Ce plaidoyer cache un réquisitoire féroce et implacable contre les socialistes et leurs contradictions.
Qui aime bien châtie bien.
C'est aussi un manuel d'économie pour les nuls, d'une clarté biblique. Les barbus bas du front ont assassiné le seul économiste sympathique, ludique et pas hermétique. Qu'ils moisissent dans leur paradis artificiel avec leurs quarante grains de raisin.
Cette relecture, sept ans après, après Hollande surtout, me donne un grand coup de mou.
Au delà de la fresque des occasions perdues qui ne reviendront plus, c'est un constat lucide et glaçant d'une défaite totale et définitive du socialisme.
Pauvre humanité... De profundis !
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Ce livre a eu une seconde vie.
Sa première vie creusait son sillon comme son auteur qui intervenait dans les médias avec un certain succès, les réparties de celui-ci dans les débats faisaient mouche, sa gouaille du sud emportait l'adhésion.
7 janvier 2015, Bernard Maris est assassiné par les bouchers islamiques. Houellebecq son ami qui vient de publier Soumission comme une ironie de l'histoire est en quelque sorte rattrapé par l'actualité. et son oeuvre présentée alors sera interrompue, et l'oeuvre de Bernard Maris en trouvera bénéfice
Ca fait drôle d'ailleurs de lire la bio de Bernard Maris et d'y voir : assassiné ! Comme si nous étions des siècles en arrière.
Et bien ce Houellebecq économiste va voir ses ventes décupler rendant ainsi hommage à son auteur.
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L'auteur fait parti des victimes des terroristes du 7 janvier 2015, il se trouvait au siège de Charlie Hebdo. Economiste, il intervenait également sur les chaînes des radios publiques. Il avait le don de rendre simples des mécanismes économiques compliqués pour le commun des mortels.
Malheureusement, dans ce petit ouvrage la simplicité n'est pas le maître mot. Il s'agit de la transcription d'une conférence qui s'adressait à des économistes, ceci explique cela. En tout cas le texte est touffu, truffé de références et citations ce qui le rend passablement difficile à suivre et demande beaucoup d'attention au lecteur.
Ce que j'en retiens c'est qu’il met en avant que le marché est d'abord international avant d'être national car les échanges commerciaux concernent tout d'abord le vin, les épices, les étoffes, l'huile, l'or etc. Et aussi que la comptabilité est antérieure à l'écriture...
Enfin il termine sa conférence par ce paradoxe, est-il possible de proposer aux hommes une activité d'invention et de création sans croissance matérielle ? Lui, il y croyait, c'est ce que montre ce petit ouvrage.
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J’ai hésité avant d’entamer ce livre. J’ai lu Genevoix, j’ai lu Junger je ne voyais pas trop l’intérêt d’une comparaison entre les deux. Et puis le charme Bernard Maris a opéré. Sa chaleur, sa lucidité, son érudition. Lu d’une traite
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J'ai du mal à accepter Freud et encore plus de mal a faire des liens entre pulsion de mort et capitalisme. Aussi bien chez Freud que chez Bernard Maris (et chez Keynes) il n'y a la moindre preuve de ce qu'ils avancent. Ce ne sont que des hypothèses, des faits mis en exergue et présentés comme concepts...
La lecteur de cet ouvrage m'a mis mal à l'aise car je ne dispose pas des moyens conceptuels de contrer ces idées. Néanmoins ce trouve ce livre passionnant et riche car il stimule fortement la réflexion. Il me faudra le relire et noter en quoi je diffère des idées qu'il avance : un vrai travail de bénédictin.
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« le capitalisme a posé quatre grandes questions : le rapport de l'homme au travail, de l'homme à la technique, de l'homme au temps, de l'homme à la nature », p47. Voilà, ces questions structurent ce bref essai de 40 pages – c'était une conférence à l'Institut_Diderot.
Des références à Max Weber, Marx, Freud, Nietzsche. Parfois des tournures aphoristiques qui, hors contexte, semblent cryptiques, par exemple « le capitalisme implique que le temps cesse d'être cyclique et devient linéaire ». P43. D'ailleurs, ce ne sont pas les idées qui me restent en refermant le livre, mais l'élégance du cheminement.
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Si vous êtes fan d'Alain Minc ou si vous êtes abonné à l'hebdomadaire Challenges passez votre chemin.
