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Critiques de Bérengère Cournut (726)
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De pierre et d'os

Uqsuralik est séparée de sa famille quand la banquise se fracture.

Seule, elle va devoir survivre dans un environnement si hostile que la moindre erreur se paie de sa vie. Quand elle rejoint un groupe, elle s’aperçoit que la nature n’est pas seule à être dangereuse, les hommes le sont aussi.

A travers le destin de Uqsuralik, c’est le quotidien de ces hommes et femmes du bout du monde que nous découvrons. Ils partagent leur temps entre recherche de nourriture, travail des peaux, déplacements au fil des saisons. D’ailleurs celles-ci qui se résument quasiment à jeune hiver et hiver. L’important pour eux est la présence ou non de lumière. C’est primaire (premier si vous préférez), simple : à l’abri, le ventre plein de viande de phoque, avec sa famille.

J’ai apprécié toutes les références aux rituels, aux tabous qui marquent tous les aspects de la vie quotidienne. Il est essentiel de se ménager la bienveillance des esprits, ou en tout cas, ne pas se les aliéner. Les chants qui ponctuent le récit nous rappellent l’importance de la tradition orale dans ces milieux : on dit sa joie, on dit sa peine, on transmet, on avoue…

Par bien des aspects, cela m’a fait penser aux Enfants de la terre, de Auel (même si j’ai abandonné le cycle en cours de route). Au plus près de la nature dont ils dépendent entièrement, la solidarité nécessaire mais aussi les rivalités, les regroupements saisonniers avec leurs joutes d’acrobatie, de chants, de danses nous rappellent que l’Homme de Cro-Magnon existe encore pour peu qu’on veuille le voir.

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De pierre et d'os

Ce livre je l'avais dans ma bibliothèque depuis le mois d'octobre 2019 où je me l'étais procuré à la fête du livre de Saint-Etienne et fait Didicacer !



Une très belle couverture d'un paysage de banquise, un bel objet livre avec en cadeau une belle carte postale également.



Merci à Bérengère Cournut pour cette rencontre et son livre.



J'ai apprécié ma lecture, même si au début je ne savais pas trop où j'allais, vers quel type de récit. Un récit documentaire, une fiction, une aventure...



La jeune fille au début, est elle aussi un peu perdue, ou tout au moins elle se retrouve seule dans ce milieu hostile. Séparée de sa famille, isolée elle va devoir avancer dans ce milieu, dans ce paysage glacé où elle est née.



Sa survie, elle va la devoir à la nature et aux autres qu'elle va croiser.



Les Inuits sont un peuple de chasseurs, pêcheurs, cueilleurs et le livre "De pierre et d'os" nous immerge dans leur vie mais pas à la manière d'un documentaire mais plutôt comme un récit initiatique de cette jeune femme devenant mère puis grand-mère...



Grâce à Uqsuralik nous allons découvrir tout un mode de vie où la nature est au cœur de tout et où les difficiles conditions de vie font se rapprocher les êtres.



Un monde également, où les esprits sont là, pour aider les hommes dans les passages difficiles de l'existence.



Uqsularik est une jeune femme que la vie n'a pas épargnée mais qui grâce à son courage et ses dons qu'elle va découvrir va avancer dans sa propre existence.



J'ai beaucoup aimé ce livre, j'ai aimé son originalité et son écriture. Il m'a emmené loin de chez moi et en période de confinement c'était idéal !



Le récit est ponctué des paroles des chants de ce peuple qui communique dans les rassemblements communautaire ainsi. De véritables poésies !



Ce livre replace la nature au centre de toute vie. L'humain ne le dominant pas mais en faisant parti comme un grand tout.



Une belle leçon pour les hommes de notre belle planète mère la Terre.



Chers amis lecteurs, je vous invite à découvrir ce peuple

et à suivre le cheminement de cette jeune femme

dans les différentes étapes de sa vie.



Laissez vous embarquer par les esprits :-)


Lien : https://imagimots.blogspot.c..
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De pierre et d'os

Un ami brillant m’avait un jour innocemment posé une question qui m’avait coupé le souffle tant elle m’avait scandalisé : pourquoi lire des romans ? Mais c’est à lui que j’ai pensé en commençant « De pierre et d’os », fiction nourrie de récits d’ethnologues sur la culture inuit. L’écriture blanche (forcément) m’a gênée et le début de l’histoire, que j’ai trouvé grossièrement symbolique, m’a donné envie de fermer le livre pour me jeter sur Jean Malaurie ou Paul-Émile Victor qui m’auraient raconté leurs explorations sans m’infliger l’histoire d’une jeune fille séparée de sa famille la nuit même de ses premières règles.

J’ai donc eu besoin d’un temps d’inadaptation pour me rendre compte de la force de ce récit, qui réussit ce que les plus grands explorateurs des pôles ne savent pas faire: éliminer l’inévitable condescendance du Blanc qui parle, à des lecteurs forcément ignorants, d’un peuple qui reste pour lui, malgré toute son empathie, un objet d’étude. Le roman de Bérangère Cournut, en nous précipitant dans un univers absolument étranger, ne joue pas sur l’identification du lecteur à la narratrice: elle parvient à nous installer en visiteur un peu perdu mais profondément reconnaissant, recueilli par des hôtes parfaitement hospitaliers et à apprivoiser pour nous l’inquiétante étrangeté de leurs coutumes. Parler aux esprits ou enterrer vivants les nourrissons auprès de leur mère morte relève alors, sinon de l’évidence, du moins de la compréhension absolue et immédiate.

