Vaut-il mieux vivre avec un écrivain angoissé de ne pas écrire, ou avec un écrivain angoissant parce qu'il écrit? Je connaissais la réponse: mieux vaut ne pas vivre avec un écrivain du tout. (page 157)
Notre narrateur est un écrivain qui n'arrive plus à écrire. Il se rend chez un analyste, qu'il découvre. Au fur et à mesure qu'il vient s'allonger sur le divan, il observe l'environnement de son analyste, un vélo cadenassé sur le balcon, une atmosphère cosy dans l'appartement. Et comme il est écrivain, certes en panne d'inspiration mais néanmoins à l'affut de pistes de nouvelle narration, il imagine la femme de l'analyste.
C'est un roman sympathique pour qui a déjà passé quelques heures chez un analyste.
Je me suis retrouvée dans le couloir de chez la mienne, observant les petits tableaux suspendus au mur, les vêtements pendus à la patère ... Un chez soi, un intérieur d'appartement en dit beaucoup sur la personne qui l'occupe, et si cette personne est en plus votre thérapeute, passer du temps dans son environnement vous donne à voir à qui vous avez à faire.
J'ai apprécié ma lecture mais je n'ai pas réussi à vraiment m'y intéresser comme je l'avais pensé à choisissant l'ouvrage sur l'étagère. Cela n'a rien à voir avec la qualité d'écriture, je suis simplement dans une phase où je peine à me concentrer longuement sur un texte, et comme celui-ci n'est pas particulièrement palpitant, je ne peux pas dire que j'ai été happée par l'histoire.
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Beaucoup de conseils et d'exemples, donnés d'une plume alerte, donc plutôt faciles à lire.
Reste à prendre un peu de recul pour faire le tri dans tout ça en fonction de son projet personnel.
Une lecture qu'on ne regrettera pas si on a un projet d'écriture.
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Ou tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les affres de l'écriture sans jamais oser le demander...... Louis , auteur en panne d'inspiration se laisse convaincre par son ami et éditeur François, de devenir la plume de "personnalités" souhaitant témoigner de leurs expériences de vie. Ainsi il va tour à tour "faire le nègre" tout d'abord pour un ex-taulard fort en gueule , qui se fait pincer par la police pour trafic de drogue, au moment où sort son récit vantant les mérites de la réinsertion sociale. Puis ce sera la rencontre avec un mandarin, champion des opérations de la prostate. Voulant le parer d'une dimension plus romanesque, l'éditeur pousse Louis à écrire sur des opérations de chirurgie cardiaque (discipline plus noble que l'urologie).... las , alors que le livre est déjà bien écrit, le mandarin , ne se reconnaissant plus dans le tableau brossé, jette l'éponge. Il va ensuite devenir la plume d'un écolo (Nicolas Hulot?) un peu sur le retour, ayant connu une période de gloire télévisuelle et voulant se lancer en politique.... puis finalement puisqu'il n'est pas si facile que cela d'être "ghost writer" , Louis va se remettre à écrire pour lui-même. Un vrai régal que ce livre qui mèle humour et vraie réflexion sur la condition d'écrivain. Lucide, ironique, mordante, mais pas désespérée, l'écriture de Bruno Tessarech nous livre un regard distancié (lui-même a fait l'expérience d'être la plume de ...)sur l'acte d'écrire et sur monde de l'édition, ses joies , ses lois, ses contraintes. Finalement tout est dit dans le titre : on parle de l'art d'écrire mais la "négritude" aussi est tout un art!
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Sous-titré "Leçons à un futur écrivain". On retrouve ici mes préoccupations du moment.. Livre sympa, écriture légère. J'ai encore plus apprécié les anecdotes sur les écrivains eux-mêmes que les leçons elles-mêmes.
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Quel terme péjoratif que celui de "nègre" (même en écriture).
L'auteur nous décrit ici qu'il lui est facile d'écrire "pour les autres" et impossible d'écrire "pour lui".
Et je confirme, il est très difficile de mettre de la forme sur des idées (un scénario, un vécu, des espoirs, des visions...) qui nous sortent des tripes.
D'où l'intérêt d'écrire "à 4 mains" ;-)
La co-écriture pour séparer l'affect et la mise en forme
Pratique très courante dans le monde scientifique/politique/philosophique/économique... mais bien trop rare dans le monde des romans (à part peut-être en SF).
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Acheté sur reco Constance. Pas mal. Très général. Un peu bateau. De bonnes remarques de fond sur je ou il, sujet, trame...
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Qui savait quoi ? Certes ce livre porte sur la Shoah, mais il est d'une brûlante actualité sur notre impuissance devant le sort des victimes de la folie des guerres. Les réfugiés d'Orient ne sont peut-être pas victime d'un génocide, mais l'incapacité de nos sociétés à y faire face est très ressemblante.
Les morceaux de vie de ces témoins plus ou moins révoltés sont poignants et très humains. Ils nous renvoient à une interrogation éternelle : sommes nous les acteurs impuissants de ce qui se passe, avons nous une capacité à influencer le cours de notre histoire.
