Quel charmant conte.
C'est l'histoire d'une fratrie qui fait corps après la disparition mystérieuse de la mère.
Beguin, Chiffon et Zizi cabane vont devoir combler ce manque, accompagné d'un père épleuré mais aimant, d'une tante affectueuse et d'un grand-père tombé du ciel.
Les personnages sont attendrissants.
Il est bien sûr questions d'absence, de deuil, de difficulté à se construire après un tel évènement mais surtout d'amour familial.
L'écriture est poétique élégante et poignante.
Un moment de lecture savoureux.
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Voilà un roman à nul autre pareil.
Fort déboussolée par le côté onirique, voir fantastique des premières pages, j'ai eu la riche idée de poursuivre ma lecture . Ma persévérance a été récompensée parce qu'il aurait été dommage de ne pas faire plus ample connaissance avec Ferment, Béguin, Chiffon et bien sur Zizi Cabane. Odile, leur mère, a disparu un matin. Le temps a passé, l'eau s'est infiltrée dans la maison et chacun essaye de survivre comme il peut. Les trois enfants forment un trio soudé, Ferment le père essaye de ne pas se noyer dans le chagrin.
La tonalité de ce roman m'a surprise, rêve ou réalité, mémoire ou transmission, espoir ou désespoir, envie de partir ou de rester? A chacun de faire le long chemin crée par l'absence, par le manque et de tracer sa route.
Ce roman un brin déjanté, très élégamment écrit mérite le détour.
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Le hasard m’a fait lire successivement ce livre de Bérengère Cournut et celui de Sylvain Tesson La panthère des neiges
Tesson a vécu son aventure . B.Cournut l’ a seulement imaginé car elle n’est jamais allé dans les endroits qu’elle décrit.Elle a fait un énorme travail de recherche , très minutieux, où chaque détail a été vérifié
Résultat paradoxal: De pierre et d’os m’ a beaucoup plus touché que le livre de S.Tesson
Son livre est plus vrai , plus cruel aussi.Certains passages , quand l’adolescente inuit , pour survivre , redevient animal parmi les animaux ,choqueront les lecteurs sensibles. Petit à petit , elle sortira de ce rôle de survivante pour vivre une vraie vie de femme avec ses joies , ses douleurs , mélange de bonheurs et de trahisons.Spirituellement, elle va retrouver les valeurs ancestrales qui vont donner un sens à sa vie
C’ est un livre dur et beau
Un livre testament sur une époque révolue
Les inuit qu’elle décrit disparaissent en même temps que la banquise
J’ en suis resté admiratif et nostalgique
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De Bérangère Cornut , je n'avais lu que De pierre et d'os , très beau roman, à la limite du conte au pays des Inuits .
Lorsque l'on s'introduit dans la famille de Zizi Cabane entourée de ses frères Béguin et Chiffon et des parents Ferment et Odile, on peut s'imaginer dans un pays exotique ... L'exotisme ,en fait, est dans le mode de fonctionnement de cette famille avant la disparition d'Odile .
Et d'originale , cette vie familiale devient bancale, même la maison participe à la confusion, l'eau se met à couler à l'intérieur alors que la source du jardin coule doucement . Cela devient une idée fixe pour Ferment qui pose drains et canalisations, creuse et détourne , il en oublie les enfants .
Un faux grand-père débarque et devient un membre indispensable au bien-être familial , alors que Tante Jeanne s'installe chez eux délaissant son fiancé . Les enfants découvrent une autre maison, un cercle de famille qui se réinvente mais où le vide laissé par l'absence de la mère ne se comble pas dans les cœurs blessés .
L'enfance et ses découvertes malgré le bouleversement familial se poursuivent , Zizi et son frère Chiffon explorent des pays imaginaires avec les cartes en tissu de Chiffon, vivant des aventures dans leur monde imaginaire et fertile .
L'esprit d'Odile vient comme une onde ou un souffle de vent fureter autour des siens dans des envolées poétiques . L'eau et le vent s'enlacent dans les rêves et guettent , plus inquisiteurs que gardiens .
Un roman sur le deuil, sur l'absence de réponse à la disparition de la mère et Zizi Cabane, trop jeune au moment du drame , doit composer avec les non dits jusqu'au refus qui marque la fin de l'enfance.
C'est parfois déroutant mais la magie de l'enfance opère au delà des dysfonctionnements et je me suis laissée entrainer dans leurs rêves .
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Uqsuralik, jeune fille inuit, se trouve séparée de sa famille suite à une fracture de la banquise. Elle va devoir survivre seule, et part en quête d'un nouveau refuge.