L'idée au coeur de l'ouvrage : Houellebecq a saisi notre triste univers quotidien cent fois mieux que tous les prix Nobel d'économie réunis. Une lecture très accessible (n'essaie à aucun moment d'être plus fin ou plus malin que le lecteur). 150 pages lues d'une traite en deux heures.
Peut-être un titre plus approprié serait Houellebecq anti-économiste car le romancier « utilise et détruit la pensée économique », il « vous vaccine contre l'économie.
Bernard Maris nous rappelle que les économistes ne se sont pas contentés de notions comme l'offre et la demande, le PIB, la courbe de chômage. « Un prix Nobel, Gérard Debreu, expliqua que le grand enjeu des sociétés tenait à la durée de vie des très vieux : fallait-il les débrancher plus tôt, pour faire des économies de Sécurité sociale, ou les maintenir à tout prix dans les limbes du trépas, pour créer des emplois de jeteurs de couches usagées ? » p 19. Ben, avec ce niveau du débat, c'est facile de les surclasser.
Quant à MH, grâce à ses antennes et à sa sensibilité, il capte l'air du temps, il anticipe les états d'âme de ses congénères – contrairement aux économistes.
Ce livre de Bernard Maris est une lumineuse diatribe, un génial pamphlet. Chapeau pour l'ironie mordante.
Extraits :
« Malthus avait raison. L'homme avait voulu épuiser la nature et il est mort épuisé. » p133
A place de la vie sociale, les économistes ne voient « qu'un univers de transactions généralisées' qui débouchera sur ce que déteste MH : le bonheur quantifiable ». P39
« Si la souffrance des héros de Dostoïevski est liée à la mort de dieu, celle des héros de Houellebecq naît de la violence perpétuelle du marché. » P48. Son personnage récurent n'est pas l'ouvrier, mais le cadre qui s'emmerde.
« L'incertitude et l'angoisse furent les meilleurs barreaux des camps. Bruno Bettelheim, survivant, [ ] se pose la question : comment, avec si peu de moyens, les gardiens arrivaient à maintenir l'ordre dans les camps ? Pourquoi [ ] n'y avait-il pas de révoltes ?
Et la réponse de Bettelheim est lumineuse, elle est la même de celle de Houellebecq pour la société de l'argent : les gardes n'avaient de cesse d'infantiliser les hommes en les maintenant perpétuellement dans l'incertain, le risque, l'indéterminé. Ils brisaient tout lien de causalité autorisant l'action. [ ] Tantôt une action était récompensée, tantôt la même action était punie. Observer et réagir, pour un prisonnier, devenaient impossible et, dès lors, l'instinct de conservation était impitoyablement brisé. Ne savoir que ce que ceux qui commandent vous autorisent à savoir est la condition du petit enfant ou de l'esclave ». p66
« Marx détestait Malthus, parce qu'il avait découvert la célèbre loi de la baisse tendancielle du taux de profit, liée à la concurrence. Au bout de la concurrence, le profit est nul. [ ] A la baisse tendancielle du taux du profit, ajoute MH, correspond la baisse tendancielle du désir : cette société ne sait plus comment attiser le désir, exciter le sens. » P125
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Une sublime mise en parallèle de deux grands auteurs, Ernst JÜNGER et Maurice GENEVOIS, qui surent être soldats dans des registres différents. Dans des camps opposés tant par les armes que par la pensée.
Des approches divergentes de l'homme mais une même convergence dans la conscience de la sublimation de l'Etre au combat, du dépassement de soi nécessaire en pareille situation, de la transcendance indispensable de sa propre individualité, de l'animalité qui habite le fond de l'homme et qui apparaît au grand jour au milieu du bruit et de la fureur.
Dans cet ouvrage Bernard MARIS nous rappelle parfois avec lyrisme que "Jünger chemine vers le travailleur et le surhomme, et vers l’avenir, Genevoix retourne aux paysans et à leurs paysages, ces paysans français qui ont vaincu l’ouvrier allemand, et, il faut le reconnaître, vers le passé. Genevoix n’aime pas les temps modernes. Le mot progrès le fait sourire ; et la technique ne le remplit d’aucune admiration.".
Et pourtant, bien des années après ces deux guerriers déposent les armes pour brandir leurs souvenirs, attachés à leurs camarades tombés glorieusement au combat. Avant de les rejoindre au royaume des ombres.