Double récit initiatique, donc, que ce voyage de l’héroïne et ce périple du lecteur au pays des mille et une (i)nuits
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Elise sur les chemins

Lire des vers libres n’est pas mon habitude,



Mais à titre d’exception,



Sur amicale recommandation,



Je me suis accordé cet interlude.



Selon ses propres propos, Bérangère Cournut a « toujours écrit des trucs un peu bizarres » : des poésies, des contes, des romans, des récits d’aventures survenues dans des contrées tellement lointaines qu’elles paraissent improbables. Ecrit en vers libres, Elise sur les chemins est une nouvelle expression de la créativité bizarroïde de son auteure.



Nés dans une famille libertaire vivant isolée dans un paysage de collines boisées, Elise et ses neuf frères et sœurs vont à l’école de la nature. La mère joue le rôle d’institutrice, pendant que le père s’occupe de la logistique du gîte et du couvert (en mode chasse-cueillette). C’est Elise qui raconte.



Les deux aînés, Onésime et Elisée, décident un jour de partir en ville parfaire leur formation d’horticulteur dans un internat. Le reste de la famille a du mal à comprendre. Elise aussi ; il est tellement agréable de traîner sur les chemins forestiers, de s’accrocher à des branches ou de sauter d’une pierre à l’autre au bord de la rivière…



Dans les rochers, Elise croise la Vuivre, un être fabuleux, mi-fille, mi-serpent. Toutes deux prennent l’habitude de se rencontrer, de se parler.



Deux ans plus tard, la famille est sans nouvelles d’Onésime et d’Elisée. Elise part les rechercher à la ville. Une expédition pour une plongée dans un monde qu’elle ne connaît pas, où les rapports humains lui apparaissent impitoyables. Elle y découvrira les êtres féminins maléfiques qui chamboulent la tête des jeunes hommes. Mais la Vuivre l’avait mise en garde…



A la frontière du réel et du fantastique, Elise sur les chemins est un charmant et poétique conte philosophique empreint de beaux sentiments. Les vers libres donnent une sorte de rythme musical à la lecture, très fluide.



L’auteure a trouvé son inspiration dans la vie d’Elisée Reclus (1830-1905), dont elle reprend les prénoms des nombreux frères et sœurs. Grand voyageur, géographe réputé, auteur d’une encyclopédie en vingt volumes (La Nouvelle Géographie Universelle), Elisée Reclus fut aussi un infatigable défenseur d’utopies anarchistes et communistes. Militant pacifique, on pourrait le qualifier d’écologiste avant l’heure.



N’étant pas vraiment un roman,



Ce livre ne peut être réellement



Jugé comme les autres.



Je ne lui attribue donc aucune note.




Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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De pierre et d'os

Une très belle remontée dans le temps qui nous dévoile progressivement la culture ancestrale et le mode de vie particulièrement rude du peuple Inuit. Un magnifique voyage au fin fond du Grand Nord que Bérengère Cournut a su retransmettre au plus près l'atmosphère de cette vie. De la baie à la montagne, des fjords à la toundra, des icebergs aux falaises, où nous suivons le destin d'une jeune nomade qui va se déplacer au gré des saisons et cohabiter avec des tribus comme avec les bêtes peuplant l'Arctique.



D'abord un grondement puis une vibration dans les jambes. Un soir, la banquise se fend, séparant Uqsuralik de sa famille. La jeune Inuit n'a d'autre choix que de survivre par ses propres moyens. Affronter le froid, la nuit, la faim, la solitude. L'adolescente taille des blocs de glace, chasse le phoque, s'agrège à des bivouacs. Peu à peu, elle perfectionnera ses techniques de la chasse, découvrira la sociabilité et la cruauté, ses désirs de femme et la maternité ainsi que sa vocation chamanique, à laquelle l'initiera son second mari.



Ce roman d'aventures est dépaysant et nous permet d'en apprendre plus sur les coutumes du peuple Inuit. Les esquimaux partagent leur territoire immense avec nombre d'animaux plus ou moins migrateurs, mais aussi avec les esprits et vivent en harmonie avec une nature austère. En communauté, qu'il s'agit de la vie, la mort, l'amour et les rancoeurs, ils invoquent des chants poétiques qui viennent rythmer la narration.



Le style très descriptif, presque documentaire, fait qu'on aperçoit sans mal un instant l'ours blanc, les traces des traîneaux sur la glace, un phoque et la grandeur de la banquise, aux teintes bleutées, qui illumine ce paysage polaire.



Une plume simple et brute qui nous mène à l'essentiel avec justesse. « De pierre et dos » m'a marquée par sa poésie et la beauté de l'histoire.

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De pierre et d'os

Voilà un Prix FNAC 2019 amplement mérité.

« De pierre et d’os » est pour moi LE livre rafraîchissant et exaltant de l’été.

