Afin de ne pas oublier !



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Ejo

Un recueil de nouvelles qui ne raconte pas l’histoire du génocide rwandais, mais parle un peu de l'”ejo”, l’avant, ce qui s’est passé dans les années précédentes, et beaucoup de l'”ejo”, l’après cette fois, la survie, la résilience, la solitude, la culpabilité. Ces nouvelles s’articulent autour de l’histoire de quelques femmes, celles qui sont restées et celles qui sont parties. Elles sont écrites avec délicatesse, parfois crues et dures, mais jamais en s’apitoyant. Une belle narration autour de ce magnifique mot kinyarwanda, ejo.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
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Consolée

Mme Astrida est en EHPAD elle ne parle plus beaucoup le français mais une langue inconnue du personnel.

elle reste dans son coin jusqu'à ce que Ramata, quinquagénaire noire en reconversion professionnelle fasse un stage art thérapie dans l’établissent .

Ramata est une française d’origine sénégalaise marié à un marocain.

Elle n'aura de cesse de découvrir l'histoire d'astrida.

Ce roman nous compte la difficile histoire du Ruanda sous colonisation belge et le problème des enfants non prévus entre femme ruandaise et homme belge.

le livre fait des aller retour entre la jeunesse d'Astrida et maintenant.

une belle découvert



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Peau d'épice

Rose vit en France, et son papa vient du Rwanda. À chaque fois qu'il rentre de voyage, sa valise est remplie de fruits extraordinaires dont tout la famille se régale. Un matin, Rose et sa maman vont au marché, redécouvrir ces fruits au goût de voyage et de nostalgie.



Goyave, litchi, fruit du dragon ou tamarillo, dans une langue poétique et délicate, le texte de cet album nous invite à un véritable voyage sensoriel, où chaque fruit se fait la promesse d'un jardin extraordinaire que l'héroïne pourra un jour découvrir à son tour. Les illustrations en papier découpé rendent avec tendresse la vie au sein de ce cocon familial métissé.
Lien : http://www.super-chouette.ne..
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Consolée

Parfois, les livres attendent sagement qu’on soit prêt à les ouvrir…



J’ai rencontré @beataumubyeyimairesse l’année dernière, lors d’une séance de dédicaces à @letraitdunion.librairie . J’avais bu les paroles de cette femme charismatique et étais ressortie de la librairie grandie.



Il y a peu, Consolée s’est faufilée dans ma valise jusqu’en Belgique, c’était le moment, symbolique, pour faire sa connaissance. Et quelle claque !!!



Une plume sublime,

subtile et poétique.

Une histoire bouleversante, qui met en lumière un scandale qui vous soulève le cœur…



Lisez-le !

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Consolée

Très belle lecture qui parle des difficultés des immigrants en France (et en Belgique) malgré leur tentative (toute leur vie pour certains au point de s'oublier eux-mêmes et de s'"auto-effacer") de s'intégrer. Mais également de leur vie passée qui, bien que parfois ils aient grandi dans des pays pauvres, étaient (ou semblaient) plus heureux et surtout plus "humains".

Il parle également des difficultés des années 50-60 des enfants nés d'un parent blanc et d'un parent noir, rejetés par les deux côtés.



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