Un récit étonnant qui nous invite à découvrir ce peuple, ses traditions, son savoir faire. Chamanisme, animisme, nature omniprésente, l'auteure nous fait voyager dans un monde onirique.
À la fin du livre, un magnifique carnet photographique en guise d'epilogue ! Magnifique !
Une bien jolie découverte !
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Encore un roman encensé par la critique et beaucoup de lecteurs et qui m'a laissé de glace...
C'est un roman d'initiation qui raconte le dur apprentissage d'Uqsuralik, pour la première fois, elle va devoir survivre et chasser seule sur la glace au milieu de la banquise avec des chiens qui eux aussi (pour certains) succombent à cette contrée polaire. Loi du plus fort, fatalité de la faim ou épuisement, tout contribue à faire prendre conscience à la jeune femme la rudesse du milieu contre lequel elle va devoir se battre pour devenir "une femme" forte qui devra se prendre en main.
Le quatrième de couverture était prometteur et la couverture a le mérite d'être bien travaillée et attractive. C'est un livre qui se veut poétique dans le fond comme dans la forme et se lit donc assez vite. Mais rien n'y a fait, je suis restée à l'écart de ce récit à cause de cette narratrice à la première personne, distante, très factuelle. Cette tentative poétique assez rythmée ceci dit. Mais non, j'ai trouvé ce personnage trop froide, avec une narration qui au final donne un résultat trop passe partout.
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C’est une chronique de Kirzy sur Babelio qui m’a donné envie de lire ce livre et de partir à la découverte du quotidien des inuits. Et je ne regrette pas d’avoir suivi cette inspiration.
Dès les premières pages je suis tombée sous le charme de cette écriture simple, fluide et poétique. L’histoire est rythmée par des chapitres courts dans lesquels s’intercalent des chants. Ce récit initiatique est raconté par la voix de Uqsuralik, jeune fille inuite qui, une nuit, se retrouve séparée de sa famille à cause d’une fracture de la banquise. Commence pour elle une lutte pour la survie. Après des jours et des semaines d’errance seule dans un monde hostile, sa route va croiser celle d’autres inuits, jusqu’à ce qu’elle se trouve une autre famille où elle vivra d’autres expériences et s’épanouira.
Le texte est parsemé de chants qui donnent la parole aux autres personnages (inuits, animaux, esprits). Chaque chant exprime un sentiment, une histoire, un état d’esprit, un songe, et permet de mieux comprendre cette culture.
J’ai aimé suivre la route d’Uqsuralik. J’ai eu peur pour elle, j’ai tremblé de froid avec elle, j’ai ri et applaudi avec elle aux acrobaties des hommes les soirs de fête, j’ai craint la famine et savouré l’abondance de viande, j’ai partagé ses espoirs, ses joies, ses deuils, ses douleurs.
Bérengère Cornut nous offre un récit très documenté. L’écriture imagée permet de visualiser les paysages de la banquise et de la toundra. L’auteure nous plonge dans le quotidien d’un peuple qui vit en harmonie avec la nature, respectueux des animaux qui leur permettent de survivre. On vit au cœur d’une communauté qui valorise le respect de l’autre et qui met à l’écart celui ou celle qui ne suit pas les règles et met la communauté en danger. On découvre la singularité de ses croyances, le chamanisme inuit, l’importance du lien avec les esprits de la nature, des forces de la terre, des parents disparus. Il m’a peut-être parfois manqué un petit lexique des termes inuits.
Un très beau roman doublé d’un beau livre tant pour la qualité de l’illustration de la couverture de Juliette Maroni que par le cahier de photographies qui clôt le livre (dont les auteurs sont trop nombreux pour être cités ici).
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Ceci n'est pas un roman. C'est bien plus que ça.
Car Bérengère Cournut nous propose un voyage à la fois géographique mais aussi onirique.
Uqsuralik est séparée de sa famille par une fracture de la banquise, alors qu'elle entame l'âge adolescent. Elle va devoir survivre à ce monde et dans ce monde à la fois sauvage et doux, avec les quelques "armes" que lui a lancées son père.
Alors oui, c'est une aventure de survie qui commence mais c'est surtout un voyage initiatique et une quête onirique qui s'ouvrent pour cette jeune fille qui deviendra femme.