Tout commence sur la banquise, par une nuit de température extrême, qui voit l’héroïne au prénom peu commun dans nos contrées – j’ai nommé UQSURALIK – se retrouvée brusquement séparée de sa famille parce que la banquise s’est fracturée.

Nous sommes immédiatement dans le décor : une lutte pour la survie commence pour cette petite fille dont nous allons suivre les pérégrinations dans ce continent mal connu du grand froid.

On y croisera beaucoup de choses. Le peuple inuit, bien sûr, avec ses coutumes, son rapport aux éléments, son mode de chasse, mais aussi sa connaissance de la faune, et jusqu’au monde des esprits qui les côtoie.

De temps à autres, un « chant » - une sorte de poème chanté prononcé par tel ou tel personnage – va éclairer notre chemin.

C’est superbe.

Et elle nous captive, cette petite Uqsuralik qui deviendra bientôt femme, mère, amoureuse, et chamane. Le tout dans une nature pas du tout dénaturée, mais bien au contraire personnage central de cette aventure dans une contrée sauvage où nous serions bien incapable, nous autres Européens policés, de survivre. Une nature non pas édulcorée – ce récit n’a rien d’un « Walt Disney », ces superproductions hollywoodiennes où les animaux ont des comportements humains outranciers – et ici la lutte pour la survie n’y est pas qu’une formule.

« Les Inuits partagent leur territoire immense avec nombre d’animaux plus ou moins migrateurs, mais aussi avec les esprits et les éléments. L’eau sous toutes ses formes est leur univers constant, le ventre dans leurs oreilles et ressort de leurs gorges en souffles rauques. »



On y croisera toute la palette d’émotions humaines : la jalousie, la colère, mais aussi la fraternité, l’amour filial et la passion pour cette vie rude mais si réelle.

On aimerait tout citer, ces passages oniriques comme poétiques, témoin d’un temps où l’homme et la nature ne faisaient qu’un.

« A l’origine du roman De pierre et d’os » , nous explique l’autrice, « il y a la découverte fortuite, en 2011, de minuscules sculptures inuit en os, en ivoire, en pierre tendre, en bois de caribou … ». Se demandant quel peuple pouvait produire des œuvres à la fois si simples et si puissantes, l’écrivaine s’est plongé dans la lecture, s’immergeant finalement pendant 10 mois dans le fond polaire Jean Malaurie et le fonds d’archives Paul-Émile Victor, du Muséum national d’histoire naturelle à Paris.



On refermera le livre un sourire aux lèvres, hanté pendant plusieurs jours par le personnage si attachant d’Uqsuralik, des images plein la tête, loin, bien loin de tous nos écrans vidéos et autres supports artificiels.



Bravo à Bérangère Cournut pour ce récit hors du commun que je recommande… chaudement.

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De pierre et d'os

Elle s’appelle Uqsuralik. C’est une toute jeune fille, presque une enfant. Elle aurait dû continuer à grandir auprès de sa famille et de son clan, elle aurait dû connaître encore la sécurité, la chaleur et la tendresse des siens, elle aurait dû avoir le temps d’apprendre encore la chasse, la cueillette et la survie… Mais lorsque, cette nuit-là, elle est sortie précipitamment de l’igloo, le ventre déchiré par la douleur de ses premiers saignements de femme, le cours de sa vie s’est irrémédiablement modifié : le morceau de banquise où elle se trouve craque, se rompt et part à la dérive…



Elle est seule, désormais, avec ses chiens piégés comme elle sur la glace déserte, avec comme seuls moyens de survie des objets dérisoires - un couteau ébréché, une peau d’ours et une amulette. Commence alors pour elle une longue errance solitaire à affronter le froid, la faim et la rudesse d’une nature et d’un climat impitoyables, avant de s’adjoindre à d’autres clans, d’autres familles, et de réussir à force de courage, d’endurance et de volonté à se construire une vie de femme, une vie de mère, une vie qui peu à peu, sous la guidance permanente et toute puissante des esprits, la révèle à elle-même.



Avec "De pierre et d'os", Bérengère Cournut nous invite à un voyage dépaysant et splendide dans le monde oublié des Inuit, son mode de vie, ses rites, ses croyances, ses tabous, ses légendes et ses chants et nous offre un récit initiatique étrange, puissant et profond comme un conte, que vient encore enrichir un matériel documentaire (chants, prières et photos d’archives) monumental et exemplaire. C’est un remarquable travail d’ethnologue autant qu’une immersion spirituelle et mystique dans le royaume des esprits et l’univers du chamanisme. Et c’est, également, un très beau roman, extrêmement original, porté par le souffle d’une écriture tout à la fois précise et onirique et justement couronné par le Prix du Roman de la Fnac.



[Challenge Multi-Défis 2020]

[Challenge Plumes féminines 2020]
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De pierre et d'os

Le testament d’Uqsuralik



Fascinée par les autres civilisations, Bérengère Cournut passe des Hopis aux Inuits. Avec «De pierre et d’os», elle nous raconte l’odyssée d’Uqsuralik, seule sur la banquise, et nous permet de découvrir ce monde aujourd’hui disparu.