Ce livre nous donne des éléments, mais ne nous dédouane pas de chercher notre propre réponse. Il nous incite à une introspection salvatrice.
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Titre évocateur mais pas directement explicite... "Art nègre"... nous pourrions nous imaginer au Musée du quai Branly, aux Arts Primitifs ou au Musée de l'Homme !!!....
Nous sommes seulement en compagnie de notre narrateur-écrivain, qui nous relate ses aventures, mésaventures comme "nègre" ou plus élégamment exprimé en anglais, comme "ghost-writer" (écrivain -fantôme, littéralement !)
Un texte drôle sur l'écriture, ses vérités, ses miroirs aux alouettes, ses conventions,ses affres...les doutes qui assaillent l'écrivain...
"Le mécanisme de l'écriture l'intriguait. Il se demandait comment on peut se tenir tout le jour devant une feuille de papier à inventer des choses. Comme je le comprenais.
- On n'invente rien, Jean [Rochefort] . On interprète ce qu'on sent au fond de soi.
On joue son rôle comme vous.
- Oui, mais nous on a un texte, un metteur en scène, des gens partout autour ! Vous, c'est la solitude. Comment vous vous arrangez sans rien d'autre que vous même ?
- Je ne saurais vous dire. On regarde vivre ses personnages.
Et surtout on perd son temps. Au total il y a beaucoup de vides dans l'écriture, le rendement est d'une faiblesse inimaginable. (p. 93-94)"
Il est essentiellement question des différences majeures entre le travail de création de l'écrivain, romancier, et le rôle ingrat du "ghost-writer", faire-valoir d'autres...
"J'avais réussi à noyer mon identité dans l'écriture en empruntant celles des autres" (p. 177)
Il est aussi question au détour de l'amitié du narrateur avec le comédien, Jean Rochefort, d'une réflexion sur la condition de l'artiste, de la création, quelle qu'elle soit !
"L'art est beaucoup mieux que la vie ! Sa revanche, son double positif, sa lumière,ses guirlandes, sa musique...Vous allez crever, si vous ne jouez plus ! " Moment pathétique et merveilleux. C'est pourquoi je vous le répète, Louis: laissez les trucs alimentaires, retournez à votre écritoire et ne vous occupez plus du reste. (...)
En somme , la journée n'aura pas été inutile. Je vous aurai fait visiter mes moulins à vent à moi. Et, j'espère, convaincu de reprendre votre plume.
La vôtre, pas celle des autres. Raison pour laquelle nous ne ferons pas ce livre ensemble. J'ai mieux à faire que de raconter ma vie, et vous, de l'écrire. Vous avez vos romans, j'ai mes rôles. (p.237)"
Un texte drôle, léger, caustique, et grave à la fois...Un très bon moment dans le monde d'un écrivain, qui s'interroge, ne parvient plus à écrire pour lui, rêve plus qu'il n'agit....Il nous fait aussi partager les coulisses et les mondanités du petit monde littéraire....
Restent les vrais bonheurs de la création , des mots, des livres publiés , et la magie extraordinaire provoquée par tous les raconteurs d'histoires, dans les livres comme sur les planches !!!
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Une histoire des snobs? Ou une histoire de la culture de l'entre deux guerre, celle des derniers mécènes? Pour le fond historique et sociologique sans doute. Mais surtout une histoire de nostalgie... une musique où l'on retrouve Proust et tant d'auteurs célèbres ou d'autres qui le furent, désormais oubliés.
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On s'attend à mieux, car la question est réellement survolée ... On a le sentiment d'un livre non abouti en recherche ... mais ce livre a au moins le mérite d'exister
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Dans nos livres d’histoire, on nous apprend que le monde « libre » découvrit l’application de la solution finale lors de la libération les camps de concentration….mais :
En 1938, à Evian, conscients d’un problème juif en Allemagne, les chefs d’Etats du monde entier se réunissent afin de trouver une solution pour accueillir ces gens. Aucun état ne donnera un bout de terre, aucun état ne modifia son quota d’émigration….Les Nazis, ravis, en déduisirent qu’ils avaient dorénavant les mains libres pour appliquer leur méthode.
A partir de là, Bruno TESSARECH nous présente des personnages réels qui savaient, qui avaient deviné mais qui ne purent ou ne voulurent rien faire.
Un jeune diplomate français (personnage fictif et lien entre les autres) adjoint de De Gaule, par ses contacts, a deviné la situation mais que faire face à l’urgence du moment (Londres bombardé, De Gaule limité dans ses obligations par la libération de la France, après, on verra)
Churchill à qui le MI6 ne diffusera plus de renseignements (ou si peu) sur les camps à cause de ses imprudences dans les discours ; Roosevelt, malade, coincé entre 2 guerres.
Les sentinelles ne furent pas entendues ou écoutées : Jan Karski militaire polonais qui a vu le ghetto de Varsovie, qui a vu les camps …mais il « n’a pas de photos »….donc pas de preuves…, visitera toutes les instances, même juives, mais ne fut pas entendu ; Kurt Gerstein officier SS responsable de l’intendance, tenta de prévenir les responsables suédois de la situation, il ne fut pas cru.