Bérengere Cournut, de sa plume légère, nous invite à la suivre dans le Grand Nord, dans ce paysage blanc, fait de glace et d'eau, peuplé de phoques, de caribous, de morses, d'ours et de renards arctiques. Dans cet environnement, l'homme inuit est à l'écoute de la nature, profondément. Car sa survie en dépend.
Mais l'autrice nous invite surtout à découvrir les croyances et les traditions d'un peuple lié à la nature qui le nourrit à la fois physiquement et spirituellement. Les rêves y prédisent, de petits hommes y chantent l'avenir, des animaux habitent l'esprit des hommes et les âmes de ceux qui meurent reviennent habiter la vie d'un nouveau-né. Les chamanes œuvrent et se transmettent leurs chants et leurs savoirs ancestraux.
C'est dur, abrupt et ancré dans une continuité, dans la transmission, dans l'idée d'un cycle infini. C'est aussi d'une grande douceur et d'une jolie poésie.
Les chants qui jalonnent l'histoire en sont les meilleurs exemples.
Une expérience de lecture inédite, douce, au cours de laquelle on entend presque craquer la banquise au milieu du silence.
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Cette histoire est un véritable voyage.
Grâce à ce roman, Bérengère Cournut nous fait découvrir un peuple à l'antipode du notre.
La vie sur la banquise est difficile, et il est constamment question de survie. Il faut voyager, travailler, construire, chasser au quotidien. Parallèlement, il y a une harmonie et un respect pour la nature incroyable. C'est une véritable osmose avec les éléments.
Loin de notre société, nous découvrons également le chamanisme, la communication avec les esprits, la superstition, la réincarnation. Cela peut dérouter mais c'est amené d'une très belle façon par l'auteure.
La place dans un groupe, la famille, la quête d'identité, l'amour sont également des sujets abordés. Il est très intéressant de comparer avec notre propre expérience, nos propres sentiments, et notre culture.
C'est un livre qui m'a beaucoup appris, qui m'a emporté et que j'ai dévoré !
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A travers la description de son enfance, Tayatitaawa, une jeune indienne hopi, nous initie aux us et coutumes de son peuple. En nous faisant partager son quotidien, elle dévoile des traditions sociales et culturelles complexes, profondément imprégnées de croyances magiques qui lui font envisager la vie d'une façon tout à fait particulière. Si Tayatitaawa ne révèle pas tous les secrets de son clan, elle nous donne quand même l'occasion de vivre une extraordinaire expérience chamanique lorsqu'une vielle blessure mal cicatrisée réveille en elle une immense douleur. Une douleur que seul un guérisseur peut essayer de cerner pour la calmer.
Le récit de la vie de cette jeune fille nous entraîne dans un voyage fascinant en territoire inconnu. Enfin... inconnu pour moi dont les connaissances en matière d'amérindiens se limitent à ce que m'ont montré les westerns de mon enfance. c'est à dire n'importe quoi.
Bérengère Cournut, elle, nous transmet son savoir sur le peuple hopi sans aucun folklorisme de mauvais aloi mais avec un grand respect.
L'absence de repères dans le temps, mis à part quelques petits détails qui permettent de situer l'histoire à notre époque, le côté intact des traditions et des croyances ancestrales vierges de toute empreinte laissée par les missionnaires, donnent au récit la dimension intemporelle des belles histoires qu'on oublie pas.
En début de lecture j'ai eu beaucoup de mal à imaginer Oraibi avec son architecture singulière, ses maisons hérissées d'échelles mais un coup d'oeil au carnet de photos joint en fin d'ouvrage m'a éclairée et permis de visualiser les lieux. Un petit glossaire aurait été bienvenu pour expliquer certains termes hopis dont on ne peut pas deviner le sens tout seul.
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Ma découverte de Bérangère Cournut date de la lecture de ce roman singulier.
Je ne vous résume pas l'histoire, c'est facile à trouver.
J'ai été happée par à la fois, l'écriture et la façon originale d'aborder les personnages et situations dans le roman.
Il y a une grande poésie dans l'écriture de cette autrice, mais jamais mièvre.
Elle est capable de décrire des situations humainement rudes voire violentes sans perdre ce fil poétique.
Et pourtant, on entre dans l'histoire et au cœur de ses personnages, vivant leur drame au beau milieu des glaces.
J'ai beaucoup aimé son héroïne, et le fait que ce soit une héroïne justement, et reste impressionnée, des mois après cette lecture, par la force et la grâce qui sont dans ce roman, à la fois si loin de notre civilisation occidentale confortable et si près dans son humanité essentielle, grâce à l'écriture de Bérangère Cournut.