«Un irrépressible besoin d’exploration romanesque», voilà comment Bérengère Cournut explique la naissance de ce roman aussi profond que poétique qu’elle porte en elle depuis 2011 et la découverte dans un livre d’art de «minuscules sculptures inuit en os, en ivoire, en pierre tendre, en bois de caribou… Je me demandais quel peuple pouvait produire des œuvres à la fois si simples et si puissantes.»

Pour mener à bien son projet, on soulignera qu’elle n’a pas lésiné sur la tâche, allant jusqu’à effectuer en 2017-2018 une résidence de dix mois au sein des bibliothèques du Muséum national d’Histoire naturelle où elle a notamment exploré les fonds polaire Jean Malaurie et Paul-Émile Victor, creusant les traditions du Groenland oriental et de l’Arctique canadien. J’ajouterais que son vœu d’offrir «une porte d’entrée vers l’univers foisonnant du peuple inuit» est plus qu’exaucé.

Le roman s’ouvre sur un épisode dramatique. La banquise se fracture alors qu’Uqsuralik, une jeune fille, se trouve à quelques mètres de l’igloo qui abrite les siens. Son père a juste le temps de lui lancer une peau d’ours, sa dent d’ours accrochée à un lacet. Outre le manche d’un harpon, il n’y rien sur son bout de glace, sinon des chiens et ce qu’elle porte sur elle.

Dans la nuit polaire, elle s’éloigne des siens, rongée par le froid, la faim et la solitude. Roman de formation, on va dès lors suivre Uqsuralik face à une nature hostile, essayant de survivre par la chasse et la pêche. Mais aussi par son esprit et c’est sans doute l’un des points forts du livre qui fait la part belle à cette part indissociable de la culture inuit, le chamanisme et les récits véhiculés par la culture orale. Le récit est entrecoupé de nombre de ces «chants», légendes ou prédictions, relation de faits divers ou modes d’emploi poétiques. C’est l’une de ces «visites» qui va sauver Uqsuralik au moment où elle décide de renoncer à lutter et se dit que la mort devrait maintenant venir la prendre. Mais son heure n’est pas encore venue.

Elle résiste et se bat jusqu’à ce que sa route finisse par croiser celle d’un groupe de chasseurs. Une rencontre qui va lui permettre de construire une nouvelle famille, de se trouver un mari, du moins le pense-t-elle. Il lui faudra toutefois pourtant déchanter. Un matin, à son réveil, elle constate qu’elle a été abandonnée. Seule Ikasuk, sa chienne, lui est restée fidèle.

Commence alors une nouvelle odyssée, rendue plus aléatoire encore lorsqu’elle se rend compte qu’elle est enceinte. L’épisode de la naissance de sa fille Hila est un autre épisode marquant de cette odyssée qui va suivre Uqsuralik jusqu’à sa mort et qui va progressivement nous dévoiler l’histoire, l’art et la manière de vivre d’un peuple qui est aujourd’hui frappé au cœur par le réchauffement climatique.

Avec ce roman lumineux Bérengère Cournut nous laisse aussi, en quelque sorte, un testament. Car contrairement à elle, j’ai eu la chance il y a quelques années de me rendre au Groenland et de constater que son récit est malheureusement un hommage à un peuple qui s’est tourné vers le «progrès». La banquise disparaît peu à peu, les Inuits se sédentarisent et doivent lutter contre le désœuvrement, l’alcool et la drogue. La chasse et la pêche font davantage partie du folklore que d’un besoin vital et les motoneiges ont largement remplacé les traineaux, au grand dam des chiens qui souffrent eux aussi d’étés de plus en plus chauds. Il est du reste symptomatique que le cahier de de photos qui accompagne l’ouvrage date du début de ce siècle. Mais cela n’en rend que plus précieux ce superbe récit.


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De pierre et d'os

Pour vivre pleinement cette intrusion poétique au pays des inuits et en ressentir toute la puissance, il faut s'isoler dans un flocon de silence tout en acceptant de se laisser porter au gré du rythme des saisons et des cycles lunaires.



La quête d'Uqsuralik, jeune inuite séparée de sa famille par une fracture de la banquise, va l'emmener sur les chemins de sa féminité jusqu'à son initiation chamanique.

Tout au long de son errance sur cette terre des esprits, la jeune femme va rencontrer d'autres communautés et, petit à petit, reconstituer une famille composée de personnages pluriels puisque, sur ces terres glacées, chaque enfant naît déjà vieux, récarnation de l'âme des anciens.



Pour nous conter cette belle histoire, Bérengère Cournut a choisi le dépouillement dans l'écriture mais une écriture toutefois possédée par la magie des rites et la puissance mystérieuse de la nature.

Elle a également fait le choix de jalonner son récit de respirations poétiques sous forme de chants incantatoires, expression mystique des émotions enfuies ou des manifestations divines.