A lire !
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21a après son écriture ce livre est toujours d'actualité, on se rend compte que l'économie ne fonctionne toujours pas et que les causes sont les mêmes.
Enrichissement, toujours plus fort des ultrariches, ritournelle médiatique contre ces nantis de fonctionnaires, de chômeurs et d'assistés, et allègements d'impôts pour les grands groupes.
Une voix différente dans ce monde de spécialistes économiques tous plus ultralibéraux les uns que les autres.
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Un tout petit livre mais très stimulant. Qu'est-ce que le capitalisme vers quoi nous emmène-t-il ? A peine lu j'ai envie de le reprendre car il donne à réfléchir.
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La conclusion est pessimiste mais peut-être peut elle encore réveiller les consciences.
Sinon, même 4 ans après je pleure encore Charlie, même si VOUS N'AUREZ PAS MA HAINE.
Deux TDC (pas de nom !) m'ont meurtri mais cela reste 2 TDC.
Merci Bernard Maris !
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Logorrhée Marxiste
Apposer le nom de houellebecq dans un livre n'en fait pas un grand livre mais par contre il garanti une visibilité. Visibilité que ne méritait pourtant pas ce livre qui tente de percer le mystère Houellebecq à travers une analyse économique de son oeuvre.
L'auteur tout au long du livre s'évertue à travers des extraits de livres à faire de Houellebecq un pourfendeur du libéralisme, là on peut êtres à peu près d'accord, mais il tente aussi de le faire passer pour un bon gros gauchiste ce qui est loin d'êtres évident même si ses "amis" le son pour la plupart.
Bref un énième ouvrage à la logorrhée marxiste, qui plaira sans doute à de vieux prof de gauche lecteur de Charly Hebdo et convaincu d'avance. Comme d'habitude, aucune solution ne seras proposée, rien que du constat.
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Bernard Maris me manque ! Il me manque pour lui, pour sa vision de l'économie. Il nous reste bien Frédéric Lordon, mais ce n'est pas pareil.
Il me manque pour son humour, sons sens du dialogue et celui du débat.
Un jour, j'ai découvert cet homme avec ce livre : l'anti-manuel d'économie (1 et 2). Et moi tout à coup, "l’ingénieur en informatique jésuite", de découvrir l'économie, de m'intéresser à l'économie et de comprendre les enjeux humanistes qui se cachent derrière la pensée unique de l'économie officielle, celle du néo-libéralisme.
Bernard Maris m'a éveillé à ce monde.
Il faudra que je parle aussi de Chomsky, le politologue !
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En moins de dix chapitres, Bernard Maris réfléchit sur la France . Ce livre est le premier jet adressé par l'auteur à son éditeur juste avant de mourir dans les locaux de Charlie Hebdo . Intelligent et bien construit .
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Houellebecq a des millions de lecteurs. Parmi eux, il faut en distinguer au moins un: Bernard Maris. De tous les ouvrages que ce grand et regretté penseur assassiné nous laisse, celui-ci me sidère particulièrement. On ne sait en effet ce qu'on doit admirer le plus: la modestie du commentateur ou l' intelligence de son analyse. Avec quelle élégance l'économiste Bernard Maris s'efface-t-il derrière l'écrivain Houellebecq, pour le pousser en pleine lumière et lui décerner d'autres lauriers, lauriers qu'on ne lui accordait certes pas en première intention comme on le verra plus loin. Bernard Maris connait intimement les rouages du néo-libéralisme. Il a lu avec une attention extrème l'oeuvre de Michel Houellebecq, et il s'enthousiasme de reconnaître dans l'art de l'un la parfaite radiographie du premier.Ainsi non seulement cet écrivain est grand parce qu'il sait " parler de la mort, de l'amour et du malheur", mais il est à ce jour unique, parce qu'il sait comme personne surprendre "cette petite musique économique, ce fond sonore de supermarché qui de ses notes lancinantes et fades pollue notre existence, ces acouphènes de la pensée quantifiante…" Mais plus encore, il illustre dans les ressorts dramatiques de son oeuvre les théories de "la secte" des économistes, ces gens qui se reconnaissent à ce qu'ils savent toujours se justifier après coup de n'avoir rien prévu de ce qui arriva, qui prétendent scientifique leur discipline " qui ne parvient même pas à faire des pronostics vérifiables", ces apôtres de la quantification, des dites lois de l'offre et de la demande, ces mortificateurs des valeurs humaines d'entraide et de générosité, ces aiguillonneurs de la pulsion de mort du capitalisme.