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Quand Bérangère Cournut répond à Pierre Cendors, cela donne Par delà nos corps. Elle est belle cette démarche ! Elisabeth qui se décide à prendre la plume vingt-cinq ans plus tard, pour répondre enfin à Werner, son amant allemand. Une bouteille à la mer, jetée sans espoir de réponse ; Le bilan d’une vie qu’on adresse aux flots à défaut de le crier au monde !
« L’amour est un récif planté en pleine mer. Aussi inaccessible qu’inattaquable ».
Et à ce récif, elle a arrimé sa vie…
L’idée est belle, mais l’intensité du récit ne m’a pas porté aussi loin que je l’aurai souhaité. Peut-être attendais-je trop de ce court roman ? Ou est-il justement ça : une fulgurance, « comme une simple vague – courant, grondant, puis s’évanouissant, ne laissant pas même une trace sur le sable. »
Mais une vague qui emporte…
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De pierre et d’os est un roman incroyable ! C'est un voyage aux confins de l’Arctique, une immersion dans la vie réelle des Inuits. Nous suivons le destin extraordinaire d’une jeune fille du peuple inuit, Uqsuralik, qui, suite à une fissure dans la banquise se retrouve séparée de toute sa famille. Dès les premières pages, nous sommes seuls avec elle dans la nuit Arctique, obscure et glaciale. De pierre et d’os est un roman qui est à la fois féministe, poétique, écologique et anthropologique. Un réél coup de coeur! Bérengère Cournut a une plume belle et poétique d'une force remarquable. Son prochain livre sort le 14 octobre, je vais me l'offrir dès sa sortie!
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Uqsuralik est une jeune inuit courageuse et vive d’esprit; lorsque la banquise se brise, dérivant l’endroit où elle se trouve loin de l’igloo familial, elle sait que sa survie ne tient qu’à un fil.
Elle devra rejoindre la terre ferme pour tenter de trouver un groupe humain prêt à lui faire une place.
Entremêlé de chants, l’histoire qu’Uqsuralik nous conte est une vie de nomade inuit dans le Groenland d’avant les hommes blancs, une vie faite de famine ou de festins selon que la chasse aux phoques a été bonne ou non, une vie de femme, de mère avec ses deuils et ses moments de joie, une vie spirituelle riche, traversée par les esprits, façonnée par les rites et traditions ancestrales.
Une immersion totale dans les paysages glacés du grand nord, et dans la culture des peuples qui y vivent, pour un roman que j’ai trouvé atypique et très beau.
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Ce livre est surprenant car il se situe à mi-chemin entre le documentaire ethnographique et le roman, et c'est réussi. J'ai été à la fois porté par les évènements de la vie d'Uqsuralik et intrigué par le mode de vie et les relations entre les habitants de ces contrées hostiles. B.Cournut n'idéalise pas ce mode de vie et d'appréhension du monde, les chants qui ponctuent le texte et les descriptions très sobres des paysages contribuent également à faire de ce livre une réussite.
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Quatrième de couverture :
"Une nuit, une fracture de la banquise sépare une jeune fille inuit de sa famille. Uqsuralik se voit livrée à elle-même, plongée dans la pénombre et le froid polaire. Elle n'a d'autre solution pour survivre que d'avancer, trouver un refuge. Commence alors dans des conditions extrêmes, une aventure qui va faire d'elle une femme."
Ce récit plonge le lecteur dans un monde très dur, mais aussi plein de magie. Les personnages, confrontés à la vie extrêmement rude sur la banquise (le froid, la faim, le danger...) s'aident de quantités de rituels, de cérémonies en lien avec le monde de l'invisible (esprits des animaux, des végétaux, des éléments). Ils entretiennent une étroite communication avec ceux-ci.
Le roman en lui-même m'a semblé un peu ennuyeux (le ton est monocorde, les émotions à peine évoquées). Mais il m'a fait voyager aux confins du monde réel, dans un univers propice aux contacts avec l'invisible. Le texte est illuminé par des chants absolument magnifiques.
Je n'ai pas les mots pour décrire ce moment de magie, il faut lire le livre et s'en laisser imprégner pour comprendre, non pas avec l'intellect, mais avec la sensibilité du coeur.
Un ouvrage exceptionnel.
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Dépaysement assuré aux confins de l'Arctique !
Que la vie est dure au pays des Inuits où la survie dans une Nature belle mais austère est un combat de chaque jour !
Introduit par une belle couverture, le récit est poétique, ponctué de chants qui en font un roman original.