Une très belle lecture qui me donne envie de découvrir le précédent roman de l'auteure, d'autant qu'il est une approche de la culture amérindienne dont je suis admirative.
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De pierre et d'os

"De pierre et d'os" garantit un véritable dépaysement. Bérengère Cournut nous fait profiter de ses recherches et connaissances sur le peuple Inuit. Le dépaysement est total nous en oublions que nous avons un livre entre les mains, nous suivons le quotidien de Uqsuralik et avec elle, nous découvrons les croyances les coutumes et les habitudes de ce peuple. C'est un roman qui s'inspire de la véritable culture des Inuits et il est pour cela très riche. La plume poétique de Bérengère Cournut contraste parfois avec la dureté du quotidien. Le mode de vie des Inuit est basé sur la solidarité, les croyances, les esprits et leurs forces. Uqsuralik va avancer en rencontrant des personnages déterminants pour sa construction, sa reconstruction. C'est un roman initiatique et poétique passionnant et définitivement dépaysant.
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Née contente à Oraibi

« Je suis née contente à Oraibi, ancien village Hopi perché sur un haut plateau d’Arizona ». Voilà la première phrase du roman de Bérengère Cournut, dont j’avais déjà lu l’excellent « De pierre et d’os » en 2020. Nous étions alors parmi les Inuits, et l’héroïne luttait pour sa survie lorsque la banquise s’était fracturée et qu’elle avait été séparée de sa famille.

Tayatitaawa, elle, née en Arizona au début du siècle dernier sans doute – on n’aura pas plus de repère temporel que dans ses autres récits. Mais qu’importe, parce que Bérengère ne souhaite pas jouer les anthropologues, même si son récit s’appuie sur un gros de travail de recherche. Non, nous ne sommes pas dans « Tristes Tropiques », même si on peut trouver des similitudes dans le regard posé par le célèbre anthropologue : ici pas de misérabilisme ni de nombrilisme occidental, mais au contraire un récit profond, empreint d’humanité, sur l’histoire de cette jeune fille qui va perdre son père et partir à la découverte de ses origines paternelles pour mieux comprendre son présent.

On y croisera un grand frère qui pratique des rites étranges – et on se demandera en famille s’il n’est pas apparenté à une forme de sorcellerie, et on soignera un mal de dos chronique par un voyage onirique au pays des morts, d’où l’héroïne reviendra transformée.



« Celle-qui-salue-le Soleil-en-riant » - c’est la traduction de Tayatitaawa - vit en pleine harmonie avec les éléments qui l’entoure : la lumière, la nuit, les esprits, les animaux et les hommes, tout participe d’une même unité. La famille remplit sa fonction d’éducation, et toutes les générations ont leur place et leur rôle.



On pense à « Mille femmes blanches » de Jim Fergus pour le sentiment de sérénité qui se dégage de la vie au sein du clan. On suit avec plaisir l’initiation de Tayatitaawa à la vie d’adulte, jusqu’à la rencontre finale avec un homme blanc, dont elle parle un peu la langue, et avec qui elle partagera un secret enfoui au moment de la mort de son père.

Je recommande cette lecture dépaysante qui fait beaucoup de bien. Et pour clore le récit, une sélection de photographies magnifiques prises à Oraibi et ses environs, autour de 1900, permettent de mettre des images sur cette fable d’un autre temps.



Bravo encore à Bérangère Cournut qui sait nous transporter loin bien loin de nos civilisations occidentales – un dépaysement salvateur en période de confinement.

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De pierre et d'os

Ça y est, L' Antarctique! Je me suis glissée subrepticement dans le kayak de cette jeune fille inuit, je me suis laissée embarquer au fil de l'eau glacée, j'ai aperçue des troupeaux, des phoques, assistée aux parties de chasse que la vie ce peuple nomade d'inuits s' impose au quotidien ...

Et chaque écart coûte cher ..le danger est omniprésent déboulant des animaux mais des hommes eux-mêmes. La survie, c' est se mesurer aux éléments, à la générosité et parfois à la cruauté de la nature, en permanence...l'insoutenable l'impermanence de l'être..se plier aux caprices des saisons affronter le vent ou la glace, acquérir des gestes et des techniques ancestrales où le chamane veille...



Littéralement envoûtée par la puissance du récit, un voyage initiatique et chamanique, une histoire extraordinaire que nous depeint cet auteur : ces hommes et ces femmes courageux et fiers aux aspérités si âpres, aux instincts exacerbés..la vie condensée faite que de besoins primaires et des rites ancestraux, seule dimension vitale et philosophique, transcendée par des chants comme des offrandes à la mort à la vie.



Tres belle écriture fluide, aux envoûtants poèmes qui scandent le récit, un très beau voyage que ce roman, comme un beau nuage blanc...me laissera songeuse longtemps...comme le sillage d'un parfum intemporel.

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De pierre et d'os

Une nuit, alors qu'elle a quitté la chaleur protectrice de l'igloo familial, la jeune Uqsuralik est séparée de son clan par une faille dans la banquise. Son père a tout juste le temps de lui lancer une amulette, une peau d'ours et un harpon dont la pointe se brise durant la chute. Elle peut aussi compter sur sa chienne préférée, qui, par miracle, se trouve du même côté qu'elle. Pour la jeune inuit, commence alors le temps de la solitude, du froid et de la survie. Elle sait qu'il va lui falloir trouver un autre groupe et s'y greffer car dans cette nature hostile, seule, on ne fait pas de vieux os. Par chance, Uqsuralik, malgré son jeune âge, sait se débrouiller sur la banquise. Elle pêche et chasse comme un homme. Elle sera un atout pour son nouveau clan. Loin des siens, sa nouvelle vie sera faite d'épreuves, de chagrins mais aussi d'amour, de rire, de magie et de solidarité.