Et puis Werner Von Braun inventeur des V1 et des fusées A4 (futurs fusées Saturne) qui n’a pas vu ce que devenaient les centaines d’« esclaves » qui travaillaient à ses rampes de lancement et qui fut exfiltré avec tout son matériel et collaborateurs vers les USA
Bruno TESSARECH nous donne la, une image peu ragoutante de l’humanité.
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Un auteur en mal d’inspiration se voit confier par un éditeur un travail de « nègre ».
Et c’est le début d’un engrenage. Après deux tentatives inabouties, le voilà entrainé dans une spirale dont il ne sait pas trop comment sortir. Et son roman à lui alors ?
Un roman autobiographique que j’ai entamé avec scepticisme.
Oui, encore un auteur qui écrit pour dire qu’il ne sait plus quoi écrire. Ce n’est pas le premier et c’est plutôt lassant.
Et bien non. Ce fut plutôt une agréable surprise.
Avec une écriture très agréable, pleine d’humour, il nous fait partager son expérience et ses doutes. Pas de jérémiades, pas d’apitoiement sur lui-même, mais un ton juste pour raconter ses expériences plutôt amusantes.
En même temps, l’esprit d’écrivain apparaît, dans la manière de vivre et de penser.
Un petit tour dans les maisons d’édition et leur fonctionnement
Et le petit plus, c’est que l’on reconnait quelques personnages pour qui il a écrit.
Et tout reste positif.
C’est donc finalement une bonne découverte.
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Je vais vous conter mes ressentis tout à trac mais je ne sais pas par quel bout entamer cette critique (ou plutôt, cette réflexion) car je n'en ai pas grand-chose à dire, c'est une lecture qui, pour moi, aussitôt fermée, sera oubliée.
Pourtant l'intrigue était bien du genre à m'attirer. Un roman sur sur l'écriture, sur le monde de l'édition, c'est du tout bénéf' pour moi. Comme le roman Aux quatre vents (aucun rapport entre eux mais je les ai reçus via Masse Critique et les deux sont sur l'écriture), je me suis réjouie de l'entamer mais les quatre premières pages sur l'état de son appartement m'ont d'emblée quelque peu désespérée. N'a-t-il rien à dire ? me suis-je dit. En poursuivant ma lecture, je suis tombé sur cet extrait :
“L'exercice semblait à ma portée. Toutes choses égales, il me rappelait celui auquel s'était jadis livré l'école du nouveau roman : décrire avec minutie des situations dénuées du moindre intérêt, mais, qui, cependant, capteraient l'attention du lecteur.”
… qui m'a fait de suite penser au début du roman et qui m'a amusé. Ces clins d’œils littéraires au fil des pages font apprécier la lecture. De manière générale de toute façon, c'est un roman qui se lit très bien, avec une écriture simple, un langage courant, vivant. Mais j'ai été déçue. Je n'y ai pas trouvé la petite chose en plus, l'étincelle qui me fait aimer le roman et me donne envie de le garder pour le relire (bon j'en demande un peu trop peut-être). J'attendais, à chaque rencontre entre la célébrité et son nègre, j'attendais le déclenchement de l'histoire, le départ pour ailleurs... Mais non. On revenait à nos moutons, on restait dans ce microcosme parisien qui tourne en rond, on restait avec ce personnage sympathique par moments, et complétement décalé par d'autres ; tellement obsédé par les autres et sa femme de ménage.
C'est tout de même une lecture agréable. Qui ne me laissera pas un souvenir impérissable bien sûr, sauf pour cette phrase située en fin de roman :
“C'est pour les gens normaux, l'échec et la réussite. Ce qui compte pour nous, ce sont les blessures et les cicatrices. Nous sommes amochés à vie, depuis la naissance en fait, mais on avance.”
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Louis, le personnage principal, écrivain d'un seul roman, est un anti-héros : solitaire, passif, fauché, au bord de la déprime il se fait "nègre" pour survivre et s'offrir les services d'une femme de ménage. C'est ainsi qu'il prête sa plume à un ancien taulard, à un chirurgien spécialiste de la prostate, sans succès . Les rencontres avec un passionné d'écologie puis avec un vieux politicien lui ouvrent les portes du succès et de l'Académie Française ( par procuration! )Les commandes s'enchaînent et Louis va enfin pouvoir se libérer pour écrire son roman : "que la magie commence", on le lui souhaite!.
Le livre, truffé de réflexions sur l'acte d'écrire et de références culturelles, est intéressant mais manque de cohérence et de rythme. On y croise des personnages amusants ou émouvants, Jean le comédien (Rochefort?) en pleine crise, Mado, l'infirmière délaissée... et quelques anecdotes sont drôles. Si l'auteur rend bien compte de son expérience d'auteur et des relations avec les éditeurs, le lecteur se sent un peu lésé!
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