On découvre un peuple guidé par les esprits anciens et par les traditions qu'il essaie de conserver.
Au milieu de tout ce blanc, c'est avec une écriture sensible et fluide que l'auteure nous plonge dans ce retour aux sources, cet ode à la vie et à la Nature.
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Très beau roman, immersion et dépaysement sur la banquise, une aventure nomade chez les Inuits...
J'arrive en pays conquis, une aventure dans le froid et la glace, la survie en milieu hostile, un univers qui me fascine depuis mes premières lectures, la découverte de jack London, et des expéditions de Paul Émile Victor.
Mais un livre qui a tout pour vous plaire est aussi un livre dont on attend beaucoup.
Uqsuralik a très mal au ventre. En pleine nuit, elle se lève et sort dehors. Malheureusement la banquise se fracture brutalement et notre jeune inuit est séparée de sa famille.
Elle va devoir survivre seule ...
Nous allons suivre Uqsuralik désormais. Nous la suivrons toute sa vie. Tout près d'elle, à ses côtés, au plus près. Et avec elle, nous découvrirons la vie des Inuits, les longues marches où l'on ne s'arrête pas pour ne pas geler sur place, la pêche, la chasse, la survie, une vie rude, un univers hostile où l'on avance, où l'on ne s'apitoie pas. Un monde où vivre demande un effort et une vigilance de chaque instant.
Une vie où les dangers sont partout.
Uqsuralik sera notre guide. Et peu à peu, nous nous enfoncerons dans son monde, laissant nos préjugés et nos doutes derrière nous, pour faire corps avec ce personnage plein de force, et peu à peu, nous comprendrons que les Inuits ne sont pas seuls sur cette grande étendue de glace, peuplée d'hommes, d'animaux mais aussi d'esprits.
Mon avis
J'ai aimé l'écriture simple, sans détour, de notre autrice. Peu de sentiments exprimés, peu de descriptions, ici l'heure n'est pas à la contemplation mais à la survie. Le résultat sonne juste et est très immersif.
J'ai aimé ces incursions de chants Inuits, que j'ai pris pour des poèmes au départ, n'ayant pas encore saisie leur fonction et leurs caractères sacrés
J'ai aimé ce découpage de l'histoire, cette narration qui nous immerge brutalement au départ, avec cette survie permanente, cette fuite en avant et cette famine qui plane. Au départ, j'ai été un peu choquée par la banalisation de certains faits, la disparition des parents, entre autres... Mais finalement on comprend qu'il s'agit d'un état d'esprit, d'un mode survie. Et à partir de là, j'ai compris l' importance des croyances chamaniques, des rites.
Enfin, je souligne le travail remarquable de l'autrice, de documentation préalable qui donne à ce roman, une force de vérité , un récit presque ethnologique. Un cahier de photographies clôture cet ouvrage, rendant le livre encore plus vivant.
Bref, je n'ai pas été déçue mais totalement conquise.
Pour les amoureux du froid, de l'aventure, et de la découverte !
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UNE HISTOIRE DE FEMMES DANS LA TOUNDRA.
Couronné par le prix FNAC 2019, ce livre écrit par une auteure qui n’a pas mis un pied chez les Inuits, est un tour de force : on s’y croirait ! La richesse documentaire est extraordinaire : tout est minutieusement repris : rituels, codes et chants, fruit d’un travail de documentation de près d’une année.
Usqsularik, séparée de sa famille par une faille sur la banquise, va devoir survivre avec les méthodes ancestrales que lui a apprises son père ; puis intégrer un nouveau clan et fonder une famille.
La vie est rythmée par la lune et les solstices. « L’hiver, quand le soleil est absent, la lune tourne en rond en permanence sans jamais atteindre l’horizon ». Le réchauffement climatique marque aussi son empreinte : « Il paraît qu’à une époque reculée, on pouvait rejoindre en hiver une île lointaine où le gibier abonde. Depuis, les courants ont changé, et il n’est plus possible de s’y rendre en traîneau. Ainsi se meut notre territoire, dans une grande respiration qui nous entraîne » Les veillées dans l’igloo sont rythmées par des chants poétiques, véritables psychanalyses familiales.
L’accouchement, synonyme de douleurs et de dangers – on risque d’en mourir ou d’apporter le mauvais œil – est source aussi de bonheur. La scène de l’accouchement gémellaire dans la neige, menacé (ou béni ?) par un terrible orage boréal est dantesque.
Ce roman sur la féminité, la maternité, l’animisme et le chamanisme, est un superbe récit initiatique et poétique.
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