Roman initiatique, écologique, poétique, onirique, ethnologique, chamanique mais aussi roman envoûtant, hypnotique, magnifique...De pierre et d'os est tout cela mais c'est aussi un voyage dans le Grand Nord, aux confins du monde, dans un paysage blanc et glacial et une totale immersion dans la culture inuit au côté d'une femme parmi les hommes et les esprits. C'est un monde cruel que nous présente Bérengère Cournut, où l'on tue pour ne pas être tué, où il faut lutter contre les éléments mais on y trouve aussi de la poésie dans la façon d'appréhender la nature, dans les chants et les rites. Peuple solidaire qui sait que sans la chaleur de l'autre on ne survit pas, les inuits vivent au rythme des vents, de la glace et des tabous qui régissent leur société. Les esprits, bons ou mauvais, sont partout présents sur la banquise. A les contrarier, on risque de mourir aussi sûrement que si l'on se laisse surprendre par un ours. La vie ne tient qu'à un fil et les inuits le savent, qui économisent leurs forces, leur chaleur, leur nourriture. Vivant de peu, juste du nécessaire, ils puisent leurs ressources dans la nature mais toujours à bon escient, jamais dans l'excès. Quand on tue une bête, c'est pour se nourrir, se vêtir, s'armer. Tout est utile, rien n'est jeté. Une belle leçon de vie que nous donne ce peuple du Grand Nord.

Un beau portrait de femme, une découverte immersive de son peuple, un roman d'une beauté rare. Un coup de cœur.
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De pierre et d'os

Uqsuralik, alors qu'elle n'est encore qu'adolescente, se voit séparée de sa famille, à la suite de la banquise qui s'est fendue et qui a dérivé, laissant la jeune fille hors de l'abri familial. Très bonne chasseuse, elle parvient à survivre quelques jours mais c'est in extremis qu'elle est recueillie par un clan inuit lié lointainement à sa famille, qui la sauve d'une mort certaine. Commence pour elle un long apprentissage de la vie et de la survie quand elle doit se défier d'un des hommes du clan "le vieux" et qu'elle doit s'affirmer dans un groupe où chacun doit justifier son utilité et ne pas devenir une bouche inutile à nourrir. Elle aura une fille puis rencontrera un chaman qui l'initiera à la rencontre des esprits des morts et à l'interprétation des signes de la vie après la mort. 



Malgré le sujet original, la découverte de la vie des inuits et leur mode de vie - la chasse aux phoques et aux boeufs musqués, le nomadisme, les dangers des icebergs et de la banquise, la famine et l'anthropophagie -, je suis restée souvent extérieure au récit, du fait, probablement, d'une narration très distanciée de la part de l'héroïne et même si le roman est entrecoupé de poèmes et de chants qui caractérisent les situations ou les états d'âme des personnages, le texte reste assez froid.

J'ai trouvé le sujet de pierre et d'os intéressant mais un peu décevant sur son traitement.  
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Née contente à Oraibi

Lors de sa présentation au soleil, Tayatitaawa a éclaté de rire. C'est pour cela qu'elle reçut ce nom. Cette petite fille fait partie du clan des Hopis (peuple de la paix), une très ancienne civilisation indienne basée sur les hauts plateaux d'Arizona. Et c'est par son regard et ses mots que nous, lecteurs, allons apprendre les us et coutumes de ce peuple. Des us et coutumes scandés par les saisons, par le respect des hommes et des animaux, par la gouvernance des rêves et de la spiritualité.



J'ai trouvé ce récit intéressant pour toute la partie ethnologique : un vrai reportage du magazine Géo ! Mais bon sang que je me suis parfois ennuyée lors de ces longues descriptions des us et coutumes. Comme l'écriture m'a semblé laborieuse : une longue succession de faits et gestes ! Seule la découverte de la maison des morts et de son dieu Màasaw m'a sortie de ma léthargie. J'y ai aimé découvrir « le paysage intérieur » de cette jeune amérindienne et sa quête initiatique. Dommage qu'il m'ait fallu autant de temps pour entrer en symbiose avec l'héroïne et son peuple attachant et doux. Mais je reconnais le travail énorme de documentation que son auteure a effectué pour rendre son roman authentique et loin du folklore de base.

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De pierre et d'os

Une toute jeune fille inuite, Uqsuralik, est séparée de sa famille par une fracture de la banquise. Son père a réussi à lui jeter une peau d’ours et quelques outils rudimentaires. Elle se met alors à marcher. Elle survit jusqu’à ce qu’elle soit recueillie par une famille. La vie est dure, très dure et la famine n’est jamais bien loin dans la vie des Inuits. Leur survie dépend de leur pêche et de leur chasse, bonne ou mauvaise. Encore faut-il que leurs provisions ne soient pas détruites par un coup du sort.



Le roman est semé de chants qui servent aux Inuits à se réjouir, mais aussi à résoudre des problèmes, à dire l’indicible parfois.