Les personnages de Houellebecq sont des désarrimés ou des asservis volontaires, infantiles et infantilisés par la peur de ceux qui les maltraitent, les appâtent et les rudoient, comme les petits nazis en herbe rudoyaient et maltraitaient jusqu'au viol le petit pensionnaire des Particules élémentaires. Enfants perdus devant l'incertitude généralisée ( du travail, du couple, de la famille, mais aussi de la pérennité des objets (obsolescence programmée) qui disparaissent dès lors qu'ils en maîtrisent l'usage et le maniement. Enfants appâtés par des désirs fabriqués et entretenus par une pluie incesssante d'objets dont l'usage est incompréhensible à qui n'est pas encore adonné à leur consommation, mais qui deviennent très vite une espèce de nécessité pour rester dans les rouages des services, prestations, ouvertures de droits, inscriptions dans la plupart des actes de la vie civile.. Houellebecq va encore plus loin: de ce triste visage de notre monde, il déduit l'avenir et la fin de l'humanité, à partir d'une démarche logique à peine forcée, il nous livre l'inévitable conclusion .
Là où le personnage de l'écrivain Houellebecq peut le plus nous surprendre, dans l'hommage (le mot n'est pas trop fort) de Bernard Maris, c'est dans les valeurs qui in fine se dégagent , a contrario de l'horreur économique et néo libérale: la bonté, l'amour des femmes et la valorisation du travail.
Surpris? Si vous l'avez déjà lu, cela mérite une relecture. Si comme moi vous ne l'avez pas lu.. faites comme il vous plaira.En tout cas, je vais tenter l'aventure.
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Petit essai d'où se dégage un amour de la France et de son peuple, texte d'autant plus émouvant que l'on sait que l'auteur, chroniqueur chez Charlie Hebdo, devait mourir assassiné quelques jours après en avoir terminé la rédaction.
La première partie porte plus sur le passé de la France, un passé proche, celui du XXème siècle, celui de l'enfance et de la jeunesse de Bernard Maris. Nostalgie, souvenirs,...
Puis il s'attarde sur la France d'aujourd'hui, la France multicolore, multiculturelle, et ses difficultés à faire cohabiter un peuple divers et varié,tant par le niveau social, les origines, les cultures, les langues, les ambitions.
Pas de solution utopique, magique, mais des constatations sur des faits (politiques économiques, sociales menées durant ces dernières décennies) qui ont abouti à la situation actuelle, une fragile cohabitation de populations qui ne se connaissent plus vraiment.
Cette lecture a été l'occasion de discussions, de remises en question. Et c'est déjà pas mal.
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Comme chacun sait, Bernard Maris, économiste, analyste, voire sociologue se trouvait à la conférence de rédaction de « Charlie Hebdo » le jour fatal...
Comme toujours, il avait mille choses en gestation, dont un bouquin inachevé qui nous est livré ici à titre posthume.
Il y aborde de nombreux sujets concernant notre monde, notre façon de le voir, ou la façon dont il nous est souvent présenté. Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est que l’auteur ne se réfugie pas derrière un dogme quelconque. Il ne fait pas un essai de « gauche » ou de « droite ». Il livre ses réflexions de spécialiste, d’homme qui réfléchit à ce monde chaque jour, et il nous cueille parfois là où on ne l’attendait pas. Il fait une photo de nos villes et de nos espaces péri-urbains, par exemple.
Certains ont argué que ce petit essai n’était pas très structuré. Il est vrai que cela part un peu dans tous les sens. Cependant, comme l’a dit Jacques Salomé : « Un livre a toujours deux auteurs : celui qui l’écrit et celui qui le lit. » Et dans celui-ci, tout est présent. Au lecteur de puiser dans cette source et de réfléchir de façon un peu différente.
Je pense que c’était le but de Bernard Maris qui ne me semble pas avoir souhaité créer une nouvelle secte, mais réveiller les consciences. Et n’oublions pas que l’on a toujours le droit de ne pas être d’accord...
A offrir et partager pour éviter les conversations du « Café du commerce ».
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