Vous serez séduit par le rapport entre les Inuits et les animaux qu’ils remercient de s’être donnés pour être mangés, ainsi que par la poésie qui se dégage de l’ouvrage. Mais vous serez certainement surpris par les relations familiales.




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Elise sur les chemins

Il y a des livres inclassables, quasi-impossibles à chroniquer correctement. Par moi en tout cas. Élise sur les chemins de Bérengère Cournut en fait partie, à la fois conte initiatique, fugue en vers et en pleine liberté, road-movie naturel et merveilleux. De la poésie ? Oui bien sûr. Mais un peu plus que cela.



Directement inspirée par la vie de Jacques Élisée Reclus, géographe et citoyen du monde avant l’heure, Bérengère Cournut nous entraîne sur les pas d’Élise, jeune fille joyeusement élevée dans une famille libertaire : l’environnement naturel alentours est son jardin, tandis que l’initiative individuelle et la découverte forment son apprentissage.



Élisée et Onésime, ses deux grands frères, ont quitté la maison et sont partis sans prévenir un beau matin, « apprendre la terre » avec la bénédiction du père. Inquiète qu’ils ne rentrent jamais et poussée par les sombres prédictions à leur égard de la Vouivre, créature des marais, Élise va partir à leur recherche. Et découvrir la ville. Et découvrir les autres.



Et là je n’ai plus les bons mots pour parler de cette histoire qui oscille constamment entre féérie imaginaire et réalisme poétique, ni pour évoquer ce style versifié qui ne cherche pas la rime à tout prix, et encore moins ceux qui me permettraient de décrire cette nature magnifiée et omniprésente, à la fois peuplée de guides bienveillants et de pièges malfaisants.



Alors juste dire combien j’ai été sous le charme, 170 pages durant, de l’incroyable et belle fluidité de ce roman, ayant durant toute ma lecture l’agréable sensation d’être porté comme par un cours d’eau harmonieux et apaisant. Sans oublier ce moment suspendu d’une rencontre hors du temps avec Bérengère et son protégé endormi, un joli soir de septembre, sur les chemins qui la menèrent jusqu’à Rouen…
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Jungles

Tout d'abord, il y a la lumière, surprenante, d'une forêt emplie de mystère. Et puis il y a cette végétation luxuriante : arbres et fougères arborescentes, palmes et plantes inconnues qui forment l'univers étrange d'un conte de fée quelque peu effrayant ou bien d'un tableau d'Henri Rousseau. On baigne dans un clair-obscur de bleus et de verts mêlés, on frissonne parfois en scrutant l'épaisseur végétale qui ne révèlera pas tous ses secrets.

Puis il y a la rencontre avec une femme inconnue, si petite dans sa robe rouge ou jaune, et perdue dans un océan végétal. Est-elle l'esprit facétieux de la forêt, ou bien personnage bien réel égaré dans cette immensité ?

Ensuite vient la découverte d'un peuple étrange, presque nu et qui semble être dans son élément. Il respire au même rythme que la forêt qui l'enveloppe et lui cache le ciel. Qu'importe ! le bleu de l'azur flotte sous la canopée où la lumière tamisée baigne de sa douceur les corps dorés de ces hommes, ces femmes qui se fondent dans la nature. Et ces images pleines de mystère qui nous émeuvent nous racontent d'étranges histoires. Sommes-nous dans un monde inconnu et fantasmé, un jardin d'Eden ?

La talentueuse photographe Olivia Lavergne transforme le paysage, elle crée du mystère à partir du réel et c'est fantastique.

Puis il y a le texte, sous la plume de Berengère Cournut vivent les esprits de la forêt. Des voix s'élèvent, celle des grands arbres et puis tout un monde animal se révèle à nous, si bien caché dans les frondaisons des pages.

« Je ne me souviens plus très bien comment tout cela a commencé...si c'est à l'ombre ou en pleine lumière, tout en haut d'une montagne ou en pleine mer, dans les profondeurs d'un sous-bois ou sur de la lave en plein ciel. »

Ensuite elle nous emmène à la rencontre du peuple Mentawai, ces hommes fleurs qui portent des colliers et une simple étoffe rouge nouée aux hanches.

« Il marchait pied-nu, une machette à la main. Pourtant, il ne coupait rien, ne semblait pas chercher quelque chose de précis. »

La couverture, somptueuse, nous convie à nous enfoncer dans ce monde luxuriant de la jungle que nous transmet Olivia Lavergne tout en écoutant la voix de Bérengère Cournut.

Je remercie Babelio et les éditions Light-Motiv pour cette plongée vertigineuse et fascinante dans le paysage de Jungles.



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De pierre et d'os

De pierre et d'os est l'histoire d'une jeune fille Inuit, Uqsuralik, qui se retrouve une nuit coupée du reste de sa famille par la fracture brutale de la banquise. Son père a juste le temps de lui jeter au-dessus de la faille qui s'agrandit et les sépare à jamais, une peau d'ours, un harpon, une réserve de graisse et son propre collier avec une dent d'ours, une sorte d'amulette en cadeau d'adieu et aussi pour la protéger, peut-être l'objet le plus précieux en terre arctique avec son couteau en forme de demi-lune.

Cette fracture, c'est comme celle qui sépare l'enfance de l'âge adulte. Uqsuralik n'a pas d'autres choix que d'avancer. Elle va devoir survivre sur ce territoire glacé, peut-être hostile. Elle s'en va avec quelques chiens qui étaient près d'elle au moment où la banquise s'est brisée.

C'est une survie tout d'abord solitaire. La menace de mort rôde toujours à quelques arpents de là.

Puis elle rencontre des femmes, des hommes.

Certains sont malveillants, comme le Vieux. D'autres au contraire vont devenir très proches d'elles, comme Sauniq, se révélant comme une seconde mère pour elle. Uqsuralik va peu à peu reconstituer une autre famille avec certains d'entre eux, tenter de combler le manque de celle qu'elle a laissé de l'autre côté de la banquise fracturée.

Les animaux et les esprits sont très présents dans ce roman.

Des renards blancs, des phoques annelés, des ours, des caribous.

Pêcher la truite rouge.

Il y a les chiens qu'on attèle à un traîneau avant de s'élancer dans le matin blanc et infini.

Il y a la faim, le froid, le péril à cause des animaux, des hommes aussi.

Les rencontres avec les autres la révèlent à elle-même, mais aussi dans son cheminement à la vie et vers un destin chamanique qui l'appelle par-delà les glaces.

Des récits de chasse épiques peuplent les veillées, d'autres récits de ces veillées disent aussi les voyages, les périls, la traversée des glaces.

Et puis des chants se glissent entre les pages, rythment au gré des chapitres le parcours initiatique de Uqsuralik.

Parfois ces femmes et ces hommes passent de longs moments à contempler le ciel, les pierres, le mouvement de l'eau et de l'air.

Bérengère Cournut a une manière très belle et très poétique de dire la relation très forte que des personnages peuvent avoir avec le paysage qui les entoure, la pierre, l'eau, la glace, le vent, la blancheur du ciel, l'horizon presque invisible qui parvient à peine à se détacher au loin, entre ciel et glace. Le paysage de ce roman est un personnage à part entière.

Ici on compte le temps en lunes, en saisons, en solstices.

Uqsuralik est envahie par le sentiment que chaque saison qui vient sera la première et c'est peut-être cela qui l'a fait survivre et avancer vers son destin.

Ici c'est la lenteur, la blancheur, quelque chose de totalement intemporel coupé du reste du monde, une sorte d'apesanteur dans un territoire extrême où il faut survivre. Nous sommes loin du bruit dérisoire de nos vies. Ne nous trompons pas, le monde que nous décrit Bérengère Cournut est un monde hostile, où il faut survivre à chaque instant.

Mais ce récit m'a fait du bien, peut-être parce que Uqsuralik ne pleure jamais sur son sort, mais sans doute pour autre chose aussi...

J'ai aimé ce livre qui nous fait faire un pas de côté insolite, découvrir une culture, des rites en totale cohésion avec la nature, nous rappeler avec une infinie douleur les gestes que nous avons peut-être définitivement perdus.

Au gré de ce voyage en terre arctique, quelques citations inoubliables de ce livre nous aident à nous détacher encore plus de notre univers parfois en perte de sens : « Durant ma longue nuit d'Inuit, j'ai appris que le pouvoir est quelque chose de silencieux. Quelque chose que l'on reçoit et qui - comme les chants, les enfants - nous traverse. Et qu'on doit ensuite laisser courir. »

Et parfois, l'une d'entre elle nous ramène à la fragilité de notre environnement : « Une vieille raconte aussi le grand voyage qu'on fait ses parents bien avant sa naissance, les périls qu'ils ont endurés en traversant les glaces. Il paraît qu'à une époque reculée, on pouvait rejoindre en hiver une île lointaine où le gibier abonde. Depuis, les courants en changé, et il n'est plus possible de s'y rendre en traîneau. Ainsi se meut notre territoire - dans une grande respiration qui nous entraîne. »

Le paysage que nous décrit Bérengère Cournut est-il à ce point si éloigné du nôtre ? Ou plutôt de celui que nous rêvons parfois de retrouver ?

Ce récit m'a ramené au souvenir d'un livre d'une richesse infinie, lu il y a plus de trente ans, Les derniers rois de Thulé, de Jean Malaurie, merveilleux ethnologue des terres polaires.

Justement, un carnet de photographies prises au début du XXème siècle conclut en beauté le roman de Bérengère Cournut.

Ici dans ce livre, les esprits nous frôlent, parfois nous ignorent ou nous abandonnent, peut-être reviennent plus tard entre les pages pour nous accompagner une dernière fois un peu plus loin.
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Née contente à Oraibi

Quelle lecture dépaysante qui a su me transporter dans une autre dimension ! Et ceci grâce à une critique de Kickou qui m'avait accrochée. Voici Tayatitaawa, jeune indienne hopi au caractère fort. On va suivre son parcours de son enfance à son adolescence. Un choc pour elle quand le père, qu'elle admire tant, meurt. Mais surtout elle nous invite à découvrir son peuple Amérindien d'Arizona en nous confiant ses rites, ses coutumes, ses chants avec, en bonus, des photos à la fin du roman. Il faut passer le sentiment de lire un reportage dans les premières pages. Fillette attachante. Merci à l'auteur pour ce beau voyage.
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